La drôle de mer

© Pavel Nesvadba

L’arme au pied, ils attendent. La flotte des dix-huit solitaires encore en route vers Horta prend son mal en patience. Faire le dos rond, se préparer au vent qui va rentrer progressivement, se mentaliser que d’ici quelques heures, ce ne sera pas la même musique. Il flotte comme un air de vacances sur le petit groupe des coureurs, mais tous savent qu’ils mangent leur pain blanc avant le pain noir.

Le calme avant…

Pour tromper l’attente, on essaye de tuer le temps. On s’échange des films vidéos par clés USB interposées, on prépare de la nourriture déjà cuisinée pour les heures de gros temps à venir, on refait le tour du propriétaire, on retrouve une âme d’enfant en redécouvrant des jeux simples : « qui est qui », « le schmilblick version 2014 »… les VHF chauffent. Magie de l’iridium, on s’informe sur les réseaux sociaux, les tweets de commentaires sur la course, les encouragements des copains restés à terre.

En attendant, se crée une nouvelle solidarité au sein de ce petit groupe : on discute beaucoup, on prend en compte les points de vue des uns et des autres, on tente de réagir en fonction de l’intérêt collectif. Même en solitaire, la solidarité des gens de mer a encore du sens.

Au sein de la flotte, il y a ceux qui connaissent déjà les Açores, le havre de Horta, les soirées chez Peter Café Sport et ceux pour qui ce sera la première fois. Tous manifestent la même impatience : les nouveaux parce qu’ils partent à la découverte et les anciens, parce qu’ils savent aussi l’énergie que mettent les Açoriens pour les accueillir. Les décevoir aurait été un crève-cœur…

Route terre

Alors que la petite flotte fait route vers sa destination, Yannig Livory et Nicolas Jossier ont décidé de rejoindre leurs ports d’attache respectifs Lorient et Granville. Nicolas qui a notifié officiellement son abandon s’en expliquait : « J’avais pris la décision de participer à la course malgré mon manque de budget, je ne voulais pas risquer de grosse casse matériel préjudiciable pour mon projet. Malheureusement ce sont les aléas de la météo. La règle première de la course à la voile est de naviguer en bon marin, je pense avoir pris la bonne décision même si elle est difficile ! Je souhaite bon courage aux copains qui convoient vers Horta. J’espère que leur retour sera meilleur et que la course aura lieu. » La décision d’abandonner est loin d’être évidente… mais faire ce que l’on estime juste est pour soi et pour son bateau ne saurait être critiquable. A bientôt Nicolas.

Yannig Livory est attendu en fin de soirée ou dans la nuit à Lorient

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Lorient Grand Large

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