Rentrer dans le rythme au plus vite

SUI, Simon KOSTER, inscrit mini 2017, mini 888, plan mer forte 2015, prototype, suisse

© Olivier Blanchet / Mini Transat La Boulangère

C’est une drôle de période que les premières vingt-quatre heures d’une course comme la Mini-Transat La Boulangère. On a beau dire et beau faire, il faut un temps d’adaptation avant de recouvrer la totalité de son potentiel et de goûter pleinement le plaisir d’être en mer. D’autant que la météo n’est pas vraiment de la partie : ciel gris, mer agitée, navigation au près. Pour trouver la plénitude, il va falloir se faire (un peu) violence.

Les premières vingt-quatre heures sont maintenant dans le sillage de la flotte de la Mini-Transat La Boulangère. Pour autant, la bascule d’un monde à l’autre ne se fait pas sans quelques difficultés entre petits soucis de préparation et de prise de marques des solitaires.

Insidieuse naupathie

Premier ennemi, le mal de mer. Dans ce domaine, on ne peut pas parler d’égalité des chances. Une infime minorité peut se targuer d’ignorer ces états nauséeux où la paresse gagne, où chaque manœuvre demande un effort, où la volonté initiale se dilue petit à petit dans la ligne d’horizon qui ne cesse de bouger de haut en bas, de droite et de gauche. D’autres savent que c’est un mal récurrent qui, quoi qu’il advienne, va les atteindre. Il peut aller parfois jusqu’à annihiler leur volonté, mettre à plat le plus joyeux des gaillards. Enfin pour la grande majorité des coureurs, les effets de la naupathie seront minimes : manque d’appétit, difficulté à passer en phase active, légère perte de lucidité des coureurs, tentation de parer au plus facile au détriment du plus efficace. A la vacation de ce matin, ils sont quelques-uns à avoir avouer être atteints tels Julien Bozzolo (Mariolle.fr), François Denis (So-Boat.com) ou bien encore Arnaud Etchandy (Ipar Hego). On peut gager, sans grand risque de se tromper, qu’ils sont bien plus nombreux au sein de la flotte à en ressentir les effets, mais en tête de flotte on évite d’ores et déjà de donner des informations qui feraient office d’aveu de faiblesse, régate oblige.

Bobos techniques

Les premières heures de course sont aussi celles des mauvaises surprises. A l’inverse des skippers professionnels, un Ministe ne dispose que rarement d’un préparateur dédié. Les copains, font office de, quand ce n’est pas le coureur lui-même qui met la main à la pâte pour faire que le bateau soit fin prêt dans les délais. Dans ces conditions, difficile d’être totalement affuté et certains déplorent des petits soucis, qui sans être dramatiques, pourrissent la vie du navigateur dans ces premières heures de course. Ainsi Julien Héreu (Poema Insurance) tentait de résoudre un souci de groupe électrogène, bien utile dans ces conditions nuageuses, quand Marc Miro (Alfin) signalait des difficultés à faire fonctionner son AIS. Mais il n’est pas forcément nécessaire d’être victime de soucis techniques pour reculer au classement. L’Irlandais Thomas Dolan (Offshoresailing.fr), a dû quant à lui, rebrousser chemin après s’être rendu compte qu’il n’avait pas respecté les marques de parcours de la porte du parcours côtier. C’est en revanche fort compromis pour Matteo Rusticali (Spot) qui partait à la barre du plus vieux bateau de la course, un plan Lang construit pour la Mini-Transat de 1991. Après avoir démâté, Matteo a annoncé son intention de rallier La Rochelle sous gréement de fortune. Il semble, au vu de sa route, qu’il ait plutôt choisi l’embouchure de la Gironde comme point d’atterrage.

Casse-tête stratégique en vue

Pour l’heure, les solitaires tentent de composer avec le régime de vents d’ouest dominants. Les trajectoires de la plupart des concurrents oscillaient en fonction des variations, mais dans l’ensemble tout le monde avait choisi de naviguer tribord amure, sur le bord rapprochant vers le cap Ortegal et la pointe de la Galice. Avec le retour du vent à l’ouest, les premiers choix vont devoir se faire : prolonger son bord ou gagner dans le nord ? Les prévisions météo annoncent l’arrivée d’un front par le nord-ouest qui devrait générer à son arrière des vents de nord-est. Le dilemme est simple : en prolongeant son bord, on peut espérer avoir gagné sur la route de la pointe d’Espagne suffisamment pour tirer parti d’un vent qui s’établira progressivement au portant pour tout le monde. En gagnant dans le nord, on anticipe l’arrivée du front pour être les premiers à bénéficier de la bascule. En tête de flotte, on semble avoir choisi la deuxième solution, même si Romain Bolzinger (Spicee.com) n’avait pas encore pris la décision de virer à 17h (TU+2). En tête Erwan le Méné (Rousseau Clôtures) a repris l’avantage sur Ian Lipinski (Griffon.fr) mais les écarts sont infimes. Derrière les hommes de tête, ils sont trois à tenir la cadence : Aurélien Poisson (TeamWork) dans le coup depuis le début de course, Jorg Riechers (Lilienthal) et Charlotte Méry (Optigestion – Femmes de Bretagne), dont la culture de régatière fait merveille dès lors qu’il s’agit de trouver le bon timing de virements de bord.
En série, nombre de concurrents se méfiaient de Rémi Aubrun (Alternative Sailing – Constructions du Belon), même si le voilier de La Trinité-sur-Mer avait peu couru cette saison. Force est de constater qu’ils avaient raison puisqu’il est en train de mener la vie dure à Erwan Le Draoulec (Emile Henry), leader pour deux dixièmes de milles. Valentin Gauthier (Shaman – Banque du Léman) complète le podium. A noter la jolie performance du Tchèque Pavel Roubal (Pogo Dancer) qui ne pointe qu’à deux milles des leaders, malgré des conditions d’entraînement compliquées pour ce navigateur qui a partagé sa vie entre Brno et la Méditerranée. Avant la Mini-Transat, Pavel a coupé pour se ressourcer et passer l’été avec sa compagne et ses filles. La méthode semble avoir du bon…

Classement à 17h (TU+2)

Prototypes

  1. Erwan le Mené – Rousseau Clôtures – à 1203,2 milles de l’arrivée
  2. Ian Lipinski – Griffon.fr – à 1,1 milles
  3. Romain Bolzinger – Spicce.com – à 2,2 milles
  4. Aurélien Poisson – TeamWork – à 2,7 milles
  5. Jörg Riechers – Lilienthal – à 3,7 milles

Séries

  1. Erwan Le Draoulec – Emile Henry – à 1208,9 milles de l’arrivée
  2. Rémi Aubrun – Alternative Sailing – Constructions du Belon – à 0,2 milles
  3. Valentin Gauthier – Shaman – Banque du Léman – à 0,9 milles
  4. Pierre Chedeville – Blue Orange Games – Fair Retail – à 1,5 milles
  5. Clarisse Crémer – TBS – à 1,8 milles

Source

Aurélie Bargat / Effets Mer

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