Bilan des premières navigations d’Alinghi

© Mario Schoby / Red Bull

Le bateau d’entraînement d’Alinghi Red Bull Racing a tiré ses premiers bords au large de Barcelone ces dernières semaines. Après des mois de préparation, les Suisses ont enfin pu naviguer à bord de l’AC75. Après le chavirage dû à un orage violent le 31 août dernier, les entraînements ont repris sur le plan d’eau qui accueillera la 37e America’s Cup.

Cette étape importante a permis à toute l’équipe de voir le bateau voler et a aussi marqué le point de départ du travail du Sailing Team sur l’eau : les marins apprennent à gérer et à manier l’AC75 pour être performants d’ici à 2024. Une période clé puisqu’elle permet à Alinghi Red Bull Racing de s’entraîner dans les mêmes conditions que lors des régates de la Coupe, en 2024.

Alors que les navigants parviennent désormais à faire voler le BoatZero sur ses foils en ligne droite, il leur reste encore beaucoup à apprendre afin de le maîtriser entièrement. Un effort que fournira toute l’équipe, à l’image du shore team qui a fait un travail extraordinaire ces dernières semaines pour permettre au BoatZero de naviguer.

Avant d’atteindre ces navigations avec vol maîtrisé, il a fallu respecter chaque étape avec patience. Lors de la première sortie, l’émotion était palpable à terre, sur les bateaux suiveurs et à bord de l’AC75. « C’était un mélange de nervosité et d’adrénaline au moment de larguer les amarres », confiait Arnaud Psarofaghis, membre du driving group, le mois dernier. Depuis ce premier entraînement, l’équipe a progressé, à tous les niveaux. « Nous apprenons à travailler dans la dynamique d’une grosse équipe », ajoute Pierre-Yves Jorand, co-general manager head of sports operations. « Le protocole de mise à l’eau et de rédition du bateau le soir est plus rodé, nous faisons nos gammes dans les opérations sportives qui incluent la navigation sur l’eau. »

Alors que tous les marins suisses découvrent l’AC75, ils peuvent compter sur les deux sailing team advisors à bord. Dean Barker et Pietro Sibello avaient des rôles différents sur la précédente Coupe, respectivement à la barre et au réglage des voiles, et partagent donc leur expérience précieuse.

Lors de chaque sortie, le BoatZero est suivi de près par les designers, l’équipe de support et les membres du shore team à bord des bateaux accompagnateurs. « C’est très intéressant pour nous, les designers, de voir le bateau voler », explique Marcelino Botin, principal designer. « Malgré les données et les vidéos recueillies en fin de journée, rien ne remplace ce que nous pouvons voir de nos propres yeux. »

L’équipe continuera à naviguer autant que possible à Barcelone ces prochain temps, afin d’engranger un maximum d’heures à bord de l’AC75. En parallèle, une partie des marins s’envole cette semaine pour Scarlino (ITA), pour participer à la dernière étape du TF35 Trophy 2022, qu’Alinghi Red Bull Racing a déjà remporté avant de participer à cette dernière régate.

Bryan Mettraux, driving group :

Depuis la semaine dernière, nous maîtrisons mieux le bateau. Nous ne l’utilisons pas encore à son potentiel maximum mais nous naviguons de plus en plus proprement, avec tous les systèmes qui fonctionnent à bord. Nous étions impatients d’aller sur l’eau, évidemment, mais le temps de préparation était nécessaire ; ce sont des engins très compliqués. Nous commençons maintenant à tirer sur cette machine puissante, cela nous apporte des sensations incroyables. J’ai la chance de pouvoir gérer le vol du bateau, c’est très spécial et fort. Je ressens beaucoup d’adrénaline, de la fierté, mais surtout de la reconnaissance pour tous ceux qui ont travaillé dur pour que nous puissions naviguer. Il reste beaucoup à faire, mais je réalise la chance que nous avons de travailler avec une équipe pareille sur qui nous pouvons compter !

Pierre-Yves Jorand, co-general manager head of sports operations:

Nous sortons d’une période de transition, où le bateau passe du chantier aux mains des marins. C’est une grande étape ! Nous découvrons la machine, prenons confiance et apprenons à travailler dans une grande équipe. Dans la vie d’un marin, comme dans une écurie de Formule 1, le nombre d’heures sur le circuit ou sur l’eau reste minime par rapport au reste du travail. Ce qui est fait dans l’ombre est énorme. L’équipe a fait preuve d’un engagement hors norme depuis le chavirage pour remettre le bateau sur pied le plus rapidement possible. J’observe l’équipe de près et je la vois chaque jour plus forte, plus soudée. C’est ce qui va nous permettre de progresser jusqu’à 2024. Le challenge est de taille : l’America’s Cup est l’Everest de la voile, nous ne sommes même pas encore au camp de base.

Marcelino Botin, principal designer :

C’est réjouissant de voir l’équipe navigante capable de naviguer efficacement le bateau après seulement quelques jours. Le plus grand défi pour une équipe qui ne connaît pas l’AC75 est de pouvoir le naviguer de manière fiable. Cela nous apporte de la confiance en vue de toutes les décisions cruciales que nous allons devoir prendre pour le design du BoatOne. Lors de chaque navigation, nous apprenons énormément d’éléments sur la façon de régler le bateau. Depuis les bateaux suiveurs, nous sommes en contact permanent avec les marins à bord et pouvons ainsi tester en temps réel les développements désirés.

Florian Trüb, power group :

Pour l’instant, le power group permet uniquement de régler la voile d’avant. A terme, nous fournirons toute l’énergie qui permettra de naviguer. L’effort sera bien plus important pour les quatre membres du Power Group ! Nous nous entraînons beaucoup physiquement pour être prêt pour ce jour-là, encadrés par notre coach physique Alex Hopson et notre physiothérapeute Matt Tinsley. En attendant, nous avons déjà pu découvrir les sensations exceptionnelles lorsque le bateau se hisse sur ses foils. C’est incroyable et cela fait beaucoup de bien d’être sur l’eau après des mois de préparation.

Source

Coraline Jonet

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