4 vainqueurs, une flotte d’amis

© François Van Malleghem / Transquadra - Martinique

Le Marin attend le dernier concurrent de cette Transquadra – Martinique : le duo allemand Thomas Hunfeld et Samer Shehadeh (Thusnelda) pourrait couper la ligne d’arrivée peu avant sa fermeture, prévue à 23h (heure métropole), soit pile au moment où la course s’apprêtera à fêter ses vainqueurs…

Cette édition 2017/2018 de la Transquadra – Martinique touche à sa fin. Elle aura été marquée par la performance hors norme d’Alexandre Ozon. Le Royannais a survolé les deux étapes, devant toutes les flottes. Rapide, toujours bien placé, sachant mettre le curseur technique très haut sans rien casser, il a impressionné aussi par son aisance et l’immense plaisir qu’il éprouve à régater au large à bord de son « Team 2 Choc », pourvu que ça aille vite.

Jean-Pierre Kelbert (sur le JP 10.80 Léon), superbe 2e en solitaire a lui aussi réalisé une performance exceptionnelle : sur les deux étapes, il n’a laissé passer devant lui qu’Alex Ozon et la paire Monin/Belloir sur le Figaro Yuzu sur la 2e étape. Les yeux brillants de bonheur, le Lorientais ne cachait pas qu’il était allé chercher loin sa quête de performance.

En double, sur les deux flottes, Atlantique et Méditerranée, la bagarre a été serrée, les leaders bataillant H/24 pendant 14 jours comme sur une régate en baie. Pas étonnant que cette édition soit celle d’un nouveau temps de référence : 13j 1h entre Madère et le Marin.

Les podiums à la loupe

Sans surprise, Alexandre Ozon et son Bepox 990 l’emportent en solitaire Atlantique avec 9h43 d’avance sur Jean-Pierre Kelbert et son JPK 10.80. Stéphane Bodin à la barre de son JPK 10.10 complète ce podium à 22h15 du vainqueur.

En temps réel et en temps compensé, les deux leaders solitaires, sur les deux étapes, ont réussi à batailler devant ou avec les premiers doubles… Un bel exploit technique et humain, représentatif du niveau de cette transat dédiée aux marins amateurs de plus de quarante ans.

Alexandre Ozon (Team 2 Choc) : « Je reste frustré de ne pas avoir pu terminer ma course comme je l’avais commencé, à cause de la casse de mon safran. J’aime naviguer propre. Ça a gâché la fête. La victoire s’est vraiment jouée sur mon option sud, ça se joue à rien… »

En double Atlantique, le podium est sensiblement plus serré : la victoire revient à Pascal Chombart de Lauwe et Fabrice Sorin et leur JPK 10.10 tout neuf, spécialement préparé pour cette Transquadra. François-René Carluer et Gwénaël Roth à la barre de leur JPK 10.80 sont 2e à 36 minutes (sur un total de près de 20 jours de course !). Là encore, ces résultats sont un reflet de la bataille qui se joue au large : un empannage, une petite option peuvent faire la différence. Gérard Quenot (vainqueur en double en 2011) et Jérôme Apolda eux aussi armés d’un JPK 10.10 grimpent sur la 3e marche de ce podium à 4h45 des leaders.

Fabrice Sorin et Pascal Chombart de Lauwe : « C’était une course bien construite pour nous. Nous l’avions préparée de longue date. On l’avait dans la tête, on avait terriblement envie de la gagner. Nous sommes très satisfaits. C’est le fruit d’un travail de longue haleine réalisé avec notre « coach » Corentin Douguet et à un bateau très bien conçu et préparé. »

Pour la flotte méditerranéenne, là encore pas de surprise en solitaire : Frédéric Ponsenard et son A35 l’emportent devant Bertrand Gassier en Pogo 30 et Eric Thomas, vainqueur de la première étape et malheureusement victime d’un démâtage au large de Madère. Pour eux trois (ils étaient trois au départ de toute façon) ce podium importe peu, ce qu’ils retiendront de cette course, et c’est d’ailleurs vrai pour une grande majorité des concurrents, c’est sa dimension humaine.

Frédéric Ponsenard : « C’était ma 4e Transquadra… il y en aura peut-être une 5e. J’y reviens pour le côté humain de cette course, ce qui peut paraître paradoxal pour un solitaire ! Mais c’est vraiment le caractère prégnant de cette épreuve. La magie opère à chaque fois… »

En double, chez les Méditerranéens, la victoire revient à Frédéric Bonnet et Olivier Poullain à la barre de leur Sormiou 29, le plus petit bateau de la flotte de cette édition 2017/2018, l’un des plus légers aussi. En tête, en réel, pendant presque toute cette 2e étape, ce duo de régatiers a tenu bon, sans pilote depuis Madère, pour contrer les assauts des Corses Arnaud Vuillemin et Grégoire Bezie sur leur JPK 10.10, deuxièmes à 3h27 en compensé. Roland Montagny et Georges Martinez à la barre de leur Sun Fast 3200 sont 3e de ce général à 10h19 des premiers.

Frédéric Bonnet et Olivier Poullain : « Cette victoire, c’est le plaisir de faire plaisir à notre ami Jean-Pierre Gallinaro, concepteur des Sormiou. Il a fait toute la préparation du bateau avec nous, il a aujourd’hui 73 ans. C’est la première grande course que ce bateau accroche à son palmarès. C’est pour lui que ça nous fait plaisir. »

Bien plus qu’une course

Au Marin, huit jours après l’arrivée des premiers, les concurrents refont encore le match, mais pas que… Leur plaisir, leur envie, c’est de ne pas casser la magie de la course.

Des mois qu’ils se côtoient à se préparer, à s’aider, à rêver transat. Des jours qu’ils s’accueillent et se racontent leur transat. Et puis, bien sûr, il y a eu les échanges en mer, qui ont définitivement scellé leurs amitiés.

« Le côté course de la Transquadra, c’est juste le sel d’une aventure humaine aussi copieuse que succulente », résume Frédéric Ponsenard.

« La dimension humaine qui nous porte au sein du team de La Rochelle depuis 2 ans est franchement fantastique. Se retrouver avec les copains à chaque arrivée c’était puissant », s’enthousiasme Alexandre Ozon.

Bernard Avril, quatre Transquadra à son actif, le disait déjà avant le départ, à Lorient : « Je viens retrouver les copains avant tout. La course, c’est le prétexte… »

Alors, rendez-vous en 2020 !

Paroles de vainqueurs

Alexandre Ozon (Team 2 Choc)

« Je reste frustré de ne pas avoir pu terminer ma course comme je l’avais commencé, à cause de la casse de mon safran. J’aime naviguer propre. Ça a gâché la fête… Heureusement que je n’y suis pour rien, sinon je mettrai 10 ans à m’en remettre !

Ça s’est vraiment joué sur mon option sud, que j’ai été le seul à aller chercher. Une victoire ça se joue à rien, la preuve avec mon avarie.

Ce que je retiens de cette course, c’est qu’avant le safran, je n’ai rien cassé, rien abîmé sur le bateau. Que je me suis vraiment éclaté sur l’eau : c’était magique ! La mer est de plus en plus belle…

Et puis, la dimension humaine qui nous porte au sein du team de La Rochelle depuis 2 ans est franchement fantastique. Se retrouver avec les copains à chaque arrivée c’était puissant.

Je suis content que ça puisse attirer le regard sur le Bepox, c’est un bateau décalé, fun, Je l’avais aussi choisi pour son petit prix. Ça peut ouvrir d’autres horizons… Mais j’adore aussi naviguer en Sun Fast 3200 et 3600, je repars d’ailleurs pour une saison IRC sur Cifraline ! »

Pascal Chombart de Lauwe et Fabice Sorin (Ogic)

Fabrice et Pascal : « C’était une course bien construite pour nous. Nous l’avions préparée de longue date. On l’avait dans la tête, on avait terriblement envie de la gagner. On est très satisfaits !

On navigue ensemble depuis longtemps, on a fait pas mal de solitaire aussi, notamment en Mini. On a une petite expérience de l’Atlantique. Je suis, à titre personnel, très satisfait de remporter ma première course transatlantique !

C’est un travail de longue haleine, avec une préparation importante en amont. Corentin Douguet nous a vraiment aidés. Il nous a soutenus, entrainés, coachés. Il a également préparé le bateau. Nous avons eu plaisir à progresser avec et grâce à lui. C’était très important qu’il soit présent à nos côtés en amont de cette Transquadra.

Nous voudrions aussi remercier Jean-Pierre Kelbert. C’est notre 2e JPK, il a été assez bien bichonné, notamment grâce aux conseils de Corentin qui sont autant de « plus » bien concrets. »

Frédéric Ponsenard (Coco)

« C’était ma 4e Transquadra… il y en aura peut-être une 5e. J’y reviens pour le côté humain de cette course, ce qui peut paraître paradoxal pour un solitaire ! Mais c’est vraiment le caractère prégnant de cette épreuve. La magie opère à chaque fois, avec les bizuths comme avec les anciens, avant la course, pendant et après. Même 10 ans après, on reste en contact.

Bref, ce n’est pas qu’une compétition. Le côté course c’est juste le sel d’une aventure humaine aussi copieuse que succulente.

Et, cette année, avec les Méditerranéens, ça a été encore plus fort que d’habitude, notamment grâce aux mails que nous nous sommes échangés tout du long de la course : il y a eu des poèmes, des chansons, des blagues, de l’entraide aussi bien sûr. C’était puissant. »

Frédéric Bonnet et Olivier Poullain (Louise)

Olivier Poullain : « On était venus dans l’objectif d’arriver au bout, de bien s’entendre sur le bateau et, comme on est tous les deux des régatiers, notre 3e objectif c’était de faire marcher le bateau au mieux et on s’y est attelé d’un bout à l’autre. Nous n’avons pas une grosse expérience du large, surtout moi. C’était aussi une régate qui correspondait bien au profil du bateau.

Mais le fait de n’avoir jamais pu lâcher la barre de toute la course, c’était difficile, d’autant qu’on était boostés par le fait d’être en tête en réel et talonnés par des très bons qui nous ont bien poussés tout le temps.

Frédéric Bonnet : « La 1ère étape disputée au reaching, convenait mieux aux bateaux plus gros. La 2e étape, au portant, nous avantageait bien.

Cette victoire, c’est le plaisir de faire plaisir à notre ami, Jean-Pierre Gallinaro, qui a conçu et fabriqué ces bateaux-là. Une gamme créée en 2000 – 2002. Jean-Pierre avait d’ailleurs participé à la Transquadra il y a 15 ans, avec le 28 pieds. Il a aujourd’hui 73 ans. Il nous a beaucoup aidé pour cette édition. Aujourd’hui, c’est la première grande course que ce bateau accroche à son palmarès. C’est pour lui que ça nous fait plaisir. »

Lors de la dernière édition de la Transquadra, le même Sormiou 29 était déjà entré dans le top 5 avec une jolie 4e place au classement double méditerranée.

Un Sormiou 33, plus large que le 29 et bisafran est d’ailleurs dans les cartons… RV dans 6 ans ?

Pour l’anecdote : Jean-Pierre Gallinaro et Jean-Pierre Kelbert étaient des concurrents lorsqu’ils pratiquaient la planche à voile en compétition. L’un a lancé les Sormiou (une gamme dessinée par Olivier Philippot), l’autre les JPK !

Classement Transquadra – Martinique 2017/2018

Solitaire Atlantique (22 concurrents)

  1. « Team 2 Choc », Alexandre Ozon (Cap 250) en 19j 9h 09′ 55″
  2. « Leon », Jean-Pierre Kelbert (Societé Nautique de la Trinité S/mer) à 09h43’05 »
  3. « Enertek Wasabi », Stéphane Bodin (Société des Régates Rochelaises) à 22h15’44 »
  4. « Be Happy », Frédéric Couture (Sports Nautiques Sablais) à 1j05h28’42 »
  5. « Raging Bee », Louis-Marie Dussere (Yacht Club de Cherbourg) à 1j.11h40’15 »

Double Atlantique (54 concurrents)

  1. « Ogic », Pascal Chombart de Lauwe / Fabrice Sorin (C.Nautique de Lorient) en 19j.18h42’30 »
  2. « Agence Directe 3,9% », Francois-René Carluer/Gwen Roth (S N Baie de St Malo) à 36’17 »
  3. « Atlantic Loisirs », Gérard Quenot/Jérôme Apolda (Sté des Régates Rochelaises) à 4h45’04 »
  4. « Vli Magellimo », Vincent Labedan/Jean-Baptiste Lemaire (C V de Vaux Sur Seine) à 5h56’00 »
  5. « 0 Calm », Renaud Barathon/Olivier Grassi (Société des Régates Rochelaises) à 11h36’21 »

Solitaire Méditerranée (3 concurrents)

  1. « Coco », Frédéric Ponsenard (Off.Mun.Jeun.Sport.Lois.Cult.Theoule) en 23j.14h50’54 »
  2. « Pleine Lune », Bertrand Gassier (S N du Grau du Roi / Port Camargue) à 23h46’15 »
  3. « Big Z », Eric Thomas (Big Z) à 7j.1h14’54 »

Double Méditerranée (11 concurrents)

  1. « Voiles2vents », Frédéric Bonnet/Olivier Poullain (AV Carry le Rouet) en 21j.11h09’04 »
  2. « Jubilations Corse », Arnaud Vuillemin/Grégoire Bezie (Y.C Campoloro Acula Marine) à 3h27’39 »
  3. « Geroul », Roland Montagny/Georges Ramirez (Société Nautique de la Petite Mer) à 10h19’50 »
  4. « Flash », Eric Gilbert/Walden Bonpaix (S N du Grau du Roi / Port Camargue) à 16h41’31 »
  5. « Twinl Banque D’affaires », Frank Loubaresse/Matthieu Foulquier (C.N. Touristique du Lacydon) à 1j.2h56’07 »

Source

Jacques Pallu

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