Le jeu de l’amure et du hasard

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© Thierry Martinez/Sea&Co

En proto comme en série, les têtes de course ont fait le trou. En revanche, derrière eux, les écarts sont toujours aussi serrés. C’est vrai des avant-postes comme du gros du peloton. Chacun trouve toujours un adversaire à sa mesure avec lequel les écarts sont suffisamment faibles pour caler sa progression. Et parfois la chance donne un petit coup de pouce en favorisant un croisement à vue. Pour quelques heures, on n’est plus seul sur l’Atlantique.

A l’échelle de l’Atlantique, toute la flotte des Minis en route vers les îles de Guadeloupe peut paraître plutôt dense, d’autant que parfois les écarts en distance au but sont faibles. Mais ramené à l’échelle d’un bateau de 6,50m, c’est une autre affaire. Il suffit de cliquer sur le bouton de zone de visibilité de la cartographie (un cercle de 5 milles de rayon) pour comprendre à quel point les navigateurs sont isolés et pourquoi la rencontre d’un autre concurrent est toujours un événement.

Rencontres du premier type

En série, le duel entre Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) et Julien Pulvé (Novintiss) a repris de plus belle. Ian a reconquis le leadership de la flotte pour 0,4 milles. Ces deux-là naviguent à vue et doivent se surveiller en permanence à l’AIS tellement leurs routes sont proches. Derrière, Tanguy Le Turquais (Terréal) a creusé un petit écart sur un groupe de trois navigateurs : Edouard Golbery (Les Enfants du Canal), Armand de Jacquelot (We Van) et Edwin Thibon (Cœur Fidèle). Pour ces trois-là, le danger immédiat peut encore venir du sud avec Charly Fernbach (Le Fauffiffon Hénaff) en pointe devant Rodolphe Victorri (Saint-Pierre et Miquelon) et Simon Brunisholz (www.defiatlantique.ch – Mini Lab). D’autres solitaires semblent avoir adopté la navigation de conserve comme Olivier Taillard (Alternative Sailing – Kerhis) et Patrick Girod (Nescens). Ils étaient tous deux légèrement moins rapides, hier, que leurs adversaires immédiats. Maintenant que le vent a molli légèrement, ils semblent retrouver le plein potentiel de leur bateau. Une voile de brise déchirée pourrait être la cause de leur déficit de vitesse à certains moments. Il est aussi des rencontres où le hasard fait bien les choses : quand le Gwadloop de Carl Chipotel croise juste devant Un Express pour Pointe-à-Pitre, on se dit que ces deux-là ont forcément la même envie de toucher au but. Plus à l’arrière encore, on peut imaginer que Jesús Jimenez Martinez (Helly Hansen Tarifa) et Guillermo Cañardo (Peor Para El Sol), pour peu que leurs VHF aient une portée suffisante, ont eu beaucoup de choses à se dire dans la langue de Cervantès à mesure que leurs deux routes se sont rejointes. On a connu par le passé des solitaires qui avaient adopté spontanément ce principe de la navigation en escadre, pour tuer le temps qui passe trop lentement, pour se sentir moins seul sur l’Atlantique.

Le charme discret de la courtoisie

Discrètement, sans faire de bruit, il s’est porté aux avant-postes du classement des prototypes. A l’image de sa saison, Luke Berry (Association Rêves) n’est pas véritablement un adepte des coups d’éclats. Mais il est toujours bien placé et sa progression depuis le départ témoigne d’une manière de naviguer diablement efficace. Toujours est-il que Luke, avec dans son sillage Ludovic Méchin (Microvitae) et Michele Zambelli (Illumia) a progressivement fait le trou sur les autres prétendants au podium tel Clément Bouyssou (Le Bon Agent – Bougeons l’Immobilier), Simon Koster (Eight Cube) ou Axel Tréhin (Aleph Racing). Il reste encore 600 milles à parcourir pour les poursuivants d’un Frédéric Denis (Nautipark) impérial et bien des choses peuvent encore bouger. Mais monter en puissance à la fin d’un marathon est un des meilleurs signes qu’un compétiteur peut envoyer à ses adversaires.
A l’arrière de la flotte, les bateaux accompagnateurs qui tissent le filet de sécurité témoignaient tous de l’amélioration sensible des conditions météo et de l’absence de conversations sur les ondes entre concurrents. C’est bien connu : les gens heureux n’ont pas d’histoire.

Classement du 10 novembre à 15h (TU+1)

Séries (Classement Ocean Bio-Actif)

  1. Ian Lipinski – 866 – Entreprises Innovantes à 751,5 milles de l’arrivée
  2. Julien Pulvé – 880 – Novintiss à 0,4 milles
  3. Tanguy Le Turquais – 835 – Terréal à 51,1 milles
  4. Edouard Golbery – 514 – Les Enfants du Canal à 81 milles
  5. Armand de Jacquelot – 755 – We Van à 98,8 milles

Prototypes (Classement Eurovia Cegelec)

  1. Frédéric Denis – 800 – Nautipark à 570,7 milles de l’arrivée
  2. Luke Berry – 753 – Association Rêves à 59,8 milles
  3. Ludovic Méchin – 667 – Microvitae à 61,7 milles
  4. Michele Zambelli – 788 – Illumia à 66,2 milles
  5. Clément Bouyssou – 802 – Le Bon Agent – Bougeons l’Immobilier à 86,1 milles

Source

Mini Transat / Cécile Gutierrez

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