Arkema – Région Aquitaine sécurisé

© DR / Arkema

Le Multi50 Arkema-Région Aquitaine qui a chaviré dimanche soir vers 22h30 (heure française) est à 200 milles du port de Lisbonne : Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet ont pris leurs dispositions pour mettre en place un remorquage vers le Portugal. Chez les monocoques Imoca, MACIF qui est reparti de Peniche dimanche vers 18h30, est de nouveau au contact des leaders… Et GDF SUEZ mène toujours la flotte des Class40 !

Les conditions météorologiques plus maniables au large du Portugal ont finalement été fatales au trimaran de Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet : Arkema-Région Aquitaine a chaviré vers 22h30 dimanche alors que les alizés portugais de secteur Nord soufflaient à une vingtaine de nœuds…Mais justement, ce sont les situations les plus délicates sur un multicoque : portant toute la toile pour glisser vers l’équateur (distant de 2 000 milles), le trimaran sous gennaker a dû se faire prendre par une combinaison rafale de vent + vague vicieuse, tout juste en début de nuit quand la visibilité était moindre (premier quartier dimanche).

Yann Eliès (FenêtréA Cardinal) qui était aux abords du trimaran confirmait que les deux co-skippers n’étaient pas blessés et qu’ils géraient leur incident en autonomie : ils n’ont pas demandé d’assistance alors que leur concurrent était à moins d’un mille lorsqu’ils ont chaviré. En relation avec leur assistance technique à terre, Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet tentaient de mettre en place un remorquage vers le Portugal, les conditions de mer ne devant pas se dégrader ces jours prochains au large de Lisbonne.

MACIF attaque

Obligés de s’arrêter à Peniche (au Nord de Lisbonne), François Gabart et Michel Desjoyeaux ont réussi à réparer grâce à leur équipe technique leur safran tribord : reparti du Portugal vers 18h30 dimanche avec une quarantaine de milles de retard sur le leader, MACIF a déjà repris une dizaine de milles dans la nuit grâce à sa route plus lofée. Et si Maître CoQ (Beyou-Pratt) est toujours en tête des monocoques Imoca, il doit surveiller son rétroviseur avec Safran (Guillemot-Bidégorry) qui a décroché vers le Sud pour retrouver plus de pression et PRB (Riou-Le Cam) en compagnie de Cheminées Poujoulat (Stamm-Legros) qui suivent son sillage…

Comme pour les Multi50 qui naviguent dans les mêmes eaux, la problématique est simple : le centre de l’anticyclone qui se positionne entre les Açores et le Portugal a tendance à se décaler vers le Nord-Est en s’étalant. Il faut donc le longer sur sa bordure méridionale tout en gagnant dans le Sud pour se rapprocher de la route directe. Cette journée d’armistice est donc très importante en terme de placement tactique puisqu’il faut s’attendre à ce qu’au large des Canaries, les grands monocoques et les multicoques aient calé leur trajectoire directe vers l’équateur, autour du 25° Ouest.

Une escale technique

Pour les Class40, la voie est libre dans le golfe de Gascogne : dans le sillage de GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) qui ouvre la voie avec quinze milles d’avance sur Mare (Riechers-Brasseur), les monocoques de 40 pieds suivent la même trace. A l’exception de Marie-Galante (Rivard-Clerton) qui se détourne vers Lorient suite à une avarie de bôme constatée dimanche et de Obportus3 (Roussey-Burger) qui se démarque par son option Ouest au large de Sein, probablement pour s’extirper franchement de la molle qui a sévi hier et pour anticiper sur la bascule à l’Ouest programmée pour ce lundi…

De fait, c’est pour l’instant une course de vitesse pure pour les Class40 puisque la brise d’Ouest devrait se maintenir jusqu’au cap Finisterre (distant de 180 milles) et jusqu’à ce soir mais en mollissant sensiblement à l’approche des côtes espagnoles. Une compression de la flotte est donc probable, du moins pour le groupe de tête des quinze premiers jusqu’à Solidaires en Peloton (Erussard-Vauchel Camus) qui concède quand même une soixantaine de milles au leader…

Ils ont dit

Yann Eliès (Multi 50 FenêtréA Cardinal)

Dimanche soir, on se tirait la bourre avec Arkema au portant dans 17 nœuds de vent : c’était plutôt tranquille mais ça rentrait par bouffée et il fallait être vigilant. J’étais à l’intérieur et Erwan à la barre : à un moment il n’a plus vu le feu de Lalou et Mayeul… Mayeul a appelé à la radio VHF pour dire qu’ils avaient chaviré, donc de faire attention, et effectivement on est passé à moins de 0,5 mille ! On a échangé sur le fait que Lalou allait bien parce que c’est lui qui était à la barre. Et ça allait bien à l’intérieur aussi pour Mayeul. Je lui ai demandé s’il voulait qu’on s’arrête, il a dit non. Puis j’ai prévenu Sylvie Viant (Directrice de Course) qu’Arkema avait chaviré. Je pense qu’il a dû y avoir un problème technique.
Il y a toujours de quoi se mettre sur le toit en multicoque, et c’est sûr que ça rentrait par bouffes mais de là à se retourner… Si tu es à la barre et la main sur l’écoute, normalement ça ne doit pas arriver. Nous on était sous grand-voile haute et grand gennaker, et ils étaient comme nous. On avait passé toute la journée à vue avec eux. On voyait leur feu la nuit, on était à l’attaque… On est très déçu et on a de la peine pour les gars qui ont chaviré. La bataille à trois s’annonçait superbe.
Maintenant, on a décidé de se placer un peu dans l’Ouest de la route en longeant l’anticyclone : à prendre avec des pincettes. On essaye de le contourner avec des empannages, des recalages. Dès qu’on en approche trop, on empanne. Là on a empanné une dernière fois il y a ½ heure et on fait route au Sud-Ouest, vers Madère, mais il ne faudra pas passer trop près des îles parce qu’il y a du dévent. Tous les recalages vers le Sud sont très importants. Le golfe de Gascogne nous en a fait baver mais depuis dimanche, on commence à prendre nos marques, à manger, à dormir normalement : ça devient plus agréable…
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Yves Le Blévec (Multi 50 Actual)

On navigue en bordure d’anticyclone avec un vent instable qui tourne avec des rafales assez fortes et soudaines sous les nuages. On est attentifs là-dessus parce que le bateau est compliqué à mener dans ces conditions. En début de nuit, il y avait un peu de lune donc on y voyait bien, mais là il fait nuit noire : il n’y a aucun repère d’évolution du bateau. On essaye de jouer avec les variations de vent. En ce moment, on a entre 20 et 25 nœuds de vent, mais dans la nuit il y a eu des rafales à 28-30 nœuds. On a pris un ris dans la grand-voile, avec le gennaker. Les deux premiers jours étaient un peu compliqués pour se nourrir, et rien n’était facile. La journée d’hier nous a fait énormément de bien parce que la mer s’est calmée : on a pu mettre à sécher, s’occuper de nous et du bateau.
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Pascal Bidégorry (Imoca Safran)

Tout va bien, on est en plein changement de quart ! Contrairement aux autres bateaux, on a empanné il y a deux heures et demi parce que le vent a pris un peu droite et qu’on avait un peu de molle : ça nous semblait raisonnable et on est parti pour faire un peu de bâbord. Le vent sera assez stable toute la journée et demain. Je ne serai pas surpris de voir nos camarades en bâbord dans les prochaines heures… Et le décalage dans l’Ouest est important : on le sait bien pour attaquer le grand bord vers l’équateur. A l’heure actuelle on a 22 nœuds, on est sous spi mais il faut faire gaffe : tu sens que la bosse de ris n’est pas loin ! On a décidé de faire des quarts un peu plus courts à la barre parce que les conditions sont instables.
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Manfred Ramspacher (Directeur Sportif de la Transat Jacques Vabre) :

L’équipage est sain et sauf. Une opération de sauvetage est en cours de préparation pour le bateau. La situation est maîtrisée.
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Source

Soazig Guého

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