Le Grand Prix Guyader reste à terre

Pas de course en baie aujourd’hui, les marins sont restés au port de Tréboul, ça soufflait trop fort et la mer était très mauvaise. Le village de la CCI Quimper Cornouaille a donc accueilli tout ce beau monde, l’occasion pour terriens et marins de déguster ensemble les produits 100% saveurs de Cornouaille et également de s’initier à la cuisine gastronomique grâce à des démonstrations culinaires proposées par des grands chefs. Un programme bien plus alléchant que celui de «déguster» en mer…
Enfin, nous inaugurons aujourd’hui une série de portraits réalisés par Dino Dimeo, ancien journaliste à Libération, baptisée ‘dans l’œil du Dino’. Le premier est consacré à Yann Kersalé.

Une baie impraticable ou presque…

Quarante cinq nœuds au Raz de Sein, 37 nœuds en baie de Douarnenez, sans parler des grains… La question ne se posait pas ce matin, c’est bien sur le plancher des vaches que les marins du Grand Prix Guyader allaient déposer bottes et cirés. Quelques Dragonistes intrépides ont malgré tout largué les amarres et bravé les éléments pour s’entraîner coûte que coûte. Toute la baie était alors à eux, déchaînée et magnifique !

Place aux plaisirs terrestres

Passée la frustration de ne pas pouvoir régater, les Dragonistes ont pu trouver un refuge convivial et confortable au village de la course où sont hébergés les partenaires du Grand Prix et les entreprises agroalimentaires locales. La déception a vite été balayée ! Outre les dégustations des produits de ces entreprises, deux fois par jour, des chefs de la région proposent de goûter leurs préparations, voire d’apprendre à les réaliser. A 11 heures, c’est Eric Stéphan du Bistrot du manoir de Hilguy à Plougastel St Germain qui était aux fourneaux pour le ‘produit du chef’. Au menu, Brandade de Cabillaud et de Haddock à la crème de petits pois et croustille de fruits exotiques. Après un cours de cuisine rondement mené et une mise en appétit certaine, place à la dégustation… A 16 heures, c’était au tour d’Eric Lavallée, chef de l’Iroise à Audierne de proposer sa poêlée de fraises au beurre de miel, crumble et espuma pistache. Pas fâchés d’être restés à terre les marins finalement…
Les enfants n’étaient pas en reste, sur le stand Guyader, le partenaire principal du Grand Prix, ils ont pu découvrir un produit spécialement conçu pour eux : Le Tarti’kids, un tartinable à base de Thon et de Kiri, réduit en sel et en graisse, ce qui correspond davantage aux goûts des enfants, et qui séduit aussi les parents du point de vue des apports nutritionnels. Les « petits » du Grand Prix ne se préoccupaient pas d’apport nutritionnel, tout à l’heure, sous la tente du village à l’heure du goûter, ils se léchaient les babines !

Dans l’oeil du Dino

A l’heure du Grand Prix Guyader: Douarnenez, ses dragons et ses dragonnes….
Yann Kersalé, puis la lumière fut.

Né à Paris (Seine)… presqu’une erreur sur son état civil : Pour Yann Kersalé, c’est par un hasard étrange qu’il n’ait pas vu le jour à Pouldavid ou à Ploaré. Casquette vissée sur une tête joviale mais parfois proche de celle d’une mule, ce plasticien lumière mondialement connu ne raterait pour rien au monde un Grand Prix Guyader. « Je me considère comme un intermittent de Douarnenez, plaisante-t-il. Je suis là une fois par mois. J’ai un atelier à Tréboul. En fait, je dirais que je ne suis jamais parti! » Aujourd’hui, l’artiste vit surtout à Paris, autour de son atelier de Vincennes. Et c’est en tant que bénévole qu’il s’est inscrit dans cette 26e édition. « J’ai fait 20 ans de Dragon en tant que numéro 1, dit-il. J’ai arrêté il y a cinq ans ». Avec une certaine fierté, il revient sur les origines de cette semaine nautique, insistant sur les qualités et défauts de sa petite cité. « C’est une ville industrieuse et prolétaire qu’il a fallu faire évoluer, rappelle Yann Kersalé. Dans les années 70, quand on était gamins, on s’amusait même à perdre les touristes dans la ville. On a bien changé ».

Mais tout n’a pas été facile. Douarnenez qu’il décrit surtout comme une ville de la Bretagne « littoraliste » a mis longtemps pour croire en cet événement. Tout a commencé suite à une initiative locale pour faire briller les Dragons, une série toujours vivace à cet endroit-là. « Dom Le Bihan, champion du monde de planche à voile, avait développé l’école à voile, c’est comme ça qu’on dit par ici, continue Yann. C’est là qu’on a tous appris la voile. En 1996, on a accueilli le championnat mondial, avec déjà cette notion de village éphémère et convivial. Ce furent les prémices de ce Grand Prix ». Pour arriver à ses fins, la poignée de têtes brûlées commande une enquête pour prouver à la mairie qu’elle avait tort d’être aussi frileuse. « Il s’agissait de savoir combien de francs étaient prélevés dans les distributeurs de la ville, explique-t-il. Nous voulions également savoir comment se comportaient les réservations d’hôtel. Une chose était claire: les distributeurs étaient vides et les chambres d’hôtel pleines… On l’a mis sous le nez du conseil municipal et on a commencé à être appréciés! »

Aujourd’hui, Yann a 60 ans et jouit du succès de ce rendez-vous de mai. Sous le chapiteau blanc qui abrite la scène et les sponsors, il s’est aménagé un coin bar-restau réservé aux VIP. Quand il n’est pas dans son QG tamisé, c’est chez l’incontournable Hervé qu’on le croise, le verbe haut à expliquer que Douarnenez n’a pas son pareil dans le monde. Ancien marin pêcheur, docker à la criée, réparateur de vélo, technicien lumière pour les tournées de Little Bob à ses débuts, il chante les louanges de ce Finistère qui continue à le séduire. « En latin, ici c’est la fin de la terre…. pour les Gallois, qui parlent une langue très semblable au bigouden, c’est pen ar bed. Le début du monde! »

Source

Véronique Guillou Le Bivic

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