Anthony Marchand, première à la maison !

© Alexis Courcoux

Au terme de 465 milles d’un parcours émaillé de rebondissements, Anthony Marchand a remporté mercredi à 22h54’28 la première étape de La Solitaire URGO Le Figaro entre Le Havre et la Baie de Saint-Brieuc, une première pour le natif de… Saint-Brieuc. Le skipper de Groupe Royer-Secours Populaire a coupé la ligne d’arrivée à Saint-Quay-Portrieux après 3 jours 9 heures 54 minutes et 28 secondes, avec 3’06’’ minutes d’avance sur Thierry Chabagny (Gédimat) et 3’38’’ sur Charlie Dalin (Skipper Macif 2015). Les écarts étant infimes entre les 25 premiers, le suspense reste total en vue de la suite de cette 49e édition.

« J’ai poussé un grand cri ! » C’est ainsi, seul dans la nuit costarmoricaine, qu’Anthony Marchand, 33 ans, a fêté mercredi à 22h54’28 sa première victoire d’étape sur La Solitaire URGO Le Figaro après 3 jours 9 heures 54 minutes et 28 secondes et 465 milles d’une étape dont il aura été l’un des grands animateurs. Premier à Pullar après une traversée sauvage de la Manche sous spi, encore dans le Top 5 à la marque de Wolf Rock, le skipper natif de… Saint-Brieuc aura donc attendu la première arrivée de la Solitaire dans sa baie natale pour remporter une étape, lui qui, en sept participations précédentes, n’avait jusqu’ici signé qu’un podium, troisième à Gijon en 2013. « C’est mon deuxième podium, ma première victoire, c’est génial, en plus, j’ai pas mal traîné ici, jusqu’à mes vingt ans, je naviguais dans les parages entre Saint-Quay et Tournemine, je me dis que c’est le destin, forcément. Je gagne une étape en huit ans, il faut que ce soit celle-ci, c’est génial », a commenté mercredi soir au ponton de Saint-Quay-Portrieux l’heureux vainqueur, les yeux rougis par la fatigue, juste après s’être offert une première goulée de champagne.

Pour emporter cette étape d’anthologie, il aura fallu au Briochin une sacrée dose de talent et d’abnégation, tant les renversements de situation auront été légion, avec notamment le passage inouï de Wolf Rock d’un peloton de tête subitement scotché au pied du phare ou ce regroupement général mercredi à la Grande-Basse de Portsall, dernière marque de passage d’un parcours finalement réduit à 465 milles (contre 543 au départ du Havre). « C’était dur parce qu’il y a eu pas mal de moments de transition avec de nouveaux départs et à chaque fois, je n’en ressortais pas très bien, mais j’arrivais quand même à revenir dans le paquet. A Wolf Rock, on était cinq-six bateaux avec 13 milles d’avance sur les autres, je me suis dit que ça allait être bon pour nous et dur pour eux, et non, impossible de passer et encore un nouveau départ, ça n’a pas arrêté… » Finalement, le skipper de Groupe Royer-Secours Populaire est parvenu à faire la différence dans l’après-midi de mercredi, déposant Thierry Chabagny, parvenu à tricoter dans le bon sens sous spi après Portsall, juste après le passage de l’île de Batz. Restait à tenir face à une meute d’affamés emmenée par le skipper de Gédimat, mais aussi Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance), Alan Roberts (Seacat Services) et Erwan Tabarly (Armor-Lux), arrivés dans cet ordre à Saint-Quay-Portrieux. « A la fin, j’étais tout le temps stressé. Quand tu arrives en baie, ça a toujours tendance à revenir par derrière et tu vois le feu derrière toi qui grossit, tu te dis que ce n’est pas possible. Je pensais au pire, il n’y a que dans le dernier mille que j’ai pensé à la victoire. C’est fabuleux, ça donne envie de recommencer, de ne pas s’arrêter là ».

Cette victoire arrive en tout cas comme une revanche par rapport à la première étape de l’année dernière, trop vite interrompue, grand-voile déchirée, et une belle récompense pour un marin considéré depuis des années comme un talent brut, mais qui avait du mal à tenir sur la durée, ses meilleurs résultats sur La Solitaire étant deux neuvièmes places en 2011 et 2016. Ce qui a changé ? « Avec Alexis (Loison, 8e de l’étape, ndlr), on a pas mal travaillé ensemble, on s’est organisés différemment. Je n’ai quasiment pas eu de vacances depuis janvier, tout a été tourné vers le Figaro, que ce soit du bricolage ou de l’entraînement, je suis vraiment satisfait ». Et pas rassasié, puisqu’il conclut, à propos de la suite du programme : « Mon but, ce n’est pas de gagner la Solitaire, mais faire un podium, ça serait un rêve, parce que pendant pas mal d’années, j’ai toujours eu une étape où je déchirais une grand-voile, où je me blessais, il y avait toujours une étape qui me faisait un classement général de merde, cette année, j’ai vraiment envie de faire un bon classement… »

C’est plutôt bien parti, même si, avec les dix premiers en dix minutes à l’arrivée à Saint-Quay, dont tous les favoris, cette 49e Solitaire URGO Le Figaro est très loin d’avoir livré son verdict final. Prochain épisode dès dimanche, avec le départ de la deuxième étape à destination de Ria de Muros-Noia, en Espagne (520 milles). En attendant, c’est une belle parade entre Saint-Quay-Portrieux et le Port du Légué, à Saint-Brieuc, où a été inauguré mercredi soir le village officiel, qui attend les 28 marins arrivés dans la nuit de mercredi à jeudi (Nathalie Criou, dernière en mer, devrait arriver jeudi après-midi sur la ligne), l’occasion pour Anthony Marchand de fêter sa belle victoire parmi les siens…

Ils ont dit :

Thierry Chabagny (Gédimat), deuxième de l’étape :

« C’était une étape de dingue, surtout la première journée, avec des pointes à 42-43 nœuds, 38 nœuds constants, c’ était vraiment du sport de glisse, assez brutal comme entrée en matière. Le louvoyage à suivre était assez dur aussi et puis après l’île de Wight, c’est là que j’ai commencé à merder. J’ai pris deux râteaux où je partais au mauvais endroit à chaque fois. Je me suis retrouvé aux alentours la 13e-15e place et j’ai bien rongé mon frein. Après, il y a eu pas mal de réussite dans le retour de Manche avec de la molle pour les premiers, on est arrivés derrière et ça a recollé. C’est Corentin qui a dit très justement qu’on aurait pu refaire un départ à Portsall, à dix alignés devant la bouée, face au courant, arrêtés. Là, c’est devenu bien pour une fois. J’ai fait pif-paf, le Tour de Bretagne, c’est pour moi ! Dans les roches de Portsall, avec Charlie (Dalin) et Seb (Simon), on a bien navigué. A la fin, c’était plus un problème de vitesse, j’ai tenté un petit coup à Batz mais en fait, les gars en haut avaient du vent plus fort et Anthony avait un cran de plus en vitesse sous spi. C’était une étape complète avec du vent très fort, de la pétole, du médium, mais c’est une étape pour du beurre au classement. En revanche, elle compte parce qu’on sait comment on a navigué, mais tout va vraiment commencer à la deuxième étape ».

Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), troisième de l’étape :

« Je reviens de sacrément loin, j’ai eu jusqu’à 11 milles de retard avant Wolf Rock et je passe en tête Portsall (rires). Je ne m’en suis pas trop mal sorti. J’ai pensé que la Solitaire était pliée pour moi, en fait, non, j’ai une deuxième vie, tout va bien. Cette étape était longue, j’ai vraiment l’impression qu’on est partis il y a un mois du Havre, il y a tellement eu de conditions et de nuits différentes qu’elle me paraît avoir duré une éternité. Un moment, la deuxième nuit, je ne tricote pas bien, je ne sais pas trop ce qui s’est passé, les risées ne bougeaient pas, on n’était pas vraiment maîtres de là où on allait, je vois que ça ne le fait pas du tout, les premiers disparaissent à l’AIS et quand ils réapparaissent, je vois qu’ils n’arrivent pas à passer Wolf Rock à cause du courant et du manque de vent, je me dis alors que ce n’est peut-être pas complètement fini, je commence à compter les milles en fonction de ma vitesse et de la leur et je me dis que c’est jouable. La situation a fait que le groupe de derrière est revenu, j’ai réussi à bien tricoter, j’étais assez heureux de prendre la tête de la course et de passer le premier avec le pavillon Oscar à Portsall, parce que mon fils s’appelle Oscar ! Je finis troisième à… (il regarde son chronomètre) 3 minutes 39 et 23 centièmes, c’est comme si on était à égalité, il n’y a vraiment pas beaucoup d’écart entre la plupart des concurrents, tout reste à faire sur cette Solitaire ».

Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance), quatrième de l’étape :

« J’arrive à peine à aligner deux mots, c’était une énorme étape. En plus, j’ai fait un départ bizarre, j’ai mis mon spi à l’eau, ça ne m’est jamais arrivé et ça se passe ma dernière année de Figaro… Je pars aussi sous génois quand tout le monde est sous solent, je me suis bien mis dans le rouge comme un débutant. Après, j’ai transpercé la flotte ! Dès que ça plane, je marche bien. Je voyais tout le monde partir au tas et je n’ai serré les fesses qu’à la fin où je me suis rendu compte que c’était chaud. J’ai dû affaler parce que j’ai abimé mon petit spi et j’ai rempli le bateau d’eau en faisant un planté. C’était impressionnant, il y avait des centaines de litres d’eau. J’ai fini par affaler et puis, ça s’est bien passé en Angleterre. Je garde la tête de flotte toute la course, ça a beaucoup brassé, sauf pour moi et Antho (Marchand) dans une moindre mesure. Il y a eu un nouveau départ à Wolf Rock, un nouveau départ à Porstsall. C’était assez usant. Certains ont usé leur capital chance sur la Solitaire, dont les Macif. C’est beaucoup d’énergie mise pour pas grand-chose finalement. C’est quand même pas mal pour la confiance et les sensations de vitesse. Je vais essayer de me reposer et d’aborder les autres étapes dans le même état d’esprit ».

Le classement de la première étape Le Havre-Baie de Saint-Brieuc :

  1.  Anthony Marchand / Groupe Royer-Secours Populaire, arrivé à 22h 54m 28s
  2. Thierry Chabagny / Gédimat à 22h 57m 34s
  3. Charlie Dalin / Skipper Macif 2015 à 22h 58m 06s
  4. Sébastien Simon / Bretagne CMB Performance à 22h 58m 53s
  5. Alan Roberts / Seacat Services à 23h 00m 41s
  6. Erwan Tabarly / Armor-Lux à 23h 02m 01s
  7. Hugh Brayshaw / Kamat à 23h 03m 00s
  8.  Alexis Loison / Custo Pol à 23h 04m 18s
  9. Tanguy Le Turquais / Everial à 23h 04m 27s
  10. Xavier Macaire / Groupe SNEF à 23h 05m 27s
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Source

Rivacom

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