Une dernière nuit à bout de souffle

2016, ALIENOR FLEURY, ARTHUR BOUWYN, CONCARNEAU, FIGARO, GUADELOUPE, TRANSAT AG2R LA MONDIALE, VOILE

© Alexis Courcoux

Les finalistes de la Transat AG2R LA MONDIALE poursuivent leur remontée le long des îles de la Caraïbes dans un vent qui a tourné au sud-est. Vers midi, il y aura un empannage à caler pour mettre le clignotant à gauche, direction Gustavia. Gedimat, suivi, dans l’ordre du classement par Generali, Agir Recouvrement, Bretagne CMB-Performance et Cercle Vert nous promettent un final fantastique dans les petits airs autour de Saint-Barth. Un final à couper le souffle puisque les quatre premiers pourraient franchir la ligne en l’espace de 15 minutes…

Le dénouement se rapproche. L’étau se resserre. Avec le nombre de milles qui s’amenuisent en direction de la ligne d’arrivée, les leaders commencent à faire des comptes, à étudier les probabilités, leurs chances de figurer dans le tiercé gagnant. Il y a l’excitation de ces derniers 190 milles en mer (moins de 24 heures), mais aussi le stress de passer à côté d’un beau résultat après autant de jours et autant d’énergie consacrés à rester sur le devant de la scène.

Chabagny et Tabarly stabilisent leur avance

Pour Gedimat, l’objectif est clair : conserver cette première place construite il y a déjà 6 jours grâce à une très payante option au sud. Thierry Chabagny et Erwan Tabarly ont stabilisé leur avance : 5 petits milles. Mais les hommes de Generali (2e) ne se contenteront certainement pas de jouer les dauphins et vont s’échiner jusqu’au bout pour tenter de décrocher la timbale. Pour les tandems d’Agir Recouvrement et de Bretagne CMB Performance, qui se tiennent en à peine 1 mille en distance au but, l’enjeu est d’abord de rester sur le podium avant d’espérer mieux. Joints à la vacation ce matin, Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Xavier Macaire (Bretagne-CMB Performance) faisaient part de leurs doutes. Alors au cœur de cette dernière nuit en mer, entre deux surfs sous la lune, les équipages s’appliquent à tout donner pour ce final fantastique au bout duquel les désillusions seront aussi fortes que les joies.

Vers un tour de Saint-Barth semé de pièges

Il est en tout cas beaucoup trop tôt pour se réjouir ou être déçu. Dès la mi-journée, les équipages vont naviguer et manœuvrer entre les îles. Certains pourraient passer à l’intérieur de la Barbade. Quant au tour de Saint-Barth, il s’annonce des plus délicats. Le vent devrait s’essouffler franchement au coucher du soleil, piégeant d’abord les premiers. Il y aura peut-être un regroupement dans les dernières heures et à coup sûr du jeu jusqu’à la fin. Les routages théoriques voient des arrivées excessivement serrées avec les quatre premiers en moins d’un quart d’heure. Le vainqueur de la Transat AG2R LA MONDIALE 2016 est attendu sur la ligne vers minuit ce soir.

VACATIONS / ILS ONT DIT

Gildas Mahé, co-skipper de Generali

« A priori, demain ce ne sera pas une nuit complète. On en profite. C’est une belle nuit. La lune est sympa. C’est le moment où il ne faut pas mollir. Il faut s’accrocher. On peut se permettre d’être à fond et de dormir un peu moins. On navigue un peu plus abattu sur une mer praticable donc on peut quand même se reposer. On va juste essayer de bien naviguer jusqu’à l’arrivée. Il y a moins de vent prévu sur l’arrivée. Gedimat est devant, on espère pouvoir jouer des coups avec le vent mollissant mais rien n’est fait. Ce n’est pas du tout cuit. Pour l’instant, on fait notre route. On pense qu’il y aura des croisements avec Agir Recouvrement et Bretagne CMB Performance.

L’objectif est de laisser toutes les iles à bâbord et d’arriver un peu plus serré à Saint Barth. Selon le moment où ça va adonner et où il faudra empanner, ça nous mènera d’un côté ou de l’autre de la Barbade. C’est un point important car ça peut séparer les bateaux. Nous sommes de plus en plus attentif au pointage et c’est de plus en plus dérangeant de ne pas avoir les infos dans la nuit. »

Adrien Hardy, skipper d’Agir Recouvrement :

« C’est certainement notre dernière nuit entière en mer. On s’applique, on donne tout. On essaye de faire marcher le bateau. On aura un bout de nuit suivante avec une arrivée avant le lever du jour ou plus tard si le vent tombe. On essaye de continuer à croire dans la victoire même s’ils ont bien joué en étant plus sud que nous. Ils ont une bonne petite avance maintenant mais il reste des dévents, un empannage à caler, de la pétole en arrivant… On est à fond pour essayer d’être devant. Nous avons modifié les quarts. On fait une heure et demie pour rester plus concentré. On regarde bien les nuages et on essaye d’exploiter des microbascules. On voit bien les nuages. Les nuits sont agréables. Le vent a un peu tourné. On a du vent au 110 pour 20 à 22 nœuds. Il y a de l’excitation car il y a de l’enjeu. On peut faire encore premier comme quatrième. Ça ne va pas être facile. On s’applique. C’est un peu stressant. On n’a pas envie de gâcher la course car c’est 22 jours de boulot. Depuis le départ, nous avons été soit premier soit deuxième. On ne veut pas finir quatrième. Mais dans une course, il n’y a que le finish qui compte. On va laisser les îles à bâbord. »

Xavier Macaire, co-skipper de Bretagne CMB Performance :

« Ce n’est pas la dernière nuit en mer. L’arrivée devrait se faire demain dans la nuit donc on aura un bout de nuit encore demain. On va vite car on s’est décalé dans le sud. On a investi pour ça. L’idée était de récupérer notre investissement ensuite. C’est ce qu’on essaye de faire. Ce n’est pas facile mais l’idée était que l’on soit plus rapide pour les deux derniers jours vers les îles. On serait content de réussir à faire les meilleures 24 heures. On va passer a priori plutôt au-dessus des îles pour éviter les dévents. L’idée à bord c’est d’essayer d’assurer le podium. On est prêt à tenter le tout pour le tout. Pour l’instant, ce podium, il n’est pas gagné. Demain, il y a de la molle à l’arrivée donc c’est propice au ralentissement des premiers bateaux et à un tassement de la flotte. J’ai l’impression que notre option n’est pas si payante que ça. Je viens d’avoir un quart difficile avec un grain qui nous a bloqués. Depuis que Seb a repris la barre, le vent est reparti. Seb est plus optimiste que moi sur l’idée d’arriver à doubler Agir Recouvrement et de faire un podium. Les routages nous donnent derrière Agir et devant Cercle vert donc en quatrième position. Et cette place est fade, elle n’est pas joyeuse. Nous avions envie de plus. On ne serait pas satisfait car nous nous sommes donnés beaucoup de mal. On n’a pas brillé même si on n’a pas non plus été mauvais. Je garde l’idée que rien n’est joué jusqu’au bout. Sur une course comme ça, il faut rester concentré jusqu’au bout. »

LE CLASSEMENT 24 AVRIL 5H00

  1. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 185,85 milles
  2. GENERALI (Nicolas Lunven – Gildas Mahé) à 5,12 milles
  3. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 13,06 milles
  4. BRETAGNE CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 14,35 milles
  5. CERCLE VERT (Gildas Morvan – Alexis Loison) à 44,43 milles

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