Voyage au bout de la nuit

© Olivier Blanchet / Europa Warm’Up

A peine plus d’une heure, c’est l’écart final entre PRB et MACIF sur la ligne d’arrivée de la deuxième étape de l’Europa Warm’Up. C’est surtout significatif de l’homogénéité du niveau d’une flotte qui s’affute de jour en jour.

Il aura donc fallu attendre la dernière nuit pour savoir qui serait le vainqueur final de l’Europa Warm’Up. Trente milles avant l’atterrage sur la chaussée de Sein, PRB et MACIF n’étaient séparés en distance au but que de moins d’un mille. C’est le moment que Vincent Riou choisissait pour attaquer sous grand spi. Rivé à la barre, il a réussi, malgré un bateau surchargé de toile, à creuser un écart conséquent qui permettait au vainqueur du Vendée Globe 2004-2005 d’inscrire une nouvelle ligne à son palmarès. Pour Vincent Riou, cette victoire, à quelques mois à peine de la prochaine édition du tour du monde en solitaire, vient à point nommé. Elle valide tout le travail effectué sur son plan Verdier-VPLP depuis bientôt trois ans et vient récompenser la ténacité d’un navigateur qui, malgré de nombreuses places d’honneur, n’avait pas goûté le parfum de la gagne depuis un moment, à l’exception du Fastnet 2011 en compagnie de Jean Le Cam. C’est aussi la récompense de la fidélité d’un partenaire qui n’a jamais failli dans son soutien même dans les moments les plus difficiles.

Un dauphin sans complexe

François Gabart, en terminant deuxième de l’épreuve a confirmé tout le bien qu’on pouvait penser de lui. Talentueux, travailleur, le jeune navigateur élevé à l’école de son mentor, Michel Desjoyeaux et du centre d’entraînement de Port-la-Forêt, n’a pas mis longtemps pour se mettre au niveau des ténors de la classe IMOCA. Déjà auréolé d’une victoire dans la Transat B to B, il démontre avec cette deuxième place que l’exercice du solitaire est un domaine dans lequel il se sent parfaitement à l’aise. Petit à petit, François Gabart est en train de faire sa mue en passant du statut d’outsider à celui de favori du prochain Vendée Globe.

Armel Le Cléac’h ne renonce jamais

Ce n’est pas pour rien, que le navigateur de la baie de Morlaix s’est retrouvé affublé depuis quelques années du surnom du chacal. Sur l’eau, Armel ne lâche jamais rien. D’une courtoisie exemplaire dans la vie de tous les jours, il se transforme en compétiteur redoutable dès lors qu’il est sur l’eau. Il l’a encore démontré sur cette deuxième étape de l’Europa Warm’Up : aux prises avec des problèmes récurrents de hook de grand-voile (le crochet qui permet de la maintenir hissée en tête de mât), il a su faire face, trouver les solutions adaptées et repartir à la bagarre pour chiper la troisième place au nez et aux moustaches du chat de Cheminées Poujoulat.

Ils ont dit :

Vincent Riou (PRB) : « Ça n’a duré qu’une semaine ces 2300 milles, mais ce fut une semaine très intense. Mise à part la première partie de parcours où on a eu des conditions clémentes, on a navigué dans des vents soutenus avec le stress qui accompagne ces conditions en compétition. Les bateaux sont très affutés et le niveau est très homogène. Il n’a jamais été aussi élevé six mois avant le départ d’un Vendée Globe.
Ce qu’il a fallu pour gagner la course ? Un peu de réussite, un peu de perspicacité. Il faut savoir par instants être incisif comme j’ai pu l’être à deux ou trois occasions. Cette nuit par exemple, j’ai pris le risque de partir très tôt sous grand spi, car je voulais vraiment faire la différence.
Gagner, c’est évident que ça donne de la confiance. Mais on a pu voir le niveau général : ils sont quelques uns qui ont vraiment progressé et qui ont aujourd’hui un niveau très intéressant. Le Vendée Globe, c’est dans six mois ; on a donc encore six mois à travailler, six mois pour combler les lacunes qu’on a pu constater pendant cet Europa Warm’Up. Il ne va pas falloir s’endormir…»

François Gabart (MACIF) : «Je finis deuxième, derrière Vincent Riou vainqueur d’un Vendée Globe et devant quelques grands champions ; pour ma deuxième course en solitaire en IMOCA, je ne pouvais pas rêver mieux. Sur le plan matériel, j’ai une liste sur l’ordinateur, il doit y en avoir deux pages pleines. J’apprends énormément de choses sur ce bateau depuis sa mise à l’eau et ça ne s’arrête pas.
Ce qui est rassurant, c’est de constater que l’on n’a pratiquement rien cassé sur le bateau. On a eu des conditions qui n’étaient pas forcément faciles et je suis content que le bateau tienne bien. Je pense que j’ai une superbe machine pour le Vendée. Vincent a fait une très belle course. Juste après avoir fait un joli coup tactique en passant dans l’ouest de Sao Miguel il a ensuite démontré qu’il avait une capacité à accélérer. En tout état de cause, c’est très rassurant de voir qu’on est dans le match. Maintenant, le Vendée Globe, c’est autre chose, il y a encore beaucoup de boulot avant de se présenter sur la ligne de départ.»

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « Ça a été vraiment difficile. Juste après avoir viré l’île de Santa Maria, aux Açores, j’ai brisé mon hook de grand-voile. J’ai pu faire une réparation de fortune qui a tenu jusqu’au Fastnet. Mais dès qu’on a retrouvé des allures de près, la drisse de grand-voile a cassé. J’ai dû trouver une solution de rechange en hissant la voile sur la drisse de spi et en tentant de la crocheter au premier ris. Mais l’opération m’a obligé à hisser et affaler une bonne dizaine de fois avant que ça ne marche… En tous cas, cette course est une excellente préparation au Vendée Globe. On a fait plus de 4000 milles depuis Port-la-Forêt, c’est irremplaçable… »

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