Même motif… Même punition

© Carlo Borlenghi / Rolex

C’est une situation très exceptionnelle que rencontre en cette fin du mois de septembre l’organisation des Voiles de Saint-Tropez. Une vaste zone anticyclonique centrée sur l’Europe du nord, compressée par une dépression en circulation du golfe de Gênes, génère en sa partie sud de forts flux de secteur est, qui balaient depuis lundi soir les rivages varois. Le golfe de Saint-Tropez est précisément orientée face à l’est, et reçoit ainsi de plein fouet un vent qu’aucune pointe ni cap ne vient ralentir, et qui entraîne avec lui d’impressionnantes vagues qui déferlent vers Cogolin. Pour la seconde journée consécutive, les voiliers et leurs 4 000 marins sont confinés à terre, dans l’attente d’une amélioration espérée pour demain jeudi, journée des Défis toujours très attendue par skippers et équipages, si prompts à se défier dans la plus pure tradition de la Nioulargue, des Voiles de Saint-Tropez et du yachting éternel.

Les mots du Directeur des courses Georges Korhel

« Même scénario qu’hier, voire un peu plus fort avec 48 noeuds à Pampelonne ce matin. C’est vraiment trop. La mer est encore plus formée qu’hier malgré une petite rotation du vent de l’est au sud est. L’eau déferle sur le golfe au point que même les vedettes hésitent à traverser. Il n’est donc pas très raisonnable d’essayer de régater. Il y’a bien entendu au sein de la flotte des quelques 180 voiliers Modernes ici présents, une bonne quinzaine, voire vingtaine de grosses unités typées pour le grand large et qui pourraient évoluer sans problème sur cette mer et dans ce vent. Le souci réside pour eux dans les manoeuvres d’entrée et de sortie de port, avec des rafales capables de les faire déraper et de créer des incidents, que la capitainerie ne souhaite certainement pas affronter. Le plus raisonnable est d’annuler purement et simplement cette journée de mercredi. »

Demain jeudi, journée des Défis

Le jeudi est une journée particulière aux Voiles de Saint-Tropez, qui donne libre choix aux concurrents de courir contre qui ils le souhaitent, sous seule condition d’en informer leur(s) opposant(s). C’est également le jeudi que se dispute la Club 55 Cup.

Club 55 Cup ; Halloween vs Moonbeam of Fife

Au-delà des illustres trophées sportifs disputés pendant les Voiles, la Club 55 Cup a une place à part. Relancé en 2003, ce duel singulier au cœur de la semaine est plus qu’une commémoration. C’est un véritable hommage à l’esprit de la régate telle qu’elle était pratiquée au siècle dernier, quand, dans un simple élan de compétition amicale, deux capitaines se lançaient un défi pour l’amour du sport avec pour seul enjeu le plaisir d’opposer et de comparer sur l’eau les performances d’un yacht et de son équipage. Depuis sa renaissance, la Club 55 Cup n’a connu que 6 vainqueurs, Ikra (12 m JI) en 2003 et 2004, The Blue Peter (côtre bermudien 20m, Mylne 1930) en 2005 et 2006, Lucia (yawl Bermudien 19m, Alden 1940) en 2007 et 2008, Cambria (23mJI Bermudien 40m, Fife 1928) en 2009, Mariquita (19mJI Aurique 33m, Fife 1911) en 2010 et Altaïr (Goélette Aurique 40m, Fife 1931) en 2012. Son règlement est a priori parfaitement simple : deux bateaux se lancent un défi le jeudi sur un parcours de 15 milles nautique – Tour du Portalet, bouée de la Nioulargue, Le Club 55, celui qui termine devant l’autre l’emporte et lance un défi au bateau de son choix l’année d’après, et le tout se terminant par un incontournable déjeuner sous les tamaris du Club 55 pour les deux équipages. Cette année, la Club 55 Cup se disputera entre Halloween (Cotre Bermudien, Fife 1926) et Moonbeam III (Cotre aurique Fife 1903)
La Journée des Défis, au service d’une cause, la faim dans le monde!
Ce jeudi 1er octobre 2015, c’est un défi d’un genre nouveau, sous la bannière de la lutte contre la faim dans le monde, qui sera relevé par quelques uns des bateaux les plus en vue dans le golfe, dans le sillage de Genie of the Lamp, du Prince Charles de Bourbon-Siciles (qui a initié ce défi à l’occasion des 20 ans de son Wally) et du 15 mJI Tuiga, 106 ans, du Prince Albert de Monaco, pour ne citer qu’eux. Un défi qui ne pourrait avoir lieu sans la complicité d’André Beaufils, l’organisateur des Voiles, et de Patrice de Colmont, le fondateur de la Nioulargue.
« Chacun fait sa part » : l’expression serait africaine, mais c’est Patrice de Colmont qui l’a faite sienne. L’histoire rapporte la situation d’un feu de brousse face auquel un Colibri fait sans relâche des aller-retours avec une goutte d’eau, raillé par les autres animaux. « Chacun fait sa part », c’est un nouvel état d’esprit, c’est une nouvelle façon d’imaginer un vivre ensemble ou tout devient possible. Alors que le Prince Charles de Bourbon-Siciles conduit le projet « la faim de ton voisin » et que le Prince Albert de Monaco est impliqué dans la fondation « action contre la faim », Patrice de Colmont milite auprès du fonds de dotation Pierre Rabhi, fondateur de l’agroécologie. Par leur implication, ces hommes souhaitent mettre à profit leur notoriété pour amener une prise de conscience, un débat et, dans leur sillage, une levée de fonds pour ces causes humanitaires de première urgence.
En cas de météo impraticable, toutes les équipes d’André Beaufils proposeront aux équipages concernés de ludiques et festifs jeux dérivatifs…

The Ocean Nation et Sea Shepherd à Saint-Tropez.

Et puisque l’heure est décidément au réveil des consciences, les Voiles de Saint-Tropez ouvrent aussi leur cœur aux défenseurs parmi les plus ardents du moment, les associations The Ocean Nation et Sea Shepherd dont l’un des fondateurs, le charismatique Paul Watson est présent à Saint-Tropez, pour porter ses messages de sensibilisation à la dégradation des ressources marines. Geste symbolique en direction des marins du monde entier qui régatent aux Voiles, un drapeau sera fiché demain sur la célèbre bouée de la Nioulargue au large de Pampelonne.

Centenary Trophy

Pour la cinquième année, le Centenary Trophy réunira jeudi 1er octobre les bateaux de plus de 100 ans. Ces magnifiques unités régateront avec un système spécial de rating et selon le format de la « pursuit race » (les bateaux franchissent la ligne de départ en fonction de leur rating, le premier à franchir la ligne d’arrivée est le vainqueur). Ce format est particulièrement apprécié tant par les marins que par le public, par sa simplicité.
Un nouveau venu cette année sur le Centenary Trophy, le magnifique cotre aurique Moonbeam IV, qui avec ses 35 mètre de long sera le plus grand yacht de cette édition. Moonbeam IV est un plan William Fife III construit en 1914 à Fairlie en Ecosse au chantier naval William Fire & Fils. Comme le veut la tradition, l’événement accueillera d’autres nouveaux venus. Le cotre aurique Tern (William Fife III – 1897), avec moins de 12mètre de long sera le plus petit mais également le plus ancien des participants. Le cotre aurique Eva (William Fife III – 1906) sera également présent sur la ligne.A noter également que tous les lauréats du Centenary Trophy depuis sa création seront également présents sur la ligne de départ en 2015.

Défis ouverts…

La météo difficile n’a pas calmé les ardeurs des équipages à vouloir en découdre, bien au contraire. A l’heure où nous écrivons ces lignes, une dizaine défis impliquant une bonne trentaine de bateaux était lancée. On notait par exemple chez les Classiques, le défi lancé par le sloop marconi signé Stephens Palynodye II, et relevé par Espar II (Marconi Sangermani 1962), Ratafia (Mauric 1967), Helisara ou Jericho (Sloop Carter 1967)… ou chez les Modernes, Tokaoma II face à Camomille, Black Legend et Milou.
La ligne de départ sera ouverte à hauteur du Portalet dès midi, et jusqu’à 15 heures. Les voiliers devront s’annoncer à la direction de course par VHF, et deux minutes plus tard, une procédure de départ sera lancée. Le parcours passe par la bouée Le Vergue et la marque de La Nioulargue.

Défilé des équipages

C’est un moment attendu et apprécié de tous, marins et public, le défilé haut en couleur et fort en folie des équipages. Un concours met depuis quelques années à l’honneur les équipages aux déguisements les plus originaux et les plus élaborés. Plus d’une douzaine d’équipage seront de la partie, sur des thèmes aussi divers que Hawaï, la Turquie, la pêche ou la découverte de l’Amérique. Le cortège s’ébranlera à partir de 19 heures, précédé d’un orchestre…

Qui êtes vous ? Paul Bastard, directeur de course, rond des Wally

Les Wally, voiliers futuristes extrêmement spectaculaires, bénéficient à Saint-Tropez de leur propre terrain de jeu mouillé devant Pampelonne. Ils sont 15 de ces géants, qui mesurent entre 33 et 24 mètres à disputer, lorsque les conditions le permettent, plusieurs manches de type banane chaque jour. C’est le Quimpérois Paul Bastard qui préside aux destinées de ce rond éminemment exigeant et sportif. Entretien :

« J’ai toujours évolué dans le domaine du sport. Professeur d’éducation physique, de sport, j’ai travaillé pour le Ministère du sport, spécialisé dans le droit du sport, avec des Masters et brevets d’état dans différentes disciplines. Je me suis ainis spécialisé dans le management d’organisations sportives, coupe du monde de football à Nantes en 98, coupe du monde de rugby à Montpelier etc. J’ai aussi participé à la préparation de quatre Jeux Olympiques. Je me suis ensuite trouvé au démarrage de la planche à voile en France. J’ai été compétiteur en gymnastique, football et voile, puis planche à voile. Le besoin d’arbitres pour les compétitions de planche m’ont amené à devenir arbitre. Affilié FFV, j’ai opéré comme arbitre sur des championnats du monde. Je suis cadre technique en planche, et aussi Comité et Jury International. Je collabore aux Voiles depuis deux ans, sur l’exigeant rond des Wally. Il s’agit d’un rond très sportif, de style Olympique. Il faut être précis et beaucoup communiquer avec les équipages. Les instructions de course sont ici très au point, et la rigueur consiste à les respecter à la lettre. Il y a une équipe à gérer, pour dessiner les parcours. Nous sommes 9 personnes sur le rond Wally, tous très performants et terriblement réactifs. La Classe nous adjoint un permanent qui fait le lien entre les Teams et nous. Tout se fait en anglais, dans un excellent esprit. »

Sébastien Destremeau aux Voiles, en attendant le Vendée Globe

Barreur patenté du 12 m J Ikra, Sébastien Destremeau a manqué le début des Voiles. Une bonne excuse à cela, le Toulonnais était encore en mer, à bord de son 60 pieds Imoca et en compagnie d’un autre équipier d’Ikra, Bruno Durbiano avec qui il convoyait depuis Le Cap, Afrique du Sud, son monocoque récemment acheté. Les deux hommes sont arrivés hier à Toulon, au terme de 15 000 km et 42 jours de mer. Fatigué mais heureux de cette première étape importante dans l’optique de sa participation l’an prochain au Vendée Globe, Seb n’a eu qu’une hâte, rejoindre Saint-Tropez et Ikra, pour prend part dès que possible aux régates des Voiles. Suivre Sébastien sur Faceocean.fr.

Patricia Lascabannes expose…

Bien connu du milieu des yachts classiques, Patricia Lascabannes présente à Saint-Tropez son exposition intitulée « des Voiles et moi ».
Après plus de 20 ans de photographies dans le prestigieux monde du circuit des yachts classiques Patricia Lascabannes, bien connue du circuit Méditerranéen, mais aussi Atlantique, nous invite dans son monde subtil, un lever de voile sur son regard féminin qui nous plonge dans les détails les plus intimes de sa sensibilité. Dés son arrivée sur la Côte d’Azur en 1989, elle entreprend la mise en oeuvre de sa passion pour l’image. Photographe autodidacte dans divers domaines culturels allants du festival de Jazz à Juan-les-Pins, au Festival International du Film de Cannes, c’est par le voyage et plusieurs périples dans le Sahara Algérien que ce sens authentique et la sincérité de ses photos prennent naissance.
Patricia débute dans la photographie marine lors de régates régionales, c’est pendant la Nioulargue dans le golfe de Saint-Tropez que son coup de foudre pour les « Classiques » voit le jour. Ses premières publications confirment alors son choix de devenir photographe marine.
« Des Voiles et moi, » Maison Blanc Bleu- Place des Lices Côté hôtel Byblos – Saint-Tropez

Météo du jour :

Le vent d’est va continuer de souffler jusqu’aux premières heures de jeudi. Il va alors progressivement tourner au nord est puis nord, tout en mollissant pour passer de 25 noeuds en milieu de nuit, à 18 puis 9 noeuds de secteur nord ouest en fin de journée. La mer demeurera agitée une grand partie de jeudi, avant de s’aplanir sous l’effet du régime de terre.

Yacht extra ordinaire : Spectre

Le monocoque de 60 pieds Spectre évolue aux Voiles au sein du groupe des « IRC A ». Hormis son spi remarquable à l’effigie du « spectre », clin d’oeil à la saga James Bond, c’est surtout par son étrave inversée, une première pour un monocoque, que le voilier signé Mani Frers (le fils de…) attire les regards. Construit en 2009 au chantier Multiplast à Vannes pour Jack Setton, Spectre, initialement dénommé Gianni, en hommage à Gianni Agnelli, est une combinaison entre la puissance, l’efficacité et l’accélération. L’étrave inversée qui confère au bateau une silhouette immédiatement reconnaissable, allège les extrémités et diminue la traînée de spray. Sa coque présente un déplacement léger avec une longueur de flottaison importante et des lignes puissantes conçues pour les hautes vitesses. L’ensemble de ces paramètres combiné à un gréement à fort allongement et un tirant d’eau important, laissent augurer un fort potentiel.

Le coin des béotiens : Goélette – Schooner

Voilier à deux mâts, dont le grand mât est placé à l’arrière et le mât de misaine à l’avant généralement plus petit. Ce type de gréement à largement était utilisé par les pêcheurs. Dans les gréements anciens on distingue la goélette franche à corne ayant des voiles de flèche, des goélettes à hunier, ayant un hunier carré au mât de misaine à la place de la voile de flèche. Sur les goélettes américaines, il y a une voile particulière, le fisherman, qui s’établit entre les deux mats.

Source

Maguelonne Turcat

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