VO65
Posts

  • Vestas en chasse

    Trois jours de souffrance. Mais toute la flotte est parvenue à s’échapper du Pot Au Noir et évolue maintenant aussi vite que possible vers l’île de Fernando de Noronha, au large du Brésil. Abu Dhabi Ocean Racing continue

    24 octobre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2472

  • MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    Aujourd’hui, nous étions un peu occupés avec Team Alvimedica. Ils n’étaient que quatre milles devant nous. A midi, nous les avons rattrapés et dans la soirée, nous avons réussi à les dépasser. C’est très motivant de naviguer aussi près d’un autre bateau. Cela t’oblige à mieux naviguer quelques soient les conditions. C’est une course que tu gagnes en travaillant plus dur jour après jour. Si tu fais le nécessaire pour naviguer juste 0.5 nœuds plus vite que les autres… Au bout de 24 heures, tu as gagné 12 milles.
    Et au final, sur une journée, c’est beaucoup.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    n.c.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Après trois jours, quatre paquets de chewing gum à la caféine, cinq heures d’errements et une sympathique baleine pilote, Abu Dhabi Ocean Racing est enfin sorti du Pot au Noir ! Alors que le soleil se levait et que le vent commençait à se renforcer, on pouvait apercevoir loin derrière nous une demi-douzaine de chasseurs englués dans des vents très légers.
    Pour Ian et Sifi, ce moment récompense notre décision prise il y a une semaine. Une réflexion stratégique et tactique qui nous a fait choisir une route ouest à l’opposé d’une grande partie de la flotte qui avait choisi l’est.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    n.c.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    J’en ai marre de prendre des photos de nuages. Je suis sûr que tous, nous préfèrerions gagner dans le sud plutôt que de passer une nouvelle journée aux prises avec ce système de haute pression, à naviguer très lentement.
    En ce moment, l’équateur nous semble encore à des semaines de navigation. On s’est maintenant résolu au fait qu’Abu Dhabi et Brunel, à l’ouest et Team Vestas Wind, à l’est, se sont échappés du Pot au Noir et naviguent dans le vent de sud est. On ne peut rien faire contre ça. Par contre, on essaye de tout faire pour être les leaders du groupe des poursuivants.
    Il reste encore beaucoup de chemin pour cette étape et pour la course en général. La façon dont nous gérons cette situation très frustrante est importante pour notre cohésion d’équipe.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    Bienvenu au sauna.
    Il est 01:00UTC, et je viens de relever 31.7 degrés Celsius à la table à carte. Alors sur les coups de midi, je vous laisse imaginer. Suffoquant… Et il n’y a pas beaucoup d’échappatoire. Alors enchainer les manœuvres, qui se concluent en général par de toniques sessions de matossage, sur le pont, comme à l’intérieur, et vous comprendrez qu’on frise la surchauffe. Pas vraiment de quoi calmer les esprits. D’autant que si on a été gâté en nuages et sessions de molle, on n’a pas vraiment eu le droit au traditionnel gros grain. Celui sous lequel tu prends ta première vraie douche depuis le départ. Pourtant ce n’aurait pas été du luxe.
    Bref, on a passé de meilleurs moments. On va s’en remettre, mais si on peut éviter, ce serait bien qu’on ne traine pas trop longtemps dans le quartier.
    Bonne journée.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    S’il y a une chose qui est systématiquement la même dans le Pot au Noir, c’est justement que cette zone n’est jamais la même ! Tu ne peux rien prévoir. Ce matin, à bord, c’était si calme que l’on aurait pu entendre une mouche voler.
    Peu de temps après le lever du soleil, nous nous sommes retrouvées sous des pluies torrentielles et dans 20 nœuds de vent. En fin d’après-midi, on faisait quasiment marche arrière… Et on ne sait à quelle sauce nous serons mangées ce soir.
    Les positions du matin nous ont renforcés dans l’idée que, dans le Pot au Noir, tout peut arriver.
    Hier soir, avant le coucher du soleil, nous avons finalement rattrapé Alvimedica. Nous n’étions qu’à huit milles d’eux. Malgré ce faible écart, nous naviguions dans des conditions totalement différentes. Ils ont réussi à s’échapper et aux positions du matin, ils avaient 20 milles d’avance ! Il y a des moments où notre frustration est intense. On passe nos journées à scruter les nuages à l’horizon en espérant pouvoir bénéficier d’un peu de pression. On attend que le vent veuille bien nous aider à nous extraire de cette zone étrange et dramatique.

    • Les nouvelles du bord •

  • Le Pot au Noir : gain et perte

    La flotte de la Volvo Ocean Race est entrée dans le Pot au Noir le 21 octobre dernier. Grâce à leur positionnement ouest, Abu Dhabi Ocean Racing et Team Brunel sont sortis gagnants de la Zone Intertropicale de Convergence

    22 octobre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 4366

  • MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    Nous sommes à la même place depuis 24 heures. Xabi a dit : « c’est exaspérant et la seule chose à laquelle on peut s’attendre c’est que les autres teams soient dans une pire situation que nous ». J’en doute. Coincé, sans vent avec une telle chaleur. Je n’ai jamais connu cela avant. 8 degrés nord, c’est notre latitude. Je suis sûr que je n’oublierai jamais cela durant toute ma vie.
    Certains gars font la lessive, bricolent, nettoient… Neti a été le plus chanceux, il a sauté dans l’eau il y a une minute.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    n.c.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    A bord, les membres de l’équipage ont profité pleinement de la valse constante, pour se reposer et être prêts pour la régate qui, c’est certain, va commencer.
    Le système de surveillance a tourné efficacement et il semblerait que pour la première fois, il y ait toujours 4 personnes qui dorment profondément en dessous ou en dessus de la pile de voiles. Le chuchotement est devenu la nouvelle règle à bord. Pendant chaque manœuvre, nous essayons de garder au moins deux ou trois équipiers à l’intérieur pour maximiser le repos.
    Au moment où j’écris, le vent a commencé à s’établir. 8 nœuds de vitesse du bateau. Cela pourrait être la stabilisation selon Ian… Ou alors nous pourrions faire deux pas en arrière.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    La seule que nous ayons tous à l’esprit maintenant, c’est de sortir de là.
    Le Pot au Noir, Wouter s’attend à ce que les prochaines 24 heures soient claires, nous espérons tous que cela arrive le plus tôt possible. La chaleur devient insupportable aussi. Les gouttes de sueur de mon visage, s’échouent verticalement comme le delta de l’Amazon, passent sur mon estomac, puis finalement elles saluent le rebord de mon short qui les récolte. Il sera essoré et séché tous les jours. Je ne suis pas certain de la température actuelle, mais je sais qu’il fait assez chaud pour faire fondre tout notre chocolat.
    C’est rageant, d’autant quand on sait que les autres équipages ont pris 20 milles de plus sur nous toutes les 6 heures. Nous avons été bien occupés avec l’entretoise de notre outrigger qui a cassé net sur l’extérieur et en bout, là où il y a le plus de poids. C’est plutôt agaçant quand ça arrive. 12 nœuds de vent et zéro en tête de mât à 115 degrés du vent réel. Rob Salthouse a passé 4 à 5 heures à réparer et renforcer le reste. Quelques heures plus tard, la résine avait pris et une nouvelle entretoise était née.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Le résumé est assez simple : nous sommes coincés dans le Pot au Noir. Coincés et coincés pour de vrai.
    La vérité c’est que la situation aurait pu être pire. Nous pensons que nous avons fait tout ce qui était possible – nous avons pourtant joué avec les cartes, avec un succès relatif. Mais vous savez, avant de venir ici, dans le Pot au Noir, que vous êtes en quelque sorte à sa merci et malheureusement, ce n’est pas que « en quelque sorte ».
    Retour au radar pour chercher le chemin de sortie !

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    Le coup de vent danois. Ce n’est pas plus amusant que d’être coincé, mais c’est toujours plus énervant quand tu régates. Et quand tu regardes les positions, tu vois les bateaux qui en théorie ont la pire place, s’en sortir – ça, c’est énervant.
    Bienvenue dans le sauna. Ce n’est pas toujours facile de trouver le sommeil dans ces conditions. Et devinez pourquoi, la température n’aide pas à l’intérieur du bateau. Imaginez un espace restreint avec un tout petit filet d’air où se trouvent 5 personnes, des ordinateurs, des machines, une cuisine… J’ai noté 31 degrés il y a une demi-heure, en plein milieu de la nuit.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    Vous savez, quand vous essayez de faire coller deux aimants positifs et que quel que soit la manière dont vous les rapprochez, ils ne se touchent jamais ? Et bien le Pot au Noir c’est un peu comme ça. Le Pot au Noir est le résultat de la rencontre entre un vent de nord et un vent de sud. C’est la zone de cette rencontre – environ 3 à 5 degrés de large – où le courant et le vent augmentent.
    Avec tout qui augmente, les orages se forment et apparaissent la lumière et le vent à la surface de l’eau.
    La chose la plus importante à faire est de regarder les nuages et le radar – pour s’assurer que non seulement nous pouvons contourner ces orages mais que nous sommes aussi sur la bonne route.

    • Les nouvelles du bord •

  • Accélération à l’ouest

    Alors peut-être que l’ouest était finalement meilleur… Ca l’était en tout cas pour Abu Dhabi Ocean Racing et Team Brunel qui bataillent en tête de la flotte alors qu’ils ont franchi le Pot au Noir par l’ouest.

    22 octobre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2764

  • MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    n.c.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    n.c.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Même si je tente le diable en écrivant cela, le mot du jour jusqu’ici serait le Pot au Noir. Qu’est ce que le Pot au Noir ? Certes, le Pot au Noir est basé sur des modèles météo, nous aurions déjà vu 5 à 10 nœuds de brise mollissant. Jusqu’ici nous avons 15 nœuds de vent et nous faisons une super route, tout droit vers le sud !

    Un autre magnifique coucher de soleil a été interrompu par de grands nuages de pluie, signe que nous atteignons le Pot au Noir. S’il vous plait, laissez la pluie tomber ! Nous pourrions tous profiter d’une douche !

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    Wouter pense qu’il a trouvé un chemin au travers duquel nous pourrions nous faufiler. Je pense que les autres équipages ont aussi trouvé ce chemin. Pourrions nous tous avoir raison ? Les vainqueurs pourraient-ils apparaitre dans la séparation de la flotte ? Nous espérons que cela nous fera sortir de l’autre côté du plan d’eau.

    Si nous faisons plus d’est qu’autre chose, nous devrions avoir un meilleur angle pour progresser vers les côtes brésiliennes pour la prochaine marque à passer.

    Nous avons encore un peu de temps devant nous pour appréhender ce qu’il se passera.
    Pour le moment, nous attendons patiemment pour les prochaines 15 heures. Nous prions aussi pour que le chemin au travers duquel nous souhaitons nous faufiler soit toujours ouvert lorsque nous arriverons…

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Nous sommes en quelque sorte en train de dériver et personne ne peut être certain de la route à suivre en ce moment. A tel point que la vitesse du vent est à peine enregistrée. Nous avons entre 1 et 2 nœuds de vent. La grand-voile claque d’un côté, puis de l’autre et les winches sont constamment en train de tourner, comme les gars sur le pont qui préparent le bateau pour la moindre bouffée d’air susceptible de rester.

    Parce que c’est complètement noir, c’est impossible de voir les nuages, hormis si l’on regarde le radar de pluie – un indicateur de garantie pour les nuages et le vent. Il y a peu de chose à faire mais il faut rester prudent et garder les options ouvertes. Le vent peut arriver de la gauche, de la droite, de face et de dos. Nous devons être prêts pour toutes ces possibilités. Son arrivée n’est jamais temporisée !

    Ça peut devenir chaud à bord. Et très compliqué. Donc oui, je vous le confirme, nous sommes dans le Pot au Noir ! Souhaitez-nous bonne chance.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    L’aube d’une journée compliquée. Avouons-le : nous ne passons pas un super moment à bord de Dongfeng. Nous avons perdu du terrain la nuit dernière et notre position de leader. La journée prend un goût amer après cela. Nous naviguons droit devant, avec le spi en tête dans un léger vent. Pas très intéressant… Au moins, nous en profitons pour dormir, manger… Recharger les batteries en attendant la prochaine étape.

    Et la prochaine étape est la Zone Intertropicale de Convergence, aussi connue sous le nom de Pot au Noir. Nous avons commencé à ressentir ses effets ce soir.

    Quelqu’un a éteint le ventilateur. A 22h30 UTC, le vent que nous avions depuis le Cap Vert s’est stoppé. Tout d’un coup.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    Deux jours, 8 minutes, 34 minutes et 10 secondes, 9 secondes, 8 secondes, 7 secondes, 6, 5… Au cours des derniers jours, l’horloge devient de plus en plus bruyante à bord, comme un compte à rebours depuis le 23 octobre à midi – l’heure à laquelle nous avons franchi l’Equateur et l’heure où les six équipiers et moi-même avons rejoint l’équipage dans la cour du Roi Neptune.

    « Hey, tu veux te cacher ? » demande Stacey à Libby
    « Bien sur, mais je dois aussi leur dire que nous sommes en train de passer l’Equateur » répond Libby, la navigatrice.

    • Les nouvelles du bord •

  • MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    n.c.

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    n.c.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Le vert vif des collines abruptes des îles du Cap Vert a réuni tout le monde sur le pont pour admirer ce magnifique paysage et alléger l’ambiance à bord. « C’est impressionnant de voir cela pour de vrai », précise Parko.
    « C’était cool de naviguer si proche de cette grande montagne. Nous étions probablement à seulement un mille nautique lorsque l’on a empanné. Je n’aurai jamais pu voir ce paysage si je n’avais pas participé à la course ».
    Un sentiment de soulagement apparaît, notre pari du nord est en train de payer ses dividendes et nous progressons avec Dongfeng, même si nous ne faisons pas de gain sur lui.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    Les baleines sont grosses et ce sont magnifiques mammifères, même si nous préférons garder nos distances avec elles. Tom et Peter étaient plutôt heureux en voyant leurs premières baleines du voyage mais l’une d’elles les a un peu effrayés. Nous avons vu quatre baleines les unes à la suite des autres. Une cinquième s’est approchée à quatre mètres sous le vent du bateau. Cela a certainement effrayé Tom. Tout s’est bien terminé et nous allons de l’avant vers l’Equateur.
    Je pense que si j’avais été Tom, je me préoccuperai davantage de ce qu’il se passera à ma belle chevelure de garçon que de m’inquiéter des baleines. Neptune attend et, est Rob Salthouse avec sa paire de ciseaux.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Aujourd’hui, Mark Towill a eu 26 ans. Nous avions quelques cadeaux cachés pour Mark, courtoisie de la femme de Charlie. Inutile de préciser que c’est un anniversaire qu’il n’oubliera pas. Dans la pénombre, nous avons navigué sous une chaîne de nuages, nuages qui venaient probablement de Santo Antao, l’île la plus à l’ouest du Cap Vert (et aussi, le point le plus à l’ouest de l’Afrique), et pendant quelques heures, nous avons dû prendre 30 degrés sur notre cap prévu.
    C’est difficile d’expliquer la complexité du temps dans cette partie du monde. Aucun modèle d’ordinateur, aucune prévision météorologique ne peuvent précisément prévoir les vents, et les éléments comme les petites îles et les nuages compliquent les choses.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    n.c.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    La première fois que j’ai navigué vers les îles du Cap Vert, c’était en 2010 quand je suis allée livrer un catamaran, de Gibraltar à Antigua. Nous nous étions arrêtés au milieu de ces îles tropicales pour faire du fuel et nous avons navigué autour sous le soleil couchant à douce allure. Je pense que j’avais même tenté de faire un peu de yoga dans le salon luxurieux du catamaran.
    Et oui, les choses étaient différentes à l’époque. Cette fois, il n’y a pas de yoga – à moins que vous comptiez mon numéro d’équilibriste lorsque j’ai tenté de réaliser une interview video de Sam (la pose d’étoile de mer sur une jambe). Cette fois ci mon expérience est différente lorsque Team SCA a crié au nord du Cap Vert à 20-22 nœuds sous le vent – oui, nous naviguions à plein régime. Nous avons une mission : rattraper la flotte. Et nous nous rapprochons, mille par mille.

    • Les nouvelles du bord •

  • La tension monte d’un cran

    « Sur le pont, l’atmosphère est excellente. Les conditions de navigation sont exceptionnelles. La mer est plate. Il fait beau, la température est toujours agréable. On a des poissons volants. Il y a un peu d’eau sur le

    19 octobre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2200

  • Safran cassé sur Dongfeng

    À 0210 UTC, Thomas était à la barre quand on a tapé quelque chose. Un choc violent. On ne sait pas ce qu’on a touché. On a vérifié le safran au vent, commencé à regarder la quille, puis on a complètement dérapé.

    18 octobre 2014 • 2014-15, Course au Large, Volvo Ocean Race • Vues: 2237

  • MAPFREFrancisco Vignale, OBR

    Nous avons empanné deux fois durant la nuit et avons pris quelques milles à Abu Dhabi. On est en train d’entrer dans une zone où le vent est plus stable et ça s’annonce plus comme une très longue course In-port et que comme une véritable course au large. D’ailleurs, on a renommé la course : Volvo Inshore Race.
    On a reçu un appel sur la VHF hier après-midi. La personne nous demandait de changer de canal pour pouvoir parler. C’était en fait l’armée espagnole qui nous disait bonjour et nous souhaitait bonne chance pour la suite de la course. Ils nous ont dit qu’ils étaient dans le coin si jamais on avait besoin d’aide.

    20 minutes après cet échange, on a vu un zodiac arriver très vite à l’horizon. Comme nous naviguions non loin des côtes africaines, les gars sur le pont ont été un peu surpris. A 200 mètres du bateau, ils ont commencé à agiter un drapeau espagnol à bord du zodiac et se sont approchés très doucement de nous. On les a entendus nous crier tout leur soutien.

    C’était les gars de l’armée qui avaient mis à l’eau un zodiac pour venir nous voir et nous encourager. Ils nous ont demandé si le menton de Carlos allait mieux. A bord, nous lui avons tous dit de ne pas s’en faire maintenant qu’il était célèbre !

    Team BrunelStefan Coppers, OBR

    Tout à coup, un petit bateau apparait à l’horizon, armé. Des pirates ! C’est la première chose qui vient en tête à ce moment là. C’est la chose à laquelle nous avons tous été sensibilisés. Le long de la côte du Sénégal, la piraterie n’est pas une chose exceptionnelle.

    Le zodiac est arrivé à toute allure vers nous. Alors qu’ils étaient tout près, j’avais un peu la trouille de voir ces huit gars avec leur gilet de l’armée, prêts à attaquer. L’un d’entre eux a alors cherché quelque chose dans un coffre et a sorti un immense drapeau espagnol. C’était un zodiac de la marine espagnole. Le drapeau rouge-jaune-rouge dansait avec le vent. L’arme était en fait juste un appareil photo pour immortaliser cette rencontre avec les équipages de la Volvo Ocean Race.

    Les gars sur le pont étaient très excités, particulièrement l’espagnol Pablo Arrarte qui a salué ses compatriotes. Il souriait. « Est ce que vous croyez qu’ils nous ont apporté quelque chose de délicieux ? Du jambon par exemple ? » Andrew Cape a quitté son ordinateur pour rejoindre les autres dehors : « Dites leur que le bateau bleu, Vestas, transporte de la drogue ! ». Puis il s’est mis à rire. Le petit zodiac a ralenti et on leur a dit au revoir.

    Abu Dhabi Ocean RacingMatt Knighton, OBR

    Alors qu’Abu Dhabi Ocean Racing progresse le long de la côte africaine, le rythme s’installe à bord. Une routine qui n’est pas facile à s’installer dans cette compétition de monotypes. Pendant les dernières 48 heures, c’était des bonnes conditions de navigation en Atlantique Nord.

    Nous allons maintenant empanner très régulièrement à la rechercher d’un vent plus soutenu. On va regarder les moindres changements de position de la flotte. Tous ensembles, nous vivons les mêmes phases d’épuisement, de découragement et d’enthousiasme.

    Team Vestas WindBrian Carlin, OBR

    La journée commence à 4h du matin. Il ne faut pas se mentir, tu dois être éveillé, habillé, tes affaires rangées et prêt à pousser rapidement la maison que tu partages avec huit autres gars. Cela n’a rien à voir avec les journées passées sous la couette ou les journées où tu n’es pas bien et que tu demandes l’autorisation à ta mère de rester à la maison. C’est toujours : « Allez on y va ! ». Si tu penses autrement, cette course n’est pas pour toi. Il n’y a pas de confort, pas d’excuses, pas de possibilité de s’échapper.

    Pendant quatre heures, tu es sur le pont. Ton job peut varier selon la manière dont on mène le bateau : régler les voiles, faire un café, surveiller les adversaires et leurs voilures, faire la navigation et y croire ou pas ! Regarder tout simplement. Regarder absolument tout… La façon dont les vagues peuvent changer de direction, la forme des nuages qui évoluent, le lever du soleil, la lune qui filtre à travers les nuages et qui éclaire les bateaux… Observer, toujours observer.

    Team AlvimedicaAmory Ross, OBR

    Le championnat du monde des Volvo 65, on est en plein dedans. C’est incroyable. Vraiment, nous faisons de la régate au coude à coude depuis que nous avons quitté Alicante.
    Doucement, nous longeons la côte africaine, près du Sahara occidental et de la Mauritanie. Will et Charlie continuent de scruter le positionnement de la flotte. En d’autres termes, on mène le bateau très différemment comparé à la manière de naviguer quand on est seul.

    Dongfeng Race TeamYann Riou, OBR

    Horace aimerait envoyer un mail à sa famille. Mais il y a juste un problème : l’ordinateur du bord que nous utilisons pour les communications personnelles n’a pas de clavier chinois. Du coup, c’est depuis l’ordinateur media, via l’option vocale qu’il écrit ses mails. Ce n’est pas un problème pour Wolf qui écrit à sa petite amie en anglais.
    Et après ? Navigation au portant, plus de navigation au portant. Nous sommes totalement dans notre rythme maintenant et nous passons la plupart de notre quart de pause à dormir. Sur le pont, nous essayons de garder le petit écart que nous possédons en tête de la flotte et si possible de l’augmenter.

    Team SCACorinna Halloran, OBR

    Pour être honnête, on a connu des jours meilleurs. A 15h15 hier (HF), nous avons reçu les positions de l’après-midi. Et ce n’était pas une bonne nouvelle nous concernant. Quand tu vois un bateau s’échapper, ça fait parfois mal au cœur. Hier après-midi, malgré le temps ensoleillé, l’humeur à bord du bateau était à peu près aussi faible que le vent que nous avions.

    Libby et Sam étaient particulièrement désolées de voir la tête de flotte creuser l’écart. Mais nous sommes une équipe. Et nous travaillons toutes ensembles comme une équipe, donc quand une des filles a le moral dans les chaussettes, ca fait partie du job, d’essayer de lui redonner le sourire. C’est une étape de 6 700 milles, tout peut arriver dans les prochaines semaines. Il y aura des pertes et des gains.

    • Les nouvelles du bord •