La SOF prend des tours

© Jean-Marie Liot / DPPI

« C’était Beyrouth ! » Ils ont passé 1h30 sur l’eau mais les 49ers, avec leurs 60m² de voilure au portant n’en voulaient pas plus. Depuis ce matin, chaque relevé de vent s’est révélé plus fort que le précédent et les 15 nœuds de ce matin n’ont cessé de prendre du coffre jusqu’à frôler les 40 nœuds en rafale dans l’après midi.

49er

C’est à Julien D’Ortoli et Noé Delpech, en 49er que revient l’honneur d’ouvrir – sur un champ de mine – le compteur en 49er. Sur les 29 bateaux engagés dans leur flotte, ils sont les seuls à être restés à l’endroit du début à la fin, devançant leurs concurrents de plus de trois minutes, un gouffre dans une série aussi concurrentielle que le 49er. « Derrière nous, tout le monde était dans l’eau ! » s’étonne Julien véritable miraculé du jour. Et ce ne sont pas Manu Dyen et Stéphane Christidis qui diront le contraire. En seulement 30 minutes de course, ils se sont mis à l’eau à deux reprises mais terminent finalement deuxièmes alors que seul un tiers de la flotte est classé, les autres franchissant la ligne au-delà du temps réglementaire, certains ayant même trouvé plus raisonnable de rester à terre.

RS :X

Dans ces conditions de brise – le mot est faible – les spécialistes prennent l’avantage et Julien Bontemps, fraîchement sacré « champion du monde de baston » réalise un sans faute avec deux victoires de manches en planche à voile. « Au portant, on ne doit pas être loin des 30 nœuds » annonce un Julien presque supersonique. Le Nantais prend bien sûr l’avantage mais les Polonais Miszka et Miarczinsky, tous les deux deuxièmes dans leurs ronds ne vont pas lui faire la vie facile. Chez les filles, la chinoise Li Ling se positionne en patronne avec deux victoires mais Charline Picon, en prenant la troisième place du général, fait oublier son gabarit XS si précieux dans les petits airs.

Laser

En Laser, la prime est toujours à ceux taillés dans le roc. Que ce soit Tom Slingsby (AUS), impérial chez les hommes ou la britannique Allisson Young chez les filles, ils dominent de la tête et de leurs larges épaules. Sur le rond le plus exposé du plan d’eau, situé à l’extrémité de la presqu’île de Giens, le vent est monté à près de 35 nœuds, levant une mer formée. « C’était l’apocalypse ! » décrit Sophie de Turckheim, toujours pas remise de la déferlante qui est venue la cueillir lors de la deuxième manche. « J’étais au mauvais endroit au mauvais moment » résume Sophie qui a perdu un temps précieux à remettre son bateau à l’endroit et prend la 11ème place du général malgré une belle manche de 3. Sarah Steyaert, plus régulière prend la 6ème place, et ne cache pas sa joie : « J’ai beaucoup travaillé et ça paye. Faire des manches dans les 5 sur la Sailing World Cup, c’est bien. Il faut que cela continue ! ».

470

En dériveur double féminin, la bonne opération du jour est réalisée par Camille Lecointre et Mathilde Géron qui prennent la troisième place du général. « Elles ne font pas d’étincelles mais gèrent bien leur affaire » témoigne le coach, Gildas Philippe alors que les autres Françaises sont plus à la peine.

Handis

Dans ces conditions toniques, les plus exposés sont les 2.4. Avec la moitié du corps sous la ligne de flottaison et un roof qui dépasse le niveau de la mer d’une dizaine de centimètres, les handis ont vite le sentiment d’être sous la lance à incendie. « A 16 nœuds, il faut déjà un masque et un tuba » résume Kévin Cantin. Le jeune Sablais termine 8ème de la seule manche du jour et s’en réjouit. Damien Seguin, de son côté, prend la troisième place derrière deux Britanniques au mieux de leur forme. « Elles vont vite au portant ! J’étais sur le c… ! » observe-t-il, médusé par la vélocité de Megan Pascoe et Helena Lucas, respectivement première et deuxième de la seule manche du jour. Les deux Britanniques sont encore en sélection pour les Jeux Paralympiques et s’annoncent comme de sérieuses concurrentes pour un Damien Seguin bien décidé à ajouter une septième SOF à son palmarès.

Dans les conditions difficiles de cette première journée, tous les concurrents n’ont pas pu courir mais le Comité de Course compte rattraper son retard dès demain. Les filles en match racing seront les premières à partir sur l’eau avec un premier départ programmé dès 9h30 et les autres séries seront lancées au plus tôt pour profiter des conditions plus modérées du matin.

Les interviews :

Julien Bontemps (RS :X) :

« J’ai gagné les deux manches. C’est bien parce que dans ma poule, j’étais avec le Polonais Miarczynski qui est réputé pour être très rapide dans le vent. Je voulais bien commencer la SOF et c’est fait ! On avait 25 – 30 nœuds, comme au mondial mais le clapot est plus difficile. Ce sont des conditions physiques en planche à voile. Au portant, sur le bord le plus favorable, on est pas loin des 30 nœuds (près de 60 km/h, ndlr). »

Sophie de Turckheim (Laser radial) :

« Je fais une bonne première manche mais la deuxième a été plus compliquée. Nous étions entre Giens et Porquerolles, où le vent se renforce. Sur le bord de près, j’ai été retournée par une déferlante. Quand je l’ai vue arriver sur moi, il était trop tard. J’ai juste eu le temps de choquer et j’ai chaviré. Ensuite, j’ai galéré pour remettre mon bateau. J’ai perdu beaucoup de places mais je suis revenue. J’étais au mauvais endroit au mauvais moment. Il y avait 30 – 35 nœuds, c’était un peu l’apocalypse. »

Stéphane Christidis (49er) :

« Nous sommes sortis assez tôt avant la manche de manière à bien régler le bateau. Il y avait beaucoup de vagues et 20 nœuds de vent en début de manche. Cela n’a pas cessé de monter. Nous avons fait un super départ au comité. On était en tête sur le bord de près. Mais sur le dernier virement, juste avant la marque au vent, nous avons dessalé. Le bout de trapèze de Manu n’était pas passé dans la boucle, il est donc tombé à l’eau. Nous sommes repartis 18 ou 20. On a fait un super bord de portant. Les autres équipages essayaient d’assurer, nous on a envoyé els chevaux. On est 7 en bas. Plusieurs bateaux ont dessalé. Sur le denrier bord de portant, nous étions un peu en survie. On arrive à faire un peu mieux que les autres malgré deux dessalages ! Les derniers 50 mètres ont été difficiles à assurer. Dans ces conditions, le bateau est surpuissant. On termine quand même 2 de la manche alors que je nous voyais plutôt 6 ou 7 vu les conditions… On s’en sort mieux que les autres. Nous avons une super vitesse. La priorité dans ce vent est de rester à l’endroit ! Je pense que tout le monde a dessalé sauf Julien et Noé. Ils font une super manche et c’est top de faire le doublé. Quand ils ont passé la ligne, il n’y avait quasiment plus une voile en l’air ! »

Julien D’Ortoli (49er) :

« Nous avons fait un beau départ au viseur. On a fait un très bon bord de près, un peu derrière Manu et Stéphane qui étaient un peu plus véloces. Ils ont dessalé au virement. On passe 2 au vent. Sur le premier portant, nous ne voulions pas prendre trop de risques. Mais nous avons été très rapides sous spi. Lors du 2ème près, nous étions en tête au début mais nous nous sommes fait doubler dans la remontée. Lors de l’abattée pour la 2ème bouée au vent, c’est bien passé pour nous, un peu moins pour les autres. On a donc pris un peu le large. Alors nous nous sommes dit qu’il n’y avait plus qu’un jybe à passer. Nous avons eu un petit plat et une petite molle et hop… c’est passé ! On était sur les freins ! Derrière nous, tout le monde était à l’eau ! Nous avons passé la ligne, on s’est retrouvé et nous avons juste constaté le retour de Manu et Steph ! Nous avons eu un peu de réussite. C’est top que nous fassions 1 et 2 ! C’est un bon début mais tout reste à faire ! »

Pierre Leboucher (470H) :

« Il y avait beaucoup de vent. Je crois que le premier objectif était de rester à l’endroit. Cela demande beaucoup de réflexes surtout dans ces conditions donc avec Nico, nous sommes contents du résultat. On avait beaucoup travaillé les départs et on est bien partis sur les deux manches. Nous avions une bonne vitesse, on était assez à l’aise. Dans les phases de manœuvres, d’envois de spi, nous avons perdu un peu de terrain. C’était dur car nous sommes dans un groupe où il y a beaucoup de clients pour ces conditions. C’était vraiment sympa. Et je pense que Nico a pris beaucoup de plaisir, il est content d’être sur l’eau ! »

Sarah Steyaert (Laser radial):

« La journée s’est bien passée pour moi. On avait entre 20 et 25 nœuds sur la première manche et entre 25 et 35 sur la deuxième ! C’est presque plus facile dans ces conditions que dans 15- 20 nœuds car c’est la régulation sur l’écoute qui fait tout. Mais l’appui constant avec les jambes est moins présent que lorsqu’il y a moins de vent. Dans des conditions comme aujourd’hui, c’est aussi important de prendre des bons départs, d’être bien dégagé. Il ne faut pas beaucoup virer. Et au portant, faut serrer les fesses ! Sur le dernier portant, j’ai eu peur car le vent était vraiment fort et j’étais moins stable. La bôme pouvait partir dans l’eau à tout moment. Quand tu es 2ème, tu n’as pas envie de perdre ta place ! Je suis contente de la journée car cela faisait un moment que je n’avais pas navigué dans ces conditions. J’ai beaucoup travaillé et cela paye. Faire des manches dans les 5 sur la Sailing World Cup, c’est bien. Il faut que cela continue ! »

Kévin Cantin (2.4) :

« Mon objectif sur cette SOF est de faire entre 10 et 12. Avec ma manche de 8, je suis content. Le vent est monté pendant toute la manche. Avec 16 nœuds, au départ, il faut déjà un masque et un tuba. C’est un peu physique pour tirer sur les ficelles. Il faut tenir son bateau pour ne pas enfourner et la pompe de cale fonctionne tout le temps. A 25 nœuds, sur la fin, c’est devenu trop physique. Le bateau ne supporte pas ça mais il faut aller jusqu’au bout et ne rien lâcher. »

* Ils étaient plein d’eau, mais sont restés entre deux eaux, ndlr

Megan Pascoe (2.4) :

« C’est un départ très solide et c’est super d’avoir du vent à Hyères. Ça faisait longtemps ! Helena et moi allions très très vite aujourd’hui; J’avais la vitesse au près, elle avait la vitesse au portant mais nous allions toutes les deux plus vite que le reste de la flotte. Cela signifie que les entrainements paient ! »

Alison Young (Laser radial / Anglaise) :

« La course était très intense aujourd’hui. Au portant, c’était vraiment sympa et c’était une bonne occasion de faire du rappel au près. Les trois derniers jours d’entraînement nous ont donné un avant gout de ce que pouvait la brise cette semaine donc nous sommes bien préparées. Je suis contente avec toutes les conditions, tant que l’on peut aller courir. C’est un bon début de compétition et quelque chose à construire pour l’avenir. »

Sime fantela, Igor Marenic (470 hommes / Croates) :

« C’était une journée de vitesse ! Et nous allions vite aujourd’hui. Heureusement que nous avions fait de bonnes sessions d’entrainement sur les quatre jours avant la SOF dans du vent fort. Cela a payé !”

Source

Agence Effets Mer

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