Voir Belle-Ile et s’en aller

© Alexis Courcoux

Le soleil se lève tranquillement sur l’archipel des Glénan que les skippers abordent en ce moment. Au classement de 5h, si les positions en tête n’ont que peu évolué depuis hier soir, le passage de Belle-Ile a scindé la flotte en deux et de nombreux marins se sont retrouvés du mauvais côté. En tête, Morgan Lagravière (Vendée) mène la course devant Nicolas Lunven (Generali) et Gildas Morvan (Cercle Vert). Le vent fait actuellement défaut sur la zone de course et c’est à 1,5 nÅ“ud que les Figaro Bénéteau se dirigent vers Les Grands Pourceaux pour un pointage.

Au classement d’hier soir à 19h, les intentions des skippers semblaient claires et au petit matin le résultat l’est aussi. Les marins ayant choisi l’intérieur de Belle-Ile ont largement tiré profit de cette navigation près de la côte. Dans ce groupe, les premiers à la bouée Radio France à Saint Gilles Croix de Vie ne se sont pas lâchés. Morgan Lagravière, Nicolas Lunven, Gildas Morvan, Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), Frédéric Duthil (Sepalumic) et Sam Goodchild (Artemis 23) caracolent en tête mais doivent désormais faire face aux caprices du vent qui tente lui aussi de s’échapper. Si ces marins sont tous partis du « bon côté », cette décision semble avoir été mûri dès le départ des pontons vendéens. « Passer au Nord de Belle-Ile, c’était quelque chose que j’avais déjà prévu de faire avec les planifications météo et que je voulais ajuster en fonction de la prise de risque par rapport à la flotte », nous confiait Morgan Lagravière ce matin lors de la vacation radio.

Dans le petit groupe parti dans l’ouest de Belle-Ile – une douzaine de solistes – Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) ne semble pas en réussite en ce début de troisième étape.
« Les premières heures de course n’ont pas été simples avec cette bouée de dog leg qu’on est allé chercher les premiers. C’était un peu douloureux… J’étais assez confiant sur le passage à l’Ouest, pensant que ça mollirait plus de l’autre côté. Je suis allé dans l’option pour laquelle on avait opté dès le départ et il s’est trouvé que ce n’était pas terrible ». Un peu de déception dans la voix du marin lors de cette vacation, mais il y a fort à parier qu’il sera de la partie pour la suite de la course et tentera le tout pour le tout pour grappiller ces milles perdus.

Thierry Chabagny (Gedimat), Erwan Tabarly (Nacarat), Paul Meilhat (Skipper Macif 2011), Alexis Loison (Groupe Fiva) et Thomas Ruyant (Destination Dunkerque) sont également dans ce paquet et la priorité est désormais de rattraper les leaders sur les quelques coups restants à faire. De son côté, Yann Eliès (Groupe Queguiner – Le Journal des Entreprises), leader au classement général provisoire et 9e au pointage de 5h, navigue coude à coude avec Isabelle Joschke (Galettes Saint Michel) dans le sillage de Gildas Morvan.

Sitôt paré l’archipel des Glénan, une longue route s’ouvrira pour les solitaires jusqu’à la pointe bretonne. Une voie où la vitesse des bateaux sera primordiale. Mais il faudra également penser à dormir pour attaquer les courants du bout de la France avant ceux de l’Angleterre.
« On ne va pas pouvoir dormir tout de suite. Il faut être concentré pour essayer de redémarrer dans le petit temps », commentait Gildas Morvan ce matin.
Les jeux sont loin d’être faits et 18 marins se tiennent en moins de 3 milles à l’entame de ce début de semaine.

Ils ont dit :

Morgan Lagravière (Vendée), 1er au classement de 5h :

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« Passer au Nord de Belle-Ile, c’était quelque chose que j’avais déjà prévu de faire avec les planifications météo et que je voulais ajuster en fonction de la prise de risque par rapport à la flotte. La plupart de mes concurrents étaient comme moi donc il n’y a pas eu de prise de risque. Je suis repassé en tête en milieu de nuit. Il se passe des choses en ce moment, le vent est entrain de mollir. A Groix c’était au sud à coup sûr, passer de l’autre côté ça rallongeait pas mal la route. Ca ne faisait pas partie du programme. J’ai deux nœuds à l’anémo, c’est pas violent. Il y avait jusqu’à huit nœuds cette nuit, donc c’est vraiment pas la tempête, un peu comme dans les dorsales. Il y a vraiment un fond d’air qui permet d’avancer quand même. Je suis juste à côté de Generali « .

Nicolas Lunven (Generali), 2 ème au classement de 5h :

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 » Le début de course a été assez agréable au niveau des conditions et du classement pour Generali. Tout ça n’est pas trop mal pour le moment. J’avais choisi de passer à l’intérieur de Belle-Ile. Je pense que c’est plutôt pas mal mais en fait je ne sais pas où sont les autres. Depuis une demie heure le vent s’est complètement cassé la figure et il faut se battre pour faire avancer le bateau. Je suis bord à bord avec Morgan (Lagravière), il est à 100 mètres. Avant de partir j’avais une petite préférence pour passer à l’intérieur de Belle-Ile sans que ce soit définitif et sur l’eau c’est naturellement la route que j’ai faite dès Saint Gilles Croix de Vie. Les bateaux autour de moi ont fait la même chose. On verra bien si ça a payé plus tard.. »

Gildas Morvan (Cercle Vert), 3ème au classement de 5h :

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 » Ce n’est pas facile, on a eu du vent régulier à peu près jusqu’à Belle-Ile et depuis Belle-Ile, le vent est tombé. Là on arrive au niveau de la Jaune des Glénan et le vent est tombé complètement. On avance à deux nœuds. C’est très nuageux. La mer s’est bien aplatie, ce n’est pas trop désagréable. Là ça va être un peu aléatoire. On ne va pas pouvoir dormir tout de suite. Il faut être concentré pour essayer de redémarrer dans le petit temps. On est en bagarre à quatre bateaux. On essaie de se comparer en vitesse, de s’étalonner et surtout de s’accrocher, de rester dans le match « .

Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), 28ème au classement de 5h :

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 » Les premières heures de course n’ont pas été simples avec cette bouée de dog leg qu’on est allé chercher les premiers. C’était un peu douloureux. Je me suis retrouvé un peu en queue de peloton. Après, c’était un choix qu’il fallait prendre un peu tôt pour Belle-Ile, quasiment depuis la bouée de Pilours. J’avais des infos avec les météorologues et j’étais assez confiant sur le passage à l’Ouest, pensant que ça mollirait plus de l’autre côté. Je suis allé dans l’option pour laquelle on avait opté dès le départ et il s’est trouvé que ce n’était pas terrible. On a plutôt eu du vent mais on a quand même eu une petite molle que tout le monde à eu. Mais a priori, les autres ont eu du vent. De notre côté, il y a eu rallongement de la route et tous les milles supplémentaires, les autres les ont gagné. Il ont deux milles d’avance, c’est la route qu’on a fait en plus. On est complètement empétolé, j’espère que c’est pareil pour les autres. C’est toujours délicat ces situations, parce qu’on part avec des prévisions très précises et si tout juste après 24 h on a déjà des infos qui sont fausses, il va falloir naviguer à vue. Ce n’est pas évident. Pour l’instant, je veux déjà récupérer du vent, grappiller des milles. Perdre 3-4 milles comme ça, en début de course, c’est un peu douloureux, mais il va falloir réussir à rester dans le match pour recoller la tête ».

Source

RivaCom

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