Destination finale, suspense total !
Dans moins de 24 heures, le vainqueur, le podium et le classement de cette incroyable Transat Paprec seront connus. En bataillant dans cette zone sans vent qui monopolise toutes les attentions, les concurrents savent que tout est encore possible. En début de journée, les bateaux les plus au Nord (Cap St Barth, Hellowork, Selencia – Cerfrance) ont nettement accéléré avant d’être à nouveau englués dans la pétole. Les 12 premiers pourraient boucler la course en l’espace de 4 heures. Il va donc falloir patienter, encore un peu, avant de vivre ce grand moment d’émotion !
« Dernier petit déjeuner ou avant-dernier ? » La question d’Anaëlle Pattusch (Humains en action) n’est pas si anecdotique. C’est l’heure, déjà, de se dire que la course va se terminer, que ces 18 jours d’efforts sont déjà classés parmi les souvenirs. Pourtant, le moment n’est pas vraiment propice à l’introspection mais à la course, à l’ultime bataille d’ici l’arrivée. La situation générale est en effet toujours aussi incertaine.
Les Nordistes, le pied sur l’accélérateur
La flotte est resserrée – moins de 50 milles en latéral – et les 12 premiers sont attendus sur la ligne d’arrivée en l’espace de quatre heures. Ce matin, les tenants de la route Nord semblaient avoir pris un léger avantage grâce à un grain qui les a propulsés vers l’avant. Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André) ainsi qu’Hellowork (Davy Beaudart et Julie Simon) et Selencia – Cerfrance (Maël Garnier et Catherine Hunt) ont progressé de 10 à 12 nœuds alors que les routages ne faisaient état que de 4 à 5 nœuds. Sauf que ça n’a pas duré et, cet après-midi, ils étaient à leur tour englués dans du vent faible.
Dans la flotte, ce sont les montagnes russes des émotions. Il y a une poignée d’heures, Adrien Simon (FAUN), qui fait partie des Sudistes, évoquait « une douche froide ». « On voit sur les fichiers qu’on ne va pas passer, c’est dur à encaisser ». Yann Chateau est moins catégorique : « tous les voyants ne sont pas au vert pour les Sudistes mais on ne peut pas dire qu’il n’y a plus d’espoir. On a vu tellement de rebondissements et on est encore dans un système de grains. L’accélération que les Nordistes ont vécu, les Sudistes peuvent la vivre aussi ».
Dénouement attendu dans la nuit
Mais ce n’est plus qu’une question d’heures pour y voir plus clair. C’est ce qu’explique Yann Chateau à la direction de course : « les conditions météo devraient être un peu plus stables cet après-midi (à Saint-Barthélemy, ce soir en métropole). Même si ça reste des vents légers, ils seront bien orientés Est ». Seule certitude : les bateaux qui sont actuellement côte-à-côte devraient l’être également à l’arrivée. « Ceux qui sont les plus proches vont avoir les mêmes systèmes météo et les mêmes grains donc ils devraient rester groupés ». En revanche, il peut toujours y avoir des écarts de vitesse conséquents entre ces groupes en fonction des grains.
Les premiers pourraient franchir la ligne dans la nuit ou en début de matinée à Saint-Barthélemy (fin de matinée, milieu de journée heure de Paris). « L’indice d’orage reste relativement élevé actuellement, précise Yann Chateau. Ensuite, un flux d’alizé d’est se reconstruit doucement. Il sera encore plus présent demain et devrait donc être plus stable ce qui permet une progression plus constante de la flotte ».
Des conditions qui s’annoncent idéales avec une dizaine de nœuds pour boucler la course et profiter enfin des joies de Saint-Barthélemy. Tous auront enfin un œil sur les écarts entre les finishers. En 1994, seulement 63 secondes avaient séparés Jean Le Cam et Roland Jourdain (1ers) de Bertrand de Broc et Marc Guillemot (2es). Et si l’écart se réduisait encore, 31 ans plus tard ?