Le grand bleu

  • © Alexis Courcoux
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Belle-Île restera dans les annales de cette première étape de la cinquantième édition de La Solitaire URGO Le Figaro : c’est à son passage que la flotte des 47 Figaro Bénéteau 3 s’est éclatée entre un « bleu » échappé, un groupe extérieur en difficulté et un pack intérieur délité. Dans une brise toujours évanescente, les écarts se sont sensiblement creusés !

Henri Leménicier (Eurêka) était toujours largement en tête de la flotte avant le lever du jour : quand il était en approche des Glénans, Julien Pulvé (Team Vendée Formation) naviguait au large de Groix et Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) débordait enfin la grande île… Le « bleu » va-t-il refaire le coup de Laurent Bourgnon en 1988 ? S’échapper tout seul et creuser encore l’écart pour s’imposer à Kinsale ? La route est encore longue et tout le monde attend un changement radical des conditions météorologiques : une dépression va balayer le Sud Bretagne dès ce midi en bouleversant totalement la méthodologie pour passer la pointe bretonne et piquer sur l’Irlande.

En retard sur le programme

En fait si les Figaristes étaient en avance sur les routages au passage de Port Bourgenay, ils sont désormais en retard sur les prévisions : la dorsale de lundi a totalement bousculé le programme et surtout l’approche des skippers qui ont dû composer avec un vent de secteur Ouest bien mou. Et à Belle-île, il a fallu choisir son camp derrière ce nouveau leader imprévu. Certains ont préféré passer entre l’île et Quiberon et malgré le courant contraire, quelques-uns ont pu s’extirper à l’image de Julien Pulvé, suivi par Alexis Loison (Région Normandie), Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire), Tom Laperche (Bretagne CMB Espoir) et Gildas Mahé (Breizh Cola-Equi’Thé).

Et pour ceux qui ont opté pour un passage à l’extérieur de Belle-Île, la nuit a été très rude : seul Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) s’en sort à peu près ! Car pour les autres, ce fut un calvaire pour tirer des bords et s’éloigner des falaises : les grands perdants de cette redistribution sont incontestablement Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur) désormais 12ème à 27 milles du leader et Michel Desjoyeaux (Lumibird) à près de 30 milles… Mais il y a d’autres grands perdants dans cette opération tels Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) aux prises en compagnie de Cécile Laguette (Eclisse) avec les calmes de Houat ou Alain Gautier (Merci pour ces 30 ans) empêtré au large de Belle-Île.

Le passage de Sein

L’objectif reste le passage de Sein mais ce sont l’heure de la marée et les conditions météorologiques à ce moment-là qui vont déterminer s’il est possible d’embouquer le raz de Sein ou s’il faudra faire le grand tour par l’extérieur du phare d’Ar Men. Car avec un courant contraire et un vent de Sud à plus de trente nœuds, difficile d’imaginer s’engager dans une telle bouilloire ! Or la marée montante de ce mardi débute à 12h25 et se termine à 18h38 (référence Sein)… Avec 88 de coefficient. Il va falloir que la dépression attendue arrive vraiment à l’heure pour que toute la flotte puisse déborder la pointe bretonne avant la fin de l’après-midi ! Autrement, les écarts vont encore s’accroitre entre ce leader imprévu et le peloton.

Ils ont dit :

Gildas Morvan – NIJI

Oui c’est assez compliqué, j’ai du mal à comprendre, tout le monde s’est arrêté un peu au niveau de Belle-Île et certains ont réussi à garder un tout petit peu de vent puis je pense à prendre un nouveau vent, une nouvelle pression Sud-Est que j’ai actuellement : j’ai onze nœuds. Alors que le reste de la flotte est restée dans deux, trois à quatre nœuds de vent autour de Belle-Île, ça fait un gros delta pour finir. Dès que j’ai touché un peu de vent, le bateau a décollé mais on a eu trois, quatre nœuds dans la nuit, on s’est même arrêtés dans la nuit donc c’était un peu compliqué. Par rapport au timing, c’est sûr qu’on va mettre du temps pour aller à Kinsale, on va arriver jeudi je pense donc la dorsale était un peu plus copieuse que prévu, on a eu du mal à la traverser, on n’a pas beaucoup avancé hier après-midi. La route est longue encore, il y a encore plein de passages : Penmarc’h, le Raz de Sein, on va passer par le Four, etc. C’est long aussi pour aller jusqu’au Fastnet et du Fastnet jusqu’à Kinsale, il peut se passer des choses, il y a encore du boulot. Je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai fait une petite sieste de vingt minutes il y a un quart d’heure mais dès que c’est stable je vais essayer d’en refaire.

Martin Le Pape – Skipper MACIF 2017

J’ai été un peu bloqué par Belle-Île et je n’avais pas trop le choix, au final je pense que je n’ai pas pris la meilleure option donc j’ai un peu payé ! Je ne vois plus les autres à l’AIS donc j’imagine que ça devait être compliqué pour tout le monde, en tous cas j’espère que je vais pouvoir revenir, la route est encore longue. J’ai buté contre le courant mais là c’est reparti. Ça va être compliqué donc il faut faire tourner les routages et voir comment aborder la chose de la meilleure manière. Le vent va rentrer progressivement avec la dernière météo donc on va voir, je pense qu’on va changer de mode, mais ce qui est sûr c’est que, pour aller au Fastnet, il reste un peu de temps ! Je ne suis pas très content de la manière dont j’ai navigué mais bon, ça, il faut l’oublier et passer à autre chose.

Armel Le Cléac’h – Banque Populaire

Je n’ai pas trop d’explications, hier il y a eu une bulle anticyclonique qui s’est mise sur la route et a priori ça passait mieux à terre même si je ne sais pas trop par où est passé le premier (NDLR : Henri Leménicier – Eurêka)qui est loin devant tout le monde. Mais sinon c’était plutôt à terre qu’il fallait rester. Maintenant j’espère qu’on va avoir un peu plus de vent pour le reste du parcours et arriver en Irlande. C’était prévu ce secteur Sud-Ouest qui doit rentrer donc on va regarder ça pour pouvoir faire route vers Sein et puis la Manche. Pour l’instant on a pris pas mal de retard mais c’est le jeu, on va essayer de revenir si possible, il y a encore des coups à faire je pense jusqu’à Kinsale et ce sera aussi plus une course de vitesse avec un vent qui ne devrait plus être trop mou pour les prochaines 48 heures. C’est très lent, on n’est pas en avance par rapport aux prévisions mais c’est comme ça, la dorsale, il y a une petite bulle anticyclonique qui s’est décrochée et qui a bien fait son boulot hier et on a passé presque toute la journée et la nuit avec zéro à trois nœuds de vent donc ce n’est pas forcément très drôle mais bon, il fallait faire avec. C’est vrai qu’à ce moment-là, les nuits ne défilent pas trop, on n’avance pas beaucoup et donc ça ne nous rapproche pas de l’Irlande rapidement, c’est sûr ! J’ai un petit peu dormi, pas énormément car les conditions étaient difficiles pour dormir avec peu de vent mais je pense que dans les prochaines heures, avec les bords qu’on devrait avoir, ça devrait être le cas avant d’arriver à la pointe bretonne où il va y avoir pas mal de passages dans les cailloux avec le Raz de Sein, Ouessant et le rail des cargos en entrée de Manche donc il va falloir être prêt pour ça. Et ensuite on aura encore l’occasion de se reposer sur la mer d’Irlande notamment qui va être encore assez longue avant d’arriver jusqu’à Kinsale.

Alan Roberts – Seacat Services

Nuit assez compliquée à gérer avec le premier thermique qu’on a eu à terre hier soir. Je ne sais pas trop comment ça s’est passé pour les autres… Je ne capte pas bien et j’étais un petit peu tout seul, avec Cécile aussi. On a pu jouer un peu avec nos deux bateaux et le thermique. On a bien avancé je crois avec le courant qui était avec nous en plus. Je pense que j’ai gagné quelques places même si on a aussi ramassé beaucoup d’algues !

Classement de 6h00 :

  1. Henri Leménicier – Eurêka, à 362.9 milles nautiques de Kinsale (1er bizuth)
  2. Julien Pulvé – Team Vendée Formation, à 15.48 milles nautiques du leader
  3. Anthony Marchand – Groupe Royer-Secours Populaire, à 17.20 mn
  4. Alexis Loison – Région Normandie, à 17.40 mn
  5. Tom Laperche – Bretagne CMB Espoir, à 17.83 mn
  6. Gildas Mahé – Breizh Cola-Equi’Thé, à 18.01 mn
  7. Pierre Quiroga – Skipper Macif 2019, à 20.72 mn
  8. Alberto Bona – Sebago, à 23.69 mn
  9. Morgan Lagravière – Voile d’engagement, à 24.48 mn
  10. Jérémie Beyou – CHARAL, à 26.25 mn

Source

Rivacom

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