Près de 400 bateaux et 2 300 régatiers attendus

© David Ademas

Près de 400 bateaux et 2 300 régatiers sont attendus du 14 au 18 avril entre les deux tours de l’élection présidentielle. Outre les fidèles habitués du rendez-vous pascal en baie de Quiberon, nombre de jeunes équipages s’entraînent chaque week-end, à l’occasion notamment du Challenge de Printemps à la Trinité-Sur-Mer.

L’histoire

1979. André Facque, alors président de la SNT (Société Nautique de la Trinité), dont le fils Philippe a disputé la première Whitbread (course autour du monde en équipage) six ans plus tôt, et le navigateur Gilles Le Baud, double vainqueur de la course de l’Aurore en 73 et 78 (bientôt baptisée Solitaire du Figaro), cherchent un évènement pour fêter les 100 ans du club, et ainsi clôturer les entraînements d’hiver. De plus, trouvant que la course en habitable est quasiment une chasse gardée à La Rochelle notamment, avec sa célèbre semaine éponyme, ils souhaitent inciter des régatiers à venir naviguer en baie de Quiberon, sur « l’un des plus beaux terrains de jeu du monde ». Ils vont rencontrer alors Roger Lavialle, directeur de Ouest-France, lui proposant d’y associer le premier quotidien du pays pour cette grande épreuve de voile ouverte tant aux amateurs qu’aux professionnels. En quelques heures, l’affaire est vite conclue. Les Rochelais décident de « monter » à La Trinité en commando pour tenter de battre les Bretons chez eux… La course est d’abord baptisée « Spi d’Or » lors de la première édition, avant de se nommer « Spi Ouest-France ». Dans un temps automnal, les 44 concurrents ont droit à un parcours engagé de 100 milles vers Belle Île, les Birvideaux, et les Cardinaux. C’est un Baulois qui s’impose et pas n’importe lequel : le champion du monde de 505 et FD, médaillé olympique à Munich Yves Pajot à la barre d’un two-tonner. La future plus grande épreuve habitable de printemps en Europe est née. Durant de longues années, elle va se « jouer à guichets fermés » avec 500 concurrents.

Le chiffre : 20

Soit le nombre de séries réparties sur les cinq ronds de course en baie de Quiberon : J 70, J 80, Diam 24 OD, Open 5.70 et Open 7.50, Grand-Surprise, Mach 6.5, First 31.7, Mini 6.50, ETF 26, Class 40, Multis 2000, IRC double et équipage de 1 à 4, Osiris habitable.

L’anecdote

« 1995. Nous disputons le « Spi » sur Corum Météorite, un Ocean 60 acquis par l’horloger suisse, et qui vient de disputer la course autour du monde en équipage (la Volvo Ocean Race) sous les couleurs de Tokio et avec le prodige néozélandais Chris Dickson. A la demande des régatiers, la direction de course a décidé de relancer la fameuse régate de nuit, un long parcours côtier vers les îles entre le Morbihan et le Finistère Sud. Tous les bateaux jaugés IRC (International Rating Certificate) partent de la même ligne, et sur Corum et ses 20 mètres, nous ne passons pas inaperçus. Tout le monde veut voir ce coursier jaune et blanc mené par une bonne quinzaine d’équipiers et skippé par Pierre Mas, un habitué de l’épreuve et qui a disputé la dernière course autour du monde avec des Suédois. A quelques minutes du départ, nous sommes littéralement encerclés par une foule de concurrents. On a l’impression de mouches autour d’un pot de miel. A bord, c’est assez stressant, car l’engin de près de 14 tonnes accélère vite et n’est pas franchement une « mobylette ». Il pourrait percuter voire couler un 25 pieds comme qui rigole. Heureusement, il souffle un vent de demoiselle. Nous partons prudemment et sans heurts, avant de nous échapper logiquement et irrémédiablement au vu de la taille et des performances du bateau. Nous sommes bien seuls, loin devant, et la course se transforme en une balade sportive. Et quand nous franchissons l’arrivée en milieu de nuit avec les « honneurs de la ligne », le brouillard tombe d’un coup, et c’est dans une vraie purée de pois que Corum s’amarre, avant que nous dégustions la soupe à l’oignon promise à tous les concurrents. Au petit matin, nous apprenons que l’immense majorité des bateaux a dû jeter l’ancre toute la nuit sous une brume épaisse et plus un poil de vent… » Didier Ravon

Le marin du Spi

Elle se nomme Valentine, a 22 ans, est en seconde année d’IUT en génie thermique à Lorient avant d’intégrer une école d’ingénieur, et va à nouveau disputer le Spi en Open 5.70, la série comptant le plus de jeunes et de femmes, bien qu’encore loin de la parité. Elle a débuté la voile avant de savoir marcher, sur le First 260 familial, en croisière, avant de disputer quelques années plus tard quelques « Spi » avec son père et ses frères. Normal. Son père n’est autre que Philippe Delhumeau, maître-voilier reconnu, grand régatier, ancien multiple champion de France de Fireball en dériveur, vainqueur notamment de l’Admiral’s Cup et de plusieurs Spi Ouest France à la barre de son First 31.7 Bonne Nouvelle. « Nous sommes un équipage féminin à bord de l’Open 5.70 Aspégic. Je navigue avec Lili Bourbonnais qui barre, et Luna Ochs au réglage du foc. Quant à moi, je suis en charge de la grand-voile. Nous nous entraînons régulièrement à la SNT avec Gaël Bouttard (directeur de l’école de voile), et des équipages débutants et aussi des Finistériens. Parfois, nous devons embarquer un équipier, car nous sommes trop légères (150 kilos) alors que dans la brise, il faut peser 180 kilos. Le Spi, c’est un peu la cerise sur le gâteau ! Nous nous entraînons pour ça, et on a envie non seulement de prendre du plaisir, mais de remercier ceux nous aidant à progresser. » On lui demande qui fait la tactique à bord. « Je ne suis pas comme papa… malheureusement !

On échange ensemble, mais il n’y a pas une fille qui s’en charge. C’est très collégial, mais nous nous entendons bien et le 5.70 est un super bateau. J’adore aussi l’ambiance du Spi, notamment quand nous sommes une centaine de bateaux dans le chenal le matin. Pour moi, c’est la course de l’année ! »

Les inscriptions sont ouvertes

Les inscriptions pour la 44ème édition du Spi Ouest-France – Banque Populaire Grand Ouest sont ouvertes. Fermeture des inscriptions le 4 avril.

Source

Soazig Guého

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