Le calme avant la tempête

© Jean-Marie Liot

Les voilà en mode course ! Ce mercredi à 13h02 à Nice, les équipages d’Yves Le Blévec (Actual-Grand Large Emotion), Francis Joyon (IDEC SPORT) et Thomas Coville (Sodebo Ultim’) ont pris le départ du « Sprint au large » de Nice UltiMed. Si la foule était compacte et enthousiaste, le vent s’est montré beaucoup plus discret pour le coup d’envoi de ce parcours de 1000 milles. Les trois Ultimes sont ce soir sur la route du premier point de passage, à Marseille (marque Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur), où ils sont attendus dans la nuit. On verra alors une première hiérarchie se dessiner et les conditions deviendront de plus en plus musclées : les 300 milles séparant Marseille du Sud de la Sardaigne s’annoncent très rapides avec des vitesses moyennes de l’ordre de 30 nœuds. Demain, les géants vont enfin lâcher les chevaux !

Après une semaine d’exhibition et de navigations sans enjeu sportif, les équipages d’Yves Le Blévec, Francis Joyon et Thomas Coville avaient ce matin soif de large, de vitesse, d’embruns et de confrontation. C’est avec une forme de soulagement qu’ils ont accueilli le coup d’envoi donné à 13h02 par Armel Le Cléac’h (skipper du Maxi Banque Populaire IX), Christian Estrosi, Maire de Nice, et Jean-Pierre Dick, parrain de Nice UltiMed. Le public niçois a été fidèle au rendez-vous, et les « tribunes » de Rauba Capeù et de la Promenade des Anglais étaient bien garnies pour cet événement inédit.
C’est dans des tous petits airs que les trois Ultimes se sont élancés. L’équipage d’Actual-Grand Large Emotion a été opportuniste, profitant de sa « légèreté » pour franchir en premier la ligne de départ puis la bouée mouillée devant l’aéroport de Nice, devant IDEC SPORT et Sodebo Ultim’. Faute de vent pour boucler le parcours côtier prévu devant Nice, les trois bateaux ont directement mis cap sur Marseille.

En mode match race vers Marseille

C’est au près, dans un vent encore faible, que les Ultimes progressent ce soir vers les îles du Frioul. Ces conditions permettent aux trois équipages de se mettre dans le bain en douceur. Mais il ne faut pas s’y tromper : les vents très faibles, certes plus confortables pour la vie à bord, demandent énormément de réflexion pour tirer les bons bords. Ce n’est qu’au passage de La Ciotat que le vent de nord-ouest devrait commencer à rentrer puis à forcir significativement. Les concurrents de Nice UltiMed devraient passer le premier point de passage à Marseille la nuit prochaine, dans un flux d’environ 25 nœuds. Cette Marque « Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur » permettra de dessiner une première vraie hiérarchie avant une impressionnante course de vitesse qui s’annonce pour rallier le Sud de la Sardaigne…

Pleine balle entre Marseille et le Capo Spartivento

A mesure qu’ils gagneront le large, les équipages feront face à des conditions de plus en plus soutenues. « Le vent s’établira à 30-35 nœuds avec des rafales allant jusqu’à 45 nœuds. La mer sera forte, et courte », prévient Richard Silvani de Météo France. Les maxi trimarans vont aligner des vitesses moyennes très élevées, de 25 à 30 nœuds, avec probablement des pointes à 35 nœuds dans les surfs. Les 300 milles séparant Marseille du Capo Spartivento (au Sud de la Sardaigne) pourraient être avalés en une douzaine d’heures à peine ! Compte tenu de la direction du vent, dans l’axe de la route, les équipages ne pourront pas rallier le Sud Sardaigne sur un seul bord et des empannages de recalage seront à prévoir. Ces manœuvres, loin d’être anodines à bord de ces géants, imposeront la plus grande vigilance. A noter que les Ultimes repasseront juste devant Nice vendredi après-midi. Ils entameront une deuxième boucle avant la grande arrivée, prévue samedi après-midi.

PREMIÈRES VACATIONS AVEC LES MARINS (À 17H) :

Yves Le Blévec, skipper Actual-Grand Large Emotion :

« Nous sommes contents de notre début de course. Nous avons une bonne vitesse et faisons les bons choix tactiques. Nous sommes encore en mode régate au contact mais nous allons bientôt enclencher le mode course au large ! On va entrer dans le dur et on s’y prépare. Quand la nuit tombera, nous commencerons à faire des rotations. »

Jean-Luc Nélias, équipier Sodebo Ultim’ :

« Nous sommes encore tout près d’IDEC SPORT, ça devient une habitude dans Nice UltiMed. Tant que nous sommes devant à la fin, ça me va ! Nous avons commencé à instaurer un système de quart dès 15h, là Thomas (Coville) est en train de dormir. On commence très tôt les rotations car la course va tout de même durer trois jours, et le sommeil est plus facile à trouver maintenant sur mer plate que dans le Mistral. Mais s’il faut faire une manœuvre, tout le monde vient sur le pont ! »

UPDATE : Actual-Grand Large Emotion contraint à l’abandon

Ce mercredi en fin de journée, Yves Le Blévec a appelé la Direction de Course de Nice UltiMed pour l’informer d’une avarie de gréement (vérin hydraulique hors service) survenue sur Actual-Grand Large Emotion. Lors d’un virement de bord, le mât est parti sous le vent et l’équipage s’est rendu compte que le vérin commandant le système ne remplissait plus son rôle. Le trimaran naviguait alors à 1,5 mille dans le Nord-Est du cap de Saint-Tropez, dans un vent de Sud-Ouest de 6 à 8 nœuds et sur une mer plate. Après avoir sécurisé le gréement, Yves Le Blévec et son équipage ont pris la décision de rebrousser chemin et d’abandonner Nice UltiMed. En effet, compte tenu de l’avarie et des conditions météo attendues sur la suite du parcours (vent de 30 à 35 nœuds, rafales à 45 nœuds), le skipper jugeait impossible de poursuivre la course sans mettre l’intégrité du bateau et de ses équipiers en danger.

Ne pas manquer Nice UltiMed

Pour rappel, Yves Le Blévec avait perdu son Ultime Actual le 14 décembre dernier, au large du cap Horn, lors de sa tentative de record du tour du monde à l’envers. Il avait malgré tout tenu à participer à Nice UltiMed et une course contre la montre s’était engagée pour trouver un bateau disponible pour l’événement. Son choix s’était finalement porté sur l’ancien Gitana 11, notamment vainqueur de la Route du Rhum 2006. Renommé « Actual-Grand Large Emotion » pour Nice UltiMed, ce trimaran avait brillé dans le petit temps en dominant le Prologue Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur puis le Run d’Exhibition.

Un duel au sommet

Ce soir, Nice UltiMed devient un duel au sommet entre les Ultimes de Francis Joyon (IDEC SPORT) et de Thomas Coville (Sodebo Ultim’), deux maxi trimarans aux performances proches et aux équipages affûtés. A 19h, ces bateaux se tenaient en moins d’un mille. Ils devraient la nuit prochaine franchir le premier point de passage à Marseille (Marque Région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur). Les conditions deviendront alors de plus en plus musclées : les 300 milles séparant Marseille du Sud de la Sardaigne s’annoncent très rapides et les deux Ultimes devraient aligner des vitesses moyennes de l’ordre de 30 nœuds (55 km/h) dans une mer forte et courte.

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