La Finale pour Comptoir Immobilier, le championnat pour Alinghi

Ultime rencontre de la saison 2018, le Grand Prix Realstone présenté par le Musée du Léman n’a pas déçu les neufs concurrents présents. Accueillie par la Société Nautique Nyonnaise, l’épreuve s’est terminée dans de magnifiques conditions. Huit courses ont pu être disputées durant le week-end, dont six aujourd’hui, dans un vent forcissant jusqu’à 20 nœuds lors de la dernière régate.

Vendredi, aucune course n’a pu être disputée pour cause de vent trop soutenu. Le samedi, une première manche a pu être validée de justesse le matin dans une petite bise qui n’a pas tenu plus d’une heure. Un deuxième départ a été donné dans la lancée, mais la course a été annulée faute de vent. Les voiliers sont rentrés au port, avant de retourner sur l’eau en fin d’après-midi pour profiter d’un petit vent d’ouest. Là encore, une régate de petit temps a pu être validée, et la suivante a dû être annulée.

Dimanche, le comité a convié les équipages 1h30 plus tôt que d’habitude – pour un premier départ à 10h – afin de pouvoir régater avant que les airs soient trop frais, comme l’annonçait la météo. Le timing s’est avéré parfait, et malgré deux départs suivis de rappels généraux, six courses ont pu être disputées, dans du vent bien posé, entre 12 et 18 nœuds. Les voiliers ont même dû prendre un ris pour la dernière régate, alors que le vent rentrait de plus en plus fort.

Ylliam – Comptoir Immobilier, en véritable état de grâce, a réalisé une journée parfaite, en terminant toujours premier ou deuxième. Le safran brisé, qui l’a empêché de disputer la course 3 ne l’a même pas handicapé, et l’équipage a réussi l’exploit de retrouver son énergie après une réparation expresse, réalisée grâce à la promptitude et la compétence des préparateurs.

Une collision entre Zen Too et Okalys Youth Project est encore à déplorer, mais heureusement sans gravité. L’opération a couté deux points de pénalité à Zen Too qui finit septième de l’épreuve.

Ylliam – Comptoir Immobilier, qui a réalisé une superbe saison remporte son premier Grand Prix, une belle manière de terminer le championnat. Le voilier de Bertrand Demole avait encore la possibilité de s’imposer à l’aube de cette épreuve, mais il aurait dû mettre Alinghi en septième position. Car si le vainqueur 2018 a vécu une deuxième partie de saison difficile, il s’est largement ressaisi pour ce Grand Prix de clôture, et termine sur le podium. Swisscom, deuxième de l’épreuve a encore signé une superbe journée, avec trois victoires de course.

Alinghi remporte ainsi sa septième victoire sur le D35 Trophy (2007, 2008, 2009, 2013, 2014, 2017, 2018), ce qui représente un véritable exploit. Cette saison a été moins aisée que l’an dernier, où le voilier d’Ernesto Bertarelli avait remporté sept des huit épreuves. En 2018, il n’en gagne que quatre sur huit. Ce classement démontre le niveau remarquable de la série et la progression de tous les équipages.

Ylliam – Comptoir Immobilier, également deuxième en 2017, peut se féliciter de se rapprocher du vainqueur, qui ne le devance que de cinq points, contre quatorze l’en dernier.

Huit étapes, six Grand Prix, quarante-trois courses, et deux longues régates ont été disputés durant cette superbe saison 2018. En attendant de renaviguer en mai 2019, les équipages vont se retrouver en janvier pour le Realstone ski-voile, au Chandollin Boutique Hôtel.

Ils ont dit:

Bertrand Demole skipper d’Ylliam – Comptoir Immobilier –

Ça a encore été une très belle saison. Nous avons fait un beau résultat au Bol d’Or, et plusieurs bons Grand Prix. C’est la première fois que nous gagnons une épreuve en cinq ans de présence sur le circuit. C’est un beau cadeau pour notre tacticien Mathieu Richard, qui nous quitte pour devenir entraîneur à la Fédération Française. Ce qui est remarquable dans cette série, c’est que nous avons le couteau entre les dents sur l’eau, et que nous avons une relation amicale et décontractée dès que nous sommes à terre.

Nicolas Groux, régleur sur Swisscom:

Julien Monnier le skipper a fait un pari engagé en remodelant une partie de l’équipe. Mais ça a fonctionné, et nous sommes très contents de nos résultats sur les Grand Prix, puisque nous faisons plusieurs podiums sur la saison. Nous avons par contre quelques regrets sur les grandes courses, Genève-Rolle et le Bol d’Or, où nous lâchons pas mal de points, et ça aurait pu faire la différence aujourd’hui. Mais c’était une très belle saison, très satisfaisante.

Ernesto Bertarelli, skipper d’Alinghi:

Cette saison était difficile, le niveau est très élevé comme toujours. Nous avons très bien commencé, en remportant tous les Grand Prix, et le Bol d’Or était magnifique et très disputé. Nous ne pensions pas avoir autant de difficultés à la rentrée. Quand on est derrière, c’est vraiment différent. Nous avons dû faire un changement d’équipier suite à une blessure de Nils, et c’est compliqué de retrouver ses marques. Nous sommes contents de l’emporter, même si c’est un peu à l’arrache. Tous les bateaux peuvent s’illustrer, même ceux qui sont arrivés après nous dans la série.

Esteban Garcia, skipper de Realteam:

Cette saison a été fantastique, et même si on pensait que tout était joué au départ. Nous avons vu que ce n’était pas le cas, et que tout pouvait encore se jouer sur la dernière course. Ça fait quatorze ans que ce championnat existe, et de voir que le combat est toujours aussi intense sur l’eau, et remarquable. De notre côté, nous sommes contents, nous avons bien progressé. C’est magique de terminer dans d’aussi belles conditions. Nous serons bien sûr présents l’an prochain.

Jan Eckert, skipper de Racing Django:

Nous avons fait de beau progrès, et avons vraiment bien navigué. Mais les autres ont aussi progressé, c’est ça le problème. La flotte est très homogène, même dans le vent soutenu, nous en avons fait l’expérience aujourd’hui. Le résultat final n’est peut-être pas satisfaisant, mais nous avons le sentiment d’avoir très bien navigué. Tout le monde est très professionnel, et le niveau monte toujours d’année en année. J’ai énormément de plaisir à participer à ce championnat.

Christian Wahl skipper de Mobimo :

La grosse frustration, c’est cette dernière manche où nous n’arrivons pas à dérouler le génois. Mais pour le reste, il y a toujours un excellent niveau, les bateaux sont très proches les uns des autres, c’est une série très dynamique. Nous avons fait quelques beaux Grand Prix et un très beau Bol d’Or. C’est une année de transition, il y a des équipiers qui vont partir sur d’autres projets, mais nous poursuivons dans le même esprit. Notre potentiel de progression est énorme et c’est très intéressant.

Fred Le Peutrec, barreur de Zen Too:

C’est le même podium que l’an dernier, ce qui démontre une belle constance. La flotte est toujours aussi serrée, et il n’y a pas besoin de faire de grosses fautes pour être derrière. Le paquet est homogène, et chaque détail compte. Il y a plus d’agressivité, les placements sont de plus en plus précis. Nous sommes évidemment déçus de ce dernier Grand Prix, mais dans l’ensemble nous faisons une bonne saison. Alinghi avait gagné la saison avant la dernière rencontre l’an dernier, mais cette année, tout pouvait encore se jouer jusqu’à la dernière course. On se réjouit de l’an prochain.

Lloyd Thornburg, barreur de Phaedo squared:

Ça a été beaucoup plus difficile que ce que nous attendions, mais nous progressons beaucoup, et apprécions de naviguer sur le lac. Nous aurions peut-être souhaité avoir un peu plus de vent, comme aujourd’hui. Nous avons une très belle équipe, des gens qui naviguent avec moi sur d’autres projets et ça se passe bien. Cette fin est assez cocasse, puisque nous terminons avec une deuxième place sur la dernière manche. Et nous avions fait aussi deuxième lors de la première course de la saison.

Nicolas Grange, skipper d’Okalys Youth Project:

Globalement, le team a bien pris. Nous sommes partis de zéro, nous avons fait des belles manches, et un excellent Bol d’Or avec une deuxième place. L’équipe a gagné le respect de tous les concurrents, ils savent gérer les situations compliquées. Nous devons rattraper très rapidement les acquis d’autres équipes qui sont présentes sur le circuit depuis quinze ans. C’est un beau défi, et je suis ravi de le poursuivre.

Source

Vincent Gillioz

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