Philippe Péché se déroute vers Le Cap

© Tim Bishop

Durant le week-end, le navigateur Français Philippe Péché a effectué une réparation provisoire sur la barre de gouvernail en aluminium de son Rustler 36 PRB, mais son régulateur d’allure ne fonctionnant pas non plus il a décidé de se diriger vers Cape Town sous voilure réduite. Ce matin, le navigateur professionnel de 57 ans, originaire de la Trinité sur Mer, qui a presque dominé la course continuellement depuis le départ des Sables d’Olonne le 1er Juillet, naviguait à 2,9 noeuds dans des vents de face de 25 noeuds, et est attendu d’ici 13 à 17 jours à Cape Town.

Péché a d’abord alerté les organisateurs de la course vendredi soir à propos de sa barre franche, mais ses problèmes ont débuté plus tôt la semaine dernière quand le bras d’actionnement de son système de régulation d’allure Beaufort s’est détaché. Les tentatives de réparations avec des tubes de rechange de son gouvernail télescopique n’a pas fonctionné, et quand la barre s’est ensuite brisée dans des vents de 45-50 noeuds en fin de semaine, il n’avait plus rien pour la réparer.

Péché a appelé en urgence le PC course de la Golden Globe Race à 18h10 UTC vendredi, en utilisant un téléphone satellite que tous les compétiteurs ont emporté à bord avec eux pour de telles situations. Les skippers sont libres d’appeler la direction de course et les services d’urgence à n’importe quel moment, mais selon les règles strictes de cette course à l’ancienne autour du monde sans escale, et ne peuvent contacter le monde extérieur que par radio. Péché a ensuite émis un appel vers sa compagne, après avoir dit au PC course: « Je vais appeler ma compagne et je ne me soucie pas des conséquences en dérogeant à cette règle. »

Don McIntyre, le Président de la course a confirmé aujourd’hui : “La situation maintenant est que Philippe est en catégorie Chichester comme s’il avait fait un arrêt. Donc, si maintenant il s’arrête à Cape Town cela serait une seconde entorse au règlement et il sera totalement disqualifié de la course. Il peut demander une pénalité de temps pour les appels téléphoniques émis (comme Istvan Kopar a fait après s’être arrêté aux îles du Cap Vert il y a deux semaines) et nous prendrons la demande en considération parce qu’il n’a pas reçu d’assistance matérielle ni psychologique. Si cela était accepté, il serait de nouveau réintégré dans la course, ce qui lui permettrait de continuer en catégorie Chichester s’il s’arrête au Cap.”

Nabil Amra, l’Americano-Palestinien qui a été forcé de se retirer de la course il y a deux semaines après avoir vécu une avarie similaire avec son régulateur d’allure Beaufort, se montre empathique concernant la situation de Philippe. Il a dit aujourd’hui:

“Je croise les doigts pour Philippe. C’est un mauvais endroit pour avoir ce genre d’ennuis. J’avais peur que la prochaine bourrasque en vent arrière fasse la même chose à son régulateur. Les vents sont peut-être avec lui mais cela ne change pas les sentiments qui vous emparent lorsque vous voyez votre équipement devenu inutile sur le tableau arrière du bateau. 1,500 miles c’est peut-être possible avec les vents à venir, mais il sera complètement épuisé en arrivant au Cap”.
“Tout le monde dit que vous devez équilibrer votre gréement pour que le bateau navigue tout seul. Mais pour réussir à lui faire faire ça assez longtemps alors qu’une vague sur 3 vous fait virer de cap dans des directions aléatoires, ce n’est pas facile. Cela ne prend qu’une heure pour réaliser à quel point cela est futile (surtout si vous naviguez au près vents de face!). Ensuite vous vous résignez à barrer à la main 18 heures par jour, et c’est là que ça vous rend fou! C’est à ce moment-là que la vrai course de Philippe va commencer. Je suis sûr qu’il va tous nous surprendre. Il devra alors chercher au plus profond de lui, dans un endroit que personne ne voit jamais, parce que quand votre bateau est blessé vous l’êtes aussi ! Il est dans mes pensées.”

Jean-Jacques Laurent de PRB ajoute :

“Philippe a fait une course remarquable depuis le départ des Sables d’Olonne. Nous savions que la Golden Globe Race serait particulièrement difficile. C’est une course extrême. Philippe fait ses choix comme un bon navigateur. Notre priorité est qu’il arrive au Cap en bonne santé et qu’il puisse réparer PRB. Nous savons que cette course est très importante pour lui et il a tout notre support pour continuer dans la catégorie Chichester.”

Son compatriote, le Français Jean-Luc Van Den Heede sur le Rustler 36 Matmut, qui a pris l’avantage sur PRB depuis la zone Sud Atlantique, continue de dominer la course avec une avance de 570 miles sur le second, le néerlandais Mark Slats (Rustler 36 Ohpen Maverick), qui a choisi de prendre la route la plus longue à l’ouest. Ce matin, il a viré vers le sud pour éviter un système de haute pression qui pourrait encore piéger Van Den Heede, dans l’espoir de bénéficier des forts vents favorables générés par le prochain système de basse pression venant de l’ouest, espérant ainsi pouvoir combler l’espace qui les sépare ou même dépasser le leader français.
Le Norvégien Are Wiig (OE 32 Olleanna) est remonté en 3ème place passant devant l’Estonien Uku Randmaa (Rustler 36 One and All) durant le week-end. La Britannique Susie Goodall, qui a rapporté vendredi dernier “J’AI REUSSI A TROUVER L’ENDROIT AVEC LE MOINS DE VENT DE L’ATLANTIQUE SUD” a maintenant retrouvé de l’air et avance bien, en 6ème place. Le Finlandais Tapio Lehtinen (Gaia 36 Asteria) cherche toujours à réparer son panneau solaire et ses problèmes de moteurs alors qu’il n’a plus que très peu de batterie.

Source

Céline Trommenschlager

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