Les journées aux Voiles se suivent sans jamais se ressembler. Après un début de semaine tonitruant, chacun des trois grands groupes Maxis, Modernes et Classiques validant quotidiennement les régates au programme, la belle semaine Tropézienne reprend son souffle, en basculant dans la riante nostalgie de son passé. La Journée des Défis offre en effet aux marins l’occasion de revivre l’acte fondateur des Voiles, la Club 55 Cup, le défi entre le Swan Pride et le 12 m Ikra. Les 23 voiliers centenaires présents aux Voiles en profitaient pour disputer une régate originale, dans le sillage de non pas une, mais deux versions de la Club 55 Cup, le 12 m France challengeant le Yawl Bermudien Hermitage, vite suivis d’une bonne douzaine de défis individuels, à deux ou trois bateaux de construction et de type différent. Seuls les grands Maxis poursuivaient dans l’est du golfe leur championnat Tropézien, validant une nouvelle manche très disputée.

Club 55 Cup
Deux Club 55 Cup au programme du jour, après celle disputée hier par les deux Maxis My Song (Vainqueur) et Magic Carpet 3. Les deux voiliers mythiques initiateurs en 1981 de ce qui allait devenir la Nioulargue, le Swan Pride, avec Pierre Roinson, Président de la Société Nautique de Saint-Tropez à bord, et le 12 m Ikra, renouvelaient l’acte fondateur des Voiles. Cet incroyable duel marquait le grand retour du bateau américain qui n’avait plus été vu en course à Saint-Tropez depuis les attentats du 11 septembre 2001. Dans le même temps, le 12 m France défiait dans ce même cadre le yawl Bermudien Hermitage. Victoires d’Ikra et de France, les 12 m J triomphent d’un duel profondément marqué du sceau de l’amitié et du souvenir.

La course des Centenaires
23 centenaires ont répondu aujourd’hui à l’invitation du Gstaad Yacht Club de profiter de la journée des Défis pour régater ensemble, indifférents à leurs différences de taille, et dans le cadre d’une jauge spécialement créée qui permet un départ échelonné. La Société Nautique de Saint-Tropez et son Principal race Officer Georges Korhel leur proposait un aller-retour dans le golfe avec un départ au Portalet, une marque à enrouler à l’extérieur du golfe, et un retour vers le Portalet. 9 milles de course, pour le plaisir des yeux et la magie d’un yachting éternel. C’est Jap, le plan Fife lancé en 1897 qui ouvrait le bal, avec 6 minutes d’avance sur son premier poursuivant, Dainty, et le rapide, car léger ,15 mJ The lady Anne (Fife 1912) qui fermait la marche , 33 minutes après Jap. Le vainqueur étant le premier bateau à revenir au Portalet. Les 3 P Class Corinthian, Chips et Olympian, en tout point identiques, partaient dans un même élan, bord à bord. Au près dans 6 à 7 noeuds de vent, les vénérables centenaires se déhalaient rapidement, touchant en bordure du golfe un flux de Sud Sud Est fraichissant. Ils résistaient un temps à Spartan, le New York 50 signé Herreshoff, qui prenait l’avantage passée la marque de la Verhuge , pour s’imposer au terme d’un peu plus de 1 heure 30 de course. Olympian, le P Class (Gardner 1913) manquait de peu la passe de 4, mais devançait ses quasi sister-ships Chips et Corinthian. A noter la belle performance du 15 m J Monégasque Tuiga, intercalé entre les deux P Class.
Charlie Ryan, propriétaire de Spartan (Herreshoff 1913) : « Cette idée de faire courir ensemble les Centenaires est fantastique. J’ai adoré ! ce n’est pas souvent que l’on peut rivaliser avec les 15 m. C’était super de voir Barbara (Nicholson 1923) intégrer les centenaires et naviguer avec nous pour la première fois était aussi magnifique. »

Cindy Schoenrich, managing Director du Gstaad Yacht Club :
« Le Gstaad Yacht Club fête ses 25 ans cette année, comme les Voiles. On est fidèle à l’événement. 23 ont confirmé leur participation à notre régate des centenaires demain matin jeudi. Les propriétaires sont heureux de cette idée, qui permet de fêter et célébrer ces magnifiques unités. Saint-Tropez a beaucoup d’affinités avec Gstaad. Nos clubs sont très liés. Gstaad est un endroit traditionnel, dont la station est née il y a un peu plus de 100 ans. On aime les bateaux, les belles unités traditionnelles. Nous partageons avec Saint-Tropez la même passion pour les beaux voiliers. La proximité avec les éléments nous confèrent aussi cette sensibilité environnementale qui est inhérente au monde de la mer.  »

Les Maxis
Alors que voiliers Modernes et Classiques choisissaient aujourd’hui soit de se reposer, soit de naviguer pour le plaisir, soit de se défier dans le cadre de cette journée de jeudi dédiée à la tradition, les Maxis reprenaient leurs joutes au départ de Pampelonne. Un parcours d’environ 23 milles leur était proposé, en direction de l’Est Tropézien et Fréjus, pour changer, avec un passage aux Issambres et une spectaculaire arrivée jugée à hauteur du Portalet. Un joli courant de secteur Sud pour environ 7 – 8 fraichissant était dès la mi-journée exploité par le Comité de course pour lancer les 4 Groupes A, B, C et D vers la bouée de dégagement mouillée devant la plage. Le Wally Cento Galateia était ensuite le plus prompt à s’élancer vers le large et Fréjus, au près débridé et sur une mer légèrement clapotante. Vainqueur en temps réel Galateia s’incline en temps compensé devant le Botin 80 Deep Blue, qui se relance dans la course à la victoire finale, en revenant aux basques de Cannonball de Peter Harrison, et de Peter Dubens et son Maxi 72 North Star, respectivement premier et deuxième au terme de 4 courses validées.
Léger faux pas du Wally Lyra, troisième aujourd’hui après un règne sans partage lors des trois premières manches en Maxi B. Le Wally Rose se replace pour la victoire finale après sa première place du jour, précédant Aragon.
Wallyno de Benoit de Froidmond rajoute une quatrième coche à son palmarès, pour autant de course disputée. Il relègue Lady First 3 à 4 points au général chez les Maxi C. Enfin en Maxi D, Stella Maris et Saida continuent leur pas de deux, Saida l’emportant aujourd’hui pour revenir à deux points du Starkel 64 au classement provisoire.

Ce jeudi, dans le village et autours :
Ce matin, les enfants des écoles ont défilé au son des fifres et des tambourins, très applaudis par les équipages. Ce soir, ce sont les participants aux Voiles qui étaient appelés au traditionnel défilé costumé autour du célèbre petit port Varois. Une ambiance carnavalesque exceptionnelle.

Zoom sur : Pride, le retour de la légende!
Pride, après une si longue absence, fait son retour à Saint-Tropez, en course au sein du groupe Moderne des IRC C. L’événement fondateur dont se sont inspirées « La Nioulargue » – puis les Voiles – est né d’un défi en 1981 entre Dick Jayson, propriétaire et barreur du bateau Pride (Swan 44), et Jean Lorrain à la barre d’Ikra, (12 m JI) présentés l’un à l’autre par l’intermédiaire de Patrice de Colmont, propriétaire du Club 55. Ce défi consistait en une course au départ de la tour du Portalet, le premier invitant l’autre à déjeuner au Club 55. Une course amicale remportée par Ikra. Moment chargé en émotion quand le fils de Dick Jayson (décédé en 2013), Bill a fait son entrée dans le port de Saint-Tropez, à bord d’un Pride rutilant, parfaitement restauré par son nouveau propriétaire, son gendre Will Graves. Pride est donc à lui seul un événement aux Voiles.
Ils régatent à Saint-Tropez en IRC C, avec à bord le médaillé d’argent des Jeux Olympiques de Los Angelès en 470, Steve Benjamin.

Le saviez vous ? 
Alcyon a 10 ans
Duel intéressant ce jour dans le cadre des Défis, celui organisé entre Alcyon, le Houari Marseillais, et Java, le yawl de 1938. Une manière originale et sportive de célébrer les 10 années d’existence d’Alcyon, réplique construite en 2013 par le charpentier de marine Daniel Scotto avec l’aide de l’architecte Gilles Vaton pour Marc et Edith Frilet. Les Houaris étaient au milieu du 20ème siècle de véritables phénomènes de course, remportant les trophées les plus prestigieux, battant régulièrement les voiliers anglais.

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