Les Bleus à l’offensive

© Jean-Marie Liot / DPPI

La mer est blanche d’écume, les palmiers s’agitent comme des furieux mais heureusement, à 15.00, il n’y a plus personne sur l’eau. En bousculant les concurrents dès le saut du lit, le Comité de Course a été bien avisé puisque, depuis ce matin, le flux d’ouest n’a cessé d’augmenter. Les 15 nœuds à 9h ont vite été multipliés par deux et c’est presque un miracle que tout le monde en soit sorti indemne. Devant les conditions musclées, l’organisateur a été obligé de faire des choix. Ce sont surtout les séries où des qualifications étaient en cours qui ont été privilégiées alors que seuls les Finn, les Skuds et les 2.4 sont restés à terre. Malgré le peu de manches disputées aujourd’hui, les Bleus sont passés à l’offensive et cette fin de qualification marque un tournant décisif dans la compétition.

49er : Prime à la stabilité pour Manu Dyen et Stéphane Christidis

En seulement 30 minutes de course, Manu Dyen et Stéphane Christidis ont repris la main, en s’imposant sur l’unique manche du jour. « Enfin on en gagne une ! » s’exclame Manu, pas peu fier, de retrouver son niveau de jeu. Chez les 49ers, surpuissants, l’hécatombe continue et seuls trois bateaux ont franchi la ligne d’arrivée sans se mettre sur le toit. Julien D’Ortoli et Noé Delpech ont connu leur premier incident de parcours après un début de semaine impérial. Les Marseillais avaient laissé leur spi dans sa baille mais ont tout de même fini par « sancir », une expression de la vieille école qui signifie, plus familièrement, passer cul par-dessus tête suite à un enfournement. Comme Manu et Stéphane, Julien et Noé sont aux avants postes à la veille d’attaquer les finales. Demain, ils seront en rond or et Manu prévient : « ce sera plus serré ».

RS :X : Match France – Pologne

Toujours au meilleur niveau en planche à voile, la France a un adversaire de taille avec la Pologne. Chez les hommes, c’est Piotr Myszka qui a pris l’avantage d’une courte tête sur Julien Bontemps en réalisant un parcours sans faute (3 victoires, 3 deuxièmes places). Bontemps, champion du monde en titre s’est offert une nouvelle victoire avec un plan de route limpide : « j’ai pris encore un bon départ, bien dégagé. J’ai pris la tête puis, j’ai creusé mon avance ». Les deux concurrents, jusqu’à maintenant séparés dans deux poules différentes pourront s’expliquer demain dans le rond or. Chez les filles, c’est aussi une Polonaise, Maja Dziarnowska, qui dicte sa loi alors qu’Olga Maslivets et Charline Picon bataillent pour la deuxième place. « Dans ces conditions, il faut être un warrior. Si on y va à moitié, rien ne passe » assène une Charline qui a laissé derrière elle son aversion pour le gros temps.

Star : L’heure des virtuoses

Pour les Stars, toute la difficulté d’une telle journée est de ramener son quillard intact. Quelques engagés ont ainsi décidé de ne pas prendre le départ mais pour les autres, la manche a été folle avec quelques bateaux qui ont terminé la course à moitié coulés. Pierre-Alexis Ponsot a ainsi fait preuve de toute sa virtuosité pour garder son mât « spaghetti » en position verticale. « La moindre erreur de bastaque peut-être fatale » résume l’équipier. Avec Xavier Rohart, ils sont ce soir en troisième position.

Laser : Dure journée

En dériveur solitaire, cette nouvelle journée de brise n’a pas fait les affaires des Français. Chez les hommes, Kiwis et Wallabies se taillent la part du lion. Ils sont 5, venus de l’autre côté du globe, à figurer parmi les 7 premiers. Jean-Baptiste Bernaz, 27ème du général, passe en finale mais joue en dessous de son niveau habituel. « C’est ma première épreuve de la saison. Il faut que ça se mette en place » explique t’il, un peu déçu d’apprendre qu’il a été disqualifié pour départ volé sur sa première manche du jour. Chez les filles, ce mardi a été éprouvant avec de nombreux milles enquillés pour rejoindre le plan d’eau et deux manches âprement disputées. Sophie de Turckheim comme Sarah Steyaert perdent un peu de terrain mais rien de dramatique : « Il y a de gros points positifs et aussi un peu de négatif » explique Sarah. « Le positif, ce sont mes départs. (…) Tactiquement, je fais encore pas mal de petites erreurs et dans ce vent, c’est dur de rattraper les mètres perdus. »

Et demain…

Après les manches au saut du lit lancées aujourd’hui, la journée de demain rentre dans la norme avec un flux de Sud Est d’une petite quinzaine de nœuds.

Les interviews :

Charline Picon (RSX) :

« Aujourd’hui, c’est une bonne journée. Il y avait des coups à faire à droite et à gauche et je réussis à faire un beau hold up sur la dernière où je prends la deuxième place. Dans la deuxième manche, on avait des claques à 30 nœuds. Dans ces cas-là, il ne faut pas y aller à reculons. Il faut être une warrior. J’ai passé un cap, je n’ai plus peur d’y aller. Il y a un changement de gabarit mais surtout d’état d’esprit. Maintenant, je m’éclate. »

Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot (Star):

« C’est un super travail en vue des Jeux Olympiques où l’on peut rencontrer ce genre de conditions avec des nuages, une mer plate et un vent qui varie beaucoup en force et en intensité. Au-dessus de 20 nœuds, ça devient chaud et c’est monté jusqu’à 30 nœuds aujourd’hui. Dans ces conditions, il faut faire attention à deux choses. Tout d’abord, il ne faut pas faire tomber le mat qui est un vrai spaghetti. La moindre erreur de bastaque peut-être fatale. Ensuite, il ne faut pas que le bateau plante parce que tu peux vite remplir le cockpit ce qui alourdit le bateau et met plus de pression dans le gréement. D’une manière générale, le mot d’ordre est de bien réaliser les manœuvres. »

Bruno Jourdren (Sonar) :

« Pour l’instant, on a quatre bonnes manches alors que tous nos concurrents en ont au moins une mauvaise. Ça nous laisse un joker bien utile car nous ne sommes qu’à la moitié du championnat. C’est bien de naviguer dans ces conditions qui ne sont pas particulièrement notre point fort. Dans le petit temps et le medium, nous sommes bien mais nous sommes légers et ce n’est pas toujours facile dans le vent fort. Il faut qu’on soit polyvalent car à Weymouth, on ne sait pas ce qu’on peut avoir. »

Manu Dyen et Stéphane Christidis (49er) :

« Enfin on en gagne une ! Mentalement, ça fait du bien d’arriver debout à la fin d’une manche. En plus, on est plutôt du genre à rester à l’endroit en temps normal. Aujourd’hui, nous n’avons été que trois à ne pas dessaler sur la manche. C’est monté au-delà de 25 nœuds. Ce sont des conditions que l’on peut rencontrer à Weymouth cet été pendant les Jeux. On a toujours une mauvaise manche au-dessus de notre tête mais c’est une situation à laquelle nous sommes habitués et presque tout le monde à une mauvaise manche. A partir de demain, nous passons en finales, en rond Or. Le niveau sera plus élevé. On sent la différence sur les départs. La flotte est beaucoup plus serrée. »

Camille Lecointre (470 Femme avec Mathilde Géron) :

« Aujourd’hui, c’est le 3ème jour de course. On a eu entre 15, 20 voire 25 nœuds. Le soir, il faut veiller à bien récupérer car il y a encore du vent de prévu. Avec Mathilde, nous aimons bien ces conditions, on aime bien quand ça tire ! Dans le vent fort, les écarts de vitesse sont vite importants. Il faut aller vite et simplifier au maximum la stratégie (prendre des bons départs, limiter les virements, …). La sélection ? Cela fait presqu’un an que cela dure. Il y a eu des hauts et des bas. Mais on essaye d’en faire abstraction. On veut simplement montrer qu’on peut faire quelque chose de bien à Weymouth. »

Julien Bontemps (RSX) :

« La première manche, on a eu du vent entre 12 et 18 nœuds assez instable et qui venait de la droite. C’était un peu le même temps qu’hier, j’ai appris de mes erreurs de la veille. J’ai pris un bon départ, j’avais également une bonne vitesse. Sur la deuxième manche, le vent est monté beaucoup. Il y avait un bon 25 nœuds à la fin de la manche. J’ai pris encore un bon départ, bien dégagé. J’ai pris la tête puis, j’ai creusé mon avance. Comme nous avons enchainé la SOF après le championnat du monde, nous n’avons pas eu le temps d’un cycle d’entrainement normal. Après la SOF, il faudra que je refasse la base pour ne pas me griller. Mais ça va ! Je ne suis pas cassé en deux ! »

Sarah Steyaert (Laser Radial) :

« Il y a de gros points positifs et aussi un peu de négatif. Le positif, ce sont mes départs. Ils sont top ! En vitesse, j’accroche les filles de devant, c’est excellent. Tactiquement, je fais encore pas mal de petites erreurs et dans ce vent, c’est dur de rattraper les mètres perdus. Avec la fatigue, il faut rester lucide. Mais tout cela est normal car j’ai eu une grosse charge d’entrainement. Je suis vraiment contente de revenir et de me bagarrer dans le Top 10. Sur la deuxième manche, j’ai enroulé 3 en bas. Techniquement c’est bien au près comme au portant. Après, les petites erreurs tactiques coûtent cher et au final je termine 7ème , forcément c’est un peu décevant. »

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Agence Effets Mer

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