Cette sixième et pénultième journée s’annonçait déterminante. Après 6 manches disputées dans des conditions soutenues, les corps commencent à être éprouvés, les traits des coureurs sont un peu tirés. On attendait à nouveau, de l’engagement sur l’eau et personne n’a été déçu. Attaques franches, avaries multiples, retour sur une journée peut-être décisive sur le Martinique Cata Raid…

Côté classement, les enjeux sont de taille à la veille du dernier virage et les stratégies s’affirment déjà. Leaders au classement général provisoire Ad Noordzij et Bastiaan Tentij (HorseRidingSpain), qui entendent bien conserver leur avantage, ont choisi de jouer la sécurité : “On va tâcher de rester dans le paquet de tête, en embuscade et de ne pas prendre de risques. Comme on a une bonne vitesse au portant, on essayera de trouver un ouverture sur ce bord pour attaquer et tenter de s’imposer.”
Tactique aux antipodes pour Matthieu Marfaing et James Melvin (Cirrus – MMSailing) : au pied du podium ce matin, l’équipage franco-américain est bien décidé à attaquer : ”Pour nous, aujourd’hui, la stratégie c’est attaque maximum. On a un peu trop tergiversé hier, on a fait des bêtises. Aujourd’hui, on ne calcule plus, on va essayer de se faire plaisir et d’attaquer à fond. La pression est plus sur les équipages qui sont devant. On a montré qu’on avait la vitesse pour être devant et jouer avec les autres, ce n’est pas une mauvaise chose que de se libérer !”

Côté météo, les conditions n’ont pas changé : l’alizé soutenu et la grosse houle à l’extérieur de la Baie du Robert, enjoignent le comité de course à proposer un parcours construit. Au programme de ce vendredi donc, deux courses de deux tours chacune.
Le ton est donné dès le départ de la première course, les équipages ont clairement changé de braquet : engagement maximal, bousculades, ça fritte sévère sur la ligne. Tous bords se sont âprement disputés, le moindre interstice est exploité. A la faveur d’un grain, la flotte se resserre par l’arrière. Avec dix bateaux dans la minute, le spectacle est grandiose devant le club nautique où est jugée l’arrivée. Gurvan Bontemps et Fred Moreau (French Caribbean – Stickerman) deva ncent pour une petite seconde Nicolas Touchot et Pierre-Yves Durand (Rhythm), le duo Christopher Green/Jean Boulogne se classe troisième.

La seconde course est tout aussi passionnante à suivre et tout aussi engagée. Les néerlandais Ad Noordzij – Bastiaan Tentij (HorseRidingSpain) (8èmes sur le premier tour, leur plus mauvais résultat depuis le début de la compétition) appliquent leur plan à la lettre sur cette manche, profitent d’une opportunité pour s’emparer de la tête pour ne plus la quitter. Manu et Vincent Boulogne (Cirrus 901) sont les deuxièmes à franchir la ligne, avec dans leur sillage, Matthieu Marfaing et James Melvin (Cirrus – MMSailing).

C’en est fini de cette sixième journée de compétition sur le Martinique Cata Raid. Le matériel a une nouvelle fois souffert. Deux principales épidémies ont frappé le Martinique Cata Raid aujourd’hui : une première épidémie de dérives cassées (pas moins de 5 aujourd’hui) suivie d’une petite épidémie de foc !
Les résultats définitifs de la journée et le classement général provisoire sont en attente des délibérations du jury.

Ils ont dit :

Nicolas Gillet/ Nicolas Poix (Socoveam – Anmizi)
Ce matin, on avait tous le couteau entre les dents. Sur la première course, on fait cinq ; un résultat tiré par les cheveux. On était bien, je pense qu’on passe deux là-haut, le portant est toujours assez problématique pour nous, mais on s’en sort mieux aujourd’hui, on a mieux tenu le rythme.
Sur la deuxième course, on prend un super départ en bout de ligne, on passe 1ers à la bouée au vent avec un peu d’avance et là, la drisse de spi explose ! On dessale le bateau, on repasse la drisse, on repart pour revenir pleine balle. Je pense qu’on perd le podium mais on ne devrait quand-même pas en être trop loin. On n’a pas de regret, on a fini fort. Derrière, mais f ort ! Et il reste des manches demain !

Gurvan Bontemps / Fred Moreau (French Caribbean – Stickerman)

“La journée a été plus ventée que prévu. Il y a eu d’entrée une grosse bascule pendant la procédure, on fait un départ moyen avant un beau bord de près. A la fin du deuxième bord de près, un gros grain est venu mettre un peu le bazar, surtout tuer le vent pour les premiers ! ça a été le début d’une autre manche avec tout le monde qui revient par derrière et des réglages de petit temps. Sur la fin du parcours, on n’a pas voulu prendre trop de risques avec les cailloux. Nicolas Touchot et Pierre-Yves Durand, sont un peu plus opportunistes mais on revient au dernier moment pour les doubler sur la ligne.
Sur la deuxième course, le vent rentre fort, on prend un départ moyen mais on est assez vite dans le bon paquet. En revanche, à la fin du premier bord de vent arrière, on casse d’amure de spi. On le range, on reprend le parcours mais en se demandant comment on va faire pour réparer ? Tout de suite après le bord de près, on glisse sous GV seule en mode Hobie 16 avant de se mettre à la cape. Je suis descendu à l’eau, je suis allé à l’avant, j’ai mis un bout, tiré l’amure sur l’avant du tangon, je l’ai locké avec deux demi-clés, je suis remonté un peu asphyxié après une grosse séance de rétropédalage, un peu d’apnée et, pour me détendre, j’ai hissé le spi !! Dans la manœuvre, on perd 4 places, on finit 7 mais ça aurait été pire si on n’avait pas réparé.
Potentiellement, on sait qu’on joue la victoire demain, il faudra qu’on navigue bien et qu’on arrête de casser des trucs à bord. C’est un peu la régate Bricoflex ! J’ai rarement autant fait de bricolage sur le bateau.
Fredo a été solide et nous a bien guidé dans la première manche pour finir ce portant. On a été solides parce qu’on avait une grosse avance et on n’a pas subi quand les autres sont revenus, on s’est remis à l’initiative !

Damien Dayot et Thomas Guorgues – La bestiole
Ça tirait un peu ce matin ; on a eu du vent tous les jours et il faut reconnaître que le bateau est un peu physique. Mais ce matin on était plutôt bien, bateau prêt, marins sereins. On a bien rigolé sur la première manche, on s’est amusé, avec en prime une petite cabriole : Damien est passé sous le bateau.
Sur la deuxième manche, on est plutôt bien avant qu’une bride de spi casse juste avant l’arrivée, on se fait passer par deux bateaux, surtout on a du bricolage ce soir, alors qu’on s’en serait volontiers passé. Ce qui est très satisfaisant, c’est qu’on est dans le paquet de devant, on tricote avec les bons, ils vont, vraiment, très vite !

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