Intouchable Rambler

© Christophe Jouany / Les Voiles de Saint-Barth

Après une mise en jambes toute en douceur hier pour l’ouverture de ces Voiles de Saint-Barth 3ème du nom, les débats sont montés d’un cran en intensité aujourd’hui, sous l’effet conjugué d’un vent de secteur nord est certes modéré mais bien établi en force à près de 10 noeuds, et de la volonté des régatiers d’affirmer ou de corriger les tendances claires apparues hier lors des premières confrontations. Une agressivité de bon aloi était ainsi palpable lors des 4 départs donnés ce jour au large des Colombiers, et qui lançaient la flotte pour 17 milles de louvoyage entre les îlots au vent de Saint-Barth. Les véloces Maxi-Yacht et IRC 52 étaient eux invités à prolonger leur grand bord de reaching vers l’île Fourchue, avant de conclure d evant Gustavia un périple d’environ 20 milles. Si Rambler a dès le départ tué les espoirs hémogéniques du puissant Nilaya et de l’élégant Firefly, la lutte s’est avérée particulièrement serrée chez les IRC 52, indissociables de bords en bords, et carrément palpitante dans le groupe des spinnakers entre les deux principaux protagonistes Decision et Defiance engagés dans un duel façon Match Race qu’ils comptent bien prolonger jusqu’à samedi.

Decision-Defiance, THE matche !

6 à 8 nœuds avaient hier accueillit l’entrée en lice des participants aux Voiles de Saint-Barth. Le registre proposé ce jour évoluait une gamme au-dessus et le parcours proposé une nouvelle fois avec un bel à propos par la direction de course envoyait les 7 groupes en compétition sur la face Atlantique de Saint-Barth, vers l’île Chevreau avec retour via la Fourchue pour les Maxis et les IRC 52. Ainsi que le soulignait dans un grand éclat de rire Jeff Benneville, équipier Américain sur Defiance, le ton du jour était donné dès la phase de départ avec un Decision très agressif qui tentait à la mode Match-Race de pousser son adversaire hors du cadre à quelques secondes du coup de canon. Beaux joueurs, les hommes de Clay Deutsch (Defiance) attendaient leur heure et laissaient, avec du vent frais, parler l’étonnante capacit&eacu te; d’accélération de leur Morten 49, pour revenir sur le Carkeek 40 à hauteur de l’anse des Colombiers. Decision s’accrochait avec un bel entêtement et c’est avec Defiance scotché à son tableau arrière qu’il se présentait devant le pain de sucre, à quelques encablures de l’arrivée. Un dernier soubresaut du vent donnait le signal d’un virement quelque peu intempestif de la part de Decision qui, bien que franchissant la ligne en bon vainqueur, brûlait d’importantes secondes dans le décompte final du classement en temps compensé. C’est donc bien les hommes de Clay Deutsch qui virent ce soir en tête du groupe des spinnaker 2, le plus dense de ces Voiles de Saint-Barth. On notera la belle prestation du Swan 45 Puffy du local de l’étape, le célèbrissime photographe Patrick Demarchelier, quatrième ce soir en cette veille de journée de repos.

Intouchable

Un simple petit supplément de pression dans les voiles par rapport à la journée d’hier, et c’est toute la physionomie de la course des Maxis-Yachts qui s’est trouvée aujourd’hui bouleversée, dans le sillage impeccable de l’intouchable Rambler 90, auteur du parfait chrono pour compenser son handicap de jauge et mener les débats au terme de deux courses validées. Les surprises sont venues de Firefly, l’élégant plan Hoek à la silhouette empruntée aux grands Class J, mais aussi des Marseillais de Jean-Pierre Dreau et Jean-Paul Mouren quatrièmes en temps réel avec leur Med Spirit pourtant fort peu avantagé par son rating. Nilaya de Filip Balcaen très en verve dès le départ prend la 3ème place derrière Selene, le Swan de 25 mètres.

De Porto Rico aussi…

Le plan d’eau de Saint-Barth résonne de tous les accents et de toutes les langues, tant il est vrai qu’on se précipite de tous les hémisphères pour naviguer aux Voiles. L’honneur des marins de la Caraïbe est en ce second jour de course porté très haut par un équipage… Porto Ricain qui domine de la tête et des épaules le groupe des Spinnakers 1. Lazy Dog, le J 122 bien mal nommé au regard de l’énergie déployée par les hommes de Sergio Sagramoso tout au long de la journée, signe deux victoires pour autant de course, et pour donner bonne mesure à tant de talent, l’emporte en temps réel comme en temps compensé. Le Melge 24 Coors Light du Néerlandais Bus Frits est ce soir un vaillant second dans un groupe dense et qui compte nombre de voiliers de 40 pieds.

Les femmes aussi

Les Voiles de Saint-Barth font, ont le sait, la part belle aux Amateurs éclairés qui viennent avec leurs moyens courir sur les mêmes parcours que les pros. Ils naviguent au sein du groupe dénommé « non spinnaker » et s’en donnent à cœur joie. Le coureur venu d’Antigua la voisine, Bernie Evan-Wong place son High Tension en tête des charts devant le Jaguar Island Water World de Ben Jelic. A signaler la 5ème place au classement général provisoire de l’équipage entièrement féminin de Diamonds are forever emmené par la Britannique Annie O’Sullivan, qui milite dans l’action pour favoriser l’accession à la régate au plus grand nombre de femmes.

Le cata dame le pion aux tris

C’est le catamaran Gunboat 66 Phaedo qui vire en tête ce soir chez les multicoques. Son rating avantageux, certes, mais aussi une navigation très « propre » lui ont permis de demeurer au plus près des véloces trimarans, y compris le grand plan Irens-Cabaret Paradox qui comprend pourtant un certain Cam Lewis parmi ses membres d’équipage.

Yacht exceptionnel : Mariella

Lancé en 1938, le yawl bermudien Mariella signé Alfred Mylne et construit par Fife apporte si besoin était une touche supplémentaire de charme et d’élégance aux Voiles de Saint-Barth. Son propriétaire italien Carlo Falcone prend un plaisir immense à naviguer bord à bord avec ce « monument » du Yachting classique qu’est Dorade (Olin Stephens 1930). Si cette classe compte peu d’engagés, elle apporte cette touche de style jamais surannée que le plus acharné des régatiers modernes ne se lasse pas d’admirer, et qui fait l’un des charmes des Voiles de Saint-Barth.

Skipper du jour : Stephen « Benj » Benjamin

Médaillé d’argent en 470 aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, détenteur de plusieurs titres de champion du monde en 505 ou Fireball, l’Américain Stephen Benjamin brille depuis au large, à bord de tous types de support lors des grandes classiques au large en Amérique comme en Europe. Inconditionnel de vitesse, il participe à Saint-Barth au développement du Carkeek 40 Decision, dont la troisième unité lui sera attribuée au printemps. Directeur des ventes de North Sail, Benjamin officie à Saint-Barth comme tacticien et, ainsi qu’il se plait à le souligner, doit sérieusement s’employer pour contrer le véloce plan Marten 49 Defiance de Clay Deutsch.

C’est à Saint Barth… et nulle part ailleurs…

La jauge HPR, Késako ?

Devant les difficultés rencontrées par nombre d’amateurs de coques planantes et de voiliers à déplacement léger, à naviguer équitablement lors des régates placées sous l’égide ORC ou IRC, un groupe de designer met depuis 2010 en place une règle qui se veut simple d’application, ouverte au public, non confidentielle, prenant en compte la longueur hors tout, et volontairement tournée vers la performance au large en terme de vitesse. Ce groupe a ainsi créé la HPR, pour High Performance Rule. Le Carkeek 40 Decision qui brille cette semaine à Saint-Barth est l’une des premières expressions de cette règle, largement inspiré des coques planantes des TP 52 ou GP 42. Cette règle pourrait dans un futur proche concerner des unités de 24 à 72 pieds. Elle suscite l’intérêt grandissant d’un grand nombre de designers.

Jeudi, c’est relâche à Saint Barth

C’est un aspect spécifique et totalement assumé des Voiles de Saint-Barth ; passer de longues et idylliques heures sur l’eau à régater sans prendre le temps de profiter des charmes de l’île serait aux yeux des organisateurs presque criminel. C’est pourquoi François Tolède, Luc Poupon et leurs équipes d’organisation, pour le plus grand plaisir des régatiers, ont depuis l’an passé décidé de consacrer le jeudi au Fare Niente à terre. Far Niente tout relatif d’ailleurs, puisque le Nikki Beach invite tous les concurrents à se défier mutuellement…. au « stand up paddle ». Un grand moment d’hilarité conviviale en perspective. Les Voiles de Saint-Barth se veulent résolument sportives sur l’eau, et « familiales » à terre. Qu’on se le dise, le jeudi est à Saint-Barth journée découverte pour les 700 et quelques marins venus du monde entier découvrir un exceptionnel plan d’eau autour d’un petit coin du savoir bien vivre paradisiaque à la Française.

Ils ont dit :

Clay Deutsch – Defiance

« Le bateau est très confortable, un vrai charter mais considérant tous ses désavantages notamment de poids, il marche vraiment bien. Avec 13 hommes à bord, il y a du travail pour tout le monde, et notre équipage est un peu familial. Pendant des années, j’ai rêvé de régater à Saint-Barth. J’ai parlé à beaucoup de gars qui naviguaient par ici, et je leur disais combien je rêvais d’une régate ici. Cette course est un rêve devenu réalité. C’est la première fois que mes gars sont ici, et ils sont époustouflés.
Le bateau marche bien au près, et passe bien dans la vague. On ne le connait pas encore très bien. Notre jeu de voiles n’est pas de la dernière jeunesse. Au-dessus de 5 noeuds de vent, le bateau est très à l’aise, très agréable et très efficace. Defiance (Marten 49) est le dernier d’une série de 15 bateaux similaires. Dès que Defiance a été disponible, je me suis jeté dessus pour pouvoir courir ici.
On se tire la bourre avec Decision et je crois qu’on a eu un peu de chance en passant le pain de sucre, et la petite minute qu’on a repris va nous permettre de compenser notre déficit de rating.
Decision nous a un peu « baladé » au départ. On a réussi à garder de la distance et ce qui est étonnant c’est la capacité du bateau à accélérer et à revenir vers eux. Decision a été un petit cran au-dessus mais nous sommes dans le matche. Nous avons confiance en la suite des événements. »

Jeff Benneville – Defiance

« Super course aujourd’hui ! Une régate superbe, avec du vent bien établi, quelques variations d’angle jusqu’à la Fourchue. On était très près du vent durant la majorité du parcours, entre 7 et 11 noeuds et le bateau allait bien. »

Peter Cunningham – Power Play

« Une journée fantastique! c’était très « chaud », avec de grosses variations du vent. Une course très serrée. On finit à quelques secondes d’intervalle après 20 milles de course. Beaucoup de réflexion à bord pour bien gérer la tactique. On a fait quelques bêtises mais on a aussi réussi quelques jolis coups. Le vent n’est pas facile à deviner ici à cause de tous ces rochers. Demain, journée de repos. L’an passé, nous sommes vraiment bien amusés et nous attendons cette journée au Nikki Beach avec impatience. »

Geordie Shaver -Power Play

« L’ambiance était très appliquée à bord. Quant on navigue bord à bord, on fait très attention au moindre déplacement. Les gars ont été super. Il s’est passé beaucoup de choses sur l’eau. Très bonnes conditions, avec un beau combat avec Mayhem, et le retour de Vesper sur la fin. C’est une belle régate et on a signé pour les années à venir. On a pris un très bon départ. A la fin, il y a eu quelques mistoufles qui ont permis à nos adversaires de revenir et on a connu comme un second départ. Tout est parfait ici. »

Météo du jour : jeudi 5 avril

  • Température Maximum: 28°C
  • Température Minimum: 24°C
  • Taux Humidité : 68 %
  • Risque d’averses passagères

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