Un bateau, un homme, un océan

© Christophe Launay

A un mois de sa première Route du Rhum, François Gabart revient sur la relation qui le lie au monocoque MACIF de 60 pieds, avec lequel il livrera sur l’Atlantique son dernier combat en IMOCA. Ingénieur-concepteur, navigateur-compétiteur, ambassadeur-entrepreneur : le vainqueur du Vendée Globe 2012-2013 conjugue avec brio les trois casquettes pour vivre pleinement le fascinant triptyque « Un bateau, un homme, un océan ».

Marin, c’est bien plus qu’un navigant

Nourri d’autant d’embruns que de génie mécanique, François aime à le répéter, « le métier de marin est un métier d’ingénieur ». Quand fin 2010, la Macif s’investit dans son projet IMOCA, le navigateur de
28 ans peut mettre à profit toutes ses compétences. « Marin sur l’eau, c’est gérer un bateau, analyser la météo, optimiser une trajectoire. A terre, c’est gérer un projet, une équipe, un calendrier et échanger avec des architectes. C’est très technique. Le métier de marin va bien au-delà de la navigation. » Pour le 60 pieds MACIF, François n’est pas parti d’une feuille blanche mais du sistership du bateau qui appartenait alors à Michel Desjoyeaux et conçu par son équipe. « J’étais tout jeune, je ne connaissais rien en matière de construction. Mais il y avait un tel savoir-faire et de telles compétences autour du chantier, ça rassurait. Ce bateau, nous l’avons fait évoluer en permanence depuis sa mise à l’eau
(16 août 2011). On a fait du beau travail.»

La confiance, une histoire de temps

« La combinaison bateau-bonhomme, elle se crée et se renforce dans le temps, comme dans un jeune couple ! » La confiance de François en sa monture de 18,28 m s’est construite sur sa première course en solitaire, la transat B to B, de Saint-Barthélemy à Lorient, à l’automne 2011. Elle suivait de trois semaines la transat Jacques Vabre, première course compliquée du bateau, MACIF révélant des soucis structurels. « Nous avions pu réparer mais le délai était court et j’ai remporté la B to B ! Alors quand je suis revenu de la course, je me suis dit : oui, je suis capable de traverser l’Atlantique en solitaire. Oui, le bateau MACIF est également fiable. Nous étions prêts à faire un tour du monde.»
Sables d’Olonne, novembre 2012. Au départ d’un premier rêve d’enfant..« Quelques jours après le départ, je connais un problème moteur grave qui peut être cause d’abandon. Mais tu prends les outils et tu relances la machine… C’est au fur à mesure que tu résous les problèmes que tu sais que tu peux aller au bout, 78 jours durant ! MACIF est un bateau très sécurisant. Le plan de pont, l’ergonomie autour du cockpit ont été conçus pour ça : sur le Vendée, je me disais souvent que sans cela, ce tour du monde aurait été beaucoup plus dangereux et moins drôle… »

Une optimisation permanente

MACIF, numéro 301, a changé quelques atours pour la Route du Rhum. Mât repensé, nouvelle quille et safrans neufs, allégés. Depuis son triomphe sur le Vendée Globe, où la fiabilité primait sur toute autre considération, François et son équipe technique ont résolument mis le curseur sur la performance dans l’optique de la mythique transatlantique. « Le mât, plus léger, a été optimisé à partir des enseignements tirés de notre démâtage sur la transat Jacques Vabre 2013. Nous progressons par tâtonnements et nous avons réalisé des avancées qui nous permettent d’être meilleurs au départ de la Route du Rhum que nous l’étions au départ du Vendée Globe. Je suis fier du travail effectué depuis quatre ans. »

Transfert affectif

A quelques encablures de livrer ses dernières joutes sur MACIF, il goûte chaque moment avec plaisir, sans nostalgie : « Je suis passionné par les bateaux, l’objet en lui-même me fait rêver. Et ce bateau, je l’aime plus que jamais. J’ai vécu de belles choses avec lui, on s’attache. Maintenant, la vie d’un bateau et d’un marin, c’est aussi d’évoluer dans le lien qui se crée. Un transfert affectif s’opère quand tu pars sur une autre histoire. C’est ma chance».
Cette relation particulière lui remémore une vieille histoire. Celle d’un enfant de dix ans, découvrant l’univers d’un chantier pour son premier Optimist. « Plutôt que d’acheter un bateau d’une série installée, mon père était allé voir un chantier près de Rochefort qui n’avait jamais construit d’Optimist. Il n’y avait rien, il fallait imaginer le bateau… le chantier a duré trois mois. Il s’est passé quelque chose à ce moment-là. J’en suis très fier car mon père m’avait montré qu’on pouvait faire différemment.»

Gagner, un savant équilibre

Qu’est-ce qui satisfait le professionnel quand il triomphe d’une course ? Entre la recherche des avancées technologiques et la volonté de repousser ses limites sportives, François ne tranche pas. Ce qui le motive, « c’est, fondamentalement, l’ensemble. J’aurais beaucoup de frustration si j’avais l’un sans l’autre. Et gagner pour moi, ce n’est pas forcément être excellent dans un domaine, c’est ne pas être mauvais dans l’un des domaines. Cela ne sert à rien de construire un bateau génial si, derrière, tu ne sais pas l’utiliser ; cela ne sert à rien non plus d’être un maestro de la navigation si tu navigues sur une poubelle ! Pour gagner, il faut que tous les domaines s’équilibrent. »

Agenda

  • Octobre
    Du 7-9 : Stage IMOCA avec le Pôle Finistère Course au Large
    Dès le 24 : présence obligatoire à St-Malo
    Vendredi 31 à 15h (lieu à confirmer) : 48h avant le départ de la Route du Rhum, la Macif vous invite à assister à un point presse en présence de son skipper François Gabart
  • Novembre
    Le 2 à 14h02 : départ de la Route du Rhum

Source

WindReport'

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 2 octobre 2014

Matossé sous: Course au Large, IMOCA, Route du Rhum

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