Retour à Tarente
Souvenez-vous, c’était il y a deux ans. Tarente, dans le sud de l’Italie, accueillait pour la première fois la flotte des F50 pour un Sail Grand Prix disputé dans le petit temps. Les 23 et 24 septembre, les grands catamarans volants sont de retour dans ce golfe si particulier dont les conditions météo s’annoncent orageuses. En l’absence des Néo-Zélandais, toujours privés d’aile suite à l’incident de Saint-Tropez, ils ne seront que 9 équipages en lice. Les tricolores veulent y retrouver leur superbe. Jason Saunders, leur nouveau contrôleur de vol, sera-t-il leur botte secrète ?
Tarente ! C’est aussi ici, en 2021, que Jason Saunders faisait ses débuts sur SailGP, aux côtés de ses compatriotes néo-zélandais. Aujourd’hui, après être passé chez les Américains puis les Suisses, il est le nouveau contrôleur de vol du bateau tricolore.
Ses deux top 5 aux Jeux Olympiques (Londres 2012 en 470, alors qu’il n’a que 21 ans, puis Rio 2016 en Nacra 17), et sa victoire dans la Youth America’s Cup 2013 aux côtés de Peter Burling et de Blair Tuke, font aussi de lui le marin le plus titré du bord.
Une histoire d’amour et de sport
Comment ce Kiwi de 32 ans, né à Tauranga, a-t-il atterri chez les Frenchies ? Tout commence par une histoire d’amour… avec Manon Audinet, qu’il rencontre sur le circuit Nacra 17. Après les JO de Rio, Jason s’installe à La Rochelle. « Je ne parlais pas un mot de Français. J’avais un petit carnet où je notais 2 ou 3 mots tous les jours. Il fallait que j’apprenne la langue, je voulais m’intégrer », se souvient-il. Avec son CV en or, il ne tarde pas à trouver ses premières occasions de régater en France. Sur le Tour de France à la Voile (avec Beijaflor) puis sur la PO pour Tokyo 2020 en Nacra 17, il croise aussi la trajectoire de Quentin Delapierre avec qui Manon s’est associée. Pourtant, sa décision d’arrêter l’olympisme et la crise Covid ont bien failli le faire sortir des écrans radar : « il n’y avait plus de débouchés, plus de compétition et je n’avais plus envie de naviguer », confesse t-il. Pour se défouler, ce grand sportif se met alors à courir et dispute même un Iron Man.
Depuis, l’horizon s’est ouvert. Jason est devenu papa, il supporte le Stade Rochelais et n’a plus besoin de retenir les mots de son petit carnet ! Il se réjouit surtout de son arrivée dans le camp tricolore : « On est sans égo, tous focalisés sur l’ambition de faire toujours mieux, de tout faire pour gagner SailGP. Et puis c’est une vraie famille, toute l’équipe est derrière nous, l’ambiance est super ». Son poste, celui de contrôleur de vol, est un poste central qui convient parfaitement à son feeling de régatier de très haut niveau, habitué aux hautes vitesses et aux foils. « Il faut sentir l’équilibre du bateau, les charges dans les foils et dans les safrans. Il faut savoir débrancher le cerveau pour aller vite sans faire n’importe quoi. Dans la brise, si le bateau crashe, c’est 90% de ta faute et des équipiers peuvent se blesser. Donc, attaquer tout en restant dans les limites, surtout dans le premier bord de reaching ».
Aux côtés de Quentin, Kevin, Matthieu, Olivier et Timothé, Jason se sent à sa place. Il a hâte, aussi, que sa compagne, “strategist”, revienne à bord du F50 bleu blanc rouge pour partager avec elle ces moments de navigation inouïs. Pour l’heure, et comme à Saint-Tropez, c’est Amélie Riou, en pleine préparation pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui officiera à l’arrière du bateau en Italie. Orages, averses et phénomènes météorologiques instables pourraient bien accompagner l’arrivée de l’automne ce week-end. Coup d’envoi samedi à 13h30 !