La course à la récupération a commencé

© Alexis Courcoux

Toujours en attente de Nathalie Criou (Richmond Yacht Club Foundation) qui devrait faire son entrée après la remise des prix ce soir au Port du Légué, les skippers peaufinent leur préparation pour la deuxième étape qui s’élancera dimanche à 14 h 00. Siestes, kiné, bricole, détente, chacun panache les activités à sa façon pour être à 100% à l’attaque d’un golfe de Gascogne annoncé plutôt clément.

« La régate a accouché d’une souris en terme de temps, mais les concurrents vont traîner cette première étape comme un boulet physique jusqu’à Saint-Gilles. La récupération sera déterminante ». C’est le triple vainqueur Yann Eliès, revenu sur les terres de son adolescence saluer ses copains, qui les prévient de l’enjeu physique d’une Solitaire URGO Le Figaro. 465 milles ont été parcourus, il en reste encore 1200 avec deux traversées du golfe de Gascogne et un sprint final à la clef. Bref, le plat de résistance est devant l’étrave et il faut garder de l’appétit. Deuxième de l’étape, Charlie Dalin n’en manque pas et annonçait jeudi son programme d’ici dimanche : « La première étape est terminée. La course à la récupération a commencé. On ne peut pas stocker le sommeil, mais en revanche, on peut engranger de la fatigue. Donc moi, je dors ! ». A sa manière, son camarade de l’écurie Macif, Martin Le Pape, ne dit pas autre chose : « Le corps, c’est comme une batterie. Tu la décharges pendant l’étape et essaies de recharger à terre. Mais tu ne remontes jamais au sommet, c’est comme un téléphone fatigué ! Chez Macif, on a la chance de ne rien avoir à faire. Nous avons un préparateur, une attachée de presse et aussi un cuistot. On mange bien, on n’attend pas au restau. Ce soir, je vais aller courir et j’ai déjà la tête dans l’étape suivante »

Le corps et les mains crispés par une étape longue et stressante, les marins font massivement appel aux trois kinésithérapeutes de l’organisation. Parti avec une hernie cervicale, Damien Cloarec (Saferail) adapte sa façon de naviguer et fait de la prévention pour les étapes à venir. Parfois, c’est lors de l’escale que les problèmes physiques occultés en mer font leur apparition. Eric Péron (Finistère Mer Vent) explique : « Sur une étape, le corps est en tension pendant 3 à 4 jours, en mode tonus. C’est souvent à terre, quand tu t’allonges de longues heures que tu constates que ça coince. Je n’ai pas de protocole spécial de récupération, mais je m’écoute beaucoup et suis vigilant. Il faut se coucher tôt, ne pas se polluer, ne pas courir partout. Sur le plan digestif, il faut éviter la charcuterie et les bières. Au niveau kiné, je fais une séance par jour. C’est bon pour le corps et pour la tête ! » Certains, comme le bizuth Thomas Cardrin, ont plus de mal à se détacher de la course : « J’ai du mal à me reposer en ne faisant rien. C’est pour ça que je suis sur mon bateau. Je fais des siestes, je fais des séances d’étirement avec les kinés, j’y vais au feeling, la forme reviendra gentiment toute seule ».

Tout le monde se félicite en tous cas de pouvoir bénéficier de trois longues journées pour récupérer. A l’exception peut-être du coach irlandais Marcus Hutchinson : « En fait, je suis plutôt favorable à de courtes escales. Les skippers restent plus facilement dans leur course, ils ne perdent pas le rythme ». Nathalie Criou (Richmond Yacht Club Foundation), attendue vendredi soir au Légué, pourra méditer ces paroles, mais ne les trouvera peut-être pas à son goût avec seulement 36 heures de pause avant le grand départ pour l’Espagne dimanche.

Des bateaux à 100%

D’ici-là, l’ensemble de la flotte des Figaro 2 aura eu, elle aussi, besoin de bien des attentions. La casse et les soucis techniques ne sont en effet pas l’apanage des skippers ayant abandonné sur cette première étape. Les conditions rugueuses en Manche n’ont épargné personne et les job-lists à l’adresse des préparateurs étaient parfois bien nourries à l’arrivée de Saint Quay Portrieux. « J’ai un peu déchiré ma grand-voile, le génois et explosé le petit spi. J’ai eu pas mal de soucis électroniques, parce que j’ai rentré beaucoup d’eau à l’intérieur. C’est fou comme on travaille toute l’année pour préparer un bateau et qu’on est capable de tout détruire en une traversée de la Manche ! » s’exclamait l’espiègle Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance) à son arrivée.

Les voileries ont été les plus sollicitées pour des réparations en pagaille, mais les électroniciens et informaticiens de Teem et Rom arrangé ne sont pas en reste. Ecrans d’ordinateurs, claviers, centrales de navigation, pilotes et connectiques ont été mis à rude épreuve et doivent être vérifiés.

Heureusement, la météo très agréable sur la Baie de Saint-Brieuc permet de travailler dans d’excellentes conditions sur les pontons. A l’approche d’une traversée du golfe de Gascogne annoncée plutôt clémente pour la semaine prochaine, l’ambiance est très détendue sur le Port du Légué et le public peut profiter des marins, revenus en masse sur les bateaux.

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Rivacom

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