Quand le sport rencontre la science !

© Cheminées Poujoulat

La Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO (COI/UNESCO) et le Championnat du monde IMOCA Ocean Masters s’unissent pour recueillir des données sur le changement climatique dans des zones éloignées de l’océan, en particulier dans l’hémisphère sud.

Les skippers de l’IMOCA Ocean Masters, tels que le champion du monde en titre, Jean Le Cam, s’aventurent là où peu de gens osent aller : au Sud des 45 °S jusqu’à 55 °S au passage du cap Horn. Là-bas, les conditions climatiques les plus difficiles au monde, dues aux vents les plus violents et aux vagues les plus impressionnantes, attendent les skippers comme Jean Le Cam et ses homologues à bord de leurs IMOCA60, sur lesquels ils participent à des courses sans escale en solitaire ou à deux autour du globe. La prochaine fois que Jean Le Cam reviendra de cette région, il aura aidé les scientifiques à mieux comprendre le climat.

L’océan Austral n’est pas seulement un Eldorado pour les marins de classe mondiale : il joue un rôle essentiel dans le réchauffement climatique. Tel un poumon géant, l’océan Austral absorbe de manière saisonnière de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) et de chaleur, régulant ainsi le climat de toute la planète.

Pour réaliser leurs études, les scientifiques analysent les mesures des variables climatiques essentielles telles que la concentration de CO2, la température et la salinité de l’eau de mer.
Ces données sont collectées par des instruments autonomes, des vaisseaux de recherche ou des navires commerciaux spécialement équipés qui empruntent les principales routes commerciales. Les analyses des données qui s’ensuivent sont coordonnées au niveau international mais la couverture des données dépend de l’itinéraire réel de chaque navire. En conséquence, certaines régions de l’océan sont très bien explorées, alors que pour d’autres zones maritimes, telles que l’océan Austral, on ne dispose que de rares observations. Les skippers qui contournent l’Antarctique représentent donc une opportunité idéale de recueillir des données importantes grâce au déploiement de bouées dérivantes ou d’instruments installés à bord.

Sachant qu’il reste encore très difficile de prévoir avec fiabilité les tendances futures de l’absorption de carbone dans l’océan Austral, il est indispensable de continuer à mesurer les variables océaniques fondamentales à la surface de l’eau dans cette région de l’océan globale. C’est là qu’interviennent Jean Le Cam et ses acolytes skippers du championnat du monde IMOCA Ocean Masters, pour former un partenariat unique avec la Commission intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, organisme des Nations Unies en charge de promouvoir la coopération internationale et de coordonner les programmes de recherche, les services et le renforcement des capacités en vue d’accroître les connaissances et de les appliquer à la protection du milieu marin et aux processus de prise de décision par ses Etats membres.

Cette aventure, qui a commencé par une coopération entre la COI de l’UNESCO et la Barcelona World Race en 2010, avec l’un des bateaux participants équipé d’instruments de mesures, a été étendue en 2014 à huit navires qui ont déposé des balises Argo dans l’Atlantique Sud pour renvoyer des données de température et salinité depuis ces régions éloignées de l’océan. Après la signature d’une lettre de coopération entre l’IMOCA et la COI-UNESCO pendant la 21e édition de la Conférence Climat des Nations unies (COP 21) , les 30 skippers de la classe IMOCA ont décidé de participer avec leur bateau au projet de recueil de données dans les 5 courses du championnat du monde IMOCA Ocean Masters autour du globe.

Chaque navire sera bientôt équipé d’un pack environnemental standard, lequel répondra aux besoins de la recherche scientifique et de l’océanographie opérationnelle, sans toutefois compromettre la performance de ces bolides des mers à la pointe de la technologie.

La classe IMOCA collabore avec les experts du JCOMMOPS, centre conjoint de coordination pour les plates-formes d’observation de l’océan COI-UNESCO et Organisation météorologique mondiale (OMM).

JCOMMOPS coordonne au niveau international les bouées dérivantes, les bouées mouillées en pleine mer, les navires de recherche, les navires occasionnels et les flotteurs-profileurs sous-marins.

Vladimir Ryabinin (Secrétaire Exécutif de la COI-UNESCO)

« La mise en œuvre d’un système d’observation durable et équilibré dans l’océan Austral est un objectif qui, il n’y a pas si longtemps, semblait irréaliste. Les croisières de recherche ne pouvant être organisées suffisamment souvent, les occasions de déployer des instruments autonomes ou de recueillir des données à partir de navires bénévoles étaient tout simplement trop rares en raison du manque de lignes maritimes régulières dans certaines zones. L’engagement des voiliers de course de la classe IMOCA nous permettra de combler bien des lacunes dans des domaines de la plus haute importance pour la recherche climatique et ce, sans émission de carbone. La Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO est heureuse de coordonner ces opérations, en particulier à travers son centre opérationnel d’observation de l’océan à Brest : JCOMMOPS. En outre, le fait que nous ayons pu signer cette lettre de la coopération au Bourget lors de la COP21 est un acte fort qui place cette coopération sous les meilleures auspices compte tenu des résultats de la Conférence sur le climat ».

Jean Kerhoas (Président de l’IMOCA)

« C’est une grande satisfaction pour la classe que je préside de signer cet accord avec la Commission océanographique intergouvernementale (COI) car c’est l’aboutissement d’un an de travail, depuis l’opération menée avec la FNOB à l’occasion de la dernière Barcelona World Race. L’IMOCA éprouve une réelle fierté à participer activement à la préservation des océans lors de nos prochaines courses, grâce à nos skippers qui sont presque les seuls à parcourir les mers les plus reculées. »

Jean Le Cam (Champion du Monde IMOCA Ocean Masters 2013-2014)

« Je suis très impatient d’avancer avec la COI de l’UNESCO pour entrer concrètement dans la mise en place de ce partenariat, et de connaître dès que possible le matériel qui pourrait être disponible pour le prochain Vendée Globe. Je suis très motivé pour relayer le message auprès des membres de l’IMOCA afin que chacun puisse jouer le jeu et apporter sa contribution au travail des scientifiques. »

Sir Keith Mills (Président d’OSM, Open Sports Management)

« OSM, en tant que promoteur du Championnat du Monde IMOCA Ocean Masters, accueille très favorablement cette excellente initiative. Notre démarche n’est pas seulement commerciale, car notre rôle doit également être celui d’un acteur impliqué dans une démarche environnementale et citoyenne. Nous avons une belle histoire à écrire tous ensemble pour l’avenir des océans, terrain de jeu de notre Championnat, qui sont au cœur des enjeux de la planète. »

Source

Isabelle Delaune

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