Alex Thomson
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  • La direction de course, en coulisse et à la manœuvre

    On connaît désormais le parcours, les enjeux et les protagonistes de La Transat New York-Vendée (Les Sables d’Olonne), épreuve du Championnat du Monde IMOCA Ocean Masters, mais, en coulisse, des chefs d’orchestre

    16 avril 2016 • Course au Large, IMOCA, New York - Les Sables • Vues: 2213

  • Ce jeudi matin, à Paris, dans un café-restaurant place de la Bourse, Peter Bayer, Directeur Général d’OSM, Jean Le Cam, vice-président de l’IMOCA, Jacques Caraës, Directeur de Course et Fabrice Amedeo, skipper de Newrest – Matmut, ont répondu aux questions des journalistes lors d’un petit déjeuner informel organisé par OSM.

    Quel est le vrai potentiel des IMOCA60 munis de foils ? Et leur fiabilité ? A huit mois du Vendée Globe, ces questions taraudent tous les esprits de la course au large. Un premier élément de réponse sera certainement donné à l’issue de la transat New York-Vendée (Les Sables d’Olonne). Disputée d’ouest en est dans l’Atlantique Nord, donc au portant, cette nouvelle épreuve 100% IMOCA sera un test grandeur nature pour les cinq IMOCA60 munis de foils face à leurs adversaires d’ancienne génération. S’élancer de New York est une chance unique. Arriver aux Sables d’Olonne est désormais devenu un rêve pour de nombreux skippers. En arrivant aux Sables début juin, ils auront un avant-goût de l’émotion qu’ils vivront tous dans quelques mois dans le fameux chenal des Sables d’Olonne.

    Peter Bayer, directeur général d’OSM (Open Sports Management) :

    « La vraie nouveauté sur cette course concerne les skippers déjà qualifiés pour le Vendée Globe. Ils auront la possibilité d’embarquer un media man afin de raconter leur vie à bord.
    Les courses en IMOCA sont d’abord des histoires d’hommes, de marins. Montrer la réalité de cette vie de marin, des conditions difficiles que rencontrent les skippers et qu’ils ne peuvent pas toujours filmer eux-mêmes, sera un moyen encore plus fort de partager leurs aventures avec les terriens. Les directs et les images envoyés par ces media men s’annoncent d’ores et déjà spectaculaires, et probablement émouvantes sur la dureté de vie de ces héros des mers ! C’est une décision conjointe entre l’IMOCA, OSM, Jacques Caraës et les skippers. Le règlement du Vendée Globe ne permet pas de le faire pour les skippers non qualifiés. (…) Depuis que nous avons créé la marque Ocean Masters, nous nous sommes évertués à enrichir le calendrier du Championnat du Monde pour que le circuit vive entre deux Vendée Globe qui restera toujours le grand focus de la classe. Lorsque nous avons lancé la New York-Barcelona en 2014, il n’y avait que cinq bateaux. Cette année, ils seront dix-sept au pied des tours de Manhattan. C’est une vraie réussite pour tout le monde. Concernant l’avenir, nous sommes sur le point de signer un partenariat et nous avons comme objectif de créer une course en Asie. »

    Jean Le Cam, vice-président de l’IMOCA, Champion du Monde IMOCA Ocean Masters :

    « Une année de Vendée Globe, faire une course au portant, c’est cohérent pour nous skipper dans notre préparation du Vendée Globe où l’on rencontre 80% du temps des vents portants. Ce sera le dernier grand test, le véritable révélateur du potentiel et de la fiabilité des foilers. Nos bateaux n’étaient pas assez compliqués comme ça, alors on leur a rajouté des foils ! C’est bien les foils, ça fait beaucoup parler, les sponsors sont contents, mais ce sera peut-être quitte ou double. (…) New York est une belle destination, une ville emblématique. De mon côté, je suis propriétaire d’un magnifique bateau, d’un hangar, j’ai réservé un stand de 45 m2 sur le village du Vendée Globe. Il ne manque plus qu’un partenaire… »

    Jacques Caraës, Directeur de Course :

    « Si l’anticyclone a sa place habituelle sur l’Atlantique, les skippers resteront proches de l’orthodromie (3100 milles) et peuvent mettre 8 à 9 jours pour traverser. Nous avons hâte de voir ce test grandeur nature entre les cinq IMOCA foilers (Banque Populaire VIII, Safran, StMichel-Virbac, Hugo Boss et Maître CoQ) et les monocoques d’ancienne génération qui sont très optimisés comme SMA, PRB et Quéguiner-Leucémie Espoir. On va assister à une belle bataille et il est impossible de faire un pronostic du futur podium. Ce sera aussi la dernière course qualificative pour le Vendée Globe. Elle sera donc très importante pour certains skippers. »

    Fabrice Amedeo, skipper de Newrest – Matmut :

    « J’ai remis mon bateau à l’eau hier après trois mois de chantier. Nous n’avons pas cherché à gagner en performance, mais surtout en fiabilité. Ce sera mon premier Vendée Globe, j’y vais avec humilité et mon seul objectif est de terminer. La New York-Vendée (Les Sables d’Olonne) n’est pas indispensable pour moi puisque je suis déjà qualifié, mais elle l’est pour m’aguerrir et continuer à engranger de l’expérience à bord du bateau. C’est aussi le moyen de commencer à communiquer sur le Vendée Globe dès le mois de mai au lieu de septembre habituellement. »

    Yves Auvinet, Président du Conseil Départemental de Vendée :

    « Cette nouvelle transat New York-Vendée (Les Sables d’Olonne) est l’occasion pour nous de faire découvrir la classe IMOCA aux New-Yorkais et plus largement aux Nord-Américains. C’est un véritable prélude à la prochaine édition du Vendée Globe qui verra sa vocation internationale s’affirmer. Il est important qu’un véritable calendrier puisse voir le jour pour conforter le Championnat du Monde IMOCA Ocean Masters et l’intérêt des sponsors. »

    Didier Gallot, Maire des Sables d’Olonne :

    « A quelques mois du prochain Vendée Globe, la ville des Sables d’Olonne se prépare à accueillir la New York-Vendée (Les Sables d’Olonne). Les équipes techniques sont prêtes à mettre tout leur savoir-faire au service de la qualité des arrivées et de l’organisation du postlogue. Et toute la population n’attend qu’un signal pour se ruer sur les bords du chenal et acclamer les skippers. Cette nouvelle transatlantique, c’est l’instant d’exception où le défi se mesure avec le talent ! »

    Liste des 17 inscrits à la New York-Vendée (Les Sables d’Olonne)

    • Fabrice Amedeo – NEWREST MATMUT (France)
    • Jérémie Beyou – MAITRE COQ (France)
    • Conrad Colman – NC (Nouvelle-Zélande – USA)
    • Bertrand de Broc – MACSF (France)
    • Tanguy de Lamotte – INITIATIVES COEUR (France)
    • Sébastien Destremau – FACE OCEAN (France)
    • Jean-Pierre Dick – STMICHEL VIRBAC (France)
    • Yann Eliès – QUEGUINER-LEUCEMIE ESPOIR (France)
    • Nandor Fa – SPIRIT OF HUNGARY (Hongrie)
    • Pieter Heerema – NO WAY BACK (Pays-Bas)
    • Ari Huusela – NC (Finlande)
    • Morgan Lagravière – SAFRAN (France)
    • Armel Le Cléac’h – BANQUE POPULAIRE VIII (France)
    • Stéphane Le Diraison – NC (France)
    • Paul Meilhat – SMA (France)
    • Vincent Riou – PRB (France)
    • Alex Thomson – HUGO BOSS (Grande-Bretagne)

    • La dernière grande course avant le Vendée Globe •

  • Alex Skywalker !

    Après avoir marché sur sa quille. Après avoir marché sur son mat. Alex Thomson s’est offert un nouveau délire marketing : s’envoler en kitesurf au-dessus de son IMOCA. Pari réussi et de belle manière.

    15 mars 2016 • 2016-17, Course au Large, Divers, IMOCA, Multimedia, Vendée Globe, Vidéo • Vues: 3343

  • Une première et déjà un succès international

    Ils vont décoller de Big Apple pour tracer, au portant, en surfant, comme dans les mers du Sud, vers le fameux chenal des Sables d’Olonne… Pas moins de 17 solitaires, représentant 7 nationalités différentes, sont

    22 février 2016 • Course au Large, IMOCA, New York - Les Sables • Vues: 2675

  • Vers un 8e Vendée Globe de tous les records !

    Plateau sportif au plus haut niveau, pas moins de neuf nations représentées, PC course installé au pied de la Tour Eiffel, diffusion TV internationale, dispositif numérique et éditorial innovant : le huitième Vendée Globe

    4 février 2016 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2665

  • Jean-Pierre Dick remettra à l’eau son Imoca StMichel-Virbac en début de semaine prochaine, après un chantier de renfort de la structure. Rapidement contraint à l’abandon dans la Transat Jacques Vabre, Dick n’a pas encore pu prendre la mesure de son tout nouveau foiler. Le skipper niçois va donc se délocaliser à Cascais (Portugal) et multiplier les navigations d’entrainement et de mise au point, avant de s’engager dans les trois courses prévues en 2016 : The Transat, la New York-Vendée et le Vendée Globe dont il prendra le départ pour la quatrième fois consécutive. Rencontre.

    Jean-Pierre, ton bateau, StMichel-Virbac, va être remis à l’eau à Lorient après un chantier consécutif à l’abandon dans la Transat Jacques Vabre. En quoi a consisté ce chantier ?

    Jean-Pierre Dick : « Il s’agissait avant tout de réparer les dégâts subis sur la coque (des lisses cassées et des cloisons abîmées, NDR) et de renforcer la structure. Pendant trois semaines, l’équipe technique s’est démenée pour relever le challenge et respecter le timing pour la remise à l’eau. Les lisses ont été réparées et nous avons ajouté des renforts longitudinaux pour rigidifier le fond de la coque. La structure de StMichel-Virbac s’est révélée un peu fragile, nous avons fait en sorte de la rendre plus solide. »

    En sait-on plus sur les causes de l’avarie survenue lors de la Transat Jacques Vabre ?

    Jean-Pierre Dick : « Les investigations sont en cours et nous ne tirons donc pas de conclusions hâtives, mais cela sera effectivement important de connaître les raisons de ces dégâts. En tout cas, avec mon équipier Fabien Delahaye, nous n’avions pas le pied sur le champignon au moment de l’incident. Au contraire nous naviguions avec prudence, en adoptant un rythme bien en-deçà des bateaux de tête. Cela a été d’autant plus frustrant de jeter l’éponge. Mais nous n’avions pas le choix car quand la structure est touchée, il faut non seulement abandonner, mais aussi rentrer rapidement à terre pour que de nouveaux problèmes ne viennent s’ajouter à ceux déjà rencontrés. Nous n’avons donc pas pu tirer beaucoup d’enseignements de cette première course, mais nous allons rebondir. »

    « Faire corps avec le bateau »

    Tu as finalement peu navigué à bord de ton nouveau 60 pieds mis à l’eau en septembre dernier. Il s’agit désormais de rattraper le temps perdu ?

    Jean-Pierre Dick : « Exactement. En 2015, nous avons été dans l’attente de la mise à l’eau, puis la Jacques Vabre s’est vite arrêtée. C’est pourquoi nous avons souhaité remettre StMichel-Virbac à l’eau rapidement. Nous effectuerons des premières navigations dès la semaine prochaine à Lorient. Cette phase d’entraînement intense au large s’étendra jusqu’à fin février. Pour cela, nous allons baser le projet à Cascais (Portugal). C’est un lieu intéressant car il permet de naviguer dans des conditions soutenues, de tirer sur le bateau sans pour autant risquer de tout casser. Il s’agira d’engranger les milles, de bien apprendre le maniement des foils, d’acquérir des automatismes jusqu’à faire corps avec le bateau. Je suis impatient de retrouver mon métier de pilote de course. Ensuite, je participerai aux deux transatlantiques en solo (The Transat et la New York-Vendée) et bien sûr au Vendée Globe qui sera la cerise sur le gâteau. »

    Pour le Vendée Globe 2012-2013, tu disposais d’un bateau de nouvelle génération (Virbac-Paprec 3), mais déjà largement fiabilisé et éprouvé. La donne est différente cette fois…

    Jean-Pierre Dick : « Il est vrai que le timing est beaucoup plus serré. Pour le dernier Vendée Globe, j’ai convoyé le bateau depuis la Nouvelle-Zélande et donc bouclé un demi tour du monde. Puis j’ai remporté la Barcelona World Race 2010-2011 (le tour du monde en double, NDR) et la Transat Jacques Vabre 2011. Mais je ne m’inquiète pas car j’ai l’expérience de cinq tours du monde. Je reste dans la course pour obtenir un très bon résultat dans le prochain Vendée Globe. Les débuts du projet ont été lents mais l’année 2016 va être explosive, un vrai feu d’artifice ! »

    Tu as l’habitude de fiabiliser des bateaux neufs puisque tu as toujours pris le départ du Vendée Globe à bord de 60 pieds de dernière génération !

    Jean-Pierre Dick :« Ce sera effectivement mon quatrième Vendée Globe et à chaque fois, nous avons construit un nouveau bateau car c’est dans l’ADN de l’équipe d’innover, d’imaginer et de développer des prototypes performants. Nous avons acquis une certaine dextérité en la matière. Toute la difficulté est de trouver le bon tempo pour fiabiliser la machine. Cela demande un investissement énorme, à la fois de la part du skipper et de son équipe technique. »

    En bouclant le dernier Vendée Globe, tu ne pensais pas revenir sur cette épreuve. Pourquoi as-tu changé d’avis ?

    Jean-Pierre Dick :« J’avais effectivement initié un autre projet en MOD70. Mais deux données ont chamboulé le programme. D’abord, le fait d’avoir perdu ma quille et de boucler le tour du monde en 4e position, au pied du podium, m’a un peu laissé sur ma faim en 2013. Ensuite, le circuit des MOD70, très prometteur sur le papier, ne l’a pas été dans les faits, notamment en raison de l’annulation du tour du monde avec escales. Nous avons donc décidé de lancer un nouveau projet en IMOCA, avec en point d’orgue le Vendée Globe 2016-2017. »

     

    « Pour remporter le Vendée Globe, il n’y a pas de concession possible ! »

    Qu’est-ce qui te pousse à revenir une quatrième fois consécutive ?

    Jean-Pierre Dick :« Le Vendée Globe a changé ma vie. C’est pour y participer que je suis devenu skipper professionnel en 2002. C’est une expérience unique que de pouvoir se retrouver seul face à soi-même, dans un corps à corps avec la nature, sur des machines qui sont des concentrés de technologies. Moi qui aime les sports de plein air, je ne peux pas rêver mieux, c’est le summum ! Le Vendée Globe a un côté très pur, très beau. Ceci dit, se positionner comme un candidat à la victoire n’a rien d’anodin. La dernière année est un véritable tunnel, il n’y a pas de concession possible. Technique, sommeil, nutrition, préparation physique, météo… Le programme est très dense, mais passionnant. 99 % des gens considéreraient que c’est un travail harassant. De mon côté, je considère que c’est une chance. »

    Le 6 novembre 2016 aux Sables d’Olonne, t’élanceras-tu avec comme unique objectif de gagner le huitième Vendée Globe ?

    Jean-Pierre Dick :« Le podium serait déjà extraordinaire mais oui, je vais me donner les moyens de gagner. J’ai déjà remporté deux fois le tour du monde en double (la Barcelona World Race). Ces victoires ont été deux très beaux moments de ma vie. J’ai envie de revivre cette sensation en solitaire. Mon histoire avec le Vendée Globe est mouvementée mais je veux à nouveau relever le défi car je considère que l’une des principales qualités d’un marin est la ténacité. J’aurai 51 ans au moment du départ et je vais pouvoir profiter de toute l’expérience accumulée lors de mes trois précédentes participations. Remporter le Vendée Globe serait le Graal, une belle récompense de tous les sacrifices consentis depuis 2002. Mais le nombre de paramètres à réunir est gigantesque pour surfer la vague parfaite… »

    • Le Vendée Globe a changé ma vie •

  • Quand le sport rencontre la science !

    La Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO (COI/UNESCO) et le Championnat du monde IMOCA Ocean Masters s’unissent pour recueillir des données sur le changement climatique dans des zones

    17 décembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 4164

  • New York – Vendée, un dernier test avant le Vendée Globe

    Partir de « Big Apple » pour finir dans ce qui fut le berceau de la Classe IMOCA, le port des Sables d’Olonne, on peut difficilement rêver mieux en terme de symbolique. D’un côté, New York, la ville par

    11 décembre 2015 • Course au Large, IMOCA, New York - Les Sables • Vues: 2472

  • Les cinq enseignements de la Transat Jacques Vabre

    Après la belle victoire de PRB, les neuf IMOCA qui ont réussi à boucler la Transat Jacques Vabre 2015 sont à Itajai depuis quelques jours. L’heure est à l’analyse et au bilan de course, afin de savoir notamment

    24 novembre 2015 • 2016-17, Course au Large, IMOCA, Vendée Globe • Vues: 2938

  • Alors que le dernier des IMOCA a franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre à Itajai, qu’une partie de la flotte s’apprête à rallier Saint-Barth en convoyage pour le départ de la Transat Saint-Barth – Port-la-Forêt le 6 décembre prochain, un bilan s’impose. Etat de la flotte à l’arrivée, apport des foils, comportement des anciens bateaux et bonne tenue des éléments standardisés, sont quelques-uns des éléments d’analyse d’une course très difficile qui n’aura pas épargné les participants engagés.

    Le contexte

    On le sait, un départ à la fin du mois d’octobre des côtes françaises comporte une part de risque météorologique non négligeable. Cette édition 2015 de la Transat Jacques Vabre n’a pas échappé à la règle avec une première semaine de course particulièrement éprouvante pour les bateaux comme pour les hommes. Des vents de 40 à 45 nœuds, une mer grosse, trois centres dépressionnaires consécutifs à négocier, les huit premiers jours de course ont été particulièrement durs.

    La flotte IMOCA, forte de 20 équipages au départ, était sans conteste la plus emblématique. C’est ici que les enjeux sportifs étaient les plus forts avec notamment la confrontation des voiliers de dernière génération munis de foils avec les meilleures unités issues du dernier Vendée Globe.

    Les raisons de la casse

    Après un départ dans le petit temps, la flotte des IMOCA allait subir de plein fouet le passage de plusieurs trains de dépressions qui n’épargnaient personne. Les tenants de la route ouest, la plus rapide suivant les routages, devaient négocier le contournement d’un premier centre dépressionnaire avant de pouvoir faire route au sud où deux autres fronts particulièrement musclés les attendaient. D’autres équipages avaient opté pour une route plus à l’est qui s’est révélée au final tout aussi cabossée que la première.
    La liste des abandons est évidemment importante. Si le bilan ne peut pas être satisfaisant il reste très instructif, et il importe aussi de regarder clairement les raisons de cette casse.
    La volonté de ménager le bateau : pour certains, la décision d’abandonner a été prise dans la perspective des échéances à venir, notamment le Vendée Globe et la Transat New York – Vendée qui sera la dernière course qualificative avant le tour du monde. C’est le cas notamment de Maître CoQ, d’Edmond de Rothschild. En proie à des soucis techniques qui pouvaient être résolus, ils ont préféré, à partir du moment où ils ne jouaient plus pour la gagne se concentrer sur la suite de la saison de course du Championnat IMOCA Ocean Masters.

    La jeunesse de certains projets : Safran, Hugo Boss, St Michel-Virbac, tous ces bateaux ont été mis à l’eau tardivement et n’ont bénéficié que de très peu de temps d’entraînement. De plus, les conditions météo des semaines qui ont précédé la Transat Jacques Vabre ont été relativement clémentes et n’ont pas permis aux équipages de se confronter véritablement au mauvais temps. Et c’est bien ce mauvais temps qui reste le juge de paix implacable de la préparation des bateaux. Pour être paré à affronter les mers du Sud, il faut être passé plusieurs fois par de telles conditions. Le mauvais temps de la Transat Jacques Vabre était le premier que rencontraient ces nouveaux bateaux.

    Une casse mécanique due à l’usure et à la prise de main tardive de son bateau : pour certains projets, le fait d’être sur la ligne de départ de la Transat Jacques Vabre était une victoire en soi. A l’instar des bateaux neufs, bon nombre de skippers faisaient connaissance avec leur bateau qu’ils venaient d’acquérir. Dans ces conditions il est très difficile d’apprécier l’état exact de sa machine et la course reste le meilleur moyen pour apprendre à le connaître. Mais, souvent par faute de budget suffisant, plusieurs de ces bateaux n’ont pas pu se préparer comme ils l’auraient souhaité dans l’idéal. C’est le cas de O Canada, d’Adopteunskipper.net, du Bateau des Métiers by Aerocampus ou bien encore de Bastide Otio.

    Les impondérables : la voile est un sport mécanique, on ne l’oublie pas. Les abandons de SMA suite au délaminage de son voile de quille suite à un choc avec un OFNI, et de Spirit of Hungary, sont clairement à ranger dans cette catégorie. Malheureusement l’océan reste semé d’embuches et trop souvent d’objets flottants qui peuvent abîmer les bateaux. Si l’accident d’Hugo Boss n’est pas encore totalement expliqué, sa coque a été endommagée par un impact qui a contraint son équipage à faire route vers l’Espagne.

    Des raisons d’être optimiste

    Le podium :

    Deux IMOCA parmi les plus affutés de la génération du dernier Vendée Globe encadrant un des derniers-nés munis de foils. La victoire de PRB et la 3e place de Quéguiner / Leucémie Espoir montrent que l’on peut être compétitif sans disposer du bateau de l’année. La deuxième place de Banque Populaire VIII est aussi le signe que les améliorations proposées ont de l’avenir. Le débat est ouvert et c’est bien l’un des objectifs des règles de l’IMOCA que de permettre aux bateaux de générations différentes de concourir entre eux. Quand l’innovation côtoie le sport la régate n’en est que plus belle.

    La course à tous les étages :

    Qu’il s’agisse du podium, de la formidable bagarre pour la quatrième place entre Le Souffle du Nord et Initiatives Cœur, de la lutte entre les quatre bateaux les plus anciens, MACSF, Comme un Seul Homme – Stand as One, Newrest/Matmut et Bureau Vallée, pour la sixième place, la régate a été intense du début jusqu’à la fin. Il y avait plusieurs courses dans la course. C’est rassurant dans la perspective des épreuves à venir.
    Les éléments standardisés : les mâts et les quilles standardisés des nouveaux bateaux ont donné toute satisfaction. Aucun des abandons constatés n’a pour origine les pièces qu’impose la nouvelle règle IMOCA. C’est un fait qui contribue à valider les choix de l’IMOCA.

    La suite du Championnat IMOCA Ocean Masters

    La Transat Saint-Barth – Port-la-Forêt va maintenant permettre à plusieurs des skippers inscrits au prochain Vendée Globe de valider leur ticket d’entrée. La course va aussi être l’occasion de mieux connaître la génération montante, de Paul Meilhat et Fabrice Amedeo à Thomas Ruyant, face à des navigateurs expérimentés comme Yann Eliès. Une confrontation prometteuse qui augure d’un programme 2016 particulièrement alléchant.

    Ils ont dit :

    Jean Kerhoas, Président de la Classe IMOCA

    « Tout d’abord je dois constater que malgré le nombre important d’abandons, tous ont été gérés par d’excellents marins qui ont su ramener leur bateau au port. Le cas d’Hugo Boss est différent puisque c’est visiblement un OFNI qui a provoqué le naufrage.
    Je constate aussi que mâts et quilles standardisés ont parfaitement joué leur rôle et ce, malgré des conditions très dures.
    Je n’oublie pas non plus que cette Transat Jacques Vabre était un banc d’essai pour nombre de bateaux neufs. Nul doute qu’architectes et chantiers vont en tirer les bons enseignements pour les prochaines échéances. Certains des abandons sont aussi dus au fait que plusieurs skippers n’ont pas pu bénéficier, faute de moyens, du niveau de préparation qu’exige une course en IMOCA.
    Enfin, je n’oublie pas la fantastique bagarre en tête de course qui a fait vibrer le public. De l’incertitude, des rebondissements, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette Transat Jacques Vabre, un formidable défi sportif. »

    Gaëtan Gouérou, Délégué général de l’IMOCA

    « Cette transat aura été particulièrement difficile, on le savait dès le départ et nous avions des raisons d’être inquiets. C’était aussi un test très attendu par tous et qui apporterait sans conteste des informations indispensables pour fiabiliser les bateaux en vue du Vendée Globe 2016.
    Les nouveaux bateaux à foils ont montré leur potentiel et les anciens ont rappelé qu’il faudra compter sur leurs performances, loin d’être obsolètes.
    L’une des interrogations concernait le comportement des pièces standardisées. Il n’y avait pas de raison particulière de s’inquiéter pour les quilles dont la conception s’inscrivait dans un processus de fiabilité souhaité et accepté par tous. Quant aux mâts, il restait à démontrer que les hypothèses prises en compte pour leur conception étaient bien adaptées. On peut aujourd’hui raisonnablement penser que oui. »

    • La Jacques Vabre, une étape essentielle •