Le grand chambardement

  • © Alexis Courcoux
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Avec le passage de la bouée anglaise d’Owers au cœur de la nuit, la quatrième étape de La Solitaire URGO Le Figaro a pris un nouveau virage puisque derrière l’actuel leader Eric Péron, pointe le premier au classement général, Yoann Richomme et s’il maintient sa position jusqu’à Dieppe, il est quasiment assuré de la victoire finale. Mais sur la route vers la Normandie, il y a encore des pièges à contourner !

On pensait que le groupe de tête emmené par le Britannique Will Harris (Hive Energy) allait maintenir sa position avec ce faible vent de secteur Sud-Ouest qui soufflait encore au Sud de l’île de Wight. mais une masse orageuse pointait à l’horizon avec de gros nuages menaçants. Ils n’apportèrent finalement que de la pluie et une rotation du vent au secteur Nord… Mais auparavant, quelques solitaires avaient fait le choix de rompre le contact avec un peloton groupé, en piquant plein Nord vers le phare de Sainte-Catherine : emmené par Yann Eliès (St Michel), ce quintet empannait à la côte où le courant de marée descendante était nettement moins fort et où la renverse s’établissait plus tôt même si la brise était plutôt mollassonne.

Et sur les coups de minuit, la masse nuageuse couvrit toute la flotte, apportant des gouttes de plus en plus denses alors que des éclairs zébraient l’horizon méridional. Le vent commençait ensuite à s’installer de secteur Nord et l’accélération fut sensible pour aller chercher la bouée Owers. Ceux qui avaient continué sur le même bord se retrouvaient alors sous la marque et durent lofer en grand pour la parer : les leaders du soir n’étaient plus les leaders de la nuit

Dernière Manche à retrousser

Mais la brise était un peu folle une fois la bouée Owers enroulée. Il a fallu s’adapter à des variations de vent importantes sous une pluie battante et une nuit bien noire. L’orage attendu faisait virevolter les airs et même si la mer était encore très plate et le courant montant peu contraignant, les solitaires étaient sollicités ! Au point qu’il fallut parfois empanner ou virer de bord à 90° de la route pour tenter de trouver une sortie… Bref la voie vers Saint-Marcouf ne s’annonce pas toute droite et il faudra d’abord sortir de cette pieuvre éolienne pour éviter tous ses tentacules. Ne pas se faire piéger par un mauvais nuage rendait cette troisième nuit encore plus sombre et fatigante : l’aurore ne pointait ses maigres lumières que vers 5h00 et se repérer dans ce magma de brises volages n’était pas une sinécure.

Une fois extrait de cette zone orageuse, la descente vers Barfleur n’est pas si simple. Il vaut mieux prendre de l’Est pour ne pas se faire phagocyter par une zone de calmes qui émerge du Cotentin. Tout ça dans un vent de secteur Ouest peu établi avec des rotations du Nord-Est au Nord-Ouest et des bascules au Sud-Ouest… Cette dernière traversée de la Manche devrait encore chambouler les acquis !

Passages de la bouée Owers (Trophée Banque Populaire Grand Ouest)

  1. Eric Péron (French Touch) mardi 25 juin à 2h05’
  2. Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme) à 2h10’30’’
  3. Thomas Ruyant (Advens-Fondation de la mer) à 2h19’30’’
  4. Yann Eliès (St Michel) à 2h29’
  5. Pierre Leboucher (Guyot Environnement) à 2h32’
  6. Tanguy Le Turquais (Quéguiner-Kayak) à 2h33’
  7. Alan Roberts (Seacat Services) à 2h33’
  8. Michel Desjoyeaux (Lumibird) à 2h35’
  9. Alain Gautier (Merci pour ces 30 ans) à 2h38’
  10. Alberto Bona (Sebago) à 2h39’

Classement de 5h00 :

  1. Eric Peron (French Touch) à 155,9 mn de Dieppe
  2. Yann Elies (St Michel) à 0,7 mn
  3. Yoan Richomme (HelloWork – Groupe Telegramme) à 0,7 mn
  4. Thomas Ruyant (Advens – La Fondation de la Mer) à 0,8mn
  5. Tanguy Le Turquais (Queguiner – Kayak) à 1,1mn
  6. Alan Roberts (Seacat Services) à 1,2mn
  7. Pierre Leboucher (Guyot environnement) à 1,3mn
  8. Loick Peyron (Action enfance) à 1,8mn
  9. Michel Desjoyeaux (Lumibird) à 2,0mn
  10. Damien Cloarec (@DamienCloarecSkipper) à 2,2mn

    15. Clarisse Cremeur (Everial) à 2,6mn (Bizuth)

Ils ont dit ….

Yann Eliès (St Michel) : « une grande leçon d’humidité »

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« (Rires)… Ah oui, ça s’annonce compliqué… on attaque le pot pourri carrément, le pot au noir. Il pleut, y’a des gros grains La dépression orageuse est en train de s’évacuer mais j’ai bon espoir qu’on subisse pas trop de grains violents quand même… ça reste gentil, très instable… des vents un peu dans toutes les directions mais pas de grosses conditions, pas d’éclairs. Hum Hum, alors on va croiser les doigts pour que ça reste comme ça. Il fait nuit, on voit rien, ni nuage ni risée donc l’idée est de faire un peu avec ce qu’on a, j’ai l’impression que ça distribue pas mal… on n’a pas tous le même vent, entre NE, W c’est pas facile de savoir ce qui va nous tomber dessus. Normalement la météo annonce du NW à NE alors on va tabler là dessus.pour monter à Saint-Marcouf mais je pense qu’on n’est pas au bout de nos peines.Je ne sais pas si la lumière va nous apporter grand chose… en tout cas pour l’instant il pleut, c’est un truc de ouf, il pleut pour tout l’été je crois… une grande leçon d’humidité et d’humilité, c’est ça ! ha ha ha J’avoue que j’ai eu un petit coup de mou… quand ç’est reparti, j’ai eu du mal a me prendre par la main et à sortir pour faire avancer le bateau. il avançait correctement mais il fallait que j’envoie le gennak(er) ! Je me suis bien reposé, j’ai pas mal dormi et là c’est parti pour un sacré tour de piste… il va quand même falloir gérer des phases de récup parce que ce n’est pas le tout et c’est pas fini surtout… j’ai fait tourner les routages on a intérêt de garder des forces. Là, on passe devant chez Lemonchois et Napo, je pensais à eux tout à ‘heure, ils sont peut-être en train de nous regarder passer… ha ha ha (Rires) ! »

Yoann Richomme (HelloWork – Groupe Telegramme): « On a fait un joli coup »

« La mer est plate ce n’est pas désagréable. Après avoir serré les dents quelques heures par ce que je ne voyais pas où étaient les autres je suis quand même satisfait de passer deux à la bouée d’Owers. Ce n’est pas mal pour le général. Je ne sais pas trop ou sont Alexis (Loison) et Gildas (Mahé) mais ça ne peut pas être beaucoup mieux pour l’instant.
J’ai fait une super option à l’île de Wight avec Éric (Peron). On est allé rechercher la bascule de vent et de courant en même temps et nous avons tout eu ! Globalement, les autres ne voulaient pas y aller parce qu’il fallait prendre du courant négatif pour aller jusqu’à la cote. C’est vrai, c’était assez délicat. Mais une fois à la cote, on a retrouvé du vent et une bonne protection. C’est top, mais à notre vent il y a un orage. Je ne sais pas trop s’il se rapproche où s’il est dans notre Est. Je ne sais pas trop non plus, ce que ça va donner. On ne sais pas trop s’il reste une option à faire donc c’est beaucoup plus simple. On a donc réussi à avancer le long de l’île de Wight, et quand on est sorti de l’île nous avions la renverse, le vent est tombé ce qui nous a permis d’aller vers la bouée d’Owers. Là, nous avons attendu la bascule de vent de Nord qui est rentré, et nous permettait d’avoir un super angle rapide pour aller sur la bouée alors que les autres étaient au près. C’était un joli coup. C’est cool. Il fait super humide. J’espère que ça va pas être comme ça jusque la fin. Là ça va être l’heure de la sieste par petit quart d’heure, je vais essayer de me reposer. Je ne sais pas trop bien par quel bout prendre la suite parce qu’on n’a pas d’inflation précise. On fait route pour l’instant et on verra bien la suite. Il y a toujours un petit côté aléatoire. je me suis déjà fait ralentir après la bouée d’Owers parce que j’étais un peu trop près. Faut se méfier des fichiers dans l’Est. Dans l’Est, il y a de l’orage. Ça dépend des moments mais c’est plutôt instable. Ça passe de 4 à 11 noeuds, on a eu 40° de bascule déjà et je me suis fait prendre, c’est chiant. J’essaye de caser un petit moment mais ça va par durer longtemps. »

Éric Perron (French Touch) : « Petit schuss »

« Sur la remontée vers Owers, on est allé se protéger du courant avec quelque uns de nos camarades : Yoann Richomme, Thomas Ruyant et Pierre Leboucher. Et à voir la flotte en ce moment c’était une bonne option. on est allé se protéger le long de l’île de Wight à la pointe Sainte-Catherine. En allant se protéger, tout simplement on faisait que nous voulions en allant droit vers la bouée et nous étions au bon endroit pour la bascule de courant. Les deux combinés font un petit « schuss ». À la renverse de courant, le vent s’est essoufflé et il a mis un peu de temps à se remettre comme l’avait annoncé la météo dans ces coins-là. C’est une étape pas facile à faire, il y a des grains complètement aléatoires. «

Source

Rivacom

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