Charles Caudrelier
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Front froid à venir
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Alors qu’il évolue en deuxième position à bord de MAPFRE, Jean-Luc Nélias fait le point sur cette sixième étape. Il parle de cette régate au contact, des conditions glaciales, des icebergs en maraude et des empannages à n’en plus finir.
Quelles sont vos conditions actuellement ?
Nous avons 25 nœuds de vent et 20 nœuds de vitesse moyenne, c’est reparti. Nous avons eu le temps de respirer un peu pendant quelques heures avec du vent plus faible. Il fait nuit, il n’y a presque pas de lune, c’est nuageux et nous sommes bord à bord avec les copains. On se tire la bourre. Avant de se coucher il ne faisait pas trop froid mais au réveil, c’est dur. On a réussi à sécher le bateau ces derniers jours mais maintenant, c’est terminé. Les toilettes sont sous le mat et dès qu’une vague passe sur le pont, on se fait tremper. Il faut mettre le ciré pour aller au petit coin !
Nous venons de compter et nous avons fait 26 empannages en 24 heures. A chaque fois, il faut se réveiller, mettre le ciré, les bottes, les gants, le bonnet. Ça prend un temps fou. Certains se déshabillent pour dormir, d’autres restent habillés pour gagner du temps mais le réveil est très froid. La température extérieure est de 5° et la température de l’eau est de 6°. Les vagues sont froides !
Quel est votre comportement face au risque d’iceberg ? La porte des glaces vous rassure où vous restez vigilant ?
Il faut rester vigilant avec les icebergs. Nous sommes passés à 120 milles d’un gros iceberg qui a été signalé à plusieurs reprises. C’est large, on est assez serein mais on sait que dans une eau à 6°, les petits ne fondent pas. En tous cas, le travail de CLS (l’entreprise française en charge de la localisation des icebergs) est remarquable.
Seuls deux milles séparent le gros de la flotte. Tu t’attendais à ce que ça soit si serré ?
On navigue à vue entre nous. On voyait même Dongfeng il n’y a pas très longtemps et j’ai pu discuter à la VHF avec Charles. On se croise, on se double. On voit les gars sur les autres bateaux, on est très proches. On savait qu’il y aurait une zone de compression par ici. Hier, nous étions dans une bulle avec quatre bateaux et on ne pouvait pas avancer en longeant la porte des glaces. On avait donc le choix entre rester collés près de la porte ou faire plus de route et avancer. On a fait comme nos camarades et Dongfeng est passé par-dessous alors qu’ils avaient 30 milles de retard ! Charles était très heureux !
Vous vous êtes fait peur en début de semaine ?
Comme presque toute la flotte, nous avons fait en gybe chinois en début de semaine. On sait que l’on ne doit pas trop pousser sur ces bateaux au portant. En tous cas, on sait qu’on ne peut pas pousser autant que sur les bateaux de la dernière édition. Ça a permis à tout le monde de s’étalonner. On n’a pas eu peur mais ce n’est pas très agréable. Ça laisse des marques. On perd du temps, on casse des choses et surtout on perd de la confiance dans le bateau. Et encore, nous avons eu la chance de le faire de jour. Maintenant, on sait que si on va trop loin, on risque d’aller dans les gravillons.
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Plus de peur que de mal à bord de Dongfeng Race Team. Le bateau franco-chinois s’est couché, en plein Pacifique Sud hier soir. Cette sortie de route a fortement pénalisé Charles Caudrelier et ses hommes qui ont perdu du terrain mais le skipper se dit surtout soulagé de s’en sortir aussi bien.
Charles Caudrelier :
Ça sera une belle et drôle d’histoire à raconter autour d’une bière a Itajaí ou a mes petits enfants dans quelques années mais cette nuit c’était un enfer.
Couchés sur l’eau en plein pacifique par 48 sud avec 40 nœuds et 5 mètres de mer est très désagréable. Bizarrement cependant dans cette position c’est calme et silencieux à bord, plus le bruit de la vitesse du bateau, du sillage des vagues. Un silence qui nous permet de communiquer facilement pour s’en sortir.
Le bilan est lourd en termes de milles sur nos concurrents mais j’avoue quand même être un skipper heureux après cet incident. Tous mes hommes sont à bord et l’équipage a fait un boulot extraordinaire et nous n’avons rien cassé, ni déchiré de voiles. Un miracle !
On commence donc décidément mal cette étape et nous faisons beaucoup trop d’erreurs. Pour gagner il faut faire moins d’erreurs que les autres. On a déjà bien entamé notre quota et la route est encore très longue. Maintenant on va s’appliquer promis.Kevin Escoffier :
Dure nuit. Départ a l’abatee dans 40 noeuds. C’était Verdun ! Mon gilet a percuté car j’étais sous l’eau (j’étais attaché !). Sinon un autre jibe (bien celui la) et pas mal de manœuvres. Une journee bien remplie! Nous avons du vent mais pas encore trop froid. On est trempé avec l’eau qui est rentrée partout pendant le depart au tas. Et tout ça de nuit bien sur !
Yann Riou
Connaissez-vous le « Chinese gybe » ?
On est un certain nombre à n’en avoir jamais fait, et il a fallu attendre de naviguer sur un bateau chinois…
Bref. Nuit noire bateau couché sur la tranche, et deux ou trois heures à remettre tout en ordre. Environ 300 l de flotte à l’intérieur, passés par une trappe d’aération, puis par ma bannette et mon sac de couchage avant de se répartir dans le bateau.J’ai tourné quelques images mais il faisait vraiment nuit je ne sais pas ce que ça donne. Au moins une gopro et un appareil photo mort en ce qui me concerne.
Je vais tourner quelques images dehors, c’est magnifique. Ensuite je vais dormir. Je n’ai pas dormi plus de 2h ces dernières 24 heures. Je suis épuisé.