Les riches s’enrichissent à la sortie du Pot au Noir

© Tim Bishop/PPL/GGR

Avec la forte chaleur humide des tropiques et les pièges du Pot au Noir, pour tous les solitaires de la Golden Globe Race, les derniers jours ont été difficiles. Mais aujourd’hui les premiers peuvent au moins tourner la page avec des vents frais du Sud Est et distancer encore un peu plus le reste de la flotte. En tête, le Français Philippe Péché (Rustler 36 PRB) a été le premier à se détacher et a viré en direction sud-ouest tôt ce matin. Le second Jean-Luc Van Den Heede (Rustler 36 Matmut) à 50 milles derrière, est encore sur le podium mais s’attend à être dépassé par le Hollandais Mark Slats (Rustler 36 Ohpen Maverick,). L’enjeu est maintenant de profiter du vent pour passer le Cap de Bonne Espérance sans rester coincé dans les hautes pressions de l’Atlantique Sud.

Si on se réfère aux grands clippers, la route traditionnelle était de mettre les voiles au portant direction le Brésil après le Pot au Noir et d’entrer dans la zone des 40èmes Rugissants du Sud au milieu de l’Atlantique. Les bateaux de la GGR ont des gréements qui leur permettent de naviguer au près et de prendre l’option sud, ce qui leur fait gagner une distance considérable.

Péché, Van Den Heede et Slats ont une avance d’une semaine en distance par rapport à la moyenne quotidienne de Sir Robin Knox-Johnston il y a 50 ans et par rapport à Moitessier sur son grand 40 pieds Joshua.

La vitesse cependant est subjective. Ces marins sont supposés être en mer pendant 240 à 300 jours, bien loin des 40 jours-23 heures-et 30 minutes du record de Francis Joyon et de son équipe avec leur trimaran géant l’IDEC en 2017.
Le premier de la GGR aujourd’hui, Philippe Péché, un des navigateurs de l’équipe de Loïck Peyron lors du record du trimaran Banque Populaire V, en 2012, a comparé les temps la semaine dernière : “Jour 18 . Je m’éloigne de Dakar (GGR).”Même jour en 2012 : Je m’éloigne du Cap Leeuwin (Sud-Ouest de l’Australie).
Samedi l’Italien qui n’a pas pris le départ le 1er juillet, est finalement parti des Sables d’Olonne, à la poursuite de la flotte de la GGR 2018 mais il s’est lui aussi retrouvé en panne de vent dans la Baie de Biscay. Francesco Cappelletti navigue à bord de son Endurance 35, le 007 dans la classe Carozzo, réservée à ceux qui veulent continuer l’aventure GGR malgré leur abandon.
Tôt ce matin, l’Américano-Hongrois Istvan Kopar a aussi changé de catégorie en stoppant à Sao Vincente, aux Iles du Cap Vert, pour réparer ou remplacer le régulateur d’allure de son Tradewind 35 Puffin. Il rejoint le Français Antoine Cousot (Métier Intérim) dans la classe Chichester réservée à ceux qui s’arrêtent une fois.

Derrière les premiers, Susie Goodall, la britannique en cinquième place (Rustler 36 DHL Starlight), faisait part de son inconfort à l’organisation de course : “Je ne peux pas m’échapper de ce four. J’ai besoin d’air !”
Et juste derrière l’Estonien Uku Randmaa (Rustler 36 One and All) résumait en quelques mots : “Hier, je garais ma voiture. Aujourd’hui je suis resté au même endroit !”
L’Irlandais Gregor McGuckin (Biscay 36 Hanley Energy Endurance) qui en a profité pour se baigner vendredi dernier gardait le moral en pêchant : “Du thon pour le petit déjeuner ! Attrapé et cuit en 15 minutes. Délicieux !”
L’Indien Abhilash Tomy qui navigue sur la réplique du Suhaili le Thuriya, de retour en 10ème position, était tellement contrarié qu’il est parti direction Ouest pendant plusieurs heures vendredi et a passé les Iles du Cap Vert complètement à l’opposé des premiers de la flotte. Ce matin, il est encore dans la pétole mais avance à 5 noeuds, sans doute au moteur, sacrifiant du gasoil pour aller trouver le vent.

Source

Céline Trommenschlager

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