Le jour d’avant

© Martin Keruzoré

Dernières heures en mer pour le premier Multi50 (FenêtréA Prysmian) et les trois IMOCA de tête (PRB, Banque Populaire VIII et Queguiner-Leucémie Espoir). L’impatience est palpable chez les équipages, dont le tout premier est attendu sur la ligne d’arrivée aux alentours de 8h, heure française. Mais du boulot reste à venir. Un vent de nord faiblissant pourrait cueillir les bateaux en approche d’Itajaí. Encore une nuit blanche avant de savourer les plaisirs de la terre.

Dans la tête des marins, ça sent la fin de la folle chevauchée atlantique. Partis du Havre il y maintenant 16 jours, les prochains bateaux attendus à Itajaí vivent leurs derniers moments en mer, à deux. Ils ont vécu une aventure humaine autant qu’une compétition de haute voltige. Mais si tous se voient déjà siroter une caipirinha et dévorer une fondante picanha, la dernière ligne droite va encore leur demander un maximum de concentration. Pour l’heure, ça glisse encore sous spi ou sous gennaker par un vent de nord-est de 15-18 nœuds, mais 10 milles avant la ligne d’arrivée, le souffle devrait perdre de la vigueur. Autant dire que le mot d’ordre à bord des quatre bateaux attendus demain demeure « Ne rien lâcher ».

FenêtréA Prysmian à 8h, PRB à 14h…

Avec leur confortable matelas d’avance de 240 milles sur Ciela Village, Erwan Le Roux et Giancarlo Pedote maîtrisent parfaitement leur avarie de grand-voile et sont même parvenus à accélérer depuis le lever du jour. On voit mal comment le tandem franco-italien ne pourrait pas franchir la ligne d’arrivée en vainqueur chez les Multi50. Du côté des IMOCA, l’affaire est toute autre. Certes, Vincent Riou et Sébastien Col affichent une belle avance de 60 milles sur Banque Populaire VIII et de 120 milles sur Queguiner-Leucémie Espoir, mais si la pétole s’installe, le scénario pourrait être chamboulé. Ce matin à Itajaí, le décor ressemblait à celui d’un film anglais : brouillard épais, humidité. Et pour couronner le tout, absence de vent !

Une fin de semaine chargée

Le match entre Le Souffle du Nord et Initiatives-Cœur continue de maintenir un certain suspense, même si les ch’tis (Thomas Ruyant et Adrien Hardy) ont un peu creusé l’écart ces dernières 24 heures : 25 milles au dernier pointage. Ils sont attendus tout deux vendredi midi à Itajaí. Derrière, Bertrand de Broc et Marc Guillemot sur MACSF règnent sur le groupe de quatre et semble prendre un maximum de plaisir dans cette bataille le long des côtes brésiliennes. La délivrance pour eux aura lieu samedi.

Pour les Class40, le Pot au Noir est enfin derrière le trio de tête. Dans cette histoire, Le Conservateur a pris cher : il ne reste que 30 milles entre lui et ses poursuivants au lieu des 317 le 6 novembre ! Ce n’est pas pour déplaire aux deux tandems Sorel/Manuard (V and B) et Duc/Lebas (Carac-Advanced Energies). « C’est un nouveau départ » avouait Louis Duc à la vacation ce matin. A terre, nous ne sommes pas mécontents non plus d’assister à ce nouveau match à trois !

Agnès Firmin Le Bodo, maire adjointe de la ville du Havre

« La transat nous a réservé de magnifiques arrivées. C’est toujours plein d’émotions. Le Brésil a cette capacité à accueillir de façon très sympathique. Il y a vraiment un engouement à Itajaí pour l’arrivée des bateaux. Mais aussi de la part des autorités, de la part des maires d’Itajaí et d’Itapema. Nous avons discuté chacun de nos problématiques. Ce sont des moments intéressants au niveau des échanges. La Transat Jacques Vabre fait partie intégrante de la ville du Havre. Le rythme est pris, tous les deux ans, et l’année 2017 sera spéciale car la ville du Havre fêtera son 500e anniversaire. »

Ils ont dit en mer :

Sam Manuard, co-skipper de V and B (Class40)

« Nous sommes sortis du Pot au Noir dans la nuit, il y a entre 6 et 8 heures après un très gros gain qui a marqué la sortie. On navigue au près dans l’alizé de sud-est. Maintenant, on est quitte avec Le Conservateur. Finalement les écarts, ça doit être les écarts avant que l’on se fasse engluer dans la dorsale il y a plusieurs jours maintenant. C’est pas mal pour la course d’avoir des bateaux au contact. Carac-Advanced Energies, ils ont cherché dans l’entrée du Pot à se décaler dans l’ouest mais nous, nous sommes partis du principe que ce qui comptait c’était de gagner dans le Sud, c’est ce que l’on a cherché à faire. Nous avons su exploiter quelques grains. On a sûrement eu un peu de réussite aussi ! »

Erwan Leroux, skipper de FenêtréA Prysmian (Mulit50)

« Il nous reste encore quelques empannages avant d’arriver sur Itajaí, on a même prévu si ça mollissait d’envoyer la grand-voile haute.
La météo sur ces derniers milles est un peu compliquée, Jean-Yves s’arrache les cheveux pour nous faire une route jusqu’à l’arrivée. Il y a du vent de nord qui doit se lever, je ne sais pas trop pour le moment. Nous avons hâte d’arriver, fatigués sûrement, nous avons fait beaucoup de changements de voiles cette nuit. On va essayer de se reposer pour être en forme pour l’arrivée demain en fin de matinée. »

Adrien Hardy, co-skipper Le Souffle du Nord (IMOCA 60)

« C’est super, c’est la grosse bagarre, on est bien au contact. C’est la première nuit où l’on se relayait à la barre toutes les heures. C’est intéressant, on est contact quand on fait le bilan depuis 3 jours, on conserve notre avance. On regarde notre adversaire et les bascules de vent et on fait un mixte des deux. On a une grosse transition à quelques milles de l’arrivée, si on pouvait avoir un petit matelas à ce moment. On est bien à fond sur le bateau. Nous découvrons encore, même si nous avons appris beaucoup de choses. Je prends beaucoup de plaisir à naviguer avec Thomas, il faut être dessus, je me régale bien, c’est chouette. Les IMOCA sont de super bateaux, exigeants. Nous pensons arriver jeudi midi. »

Source

Soazig Guého

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