Attention les secousses !

© Yann Riou

Il faut avoir une belle connaissance du monde de la nuit pour basculer d’un monde à l’autre et se sentir comme chez soi dans le second en un instant. Deux salles, deux ambiances, c’est bien ce que vivent les solitaires depuis deux heures du matin. Dans des vents faibles, les six solitaires ont avancé lentement entre la latitude des Açores et celle de l’île de Madère. Depuis, chaque mille les rapproche de la première dépression de ce tour du monde.

Mais ce n’est pas parce qu’on fait des petits pas que les bras ne fatiguent pas, bien au contraire. Armel Le Cléac’h a « apprécié » à leur juste valeur ces incessantes cessions au winch : les courbatures aux biceps sont là pour rappeler qu’il n’a pas chômé. Tom Laperche (SVR-Lazartigue) raconte en avoir profité pour dormir et s’être occupé du bateau : « J’ai mes marques, j’ai bien rangé, j’ai fait le tour du bateau hier, je le referai ce soir (mardi) ».

Un peu de temps pour soi

Ce petit temps a permis à chacun de cumuler les temps de repos et de se faire une santé pour aborder avec l’énergie nécessaire le premier gros coup de vent de ce tour du monde, le seul sans doute qu’ils auront à gérer sur la route qui mène à l’équateur. Anthony Marchand (Actual), qui n’est pas Jamaïquain, mais qui chante le reggae en se brossant les dents, a apprécié avoir le temps de s’amariner « avant d’affronter des creux de six mètres. Après trois jours de mer, je me sens bien, je commence à basculer en mode ‘large’, moins en mode régate tactique. On peut vite se prendre au jeu de la régate au contact, ce qui peut être une fausse bonne idée. Il faut que je réussisse à mettre le curseur là où j’en ai envie, surtout au passage de cette dépression qui sera, je le sais, plus compliqué ».

Changement de tempo

La nuit a rapproché les skippers du « compliqué ». Les speedo se sont emballés dans la nuit, les chiffres ont gonflé en même temps que le carbone des foils serinait à nouveau son chant obsédant. À mesure qu’ils poursuivront leur route, ce mercredi matin plein sud, face au vent, les trimarans Ultim vont voir débouler sur leur tribord un système dépressionnaire assez « velu » dans lequel ils devront tracer leur route, face au vent. Le sillage qu’ils y laisseront sera profond. Les bateaux seront mis à l’épreuve. Les dents se serreront. Les corps seront secoués. Bienvenue autour du monde.

Au classement de 6h59 ce mercredi, le Trimaran SVR-Lazartigue menait la danse, avec une 13 milles d’avance sur le Maxi Edmond-de-Rothschild, 20 sur Sodebo Ultim 3, une quarantaine sur le Maxi Banque Populaire XI et une soixantaine sur Actual Ultim 3. Tous ont dans le viseur les îles Canaries. À 210 milles, ADAGIO se prépare à laisser l’île de Madère sur son bâbord, avant de croiser à son tour le système dépressionnaire. Les secousses, c’est pour tout le monde !

Source

OC Sport Pen Duick

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