Finalement cette première nuit de course sur la deuxième étape entre Port-la-Forêt et Royan aura été plus favorable que prévu. Les skippers ont contourné sans trop d’embûches la pointe bretonne : une bénédiction au vu de la météo à venir qui s’annonce plutôt Rock’n roll…

Le début de course de cette deuxième étape de La Solitaire du Figaro aura finalement été moins alambiqué que prévu. Certes, conformément aux prévisions, le vent a bel et bien faibli en fin de journée mais sans pour autant trop entamer la progression de la flotte. Achille Nebout (Amarris – Priméo Energie), auteur d’un joli coup à la côte en Baie d’Audierne s’adjuge la bonification maximale sur le Sprint intermédiaire au Raz-de-Sein. A sa suite, Tom Laperche (Bretagne – CMB Performance) et Maël Garnier (Ageas – Team Baie de Saint Brieuc), respectivement deuxième et troisième sur la ligne virtuelle, bénéficieront également de cette précieuse prime au temps.

Même le passage du Four s’est révélé moins scabreux qu’à l’accoutumée avec un courant favorable qui a permis à tous les bateaux de contourner la pointe bretonne sans trop de contrariétés. Tous, sauf un. En effet, plus tôt dans la soirée, le skipper britannique David Paul (Just a drop), avait dû, la mort dans l’âme, signifier son abandon à la direction de course, et faire demi-tour vers Port-la-Forêt, suite à un talonnage à la Pointe de Penmarc’h.

Rodéo en perspective

Ce matin, la flotte poursuivait sa progression vers les Îles Anglo-Normandes, dans un flux de Nord-Est établi autour de 15 nœuds et une mer encore raisonnablement rangée. Après avoir tricoté au plus près des côtes dans le plus fort du courant, les solitaires ont pris leurs aises plus au large. Mais la suite s’annonce beaucoup moins confortable. Le vent de Nord – Est, de plus en plus fort au fil du temps, associé à une mer grossissante et de face, va sérieusement compliquer la tâche des marins qui doivent, de surcroît, s’escrimer contre le courant d’une Manche qui se vide.

A bord, tout cela ne ressemble vraiment en rien à une promenade de santé. Au près, à “planter des pieux”, comme ils disent, ça tape, ça cogne, ça mouille… un programme lavage-essorage qui devrait continuer tout au long des 30 milles qui restent à parcourir avant d’atteindre la Cardinale Ouest “Desormes” au nord de Jersey, où ils sont attendus en début de nuit.

Au milieu du tourment, à la mi-journée, Tom Laperche (Bretagne CMB Performance) a réussi à s’emparer de la tête d’une flotte relativement compacte. Marqué à la culotte par Achille Nebout (Amarris- Primeo Energies) toujours dans le match depuis la pointe bretonne, Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022) ou encore Pep Costa (Team Play to be – Terravia) pour ne citer qu’eux, le trinitain aura fort à faire pour conserver son leadership, d’autant que beaucoup de petits coups peuvent être joués pour placer des virements et gérer les bascules de courant.

La nuit à venir ne s’annonce guère plus réjouissante car le vent va encore forcir.
Au travers, pour rallier le phare d’Eddystone, il va falloir rester attentif et concentré pour contenir sous spi la fougue des Figaro Bénéteau 3, avancer sans trop subir et surtout préserver ses voiles et son bateau dans une mer toujours chaotique.

Ils ont dit :

Maël Garnier (AGEAS-Team Baie de Saint-Brieuc) :

« Je viens de passer la corde à nœuds parce qu’il y a plein d’algues et que j’ai été un peu collé cette nuit. J’ai perdu pas mal de places depuis le Raz-de-Sein. C’est un peu le train-train au près, le vent est oscillant. On a un peu moins d’air que prévu, et ça devrait monter doucement. Je m’étais dit que c’était possible de pointer premier au Sprint intermédiaire et au final, je passe troisième. Mais j’ai fait une belle option en baie d’Audierne. J’étais heureux, cela m’a regonflé le moral pour la nuit. Et le Four, c’est un endroit que j’aime bien, c’était chouette, même si je n’étais pas très rapide. Je vais essayer d’attaquer les 24 heures avec beaucoup d’énergie. En termes de navigation, il va falloir gérer le courant à Chausey. Il s’agit de bien jouer les oscillations. Après les Anglo-Normandes, il faudra choisir la bonne voile, sans doute le petit spi. Je me prépare à bien tracer sur deux gros deux bords de poney ! J’ai fait une petite toilette ce matin, des siestes
et je mange !

Fred Duthil (Le Journal des Entreprises) :

« Le vent est en train de fraîchir tout doucement, ça rentre dans les voiles. On se prépare pour une soirée un peu tonique. J’ai plutôt bien commencé, même si j’ai perdu un peu en passant dans un champ de mines d’algues énormes. J’ai été obligé de faire 2/3 marches arrière coup-sur-coup qui m’ont fait perdre un peu de terrain. Mais je suis dans le paquet des dix premiers. C’est un peu mon objectif sur cette manche-là, je suis content. Quand le courant va s’inverser, on va vite accélérer. Cela nous laisse une petite chance d’être un peu avant la nuit aux Anglo-Normandes. »

Arthur Hubert (MonAtoutEnergie.fr) :

« Cela me rappelle des habitudes, dès que remonte la Manche, je suis au près ! On va vers les Anglo-Normandes, un plan d’eau que j’aime bien, facilement accessible depuis Saint-Malo. Je m’attendais à pire en termes de conditions. Pour l’instant, cela reste tranquille. Mais d’après la météo qu’on a eu ce matin, c’est à partir de Guernesey que cela devrait commencer à taper plus fort. Je ne suis pas mécontent que les conditions changent, parce que depuis ce matin, je ne suis pas très bon. Sur la Transat en double Concarneau-Saint Barthélemy 2021 [désormais Transat Paprec – ndrl], on avait eu ce type de conditions à côté de Palma (Canaries), un bon 32 nœuds pendant douze heures, en passant du grand spi au petit spi. Ça surprend, mais c’est chouette. Je me base sur cette expérience-là, pour voir ce qui va nous arriver la nuit prochaine. Il va falloir faire attention aux sorties de route. Pour autant, le Figaro 3 est un bateau qui pardonne assez bien, ce n’est donc pas un drame de partir une fois ou deux au tas. Il va falloir bien se reposer, s’habiller et manger pour se préparer à passer la nuit à la barre. Je pense qu’il y a des écarts à mettre sur ces bords un peu bourrins. C’est comme au ski, après la remontée, c’est tout schuss en descente ! »

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