Volvo Ocean Race
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  • Duel à l’indienne

    Cela a été une nuit de petits gains et de pertes conséquentes même si, dans le contexte d’une étape de 5 200 milles nautiques, tout ceci n’a pas tant d’importance que ça. Cette nuit, les bateaux ont parcouru entre 50

    26 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 3441

  • Le meilleur des blogs des reporters embarqués

    MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    C’était sympa de naviguer aux côtés de Dongfeng Race Team pendant toute la journée d’hier. C’est toujours impressionnant de voir ces bateaux naviguer bord à bord.
    Pendant les 24 dernières heures, nous avons navigué avec moins d’un 1/2 mille d’écart. Si j’aime ça, c’est sans doute parce que l’on ne me demande pas de faire avancer le bateau. Si c’était le cas, si je devais être constamment en tension pour gagner un quart de nœuds, je le vivrais certainement comme une torture.
    Nous n’avons pas eu plus de vent ce matin et la vie à bord était complètement dingue. Nous avons passé notre temps à déplacer des choses. Dès que les conditions changeaient nous devions changer des choses de place.
    Dans l’après midi, le vent est monté et nous avons décié de virer de bord pour faire route vers Abu Dhabi. Après la tombée de la nuit, nous pouvions voir Team Brunel à notre vent.
    La nuit était assez dure avec une navigation au près dans un vent de plus de 23 nœuds et nous avons effectué plusieurs changements de voile. Nous avons rencontré des grains avec de grosses rafales qui couchent le bateau et le font naviguer vite !
    Lors des premières lueurs du jour, nous avons viré de bord lors d’une rotation du vent et avons viré à nouveau dès la fin de bascule. Certains à bord n’ont pas dormi du tout. Ils sont restés sur le pont pendant sept heures consécutives se sont reposés deux heures seulement et sont revenus pour quatre heures.
    La vie au large est difficile, humide et exigeante !

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    Laurent Pagès s’est laissé tomber à l’intérieur du bateau? Il est trempé de la tête au pied. Dehors le jour se lève, il pleut et il n’y a pas de vent.
    “C’était ma nuit la plus pourrie depuis le début de cette Volvo Ocean Race” explique le Français avec un certain sens du dramatique.
    Sur le pont, Pablo Arrarte explique : “nous avons eu beaucoup de nuages cette nuit, à chercher le vent. A tout moment, tout le monde sort de son lit pour changer les voiles mais tout ce qui sort des nuages, c’est de la pluie.
    Sur le pont, Pablo Arrarte explique : “nous avons eu beaucoup de nuages cette nuit, à chercher le vent. A tout moment, tout le monde sort de son lit pour changer les voiles mais tout ce qui sort des nuages, c’est de la pluie. Il fait très sombre et on se voit difficilement les uns les autres lors des manœuvres.
    En définitive, c’est Gerd-Jan poortman qui a payé le plus cher. « J’ai été réveillé cinq fois. Suis allé changer les voiles, ce n’était toujours pas bon alors on a changé les voiles à nouveau. La bonne nouvelle, c’est que nous sommes toujours dans le paquet de tête.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Position :
    Si vous jetez un coup d’oeil à notre routage en ce moment, c’est un peu comme si nous allions traverser Madagascar.
    Nous avons créé un écart de 60 milles entre les leaders et nous et, pour l’instant, nous comptons en tirer profit !
    Nous attendons des vents plus forts dans l’Ouest que nous pourrons exploiter pendant les prochaines heures afin de nous permettre de continuer à mettre la pression sur les autres.
    Météo :
    Ça a été très sympa de naviguer pendant ces dernières heures. Nous avons eu une nuit plutôt claire avec un vent de 11 nœuds, c’est très agréable. Nous nous sommes réveillés ce matin pour mettre une voile plus petite à l’avant car le vent est monté jusqu’à 23 nœuds et nous prenions des vagues dans le nez. Cela devient de plus en plus inconfortable à bord et nous comptons les minutes avant le prochain virement de bord. En dehors de ça, c’est encore une belle journée ensoleillée sur l’océan indien.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    Nous approchons d’une zone de haute pression (vous pouvez commencer à regarder sur Google car nous allons utiliser beaucoup de termes météo dans les deux prochains jours). En fait, il s’agit uniquement d’une zone de transition où le vent change de direction. Une fois que nous aurons le vent dans le nez, nous changerons de route afin de faire une route plus directe vers Abu Dhabi. Le changement est imminent donc nous surveillons ce que font les Turco-américains qui sont devant nous pour voir ce qui va se passer.
    Wouter nous a expliqué la complexité de ce type de zone. « Nous allons avoir affaire à une sorte de crête qu’il faudra traverser et demain, nous aurons une zone de basse pression ainsi qu’un front agressif. Ensuite, nous devons faire de l’Est pour aller à la rencontre des alizés donc je ne sais as du tout quand nous pourrons dormir. »

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Météo : Soleil, 19 nœuds et mer agitée.
    Vous allez devoir excuser notre fatigue ce matin mais la nuit a été longue. Pour tous les jeunes parents qui se plaignent de leur bébé qui les réveille toutes les heures, vous devriez essayer un passage dans les zones de haute pression.
    Grain après grain, changement de voile après changement de voile, matossage après matossage. Dès que tu commence à te sentir bien, quelqu’un t’appelle pour te demander de venir changer quelque chose. Et ce n’est pas comme avec le radio réveil où il est possible d’appuyer sur « snooze », il faut monter sur le pont dans la seconde et prendre son poste dans la nuit noire.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    Une certaine constance dans l’instabilité
    Ce matin, la différence entre hors quart et en quart était assez subtile. C’est un petit peu comme si on avait du changé de voile à chaque fois qu’on croisait un nuage. Et des nuages, il y en a vu pas mal!
    « Everybody on deck, we must be ready to manover any minute. »(Charles)
    Cette phrase, je l’ai entendue deux ou trois fois. A la limite, il valait encore mieux être de quart. Au moins, tu ne passais pas ton temps à entrer et sortir, et tu pouvais caresser l’espoir d’aller finalement te reposer à la fin de ton quart. Espoir déçu pour quelques uns, qui luttent en ce moment même pour rester éveillé et faire avancer la machine.
    L’heure de vérité
    Il est 06:00UTC, mais comme me le laisse entendre Charles, l’heure de vérité c’est plutôt vers 07:00TUC. L’heure a laquelle on reçoit le classement du matin.
    « On a eu des grains dans tous les sens, et ça a surement fait des dégâts sur certains bateaux plus que sur d’autres. On va savoir dans une heure, quand le classement va tomber. Et puis surtout, il y a un virement à négocier, virement qui en dira beaucoup sur le résultat des options des uns et des autres, et notamment celle d’Abu Dhabi. »
    Donc on attend le classement, et le virement. Et en attendant, on essaie de récupérer comme on peut.
    Bonne journée.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    Ah la cuisine lyophilisée, voici quelque chose qui ne m’a pas manqué lors de notre séjour en Afrique du Sud.
    Aujourd’hui j’ai fait ce que peu de gens font : de la crème glacée lyophilisée. Ce n’était pas si mauvais mais c’est quelque chose qu’il ne faut pas tenter plus d’une fois… par an ! Je ne sais pas ce qui me dérange le plus. Est-ce que c’est qu’ils aient décidé d’appeler ça de la crème glacée ou le fait que les framboises n’aient pas l’air tout à fait réelles.
    Le diner de ce soir, c’est « poulet royal » ! Mais de quoi s’agit-il ? Je suis presque certaine qu’il n’y a pas un seul roi sur cette terre qui voudrait manger ça. C’est le mélange d’un gout fumé et d’une saveur citronnée qui ne vont pas nécessairement ensemble.

    • Les nouvelles du bord – 25 novembre 2014 •

  • Abu Dhabi, le loup solitaire

    C’est presque sur un malentendu qu’Abu Dhabi Ocean Racing occupe cette position occidentale qui lui permet d’être en tête du classement général. En effet, ce choix d’empanner le premier il y a un peu plus de 24 heures

    25 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 3328

  • Le meilleur des blogs des reporters embarqués

    MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    n.c.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    n.c.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Alors qu’Abu Dhabi Ocean Racing poursuit sa route vers le nord dans les vents légers sous l’influence des hautes pressions, c’est la première fois que l’humeur à bord d’Azzam est un peu maussade.
    Cette deuxième étape est en train de nous rappeler combien, lors d’une course en monotype, tu es à la merci des « Dieux du vent ».

    Daryl, qui est un peu superstitieux raconte : « Nous avons eu du vent quasiment tout le temps, touchons du bois (il a touché sa tête en même temps), pour que l’on continue à en avoir. »

    « C’est le premier jour depuis que l’on est parti de Cape Town où nous avons l’opportunité d’être un peu au sec et de libérer nos cous et nos poignets des manchons en latex » continue-t-il en regardant le pont où sèchent au soleil les bottes et les chaussettes.

    Beaucoup d’entre nous prennent conscience aussi que tout ce qui est gagné peut être perdu aussi vite. Toutes les heures maintenant, quelqu’un passe en revue le bateau pour vérifier l’apparition de signes d’usure. « Nous n’avons pas vraiment bien navigué », explique Ian. « Nous avons eu quelques soucis à bord et maintenant, nous avons choisi de prendre quelques risques. Donc, nous sommes un peu nerveux. »

    Et puis, la monotypie change la donne. La différence d’expérience est gommée car chacun a le même bateau et plus on navigue dessus, plus on apprend vite. La performance tient sur de petits détails, la gestion de la météo et puis aussi un peu sur la chance.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    n.c.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Dans la nuit sans lune, nous avons pu apercevoir parfois, dans notre ouest les feux de Dongfeng Race Team et MAPFRE, peut être excitement à l’endroit oùnous aurions été si nous avions empanné en même temps que le reste de la flotte la veille. Pour tout dire, c’est un soulagement d’être revenu au contact. Cela maintient tout le monde motivé et l’équipage travaille dur pour gagner des milles.

    Notre confiance dans les modèles météo s’affaiblit car nous n’avons pas le vent prévu. On était un peu en sursis car les prévisions annonçaient un vent léger dans la nuit. En fait, on a filé sous GV Haute et code zéro. Et pour l’instant, on ne descend pas en-dessous de 10 nœuds au niveau de la vitesse du bateau. Personne ne se plaint mais nous sommes certains que ça ne vas pas durer.

    C’est étrange de ne pas arriver à savoir ce qui va se passer, de ne plus faire confiance aux données. Quelque part, nous sommes obligés de les croire mais c’est tellement imprécis.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    « Pour le moment, il va plus vite que son routage, et nous allons moins vite que notre routage. » (Charles, à propos d’ADOR)
    « Je comprends ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait, mais il prend quelques risques. La journée d’aujourd’hui nous en dira plus. S’il continue à aller plus vite que nous dans la dorsale, il aura tout gagné !»

    Vitesse ou opportunisme ?
    MAPFRE et Team Brunel nous ont un peu « marché » dessus depuis 24 heures. Team Brunel hier dans la journée par dessous, et MAPFRE dans la nuit par dessous. Il faut dire que les conditions sont assez instables. À quelques centaines de mètres près, hier, on pouvait se trouver dans la molle, ou être sous l‘influence de fortes risées. Peut-être ont-ils eu un peu plus de réussite, ou ont-ils mieux exploité cette instabilité? En tous cas, on ne peut pas parler de problème de vitesse. D’ailleurs, on est en train de revenir sur MAPFRE. Poco a poco.

    Dorsale au programme.
    Au menu du jour, nous avons une dorsale à traverser. Et qui dit traverser une dorsale, dit virement. L’avantage, c’est que comme nous avons nos deux concurrents directs à vue, nous n’aurons pas de mal à savoir quelles sont leurs intentions.

    Vertige…
    Quand on regarde la carto, on s’aperçoit qu’après cinq jours de course, on n’a toujours pas dépassé la latitude de… Cape Town. Ca en dit long sur le chemin qu’il nous reste à faire.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    n.c.

    • Les nouvelles du bord – 24 novembre 2014 •

  • Le regroupement

    Comme prévu, la flotte s’est resserrée cette nuit. En 24 heures, l’écart entre le premier et le dernier bateau a diminué de moitié. Le fait essentiel de la nuit est le regroupement de la flotte. L’écart

    24 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 3518

  • Vers le nord

    La flotte fait maintenant route vers le nord et doit gérer le passage de la zone de hautes pressions. Que s’est-il passé cette nuit ? L’analyse à partir des position de 8h48 HF. Abu Dhabi Ocean Racing a été le

    23 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2404

  • Jean-Luc Nélias, nouveau navigateur de MAPFRE raconte la vie à bord du bateau espagnol et la situation météo compliquée à laquelle fait face la flotte de la Volvo Ocean Race.

    Ca va pas trop mal à bord de MAPFRE. On se tire la bourre avec Dongfeng Race Team, Team Alvimedica et Team Brunel et là on est bord à bord avec Team Alvimedica. Il est à 2 milles de nous. On les voit tous. On a 20 nœuds de vent, grand beau temps, ciel bleu mer belle, un peu de houle. Le bateau est un peu plus respirable.

    La première nuit a été assez sympa car nous étions au près dans pas trop de vent, tout le monde à vue. Ca tactiquait, ça croisait. C’était assez intéressant. Le lendemain c’était toujours sympa mais les deux jours suivants ont été plus agités avec le bateau assez chahuté, de l’humidité et l’inconfort qui va avec. Bref, un concentré de Volvo !

    Dans les grandes lignes, c’est comme lorsque j’étais avec Groupama. Il faut matosser les voiles à la con, tu ne dors pas beaucoup, c’est agité. Ca sent un peu des pieds. Pas beaucoup de changement.
    A bord, ça se passe au naturel pour l’équipage.
    C’est un peu polyglotte donc il y a toujours des petits problèmes de compréhension entre le français, l’espagnol et l’anglais. Mais tout le monde y met du sien et l’ambiance est plutôt amicale et souriante. Ca se passe plutôt bien mais il n’y a pas eu non plus beaucoup de tension car c’est encore que le début de cette étape.

    Avec Iker, on discute. On voit les plus et les moins de l’option et après on décide ensemble mais c’est lui qui décide surtout au final. Jusqu’à présent, on a toujours été d’accord. Si je sens un truc, je vais le pousser et pour le moment, il me suit sur le dossier.
    Est-ce qu’il ressemble à Franck Cammas ? Ah ben non, il n’y a personne qui ressemble à Franck. Mais en moyenne, chacun est unique non ?

    La suite, on ne sait pas trop. Il n’y a aucune évidence. Les modèles changent à chaque fois pas dans les grandes lignes mais dans les détails. Il y a des choix supers importants pour le futur, c’est même plutôt l’heure des paris où il faut essayer d’avoir une vision très lointaine et essayer de s’en sortir le moins mal possible. Tout le monde va y laisser des plumes. A bord de MAPFRE, ça nous semble très compliqué.

    Notre stratégie : On tatonne un peu, on n’y va pas à fond de tous les côtés, on fait la fine bouche, on bricole avec nos trois camarades d’à côté. Ca nous permet de nous régler, de voir comment ils naviguent, d’apprendre à leurs côtés.
    Pour la suite, on s’attend à pas de vent, à des systèmes de transition, à des trous d’air, à des bateaux qui s’échappent puis qui se font rattraper. Ca va être assez laborieux.

    Il y a un groupe de 3 – 4 bateaux qui semblent ne pas vouloir prendre trop de risques mais plutôt progresser plus rapidement vers une route plus directe et pas trop longue. Abu Dhabi a l’air de vouloir revenir avec nous alors que Team Vestas va peut être essayer de faire quelque chose de très différent de nous tous.

    • L’heure des paris •

  • Dilemme, vous avez dit dilemme ?

    Hier, les bateaux filaient au sud est et dès que le vent a pris un peu de nord, la flotte a commencé à empanner en fin de journée. A partir de minuit, plusieurs bateaux ont commencé à faire cap au nord avant de déclencher

    22 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2264

  • Des heures décisives

    Depuis hier, la flotte est rentrée dans le courant des Aiguilles. Ce courant de l’océan indien, l’un des plus forts au monde (5 nœuds ce matin décrit MAPFRE), génère une mer très hachée. Sous l’eau en permanence,

    21 novembre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2421

  • Le meilleur des blogs des reporters embarqués

    MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    Depuis hier matin, les conditions de navigation sont fantastiques. MAPFRE a gagné dans le sud-est en avalant les milles. C’est exactement comme sur la première étape : tous les bateaux naviguent bord à bord. On progresse à vue. Team Alvimedica juste devant, Dongfeng, Abu Dhabi et SCA derrière. La force du courant est d’environ cinq nœuds et du coup, le pont est comme un sous-marin. Il y a de l’eau partout à l’extérieur du bateau mais aussi à l’intérieur. Ces dernières 24 heures, nous avons essayé de garder le bateau en ordre le plus possible.
    « Mais la vie à bord est difficile. Tout vole partout, dans toutes les directions. »

    On rentre peu à peu dans notre rythme de course. On dort un peu mais ça n’est pas évident dans de telles conditions. Dans la nuit, Neti, qui dort dans la couchette au-dessus de la mienne, a atterri sur moi car dans un choc avec une vague le support de la couchette s’est brisé ! La nuit dernière, le vent était soutenu et on a fait des surfs à 30 nœuds. Il y avait 20 à 25 nœuds de sud puis est. Après, on devrait avoir des conditions moins fortes, moins humides et une mer plus calme.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    L’océan indien n’épargne personne. Le vent a atteint les 28 et 24 nœuds au compteur. Toutes les 10 secondes, Team Brunel s’éclate contre les hautes vagues. L’eau submerge le pont. Les lignes de vie sont essentielles pour protéger l’équipage et empêcher quelqu’un de passer par-dessus bord. Le pont est mouillé mais pas seulement… A l’intérieur du bateau, c’est un vrai aquarium. Mais tout ça n’empêche pas l’équipage de prendre du plaisir. L’état d’esprit du bord est au top ! On a huit visages souriants … et une tête un peu verte… Celle de l’auteur de ces quelques lignes.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Qui a dit que nous n’aurions que quelques heures de conditions vraiment soutenues ? Pendant les dernières 24 heures, nous avons du garder le pied sur le frein dans le vent oscillant entre 25 et 30 nœuds ! Dans ce genre de conditions, autant dire que les sacs de nourriture sont restés intouchés… Les bols dans lesquels nous prenons nos repas ont quasiment tous volés dans le bateau. Le courant des Aiguilles atteint une vitesse de trois nœuds et crée une mer grosse.
    Naviguer bord à bord avec trois autres bateaux nous donne des références sur nos performances. Mais ça ajoute aussi un peu de stress dans chacune des décisions. A bord en ce moment, il y a un manque inhabituel d’échange. Tout est trempé et les odeurs à bord du bateau sont indescriptibles. Sur la première étape, nous n’avions pas connu ce genre de situation avec le 20ème jour de mer…

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    L’équipage est dans son rythme : dormir, naviguer, dormir, naviguer. Je pense que mes attentes n’étaient pas bonnes pour ces premières 24 heures de course. J’étais convaincu que les choses allaient être plus dures qu’elles ne l’ont été. J’étais aussi stressé d’avoir à livrer de nouvelles photos, vidéos, textes au quotidien pour cette nouvelle étape. C’est une pression que je n’avais jamais ressentie auparavant. J’ai pas mal souffert pour trouver mon rythme à bord de nouveau. A la différence de la première étape, je savais cette fois ce qui m’attendait.
    Le premier petit incident du jour a été une déchirure dans notre Grand Voile. On est à peu près certains que cela est dû au violent empannage que nous avons fait lors du parcours côtier au départ. Tom, notre voilier, a rapidement travaillé avec Peter pour effectuer la réparation nécessaire. On a affalé la voile quand l’ensemble des pièces ainsi que la colle étaient prêtes. Evidemment, affaler la voile et faire la réparation nous a pris du temps. On ne sait pas exactement combien mais ce n’est jamais idéal. Mais c’était un mal nécessaire juste avant que l’on rencontre un vent plus soutenu et une mer encore plus formée.

    Le courant des Aiguilles était sur notre route et c’est le jour où on doit le traverser. C’est le courant océanique le plus fort. Il vient du nord est pour aller vers le sud ouest le long des côtes africaines. Peu de bateaux circulent dans cette zone tant elle est dangereuse. Beaucoup de navires ont été endommagés… Non, en fait je mens… Beaucoup de navires ont coulé par ici. On a eu du soleil et le vent a atteint les 20 à 25 nœuds. On revient vers des territoires connus : celui des vêtements trempés ! Ces bateaux sont vraiment humides à ces vitesses. C’est impossible de faire quoi que ce soit sans livrer un gros effort. Mais aller vite dans la bonne direction. Ca fait du bien.

    Actuellement le soleil est en train de se coucher. Team SCA est sous notre vent. Nicolai barre vite, très vite. Nous pensons que dans les heures à venir, nous allons maintenant pouvoir revenir sur la tête de flotte.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    La navigation vers le sud continue mais là où l’excitation et l’adrénaline sont bien présentes, l’inconfort est aussi là. On a eu une moyenne de 25 nœuds de vent mais l’état de la mer rend les choses très difficiles. Nous sommes dans le courant des Aiguilles depuis hier, le courant d’eau chaude de l’océan Indien. Ca déplace un tel volume d’eau avec une telle vitesse que nous essayons d’avancer à travers les remous, spirales, méandres, ébullitions et je ne sais quoi encore…
    Pour donner une image, on a l’impression que l’on tord l’océan. A tel point que c’est vraiment difficile de voir d’où vient le courant. Ca lève une grosse mer qui rend les déplacements à bord du bateau très hasardeux. Il y a parfois des chocs assez forts.
    Travailler devient difficile. Ca va me prendre quasiment une heure juste pour écrire ces quelques lignes. Manger est très compliqué.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    « On n’est pas les rois de la piste, en ce moment ! » (Charles)
    On n’arrive pas à aller plus vite, ni même aussi vite que les autres, depuis quelques heures. Ca a été le cas une partie de la journée hier après midi, sans qu’on arrive à comprendre pourquoi. Puis on est rentré dans le courant des Agulhas. Vent contre courant, une mer hachée. Des conditions assez déplaisantes, mais dans lesquelles on était assez à l’aise.

    La nuit a été un tout petit peu compliquée. On a pris un peu d’eau dans le bateau par une trappe mal fermée, ce qui nous a fait perdre un petit mile. On essaie de le récupérer, mais on n’y arrive pas. Vivre à 23 noeuds Ca accélère, ça plante, ça penche d’un côté, puis de l’autre. La vie à 23 nœuds est stressante. Quand tu es sur le pont, tu arrives à piger à peu près ce qu’il se passe. Mais à l’intérieur, impossible d’anticiper les mouvements du bateau.

    Cette nuit j’ai voulu me faire à manger. J’ai versé de la poudre de yaourt dans mon bol. C’est à ce moment précis que le bateau s’est arrêté brutalement dans une vague. J’ai du lâcher le bol et m’agripper à ce que je pouvais pour ne pas finir encastré dans la cloison d’étrave. Le bol, lui, a entamé un vol plané vers l’avant en prenant soin de saupoudrer la poudre de yaourt à peu près partout sur son passage. Bilan : 15 minutes de nettoyage dans un équilibre précaire. Un soupçon d’énervement, et le début d’une petite cure d’amaigrissement…
    A bientôt

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    Pour résumé les dernières 24 heures en un mot : changement. La météo, l’eau, les voiles, nos organismes ont changé de la même manière et rapidement. En une seule journée de navigation, nous avons vécu ce que certains vivent lors d’un voyage qui dure une semaine (et encore… s’ils sont chanceux). Parfois, le changement peut être frustrant. Nos organismes ont tout de suite été soumis à un rythme difficile.
    « Nous sommes toutes épuisées et les conditions ne nous aident pas. »
    Tout demande un effort extrême : cuisiner, s’habiller, barrer, régler. L’état de la mer est aussi dur. Désormais le confort est bien loin. Nous avons changé de voiles de multiples fois pour nous assurer de tirer le meilleur de ce vent et continuer à batailler avec Team Vestas Wind qui est juste devant nous. Heureusement, tout ça devrait changer prochainement et nous devrions revenir à des conditions plus confortables dans les jours à venir.

    • Les nouvelles du bord – 21 novembre 2014 •