Régis Vian a franchi la ligne d’arrivée de la Cap-Martinique à Fort-de-France, ce matin à 7h39 (heure locale) après 21 jours 22 hrs 39 mins et 7 secs de course. Le skipper, originaire du Mans, a franchi la ligne d’arrivée en 4ème position mais il remporte le classement solitaire. Cette transat 100% amateur se dispute en effet selon la règle du temps compensé afin de garantir la plus stricte équité entre les concurrents. Avec cette victoire, le marin de 52 ans réalise un exploit salué par ses pairs. A bord de son JPK 10.10, il a longtemps tenu tête à des concurrents montés sur des machines plus véloces. Lors de la dernière édition, il avait gagné le surnom de « Mac Gyver » en raison de son ingéniosité. Cette nouvelle transat révèle un marin aussi tenace que généreux. Il porte en effet les couleurs de l’École Jules Verne, basée au Mans et membre du réseau Espérance Banlieue. « Certains élèves n’avaient jamais vu la mer il y a trois semaines. S’il y en a un ou deux qui ont vu la mer grâce à ça, ça justifie tout » a-t-il expliqué ce matin depuis Fort-de-France.

Interview de Régis Vian :

« C’est sympa d’arriver ici. C’est ambigu parce que, si l’on va en mer, c’est qu’on aime ça mais on est contents de retrouver la terre. Il y a un peu tout qui se mélange. C’est unique.

J’ai savouré ces dernières heures de course. C’était tranquille, des conditions dans lesquelles on aime naviguer. J’ai savouré tous les moments. A partir d’hier soir ça a été facile et à ce moment, on lâche un peu. Avant ça, il faut être tout le temps dessus. J’étais avec des bateaux plus rapides. Je savais qu’ils partiraient devant et il fallait que je limite les écarts. Je ne savais pas vraiment que j’étais en tête en temps compensé. Je savais que j’étais bien placé mais il ne faut surtout pas casser. On fait attention à tout. Chaque manœuvre, on la répète deux fois avant de la faire. Avant-hier, j’ai une manille qui a cassé. Heureusement, je l’avais assurée sinon, ça me coûtait cher. Tout est dans le détail. J’applique une routine. Quand ça part dans tous les sens, ça donne des repères. J’avais vu ça, en Figaro, c’est “Route, Réglages, Rangement”. Je me suis appliqué à ça.

J’ai souvent écrit avec la terre. Paradoxalement, c’est pour moi un facteur de performance de pouvoir me dire qu’une fois par jour, je prends 10 minutes pour repenser à ma journée. Penser à ce que j’ai envie de dire ou ne pas dire. Ça fait des points d’étape dans la semaine. C’est important et, pour moi, ça fait partie de la performance de se poser quelques soient les circonstances.

Le plus dur ? (silence) C’est l’édition 2022 ! Tout est un peu dur mais on vient là pour ça. Je ne voulais pas prendre une revanche mais j’avais envie d’aller au bout de ce projet. Je m’étais fixé des objectifs dans l’ordre. Le premier c’était d’arriver, le deuxième c’était de prendre du plaisir et, si possible de faire une performance.

J’ai un partenariat avec l’École Jules Verne depuis 2022. On a renouvelé l’opération cette année et ils sont venus en classe de mer. J’ai aussi fait une reconstitution avec les élèves. Certains n’avaient jamais vu la mer il y a trois semaines. S’il y en a un ou deux qui ont vu la mer grâce à ça, ça justifie tout. »

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