Deux fronts derrière, du soleil devant !

© Alain Roupie

Cette 10e édition de la Transquadra Madère Martinique va sans doute marquer les esprits. 9 jours après le coup d’envoi de sa 2e étape, les concurrents de cette transat réservée aux amateurs ont déjà deux systèmes dépressionnaires dans leur sillage : pas banal pour un parcours tropical. La deuxième partie du parcours devrait cependant permettre aux coureurs de faire enfin sécher leurs cirés. Le duo Racine/Sénéchal (Foggy Dew) a fait le break chez les doubles de la flotte Atlantique, tandis que les Méditerranéens évoluent de façon très groupée, les frères Lacombe (Bidibulle) en tête. Chez les solitaires, Alex Ozon (Sapristi) mène depuis Madère… Il reste 1200 milles à négocier jusqu’au Marin : vitesse, fatigue et voiles restantes vont peser dans les performances de chacun.

Le gros de la flotte de la Transquadra Madère Martinique est en passe de contourner sa deuxième zone de basses pressions depuis Madère. Ce système météo glisse enfin vers le sud-ouest. Une bien mauvaise nouvelle pour Caroline Petit et Emmanuelle Blivet (Moogli), les seules partisanes d’une option très sud, car ce tourbillon dépressionnaire poursuit son inévitable aspiration des alizés, générant des calmes persistants sur leur route…

Course de vitesse

Pour la majorité de la flotte en revanche, l’ascension de ces fronts dépressionnaires se termine. Ils vont pouvoir bientôt glisser vers l’arc antillais. Le soleil devrait faire son grand retour, la houle se ranger, la brise se caler au nord-est puis à l’est en se renforçant.
Plus de casse-tête stratégique pour cette deuxième partie de transat, place à un long sprint de vitesse entre nordistes et partisans de la route médiane, tout en composant avec les spis restants (il y aurait pas mal de voiles déchirées semble-t-il) et la fatigue, inévitable, après cette première semaine de course éprouvante.

Qui des extrémistes ou des modérés ?

A 1300 milles du but, une intéressante course est engagée, chez les doubles Atlantique entre Noël Racine/Ludovic Sénéchal (Foggy Dew) très nord avec plus de 90 milles d’avance sur la paire Bernard Mallaret/Denis Infante (Eurovoiles) qui ont fait une jolie cuiller par le nord ces jours-ci pour revenir dans le top trois, et le duo Gérard Quenot/Jérôme Apolda (Blue Skies) en pointe des partisans de la route médiane depuis le début.
Le duo de Foggy Dew a un beau matelas d’avance, ils vont vite au bon endroit… mais les écarts latéraux sont conséquents et la route encore longue, comme on dit.

Collés-serrés, les Méditerranéens

Le match est serré depuis le début au sein de la flotte Méditerranéenne. Après 9 jours de course, le top 5 se tient en 25 petits milles ! Les frères Lacombe (Bidibulle) mènent la danse depuis 3 jours, talonnés par Bruno Maerteen/Olivier Guillerot (Shamrock V) à moins de 2 milles et les Italiens Isidoro Santecca/Roberto Rovito (Alquimia) à 18 milles. La flotte est restée groupée, mis à part deux partisans de la première heure d’une route directe.
Là aussi, une intéressante course de vitesse et de rating est lancée pour cette grande descente vers Le Marin !
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1 fauteuil pour 9 ?

Chez les solitaires, Alex Ozon (Sapristi), en tête depuis le départ de Madère, partisan, après le premier front, d’une route nord-modérée est finalement parti contrôler ses menaçants camarades de l’extrême nord : Pierrick Penven (Zéphyrin) et Paolo Mangione (Ciao Ciao).
Ce trio-là devance d’une 20aine de milles le reste du top 9 des solos. Tous alignés comme pour un nouveau départ sur un axe nord-ouest/sud-est de 150 milles de long environ. Cette dizaine de concurrents se tient en moins de 100 milles, à 1200 milles du but. Tout est possible, même si on connait les ressources et la capacité d’Alex Ozon à pousser avec un plaisir non dissimulé son Sapristi à son maximum. Là encore, l’état des voiles, des tangons et des marins fera aussi la différence sur cette dernière ligne sans doute pas très droite vers la Martinique.

Mots du large

Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute) : On n’est pas vraiment sur la route peace & love des Caraïbes

Ambiance mer du Nord au milieu de l’Atlantique. Hier nous nous racontions de belles histoires en fin d’après-midi entre ennemis voisins : ça y allait des « je vais te couler » et autres gentillesses.
Au milieu de la nuit tout est rentré dans l’ordre : les spis asymétriques ont été remplacés par des focs, et pour un bon bout de temps …
Chacun est retourné dans sa tanière et il ne fait pas bon pointer son nez dehors. Le pilote faisant bien son boulot, on ne s’est pas privé de rester à l’abri. Chaque sortie est largement arrosée et nos cirés ne nous lâchent plus. Patrick veille au grain et inspecte régulièrement tous les points d’usure pour arriver entier en Martinique.
9 jours à venir à ce tarif fatiguent bel et bien voiles et bouts du bord.
Que vois-je : une traversée de soleil au milieu de cette grisitude – mais c’est très jolie (volontairement au féminin). Aujourd’hui ce ne sera pas moins de 25 nœuds en permanence. Nous sommes juste assez abattus (nous naviguons assez loin du lit du vent) pour que les mouvements ne soient pas trop désagréables.
On n’est pas vraiment sur la route peace & love des Caraïbes, mais on espère avoir de temps en temps des consolations de soleil sur notre arche de Noé.
Ça va être l’heure de votre poulet dominical : bon appétit.
A demain. P&G

Olivier Lunven (Pour Ferdinand) : enfermé dans le bateau

On m’avait dit que le dimanche était jour de repos. J’imaginais que sur la TSQ cela signifiait alizés 15 –
20 nœuds, mer bien ordonnée, grand soleil le tout accompagné d’un morceau de Dire Straits à fond dans le cockpit. Eh bien il n’en n’est rien. Aujourd’hui c’est vent fort 25 – 30 nœuds et encore j’ai été tiré de ma bannette précipitamment par un grain à 40 nœuds, mer agitée voir très agitée ciel gris voir très gris accompagné de pluies. Bref, je suis enfermé dans le bateau à attendre que cela se passe. En fait je peux même me reposer, ah oui c’est vrai on est dimanche ! Alors bon dimanche à tous
Olivier Lunven

Yann Jestin (Vari) : Ce qui est passionnant dans le solitaire c’est la gestion globale de la course

Plus sérieusement, après l’épisode pétole de jeudi, le vent est revenu… un peu trop par moment, les grains peuvent être violents comme celui à 35 nœuds qui a propulsé VARI à 18 nœuds, pas de casse.
La mer est saccadée, la nuit dernière j’avais l’impression d’être un skieur sur une piste de ski de bosses. Je me suis demandé ce que je faisais sur le pont d’un bateau au milieu de l’Atlantique à 3h du matin, seul, trempé et bien fatigué…
Ce qui est passionnant dans le solitaire c’est la gestion globale de la course, la nav, les réglages, les manœuvres, l’énergie à bord, (le marin en fait partie), savoir ou mettre le curseur performance/préservation du bateau.
En solitaire, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions à trouver… On commence à apercevoir des sargasses isolées, et le premier poissant volant a atterri sur le pont hier soir.
Il reste encore une très grosse semaine devant, dès cette nuit il y aura école.

Source

Jacques Pallu

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