Coup de foudre en rade de Marseille

  • © Yohan Brandt
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Après le soleil estival de la veille, la deuxième et dernière journée de la 39e Massilia Cup a été marquée par le coup de foudre qui s’est abattu sur la rade sur les coups de midi. Après un énorme grain, les quelque 80 bateaux et 700 marins ont pu enfin prendre un départ dans des conditions régatables pour un final ensoleillé.
Après deux ans de patience, en raison des conditions sanitaires, c’est un week end de haute lutte sur la rade sud qui s’est achevé. Et la bonne nouvelle c’est que le cap est déjà mis sur la 40e édition qui ne se fera pas attendre bien longtemps car elle retrouvera ses dates traditionnelles au printemps prochain (du 1er au 3 avril 2022).
« C’est une Massilia qui a été perturbée par une météo capricieuse. Aujourd’hui cela a réduit le programme à une manche qui s’est finie dans le petit temps mais la fête a été vraiment réussie car hier cela été une journée de navigation superbe », a commenté Yves Ginoux, vice-président du CNTL et responsable du pôle course.
« La 40e édition, on l’attendra moins longtemps car elle se tiendra dans sept mois avec peut-être bien des nouveautés au niveau organisation, car on réfléchit à des formules nouvelles et ce sera un retour à un format sur trois jours », a ajouté M. Ginoux.

Grain…de folie

Après un samedi ensoleillé, où un vent de 15 à 20 nœuds a soufflé dans les voiles, la journée de dimanche a débuté sous un ciel chargé. L’orage annoncé a fini par s’abattre vers midi sur le futur plan d’eau des JO 2024, suivi d’un grain de folie mais qui heureusement a vite laissé place à des conditions beaucoup plus clémentes.
Le comité de course a cependant préféré interrompre le processus de départ des premières courses et demandé aux voiliers de s’abriter le long de la corniche. Certains bateaux sont rentrés au port, avant de repartir. Finalement, après une rotation du vent de 180°, les départs ont enfin pu être donnés. Mais l’orage a laissé quelques traces notamment sur Chenapan, un Ker 40 (IRC3) qui a dû naviguer sans électronique, à l’ancienne.
En IRC Duo, après leur victoire cet été dans la Quadra Duo, les deux Pierre, Perdoux et Grosgogeat, ont inscrit leur nom au palmarès, remportant le classement de la Duo Sail, sur Ilogan. « On a bien gazé, nous les deux Pierre. C’est une belle année », a commenté Pierre Perdoux. « Les conditions ont été dures, avec des vents qui ont tourné dans tous les sens, il a donc fallu toujours être à l’affut et alertes pour savoir d’où ça allait venir et ne pas s’endormir même si on était devant». « Aujourd’hui, le temps, ça a été du gros n’importe quoi, d’abord la grosse tempête, la grosse douche puis le grand soleil, c’est bien pour faire sécher les voiles », a-t-il encore plaisanté.
« On est fiers de défendre les couleurs du CNTL », a conclu Pierre Perdoux, qui a promis de revenir l’an prochain pour la 40e édition, toujours avec son partenaire. Les deux Pierre ont tous les deux 54 ans et naviguent ensemble « depuis 40 ans ». S’ils ont commencé en Optimist à Annecy, ils sont « maintenant des Sudistes, d’adoption ».

Xavier Macaire, un parrain dans son élément

Parrain d’exception pour ce rendez-vous des meilleurs régatiers de Méditerranée, Xavier Macaire (groupe SNEF), qui vient de signer une superbe 2e place sur la Solitaire du Figaro, a navigué aujourd’hui, sur le Figaro 3 d’André Morante, membre du pôle course sud CNTL.
« Samedi, c’était super, une belle régate en équipage dans la rade de Marseille. Ca fait bizarre de naviguer en équipage, il faut prendre de nouveaux repères, il faut réussir à ne pas vouloir tout faire en même temps. J’étais à la tactique », a commenté le solitaire. « On a fait de beaux parcours, un tour du Frioul sur la 2e manche. On a eu du vent, sur la 2e manche, c’est monté à 20 à 25 nœuds, ça déboulait bien sous spi », a expliqué le marin qui a grandi à Marseille. Autre intérêt pour Xavier Macaire, parrain pour la 2e fois de la Massilia Cup, le partage d’expérience. « Quand on naviguait on n’était pas là pour papoter, mais ils se sont pas mal intéressés à mon parcours, à ma façon de gérer mes courses, mon sommeil sur la Figaro, ma navigation ».
Dimanche le navigateur installé à quelques encablures de Port Olona (Les Sables d’Olonne), est revenu à un support où il excelle, prenant place à bord du Figaro 3 d’André Morante. « On est cinq sur le bateau, donc là aussi ce sont des repères différents, l’idée c’est de prendre du plaisir. André je le connais bien car il était venu s’entraîner avec moi pendant un an à Saint-Gille-Croix-de-Vie (Vendée) dans notre groupe d’entraînement quand on avait acheté les Figaro 3. Si je peux donner quelques conseils et quelques réglages, c’est avec plaisir, parce que ce bateau je le connais vraiment par cœur ». S’il y en avait un autre, heureux en ce dimanche soir, c’est “l’ancien“ Gilbert Martin sur Varenne, qui a grillé la politesse au bateau de Macaire. « J’ai beaucoup apprécié que Xavier salue notre performance, lui qui est un grand champion, c’est tout à son honneur de venir nous féliciter. »

De la Transquadra à la Massilia

Récompensé samedi soir avec son partenaire Olivier Guillerot pour leur victoire le 29 août dans la 1re étape de la Transquadra sur Shamrock V, Bruno Maerten a profité de la Massilia Cup pour garder la main, à plus de trois mois du départ de la 2e étape qui s’élancera vers la Martinique. «C’est une frustration pour moi parce que je n’ai pas de bateau, car il est resté à Madère, donc je suis obligé de naviguer sur le bateau des autres, avec des mecs super sympa, sur Blue 007 », un JPK1010, en série IRC4. « Samedi on a fait 6 et 1, c’est pas mal, on progresse. »
Cette victoire dans la Transquadra, « c’est incroyable. On est vraiment allé à la chercher avec nos tripes, on a eu un peu de réussite, et depuis on est sur un nuage. Cela a un retentissement que je n’aurais jamais imaginé », ajoute le marin qui a donc porté haut les couleurs du CNTL sur son Figaro 2. La Transquadra, « j’ai l’impression que c’est un peu la vitrine de tous les navigateurs d’une cinquantaine d’années, tout le monde s’identifie à ça », ajoute celui qui ne fait pas ses 66 ans et qui prendra en janvier le départ avec Olivier Guillerot de la 2e étape entre Madère et la Martinique pour sa première traversée de l’Atlantique. « Je n’ai jamais fait de transatlantique, ce sera une première sur 2700 milles», sourit encore Bruno pour qui la victoire finale se jouera, comme lors de la 1re étape, sur « la météo et les trajectoires ».

La Jacques Vabre en ligne de mire

Particularité de cette 39e édition de cette Massilia Cup, les concurrents de la Duo Sail partageaient le même plan d’eau pour déterminer la meilleure paire de marins du classement IRC double Méditerranée sur l’année 2021. Le CNTL accueillait aussi les OSIRIS et faisait la part belle à la monotypie avec les Grand Surprise, et la première apparition des J/70 sur l’épreuve, qui disputaient leur dernière manche de la Coupe de France.
Et parmi les Duo, on pouvait croiser sur les pontons Laurent Camprubi, venu « dire bonjour » et prêter main forte sur le JPK30 « Télémaque 3 » à son « pote Eric Merliet qui était tout seul en solo et m’a embarqué pour former un duo ».
Vainqueur de la Giraglia en 2013, Laurent Camprubi, membre du CNTL, est « un habitué de la Massilia. Mais surtout on est à 42 jours de la Transat Jacques Vabre», qu’il va disputer sur « Fullsave », un Class 40 avec Jean-Pierre Balmes, face à des navigateurs comme Kito de Pavant, Sébastien Audigane, Antoine Carpentier ou l’ancien champion de ski croate Ivica Kostelic. « Je retourne en Atlantique la semaine prochaine et on finit la préparation. Il y a beaucoup d’envie et un plateau énorme, avec 45 Class 40, c’est une édition exceptionnelle », confie encore le Marseillais. La Transat Jacques Vabre, entre Le Havre et la Martinique s’élancera le 7 novembre.

Des parcours en temps réel « à la dernière minute »

Autre nouveauté de cette 39e édition, des régates au parcours dessiné en temps réel et communiqué instantanément par messagerie WhatsApp. « Ce se fait déjà en Angleterre ou en Europe du Nord, mais c’est nouveau chez nous même si ça se fait de plus en plus », explique Philippe Faure, président du Comité de course. « Ce sont des parcours déterminés à la dernière minute. On a une liste d’une trentaine de bouées, certaines qui sont des marques naturelles et d’autres qui ne sont pas encore mouillées, mais qu’on met sur certains endroits prévus à l’avance. On modélise le parcours sur une tablette et juste avant le départ on donne une liste de points aux coureurs via Whatsapp. On essaie de les choisir pour que ce soit un peu tactique, qu’il y ait des bords de près et du portant, que ce ne soit pas ce qu’on appelle +Les Petits chevaux de bois+ où les voiliers se suivent tous les uns à la suite des autres ». L’objectif de cette initiative est donc d’offrir le meilleur parcours possible par rapport aux conditions météo à l’instant T.
Quel est l’accueil par les concurrents ? « Il y a toujours des avis contraires mais dans la majorité ils sont assez contents. Tous les professionnels le font. Ici au niveau local ça peut encore surprendre mais ça va rentrer dans les mœurs », ajoute, confiant, le cadre de l’Y.

Un J/70 entièrement féminin

Présente pour la première fois cette année, la série J/70 a été marquée par la présence d’un équipage entièrement féminin sur CNT’Elles, avec à la barre Marine Pailloux, qui a terminé à la 2e place. « La journée d’hier a été très musclée, surtout pour nous, équipage féminin, forcément ça manquait un peu de bras, à la fin de la journée on était rincées ».
« Aujourd’hui, c’était un temps très particulier, on n’a pas souvent ça à Marseille. On est sorties avec du vent d’est, comme la veille. Ensuite il y a eu des gros orages qui sont arrivés de Martigues avec de l’ouest. Un orage comme on voit rarement à Marseille, il faut le dire. Ca a ensuite tourné un peu plus nord pour finir la manche du jour avec du sud, avec un vent qui a oscillé entre 0 et 10 noeuds. On a donc eu les quatre directions et les quatre saisons en une journée ».
De cette 39e Massilia Cup, que retient-elle ? « Déjà d’être là, parce qu’après ces deux années qu’on vient de passer, on était contentes de disputer cette Massilia Cup, c’était pas gagné et on n’y croyait pas forcément début septembre. Et finalement on l’a faite, avec quatre manches dans notre poule, donc ce que je retiens c’est d’avoir été là ».

Classement final de la 39e Massilia Cup :

  • IRC1
    1 Tonnerre de Glen (Dominique Tian, SNM)
  • IRC2
    1 Jivaro (Yves Grosjean, COYC Hyérois)
  • IRC3
    1 Les Minots de la Nautique (Victor Bordes-Laridan, SNM)
  • IRC4
    1 Racing Bee (Jean-Luc Hamonl, CN Marine Toulon)
  • Duo Sail
    1 Ilogan (Pierre Perdoux, Pierre Grosgogeat)
  • OSIRIS
    1 Sagolat T (Brice Aque, CNTL)
  • J/70
    1 Triskell (Vianney Vautier, CN Pornic)
  • Grand Surprise
    1 CES Airbus Hélicoptères (Antoine Mausson, ASAH Section voile)

Source

OP Presse

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Informations diverses

Mis à l'eau le: 27 septembre 2021

Matossé sous: IRC - ORC, Massilia Cup, Régates

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