Grande loterie à 25 milles de l’arrivée

2016, CONCARNEAU, FIGARO, GENERALI, Gildas MAHE, NICOLAS LUNVEN, TRANSAT AG2R LA MONDIALE, VOILE

© Alexis courcoux

Plus de vent. Rideau. Nada. Niente. A 25 milles du finish, Eole a déserté le plan d’eau. Gedimat, très fragile leader, avance à moins de 2,5 nœuds. Thierry Chabagny et Erwan Tabarly ont été les premiers à buter dans ce mur. Agir Recouvrement est donc revenu dans son tableau arrière (moins d’1 mille) avant d’être arrêté lui aussi. Et c’est désormais au tour de Generali (3e à 4,6 milles) d’être ralenti. Difficile dans ces conditions de prévoir une heure d’arrivée. Encore moins de prédire le tiercé gagnant de cette 13ème édition de la Transat AG2R LA MONDIALE. Car les dés sont sur le point d’être relancés, au hasard des risées et de la bonne fortune.

On les voyait passer la ligne vers minuit ce soir (heure locale) à Gustavia. Mais le vent s’est écroulé rendant toute heure estimée d’arrivée fantaisiste. En tête, on s’échine sur le pont pour essayer d’avancer vers le but. Les voiles faseyent. On essaye de faire porter un coup le génois, un coup le spi. Pour l’instant, Bretagne-CMB Performance (4e à 10,8 milles) et Cercle Vert (5e à 15,8 milles) progressent toujours à 5/6 nœuds, mais ils ne vont pas tarder à subir à leur tour ce coup d’arrêt.

Dans ces conditions totalement aléatoires, les leaders sont sous pression. Mais les marins ne s’en remettent pas encore à la fatalité et font tout ce qu’ils peuvent pour trouver une issue. Leur crainte absolue : que ce finish, après 22 jours d’efforts, ne se transforme en grande loterie à quelques encablures de l’arrivée. C’est pourtant ce qu’il risque fort de se produire.

Tout ça pour ça !

Ceux qui ont vécu des arrivées d’étape de Solitaire du Figaro en baie de Dingle (Irlande) entrevoient probablement le scénario qui est en train de se produire à 25 milles de Port Gustavia. Sauf qu’ici, on ne parle pas de 2 ou 3 jours de mer mais de 22 jours de régate au contact. 22 jours que les 5 bateaux de tête contrôlent, rationalisent, calculent, ajustent, règlent, qu’ils font parler leur technique, leur savoir-faire, leur expérience. Autrement dit, qu’ils sont dans la maîtrise de leur art. Or, ce soir, ils ne contrôlent plus grand-chose et sont soumis aux caprices de la nature.

Ici, à Gustavia, les manches à air sont en berne, les drapeaux pendent sur les mâts de pavillon et pas une ride ne vient troubler l’eau du port… la nuit promet d’être très longue et très pénible pour les navigateurs qui n’ont désormais qu’une hâte : toucher terre.

VACATIONS

Nicolas Lunven, Generali

« C’est un peu catastrophique, nous n’avons plus du tout de vent. On est à 30 milles de l’arrivée et les fichiers météo ne sont pas tout à fait d’accord. Nous n’avançons pas bien vite. Nous ne sommes plus très loin mais à cette vitesse-là, nous ne sommes pas arrivés. Notre état d’esprit n’est pas mauvais, on n’a juste pas envie de passer encore deux jours au rythme où on est actuellement. On reste concentrés. On est un peu impatients d’arriver, on aimerait qu’il n’y ait pas de grosses redistributions des cartes. Nous n’avons personne en vue, ni à l’AIS.
Ce serait bien qu’il n’y ait pas un regroupement général et qu’on puisse redémarrer un peu. Cela fait une heure qu’on se bat pour savoir comment faire gonfler les voiles. Tout est encore possible. Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’infos qui nous permettraient de vous dire que le vent va rentrer. On essaie de mettre le génois ou le spi, de trouver le meilleur angle. »

Alexis Loison, Cercle Vert

« Il y a très peu de vent, on se bagarre. Pour le moment, on avance à 5,5 nœuds. Tout va bien, j’essaie de me reposer pour être en forme sur la fin de course. A un moment donné, on sera tous les deux sur le pont pour faire avancer le bateau avec le peu de vent qu’il y a. On ne sait pas trop où en sont les fichiers météo. On espère un regroupement général. On attend bien sagement. C’est le jeu de ce sport, ce n’est pas une régate à la journée. Pour moi, c’est une grande première. C’est un sacré baptême. C’est une transat AG2R spéciale, je suis bien content d’y être, je préfère être acteur plutôt que de regarder sur la carto. Les derniers milles sont un peu longs, on a hâte d’arriver. »

Vincent Biarnes, Agir Recouvrement

« C’est l’arrêt-buffet, on marche à 2,5 nœuds, on navigue à vue avec Gedimat qui est dans notre Sud. On est quasiment ex-aequo en distance au but il ne reste que 26 milles avant d’arriver à la porte de Colombier. On est concentrés sur les réglages.
Notre positionnement un peu plus Nord sous le vent nous parait intéressant mais quand il y a peu de vent comme ça, on peut s’attendre à tout, ça dépend de la façon dont va rentrer le vent
Sur les fichiers ce n’était pas aussi mou. 30 miles à 3 nœuds, ça peut prendre 10 heures, il va bien falloir se reposer pour être en forme avant la fin de la course. On n’est pas énervés. Les conditions actuelles demandent beaucoup de discipline, beaucoup de concentration. Ce n’est pas facile, tous les grands skippers savent faire avancer vite le bateau dans la pétole. Il faut aimer la pétole. J’aime assez ça. Adrien a l’air de bien s’accrocher on devait gagner un peu de terrain sur Gedimat. »

Xavier Macaire, Bretagne CMB Performance

« Le vent nous fait un peu défaut donc on vous fait patienter un peu plus longtemps que prévu mais on a hâte d’arriver. On a eu un coup de mou, on avançait à 3 nœuds mais c’est un peu reparti, on a 8 nœuds de vent, on avance à 5 nœuds.
On a tout eu. On se sent proches de l’arrivée mais nous ne sommes pas rapides pour y arriver. C’était intéressant d’essayer notre option. Elle ne nous a pas fait perdre de terrain au contraire elle nous a plutôt bien réussi. On a eu du vent tout le temps. Le moral joue au yoyo, l’état de fatigue est assez élevé car même si on est en double et qu’on peut dormir plus qu’en solitaire, 22 jours de transat c’est long, j’ai hâte de retrouver un bon lit, une bonne douche. Encore un petit effort et on va avoir le droit à notre confort de terrien. On va à 6 nœuds, on attend une dernière bascule pour pouvoir empanner et venir vers St-Barth. »

LE CLASSEMENT 25 AVRIL 05H00

  1. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 28,36 milles de l’arrivée
  2. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 0,65 milles du premier
  3. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 4,63 milles
  4. BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 10,83 milles
  5. CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) à 14,85 milles

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