Tabarly et Richomme en duel jusqu’à la ligne d’arrivée

  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux
  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
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  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
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  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux
  • 2016, ERIC BOMPARD, FIGARO, GENERALI, NICOLAS LUNVEN, SOLITAIRE BOMPARD LE FIGARO, VOILE
    © Alexis Courcoux

Entre chien et loup, dans la brume du petit matin, la course a subitement changé de visage. Une risée, une petite veine de vent a permis à Skipper Macif 2014 et Armor Lux de filer à l’anglaise, tandis que leurs concurrents (Skipper Macif 2015, Gedimat, Generali, Sofinther-Un Maillot pour la Vie et Groupe Fiva) restaient encalminés dans un trou de vent à la côte. Ça se passe comme ça sur La Solitaire Bompard Le Figaro. Pas une heure ne ressemble à une autre. Erwan Tabarly et Yoann Richomme vivent en ce moment un mano a mano sous spi dans un vent faiblissant. Et compte tenu des conditions annoncées par Météo Consult, la direction de course – en accord avec le comité de course – a pris la décision de réduire le parcours de cette première étape en établissant la ligne d’arrivée à Bainbridge Ledge, une réduction de 12 milles. Sans changer la configuration initiale de l’étape et pour éviter d’envoyer la flotte sans vent, dans le fort courant et la navigation dense, il a été décidé de faire la réduction à l’une des dernières marques de parcours Bainbridge Ledge. Le comité de course sera donc en position sur la ligne pour accueillir les Figaro Bénéteau 2. Les leaders sont attendus sur la ligne à 5 heures du matin, heure française.

Erwan Tabarly (Armor Lux) légèrement devant Yoann Richomme (Skipper Macif 2014)

Sous spi, les deux Figaro Bénéteau 2 de tête continuent de glisser à plus de 7 nœuds vers la marque Fairway-Needles située à 18 milles de leurs étraves.

Dans une brume évanescente et un vent faiblissant, la tension est à son comble. Ni l’un, ni l’autre n’a jamais gagné d’étape de La Solitaire malgré leur palmarès sur le circuit Figaro Bénéteau. C’est dire si Erwan et Yoann vont encore batailler. Et l’affaire est loin d’être aisée. Le courant contraire ajoute au stress de ne pas parvenir à creuser l’écart. « C’est long, on est rincé. Je n’arrive pas trop à tenir le gaillard, il me manque un poullième et je n’arrive pas le trouver. Qu’un ou deux bateaux reviennent pourquoi pas, mais les autres je ne pense pas » confiait Yoann à la VHF aux alentours de 16h. Les premiers sont attendus à Bainbridge Ledge demain matin.

Des écarts considérables et des grands perdants

Alors que la tête de flotte glissait sous spi vers l’île de Wight en milieu de journée, Cécile Laguette (Deauville), Théo Moussion (#Théoenfigaro) et Arthur Pratt (Les Perles de Saint Barth) peinaient à 2 nœuds de vitesse devant le Cap Lizard ! Cette première étape a été tellement riche en rebondissements et en passages à niveau liés au fort courant et à la météo variée, que les écarts se sont creusés au fur et mesure jusqu’à devenir énormes. Des ténors du circuit comme Gildas Morvan (Cercle Vert) se retrouvent ce soir à 45 milles des premiers. Si Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) à 3 milles et Thierry Chabagny (Gedimat) à 6 milles peuvent encore résister voire jouer des coups, il semble maintenant difficile pour Corentin Douguet (Sofinther-Un Maillot pour la Vie) et Nicolas Lunven (Generali) de rattraper leur camarades. Du côté des Britanniques, Alan Roberts (Alan Roberts Racing) et le bizuth Will Harris (Artemis 77) se situent à 41 milles. Mais « la pétole » attendue dès ce soir peut encore refaire l’histoire de cette première étape incroyable.

Ils ont dit au large des côtes anglaises :

Erwan Tabarly (Armor Lux) :

« On est à 20 milles de la marque Fairway. Les conditions de vent mollissent, et là, on a la renverse de courant, on bute contre le courant ce n’est pas facile. Cette nuit, on était un groupe de 7/8 bateaux à avoir fait le trou. Je me suis retrouvé dans le paquet de tête. Dans la nuit, j’ai vu quelques bateaux s’arrêter sous mon vent. Avec Yoann, on a attrapé une veine de vent et on l’a gardée pour laisser les autres. Il faut avoir un peu de chance et être réactif. C’est un peu de réussite, les bateaux devant sont tombés dedans, du coup on ne s’est pas mis avec eux, ça s’est joué à quelques centaines de mètres. On est bord à bord avec Yoann depuis ce matin, dans la brume parfois. Yoann était devant, je suis repassé devant, c’est un peu kif-kif. La marque des Needles, j’en suis encore à 20 milles. J’ai le courant contre, je vais mettre quelques heures à rejoindre la marque, et ce ne sera pas facile ».

Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) :

« On a réussi à se faire la malle juste avant Start Point. Les petits copains étaient à la côte, je les ai vu tomber dans un trou sans vent. Avec Erwan, on s’est décalé et on a réussi à faire le break. Un gros break. On se chamaille depuis ce matin, il m’a doublé car j’ai fait une erreur de placement, je reste accroché, pour le moment, on a du vent, il reste 18 milles. J’espère qu’il va y avoir du vent. Il y a encore du jeu à venir, car il y a une transition de prévue en fin d’après-midi. On ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être mangé. Cette étape rentre dans les annales des belles grosses étapes de La Solitaire. Autant de conditions variées, de changements de leaders, de difficultés à garder la tête, c’est de la super belle régate. C’est long, on est rincé complet. Je n’arrive pas trop à tenir le gaillard, il me manque un poullième et je n’arrive pas le trouver. Qu’un ou deux bateaux reviennent pourquoi pas, mais les autres je ne pense pas. Il faudrait un scénario catastrophe pour nous. »

Xavier Macaire (Chemins d’Océans) :

« La nuit a été compliquée encore, parce que le vent était capricieux. J’ai eu un trou d’air à un moment et ça a été difficile de sortir de là. J’ai perdu un peu le paquet de tête qui était devant et je me suis fait recoller par ceux qui étaient derrière. Il y a beaucoup de pluie, des conditions pas très confortables. Ce n’est pas la super croisière, ce sont plutôt des conditions assez dures, assez fatigantes. Il y a eu un passage à niveau à Start Point, surtout à cause du vent. Il y a eu une bulle de molle. Là, ça avance pas mal, 14 nœuds de vent de sud-ouest. Mais c’est plutôt de la molle à venir pour cet après-midi. Je ne sais pas vraiment comment ça va se passer. Ça va être compliqué. Il y a beaucoup de brouillard, on ne voit pas à 50 mètres. Ça commence à tirer pas mal sur le bonhomme, à puiser sur les réserves de nourriture et d’eau. Le fait d’être dans l’ambiance mouillée tout le temps ajoute à la fatigue. Je serai content d’arriver à Cowes pour pouvoir relâcher, c’est une étape difficile ».

Benjamin Dutreux (Team Vendée) :

« Ça commence à être long, mais tout va bien à bord. Là, ça glisse au portant, il était temps. C’est sympa. Je ne suis pas content de mon début de course parce que je me suis trompé de bouée à Deauville. J’ai essayé de remonter. J’ai un peu fait ma course, je ne sais pas du tout où j’en suis. Je vais voir comment évolue le vent. Le point stratégique est d’attraper la renverse à Billport Point pour gérer la fin. Il va falloir être opportuniste. Ces trois quatre dernières heures j’ai pas mal dormi. Ça m’a bien requinqué ».

Sophie Faguet (Région Normandie) :

« Ça se passe plutôt bien par rapport à la première nuit vers Owers où c’était la catastrophe. Je n’arrivais pas à porter le grand spi à plus de 25 nœuds. Je me suis fait stopper dans ce moment de pétole avant d’arriver à Wolf Rock. J’ai réussi à prendre un peu d’avance, malheureusement elle est en train de se réduire. On a fait un stop avec Will Harris pendant une heure et demie. On ne voit rien il fait tout blanc autour de moi. Pas évident de se positionner par rapport aux adversaires. Mais là ça va, il y a dix nœuds de vent. Après Owers, j’avais plutôt bien récupéré, j’étais bien d’attaque. Par contre cette nuit, proche des cailloux, on n’a pas pu dormir. Je bois des cafés, du thé ! Heureusement qu’il y a le paquet à côté de moi parce que ça permet de se battre. Je ne sais pas combien je suis, mais c’est cette position que je cherchais dans la flotte.

Arthur Le Vaillant (Un bateau pour demain) :

« Ça allait très bien jusqu’à ce matin. Je suis resté enfermé une dans une petite baie et j’ai perdu beaucoup je crois. J’ai bien navigué hier, c’était une bonne journée parce que la première nuit a été plutôt difficile pour moi. Aujourd’hui c’est un peu plus dur mais ce n’est pas fini. Ça serait presque le rêve s’il n’y avait pas le brouillard. On est au portant, il y a 12/15 nœuds de vent. C’est parfait pour la sieste. Cette nuit je n’étais pas très lucide, je me suis un peu grillé. Ce matin j’ai dormi, je suis plutôt pas mal ».

Will Harris (Artemis 77) :

« C’était la misère ce matin. J’espérais que ce serait sympa et ensoleillé aujourd’hui, mais quand nous avons reçu les prévisions, on a vu que cela allait de nouveau être horrible. Hier, c’était très sympa d’apprendre que je menais, je ne pouvais pas le croire. La flotte s’est scindée en deux et malheureusement les gars qui étaient plus au large ont eu le vent frais en premier et se sont échappés. Mais j’étais très content d’être en tête du groupe de bateaux avec lesquels je naviguais. J’ai eu un petit problème ce matin. Pour la première fois, je me suis endormi sans alarme et j’ai raté l’envoi de spi, j’ai donc perdu un peu sur le groupe. Je n’ai jamais passé autant de temps en mer. J’ai hâte de boire une boisson fraîche à mon arrivée à Cowes »

Source

Rivacom

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