Vers un jeu ouvert en grand

© Jean-Marie Liot

Le grand départ de la 8e édition de la Les Sables – Horta – Les Sables sera donné demain, dimanche 27 juin, à 13 heures. Les 24 duos en lice s’élanceront alors pour une boucle de 2 540 milles, au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne, via l’archipel des Açores. Un morceau complet autant que complexe qui promet de la belle bagarre d’autant que la météo semble bien décidée à jouer les trouble-fêtes. Le schéma annoncé, au moins pour les premiers jours, réserve, en effet, bien des surprises. Savoir être opportuniste, réussir à se faufiler dans des trous de souris et garder les yeux bien ouverts seront assurément des clés pour tirer au mieux son épingle du jeu. Un scénario qui réjouit à la fois les marins dont les montures flambant neuves vont pouvoir être testées dans des conditions très variées, tout comme ceux dont les machines, un peu moins performantes sur le papier, vont pouvoir rivaliser sans complexe en tricotant efficacement entre les différents phénomènes.

Si les organisateurs ont été contraints d’adapter le format de l’épreuve en renonçant à faire escale à Horta en raison du contexte pandémique – les autorités locales et sanitaires portugaises n’ont pas souhaité accueillir d’évènement cet été -, les coureurs ne boudent pas l’occasion de passer entre 10 et 15 jours en mer, surtout une année où leur objectif principal se trouve être la Transat Jacques Vabre. « Si l’épreuve reste une course à part entière, et une belle course de surcroit, elle sera pour nous avant tout un super entraînement en vue de la Route du Café », explique Didier Le Vourch dont les principaux objectifs seront d’engranger des milles en double avec son binôme, Olivier Delrieu, puis de boucler le parcours afin de valider sa qualification à la fameuse transat. « On souhaite arriver à bien se caler ensemble, à la fois sur la répartition des tâches, la communication, le rythme… On espère trouver une routine et affiner le fonctionnement de notre duo pour le rendre le plus efficace possible. Pour ce qui concerne le résultat, si on fait quelque-chose de bien, ce ne sera que du bonus », ajoute le co-skipper de Vicitan.

Entre découverte et performance

Si pour ce qui les concerne, une belle performance ne serait pas seulement une option, se rôder en vue de Jacques Vabre est aussi un objectif pour Aurélien Ducroz et David Sineau. Reste que ce qui leur importe avant tout, c’est de découvrir ce que leur machine – un Lift V2 mis à l’eau il y a seulement deux semaines – a dans le ventre. « Ça va être une grosse découverte », confirme le skipper de Crosscall qui n’a, jusqu’ici, que quatre sorties au compteur à bord de son nouveau Class40. « On a vraiment tout fait pour être au départ de la course. On est content et fier parce que grâce au travail de toute l’équipe, cela a été possible. On sait que plus on va naviguer, plus vite on va apprendre sur le bateau et le faire progresser. On a vraiment hâte d’aller découvrir l’engin, même si on part avec beaucoup d’humilité », assure le Chamoniard, alors rejoint par son co-équipier : « On va avoir une opportunité rêvée pour découvrir la machine en accéléré. Attaquer directement par un morceau de 2 540 milles en conditions de course, c’est vraiment idéal pour la prendre en mains. Compte-tenu du plateau, on sait que quoi qu’il se passe, on aura de bons bateaux et de bons concurrents autour de nous pour se jauger ».

De l’incertitude dans l’air

Le tandem Ducroz – Sineau n’est pas le seul duo impatient de découvrir ce que son nouveau Class40 a sous le capot. Jonas Gerckens et Benoît Hantzperg avec leur tout nouveau plan David Raison aux couleurs de Volvo, puis Emmanuel Le Roch et Christophe Cremades avec leur Mach 40.4 Edenred mis à l’eau le 11 juin dernier, sont également pressés de se confronter pour la toute première fois à la concurrence et de pousser leur bolide dans un tel contexte. Un contexte qui, au moins dans un premier temps, ne sera toutefois pas propice à exploiter tout le potentiel de leurs 40 pieds dernière génération. De fait, la météo semble complexe, avec notamment pas mal d’incertitudes lors des premières 24 heures de course, ainsi que l’explique Christian Dumard, consultant météo de l’épreuve : « Le départ devrait être donné dans un flux d’ouest sud-ouest soufflant entre 12 et 20 nœuds mais un petit minimum dépressionnaire, se balade sur la pointe Bretagne et la situation n’est pas encore très bien calée. Il n’empêche que les concurrents devraient avoir à négocier un petit passage de front dans la soirée de lundi avant de récupérer un vent de secteur nord nord-ouest pour 20 nœuds avec, sans doute, des rafales à 25-30. Selon les derniers fichiers, ils devraient conserver ce flux assez soutenu jusqu’à mercredi, journée lors de laquelle ils devraient avoir un axe anticyclonique à traverser », poursuit Christian.

Ils ont dit:

Hervé Thomas (Saint Yves Services) :

« Mon objectif est d’aller à la Route du Rhum. C’est intéressant pour moi de commencer par cette saison 2021 qui se joue, pour l’essentiel, en double. Cela va me permettre une bonne prise en main du bateau que je n’ai que depuis un mois. C’est important car au départ, ce dernier n’était absolument pas prévu pour faire des courses puisqu’il s’agissait d’un voilier de propriétaire. J’ai donc plein de mise au point à faire et avec Gérald, je peux bien avancer parce que c’est quelqu’un de très compétent dans son domaine. On va faire toute la saison ensemble, c’est-à-dire cette Les Sables – Horta – Les Sables, la Fastnet Race, La Malouine que je ne peux évidemment pas manquer après avoir couru pendant douze ans avec Frank-Yves Escoffier, et la Transat Jacques Vabre. Le parcours qui nous attend va être complet, varié… cela promet d’être sympa et intéressant. Hélas il n’y a pas l’arrêt aux Açores qui aurait fait plaisir à plein de monde. Horta est vraiment un très bel endroit avec des gens très charmants, mais ce sera pour la prochaine fois ! »

Valentin Gautier (Banque du Léman) :

« Clairement, sur cette course, Simon (Koster) et moi avons des objectifs de performance plus que de résultat. Lors de la Normandy Channel Race, en début de mois, on a eu un peu l’impression d’être passé à côté de notre course. Du coup, cette fois, nos buts seront de réussir à être bien dessus pendant toute la course, d’essayer de s’appliquer, de faire ce qu’on sait faire et de rentrer en étant contents de nous, quel que soit le résultat. Le parcours de cette Les Sables – Horta – Les Sables est assez complet et c’est encore plus vrai cette année, sans escale. De plus, la météo est loin d’être calée pour le moment. Il va falloir trouver des petits passages à travers des petits systèmes assez instables. Ça va être intéressant. Avec Simon on connait bien le tracé pour l’avoir fait déjà plusieurs fois en Mini 6.50 et on se réjouit de le faire cette année sur un bateau plus rapide ! »

Maxime Cauwe (Avanade) :

« La Les Sables – Horta – Les Sables est une course très complémentaire à la Normandy Channel Race que l’on a disputée il y a trois semaines. Cette fois, on part sur un format plus au long cours. La stratégie météo, à mon sens, va être plus importante. On va sortir du golfe de Gascogne, passer le cap Finisterre… On va vraiment rentrer dans le vif du sujet d’une transat, ce qui sera parfait en vue de la Jacques Vabre. Pour ma part, ce sera ma plus longue période jamais passée en mer. Au début, j’étais un peu frustré de ne pas m’arrêter aux Açores mais avec un peu de recul, je suis plutôt content. Cela étant dit, je pense qu’une fois que l’on verra les îles et que l’on passera devant sans s’y arrêter, j’aurai un petit pincement au cœur. Avec Jules (Bonnier), on s’est fixé des objectifs précis : naviguer proprement, se faire plaisir, se marrer, vivre le moment présent et être au niveau du bateau. Notre Class40 est uns des plus anciens de la flotte, mais sur notre dernière course on a réussi à tirer notre épingle du jeu. On espère réussir une nouvelle fois à faire un truc sympa, en laissant quelques bateaux plus récents derrière ! »

Charles de Coquet (Concise 8) :

« Une veille de départ, même si on s’est bien préparé, il reste toujours plein de petites bricoles à faire, des trucs à vérifier… Néanmoins je me sens assez impatient et assez excité. Cette Les Sables – Horta – Les Sables va être ma toute première longue course au large en double. Je suis content car le parcours est sympa. L’important, pour moi, sera de prendre du plaisir sur l’eau. Je vais découvrir mon bateau et apprendre sans doute énormément de choses sur moi-même. Je sais que l’expérience va être riche. J’ai fait de grandes traversées océaniques, mais à 20 équipiers sur des bateaux de 72 pieds, ce qui n’a rien à voir. La météo demeure, pour l’instant, encore assez incertaine. Il y a pas mal d’incertitudes et, par ricochet, pas mal d’appréhension aussi. Je ne sais pas comment je vais réagir. Je ne connais bien encore bien Thierry Duprey du Vorsent, mon co-skipper. C’est Louis Duc qui nous a mis en relation, mais c’est un super pro et je pense qu’il va m’apprendre plein de choses et ça tombe bien car cette course je la fais d’abord pour ça. »

Source

Les Sables-Horta

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