François Gabart aura bientôt la tête à l’endroit !

© Christophe Launay

Plus de cinq jours après le passage du Cap Horn, François Gabart poursuit sa remontée de l’Atlantique Sud avec dans le viseur l’équateur, qu’il espère franchir dimanche après un peu plus de 36 jours de mer. Secoué en début de semaine par un violent coup de vent, le skipper du trimaran MACIF ne cache pas une certaine fatigue, mais l’alizé qui pointe le bout de son nez et une avance de plus de 3 jours sur les temps de passage du détenteur du record du tour du monde, Thomas Coville, sont autant de motifs de réconfort.

AVANCE SUR LE RECORD DE THOMAS COVILLE (Sodebo Ultim)
1 693 MILLES

Le lieu : l’Atlantique Sud

Souvent considérée comme une portion particulièrement difficile d’un tour du monde, car la fatigue accumulée dans le Grand Sud se conjugue avec des conditions météo compliquées, la remontée de l’Atlantique Sud n’a pas failli à sa réputation pour François Gabart : après son passage du Cap Horn dimanche, le skipper du trimaran MACIF a eu le droit mardi à un violent coup de vent dans une mer creuse, avant d’enchaîner par une dorsale anticyclonique et une zone de transition qui l’a obligé à slalomer entre les petites dépressions tropicales venues du Cabo Frio, à l’est de Rio de Janeiro. « C’est vrai que l’Atlantique Sud est une des parties les plus dures. Les problématiques sont différentes de celles des mers du Sud : on sort d’un régime de vents dominants d’ouest pour aller chercher l’alizé de sud-est, et sur le chemin, il y a au moins une transition, en général plusieurs. Et au début, tu as beau avoir passé le Cap Horn, tu restes par 45° Sud ! La dépression de mardi dernier a été un phénomène violent, je pense que c’est peut-être le plus fort que j’ai eu, avec plus de 50 nœuds de vent. En plus, je ne pouvais pas rouler mon J2 (à cause de son problème de galette de J2, ndlr), ce n’était pas très confortable. Ce n’est pas comme traverser l’Atlantique Nord d’est en ouest, mais pas loin : tu te retrouves en opposition face aux phénomènes », a commenté François Gabart vendredi matin lors d’une vacation, avant d’ajouter : « Je me souviens que sur le dernier Vendée Globe, c’est là que j’avais réussi à faire la différence avec Armel, mais j’en avais bavé. Là, c’est pareil, j’ai creusé sur le temps virtuel de Thomas, mais c’est dur ».

Le chiffre : 25

Après une grosse vingtaine de jours passés dans les hautes latitudes Sud, donc dans le froid, François Gabart a retrouvé des températures plus clémentes au fur et à mesure de sa progression au large des côtes sud-américaines. Le thermomètre ce vendredi matin ? « 25 degrés, la température est remontée de façon assez rapide. Il fait tout gris, je suis en train de sortir d’une dépression orageuse. Dans l’ouest, je vois encore les taches très sombres des nuages qui m’ont secoué cette nuit, mais si je regarde devant, c’est un peu plus clair, ce qui me réjouit. Je devrais récupérer un régime d’alizé plus classique dans la journée, avec le ciel qui devrait se dégager ».

La phrase : « C’est une chance énorme d’être là dans ce timing »

Après 34 jours de mer, le tableau de marche du trimaran MACIF est toujours aussi impressionnant. L’avance qui se creuse sur celui de Thomas Coville un an plus tôt, est à présent de plus de trois jours ce vendredi. Et même si la fatigue est désormais latente pour François Gabart, le seul fait de regarder sa trajectoire lui permet de garder sa motivation intacte, voire de la décupler. « La météo n’a pas été simple à deux ou trois reprises dans l’Atlantique Sud, mais en moyenne, elle m’a permis d’être assez rapidement où je suis. Si je regarde la carte et le chrono, c’est vraiment extraordinaire, c’est une chance énorme d’être là dans ce timing. Ça fait du bien de penser ça. Quand tu vois que tu te rapproches de l’arrivée dans un temps très très correct, ça motive, on n’a jamais été aussi proche de l’arrivée ! », se réjouit le skipper du trimaran MACIF.

Le programme : l’équateur, dimanche

A l’approche du terme de sa cinquième semaine en mer, François Gabart a sans doute fait le plus dur en ce qui concerne l’Atlantique Sud, puisqu’il devrait toucher dans la journée de vendredi un régime d’alizé certes instable, mais qui va lui permettre de moins tourner les manivelles à bord et d’aller tout droit. « J’ai l’impression que je suis en train de sortir de la zone compliquée, si ça se confirme, je devrais faire un long tribord jusqu’à l’équateur », a-t-il expliqué dans la matinée. La suite ? « J’ose espérer que ça va bien se passer pour le Pot-au-noir. Normalement à cette période de l’année et en l’attaquant dans ce sens, on peut se décaler un peu plus dans l’ouest. Ensuite, sur la remontée de l’Atlantique Nord, pour le moment, on voit que l’anticyclone est bien installé sur les Açores, ça veut dire qu’il y a un alizé assez costaud. C’est plutôt rassurant, mais il a l’air fort : il va y avoir de la mer, ça va être un peu rock’n roll. Pour la fin, c’est assez incertain : j’ai regardé ce matin, une fois ça passait super bien, une fois pas du tout, du coup j’ai refermé ! J’espère que la réussite que nous avons a eue en moyenne sur l’ensemble de ce tour du monde va continuer ».

Etat de santé : fatigué mais stable

A ce stade du tour du monde, l’usure se fait forcément sentir pour le bateau et le skipper. Mercredi, après le passage du gros coup de vent, François Gabart a pu faire le tour de son trimaran et en est ressorti rassuré : « Il n’y avait rien de plus par rapport à ce que j’avais noté au Cap Horn, j’ai vraiment été soulagé, parce que ça avait vraiment tapé. C’était dur parce que je me disais que j’allais avoir des dégâts, mais en même temps, je ne pouvais rien faire d’autre que d’avancer ; si je m’arrêtais, je risquais de prendre du vent encore plus fort car il arrivait par le sud ». Pas plus de casse donc et une dorsale anticyclonique bienvenue mercredi, pour effectuer les réparations prévues : « Je suis à peu près à jour au niveau matériel. J’ai réussi à faire une petite protection sur la galette de J2, mais ça reste un maillon faible. Après, il faut surveiller les usures, on sent bien que les pièces à droite à gauche commencent à fatiguer, il va falloir que je sois vigilant ». Même chose en ce qui concerne le bonhomme qui, après 34 jours de mer, ne cache pas une fatigue qui ne le quitte plus. « C’est comme pour le bateau, il n’y a rien de grave, mais tu sens bien que tu es à la limite. Pour chaque manœuvre, je sens bien que je n’ai pas la même pêche, je mets vachement de temps pour récupérer. Par exemple, après une manœuvre, quand tu ranges les bouts dans le cockpit, rien que le fait de monter les bras à l’horizontale me fatigue. Ce genre de mouvement anodin devient compliqué. Mais bon, il n’y a pas de gros bobo, c’est le plus important ». Capital, même pour un marin qui approche certes du but, mais est bien conscient que « les moments de répit jusqu’à Ouessant vont être rares »…

Les infos clés du record autour du monde

  • Date de départ : Samedi 04 novembre à 10 h 05 minutes (heure française)
  • Nombre de milles parcourus depuis départ : 22 433 milles (soit 36 102 kms)
  • Nombre de milles restant à parcourir : 4 244 milles (soit 6 830 kms)
  • Temps de passage Ouessant / Equateur : 05 j 20 h 45 min
  • Temps de passage Ouessant / Bonne Espérance : 11 j 20 h 10 min
  • Temps de passage Ouessant / Cap des Aiguilles : 11 j 22h 20 min
  • Temps de passage Ouessant / Cap Leeuwin : 19 j 14 h 10 min
  • Temps de passage Ouessant / Cap Horn : 29 j 03 h 15 min

Source

WindReport'

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