Des bleus et des coups

ETAPE 1, GIJON, SOLITAIRE URGO LE FIGARO 2017

© Alexis Courcoux

Cela faisait fort longtemps que les « bleus » n’avaient pas animé les avant-postes de La Solitaire URGO Le Figaro ! Or cette année, avec dix « bizuths » affûtés et venant d’horizons très divers, le niveau est monté d’un cran tout comme celui des « nouveaux récidivistes » qui viennent titiller les « vieux briscards » de la course… Après cette première étape d’anthologie, ils savent qu’il y a des coups à jouer !

Il faut remonter loin, très loin même pour trouver un « bleu » au tableau des victoires d’étape ! Quant à un score au sein du « Top Ten », ils ne sont pas nombreux les « bizuths » à avoir accroché leur nom au tableau final… Alors les novices sont-ils dédiés au ventre mou du classement à chaque édition, et les nouveaux récidivistes à l’espérance d’un score plus valorisant lors de leur seconde tentative ? Y aurait-il un blocage psychologique tel qu’un jeune coureur ne pourrait tordre le cou à cette fatale répétition ? Les centres d’entraînement à force de décrire la course pour les premiums comme un combat où le conservatisme prime sur l’initiative, ne sont-ils pas quelque peu responsables de cet état de fait ?

Déverrouiller les esprits

À l’analyse de cette 48ème édition de La Solitaire URGO Le Figaro, il y aurait comme un vent de rébellion puisque le classement à Gijón indique que derrière les « sept samouraïs » qui phagocytent les premières places, vient poindre un « bleu » (Julien Pulvé-Team Vendée Formation), deux nouveaux récidivistes (Pierre Quiroga- Skipper Espoir CEM-CS et Justine Mettraux-TeamWork) et un autre « bizuth » (Pierre Leboucher-Ardian) !

Or le huitième n’est autre qu’un ancien Ministe, sixième en prototype en 2013 et deuxième en voilier de série en 2015, nouveau coach du centre de formation vendéen : de l’expérience comme coureur au large, mais aussi comme entraîneur ce qui semble être un bonus psychologique. Le onzième a tout simplement trois préparations olympiques en 470 et une participation aux JO de Londres ! La régate au contact au plus haut niveau n’a plus de secrets pour lui et c’est seulement l’adaptation à un nouveau support qui freine encore ses ardeurs. Quant au duo méditerranéen et suisse qui revient pour une deuxième expérience, il n’y a désormais plus de blocage mental quant à la capacité à scorer, juste un déclic à trouver pour passer de la case « chasseur conservateur » à la phase « vainqueur »…

Les précédentes éditions montrent que seuls sept skippers sur 613 solitaires recensés depuis 1970, ont remporté une victoire d’étape dès leur première participation : Gilles Le Baud, Clare Francis, Damien Savatier, Gabriel Guilly, Laurent Bourgnon, Yves Parlier et Pietro d’Ali alors que seuls Gilles Le Baud en 1973 et Laurent Bourgnon en 1988 se sont imposés au classement général dès leur entrée sur le circuit !

Conjurer le sort

Alors cette 48ème édition va-t-elle ouvrir les vannes d’une nouvelle vague ? Il y a trois étapes encore pour faire mentir les statistiques, mais d’ors et déjà, l’arrivée de nouveaux coureurs d’horizons très variés et à l’expérience déjà très complète est de bonne augure pour briser le carcan des certitudes.

N’est-ce pas de cette Solitaire qu’ont émergé les Christophe Auguin, Isabelle Autissier, Sébastien Audigane, Nicolas Bérenger, Yannick Bestaven, Jérémie Beyou, Pascal Bidégorry, Franck Cammas, Jacques Caraës, Charles Caudrelier, Thomas Coville, Kito de Pavant, Michel Desjoyeaux, Yann Éliès et autres François Gabart après deux ou dix participations ?

Le dernier classement général d’un « bleu » au sein du « Top Ten » date de 2011 lorsque Morgan Lagravière terminait 7ème ! Depuis seuls quatre « bizuths » ont fini dans le « Top 15 » : Thomas Normand en 2012 (15ème), Gwénolé Gahinet (13ème) et Sam Matson (15ème) en 2014, Robin Elsey (15ème) en 2015… Alors que la grande majorité des nouveaux venus finit plutôt entre vingtième et quarantième depuis cinq ans. La nouvelle garde a des coups à jouer !

Les victoires des « bleus » :

  • Gilles Le Baud : trois victoires d’étape et une victoire au général en 1973
  • Clare Francis (GBR) : une victoire d’étape en 1975
  • Damien Savatier : une victoire d’étape en 1982
  • Gabriel Guilly : une victoire d’étape en 1987
  • Laurent Bourgnon : une victoire d’étape et une victoire au général en 1988
  • Yves Parlier : une victoire d’étape en 1990
  • Pietro d’Ali (ITA) : une victoire d’étape en 2005

Classement des « Bleus » à Gijón :

  1. Julien Pulvé (Team Vendée Formation) en 2j 08h 34’ 14
  2. Pierre Leboucher (Ardian) en 2j 08h 41’ 20
  3. Tanguy Le Turquais (Nibelis) en 2j 09h 00’ 58
  4. Milan Kolacek (Czeching The Edge) en 2j 09h 15’ 58
  5. Benjamin Augereau (Guadeloupe Grand Large) en 2j 11h 12’ 32
  6. Pierre Rhimbault (Bretagne CMB Espoir) en 2j 12h 10’ 20
  7. Éric Delamare (Région Normandie) en 2j 12h 47’ 06
  8. Alexia Barrier (Piqd.com) en 2j 13h 18’ 19
    Abandon-Axel de Blay (Botte Fondations-Naho Consulting) en 2j 15h 40’ 58
    Abandon-Nathalie Criou (Richmond Yacht Club Foundation) en 2j 15h 40’ 58

Ils ont dit

Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM-CS) 9ème à Gijón

« Je m’en veux d’avoir fait deux erreurs qui m’ont fait perdre des places. La première après le passage de Cordouan, lors de notre descente vers Arcachon. Je me suis obstiné dans une option stratégique à gauche pour m’abriter du courant, alors que ce dernier n’était pas encore inversé. J’ai pris très cher sur cette option alors que j’étais dans le paquet de tête. Je suis passé de la 3e à la 20e place. J’ai vécu une première nuit terrible, sans dormir, pour revenir au contact des leaders. La deuxième erreur a été de me décaler trop à l’Ouest dans la remontée vers Rochebonne. Je me suis vraiment battu dans la fin de course pour regagner place par place. Moralement, c’était important pour moi. Du coup, je suis content de ma résultat à l’arrivée. »

Pierre Leboucher (Ardian) 11ème à Gijón

« J’ai fait trois préparations olympiques en 470 et les JO de Londres où je finis septième. Le Figaro Bénéteau, c’est toujours un jeu avec la mer, le vent, le courant, mais c’est un autre sport que le dériveur ! Il y a la résistance dans la durée, c’est de la stratégie à long terme contre de la tactique rapprochée : il faut faire plus de choses et on ne peut pas les faire toutes bien. Alors il faut prioriser. L’olympisme est très exigeant… Cette première étape est une découverte de la course au large : je n’ai pas pris un gros « plomb », donc je suis assez content. Mais je vois bien qu’il y a une grosse différence entre être dans le Top 5 et naviguer dans le groupe des quinze premiers… »

Tanguy Le Turquais (Nibelis) 18ème à Gijón

« Dix-huitième pour une première étape, c’est bien mais c’est tout de même trente minutes derrière le premier bizuth. Je crois que je suis parti un peu fatigué de Pauillac, paradoxalement stressé et heureux par la présence de mes partenaires Nibelis au départ. J’ai peut-être été un peu trop conservateur à ce moment-là de la course mais je suis à Gijón avec un bateau entier, sans grande casse matérielle. Et puis j’ai été sacrément malade la 2e nuit avec des problèmes de ballasts. Le bilan est plus que positif. J’ai bien dormi, bien géré mon sommeil, préserver mon bateau lorsque certains favoris cassaient… »

Source

Rivacom

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