BP VIII, un voilier innovant typé pour le Vendée Globe

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© Yvan Zedda

Qu’est ce qui ralentit un bateau à voile ? Les frottements avec l’eau. Cette évidence nous échappe souvent car nous considérons, avec raison, que la nature d’un bateau consiste à s’accommoder comme il le peut de l’élément liquide. Mais pour les navigateurs de course au large, cette équation ne saurait suffire. Ils sont donc nombreux à s’interroger, depuis plusieurs décennies, et à réfléchir aux moyens de soulager la coque de leur navire pour, au pire, surfer au ras des flots, et au mieux, échapper totalement à l’emprise des caprices de la mer pour voler au-dessus de l’eau. Le monocoque Imoca Banque Populaire VIII intègre cette nouvelle technologie dans une conception très homogène d’un voilier capable d’aller vite à toutes les allures. Appendices, mât, forme de carène, plan de pont, voile de quille participent à une même réflexion : alléger le bateau, quel que soit l’état de la mer ou la force du vent.

UN BATEAU PLANANT

Si les « moustaches de Dali » de Banque Populaire VIII interpellent l’oeil du néophyte, elles ne doivent cependant pas masquer les évolutions appliquées à la carène du bateau. Tout le Team Banque Populaire s’est exercé, avec l’aide des architectes, à optimiser et concrétiser les expériences d’Armel autour du monde dans le dessin de la coque, comme dans la conception du mât ou des appendices. La nouvelle carène née de ces partages de connaissances respire la puissance, avec plus de largeur pour accentuer l’effet planant, et une étrave plus volumineuse pour un meilleur passage dans la mer. Banque Populaire VIII est un bateau de solitaire et à cet égard, le maître mot est l’équilibre, même lorsque le bateau gîte. Le plan de pont, l’emplacement des winchs, la fluidité de manœuvres, l’accessibilité et la bonne circulation à bord reflètent la volonté de faire du voilier le prolongement du marin.

AMÉLIORER LES CONDITIONS DE VIE DU MARIN

Tourner en solitaire autour de la planète en parcourant à grande vitesse les mers les plus inhospitalières ne relève plus en 2016 de l‘aventure romantique ; froid, humidité permanente, violence des embruns, dureté des manœuvres peuvent à bord d’un voilier Imoca dernière génération rapidement entamer la résistance du marin le plus endurci. Armel Le Cléac’h connaît avec précision comment gommer au moins en partie l’extraordinaire inconfort de la navigation en solitaire. L’ergonomie, tant du cockpit que de l’espace de vie, a ainsi fait l’objet de recherches et d’études spécifiques pour doter Banque Populaire VIII d’un cockpit mieux protégé, pour aboutir à un bateau le plus sec possible. Lors d’un tour du monde, il importe de pouvoir manœuvrer de manière protégée par une casquette coulissante, avec un poste de barre ergonomique et une bonne vision du plan d’eau. Pouvoir barrer longtemps peut faire la différence malgré les performances des pilotes automatiques. Le confort intérieur a été sacrifié afin de gagner en légèreté dans l’espace de vie et pour favoriser le matossage du matériel de manière simple. Epargner l’homme dans la durée en facilitant au mieux les manœuvres les plus lourdes, est l’une des clés du succès dans un Vendée Globe.

VOLER AU-DESSUS DE L’EAU ?

Grâce à l’imagination sans limite des architectes navals et aux expériences affûtées des marins, les progrès de la technologie – avec l’introduction de matériaux de plus en plus éprouvés pour leur légèreté et leur résistance – permettent aujourd’hui aux voiliers légers à une, deux ou trois coques d’être proches de ce petit miracle. Le secret ? Des plans porteurs en carbone (appelés foils), qui, combinés à l’action de dérives et safrans, (tout l’arsenal des appendices qui plongent dans l’eau pour donner au navire direction et stabilité) œuvrent à soulager les coques à proprement parler et à faire décoller le bateau.

 » Les marins du Vendée Globe, à l’esprit en permanente ébullition entre deux éditions, réfléchissent depuis plusieurs années à adapter ce concept si séduisant à leurs monocoques Imoca. « 

DES FOILS POUR « SORTIR » LA COQUE DE L’EAU

Cette technologie a naturellement inspiré et émoustillé les cerveaux toujours en quête d’innovation des architectes et des coureurs au large. Les marins du Vendée Globe, à l’esprit en permanente ébullition entre deux éditions, réfléchissent depuis plusieurs années à adapter ce concept si séduisant à leurs monocoques Imoca. Le Team Banque Populaire a décidé d’adapter cette technologie à son nouveau monocoque en 2014, aux prémices de sa construction. Il ne s’agit en aucune façon d’espérer « voler » autour de la planète, mais de doter la carène, de plans porteurs capables, à certaines allures (au portant ou travers au vent), de sustenter la coque et de l’empêcher, sous l’effet de la puissance de ses voiles, de s’enfoncer dans l’eau et donc de freiner.

UN VOILIER À MOUSTACHES

Le Monocoque Imoca Banque Populaire VIII répond à ces freins à la performance. Les architectes des cabinets Verdier – VPLP ont dessiné deux foils latéraux, sortes de grandes moustaches en carbone qui dépassent sur bâbord et tribord, en collaboration avec le Team Banque Populaire qui les a testés et validés sur un Mini 6.50. Enfoncés du côté opposé d’où vient le vent par simple effet mécanique, ils soulagent la coque, l’aident, avec la puissance et le dessin de sa carène, à effleurer l’élément liquide. Armel Le Cléac’h a expérimenté ces effets sustentateurs lors de la Transat Jacques Vabre 2015. Deuxième à l’arrivée à Itajai, il a pu constater, entre Le Havre et le Brésil, le gain de vitesse conséquent aux allures adéquates. Armel disposera en novembre 2016, d’un bateau efficace, doté d’une arme fatale, avec ces plans porteurs capables, sur une partie conséquente du parcours, de lui donner un gain de vitesse substantiel.

« Ce qui va changer fondamentalement grâce à ces appendices, ces fameux foils, c’est que l’on va gagner en vitesse. »
Armel Le Cléac’h, skipper

CE QUE DIT ARMEL SUR CES INNOVATIONS

« Ce qui va changer fondamentalement grâce à ces appendices, ces fameux foils, c’est que l’on va gagner en vitesse. Pas sur tout le parcours d’un tour du monde, certes, mais sur de nombreux tronçons, et cela doit faire la différence. Avant, pour gagner en puissance, il fallait alourdir le bateau au niveau du bulbe de quille avec du plomb ou utiliser des ballasts remplis d’eau, par exemple. Pour la première fois, on peut gagner de la puissance et de la légèreté en même temps. Les foils ne font pas décoller le bateau mais ils soulèvent l’avant de l’étrave parfois jusqu’à la quille et autorisent des accélérations plus importantes. En revanche, il y a un accroissement des tensions sur le mât. Il faut donc trouver l’équilibre entre la puissance et la solidité du bateau. Pour ça on travaille en mer, au bureau d’études et avec le chantier naval. »

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