La fièvre du samedi soir

© Jeremie Lecaudey

En approche de l’archipel Sao Paulo & Sao Pedro, Banque Populaire XI est toujours à la fête sur cette Route du Café. Son passage du Pot au noir la nuit dernière n’a certes pas été une formalité, mais il lui a permis de conforter sa place de leader. Changement au classement en revanche derrière. SVR Lazartigue fait la bonne opération de la nuit en doublant Maxi Edmond de Rothschild. Les quatre poursuivants sont plus proches que dans l’alizé de Nord, mais l’élastique pourrait se retendre les prochaines heures…
Qui est in, qui est out ? Le refrain bien connu bourdonne encore dans les oreilles de certains skippers. La nuit a été active sur la piste équatoriale Pas fâchés de voir le jour se lever, chacun guette l’horizon : « Je vois les grosses masses nuageuses derrière nous et le ciel devant avec ses petits cumulus ressemble à l’alizé. On a touché du vent depuis une heure. Ce n’est pas l’angle qu’on devrait avoir mais j’ai bon espoir » disait Thomas Rouxel ce matin. Quelques minutes plus tard, Anthony Marchand plaisantait sur l’incertitude dans laquelle vous place le Pot au noir : « On n’a jamais été aussi près de la sortie ! C’est une phrase qui ne sert à rien mais on se la répète souvent avec Thierry ! On a encore pas mal de grains et on se bat pour gagner mètre par mètre dans le Sud. C’est quand même plus facile de jour où tu as les grains en visuel que dans la nuit noire… »

Si pour ces deux ULTIM, l’affaire n’est pas complètement réglée, pour les trois bateaux de tête, l’alizé de Sud-Est est bien au rendez-vous et c’est une autre navigation qui a déjà commencé. Avec au menu, toujours la vigilance que requiert le pilotage de ces machines mais enfin du repos après une nuit plus compliquée qu’il n’y paraissait hier en fin de journée lorsqu’on croyait Maxi Banque Populaire XI déjà tiré d’affaire : « Le couloir qu’on avait choisi avec Marcel (Van Triest, le routeur NDR) ne semblait pas très actif et tout allait bien jusqu’à hier soir. Mais, comme souvent, le Pot est venu très vite. On a vu l’activité se mettre en place avec de gros nuages se former en quelques minutes. La route s’est barrée devant nous. On est passé de 25 noeuds à 4/5 noeuds, c’était radical » racontait ce matin Armel Le Cléac’h avant de retourner à la bannette pour un repos bien mérité. Car à la fatigue des manoeuvres, s’est ajoutée le stress de voir les concurrents revenir très proches dans le sillage de Maxi Banque Populaire XI : « Le Pot s’est densifié et avait tendance à se décaler vers le Sud, ce qui n’arrangeait pas nos affaires poursuit le leader. On a fait du gagne petit vers le Sud. Même quand on avançait à 4 noeuds, on était dessus car les autres revenaient fort. On a même eu Gitana 17 en portée AIS mais alors qu’on sortait d’une zone compliquée, ils y rentraient …».

Revenu à quelques 25 milles du leader, Charles Caudrelier et Sébastien Josse ont du y croire cette nuit mais à deux heures du matin, ils avaient mangé leur pain blanc. Non seulement, ils n’ont pu retenir Banque Populaire XI qui accélérait et sortait du tunnel, mais ils se sont fait doubler par SVR Lazartigue, décalé à l’ouest qui fait la bonne opération de la nuit. Troisième hier à 160 milles du leader, voici le trimaran bleu deuxième ce matin à 105 milles… Tom Laperche ne cachait pas sa satisfaction de sortir d’un pot au noir « bien plus facile qu’il ya deux ans ». D’une voix claire, le co-équipier de François Gabart décrivait une nuit complexe mais sans arrêt brutal : « On a eu de nombreux grains avec beaucoup de vent ou très peu mais on ne s’est jamais arrêté. On a fait l’essentiel de la route sous J1 qui est la voile la plus polyvalente et globalement, ça s’est bien passé »

Les ULTIM approchent désormais de la mi-course s et vont ouvrir un nouveau chapitre de cette route du Café avec un leader bien installé mais qui reste concentré : « On a fait du gain par rapport à l’entrée du Pot au noir. C’est très bien, mais on y va étape par étape. On n’a même pas fait la moitié du parcours mais ce qui est pris est pris » concluait Armel Le Cléac’h.

Le tronçon de 1000 milles vers Ascension va maintenant se jouer au près dans du vent medium, conditions qui manquaient à la palette d’allures vécues depuis le départ. Après une semaine de course, le match que se livre la flotte, plus groupée qu’on l’anticipait au départ est toujours de haut niveau, preuve d’une belle maturité de ces bateaux et du niveau d’engagement de leurs équipages.

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Transat Jacques Vabre

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