Après les cocotiers de Salalah, ce sont les grues de Duqm qui ont fait le décor de la seconde étape de l’EFG Sailing Arabia – The Tour. Au milieu du désert, Duqm s’apprête à devenir l’un des premiers terminaux portuaires de la région avec 2 km de quais et, à terme, plus de 100 000 habitants dans ce qui est aujourd’hui encore une agglomération de taille moyenne. Routes, aéroport, infrastructures, tout y est gigantesque et le site, surprenant au premier regard, a séduit les marins qui y ont vu un plan d’eau de premier ordre.

« On réalise que ce que l’on voit aujourd’hui ne sera jamais plus comme on l’a vu » résume Pierre Mas, patron de l’écurie Beijaflore. Avant que l’activité ne batte son plein – dans un an à peine – les autorités portuaires se sont pliées en quatre, allant jusqu’à interrompre le trafic maritime, pour permettre le bon déroulement des courses.

La première journée s’est déroulée à l’abri des immenses digues sur un plan d’eau lisse comme un billard et balayé par un vent timide, mais régulier. Cinq courses au format stadium sont disputées dans le port et l’équipage de Thierry Douillard (EFG) parvient à se placer dans tous les bons coups et domine la journée. Le côtier du jour a donné quelques sueurs froides au directeur de course, Guillaume Rottée qui a composé avec une zone de navigation encore mal défrichée, en s’appuyant sur les témoignages des marins locaux. « Ça s’est passé comme dans un rêve » souffle-t-il à l’arrivée, ravi de cette navigation de pionniers, entre une île sortie tout droit d’un film de science-fiction et des boutres en bois occupés par leur pêche.

« Ça s’est passé comme dans un rêve », c’est aussi ce qu’aurait pu dire l’équipage de Beijaflore, qui n’a rien concédé à ses adversaires avant de s’imposer en patron. Tout juste Valentin Sipan, Guillaume Pirouelle et Julien Villion ont-ils eu un moment de flottement en passant sous le vent de Jazirat Hamar An Nufur, cette étrange île de rocaille haute comme un immeuble. Le caillou, si difficile à appréhender à un temps modifié la hiérarchie mais même Stevie Morrison (Averda), qui y a perdu gros, à réussi à reprendre la situation en main. Le Britannique, accompagné par Nick Asher et Abdulrahman Al Mashari prend la seconde place alors que Thierry Douillard et ses hommes complètent ce podium.

Au général de ce soir, Beijaflore conforte légèrement son avance devant EFG et Averda mais les 2 tiers de la compétition restent à couvrir. Demain, la flotte rejoint l’île de Masirah, à deux cents kilomètres au nord. L’aventure continue et c’est en cargo que la flotte va rejoindre cette île, réputée pour être un spot de kite surf de dimension mondiale.

Interview de Guillaume Rottée (Directeur de course) :

« J’étais un peu inquiet au début mais on a fait de beaux stadiums hier et je suis super content du côtier aujourd’hui. Ça s’est passé comme dans un rêve car le vent était un peu plus fort que prévu et ça s’est bien bagarré sur l’eau. En arrivant ici, on a aucun repère. Les autorités portuaires ont été super compréhensives et nous ont beaucoup aidé. On a même pu naviguer dans le port, ce qui n’arrive jamais. Ils ont interrompu le trafic pour nous. C’est extrêmement rare dans un port de commerce. »

Interview de Fred Moreau (Vivacar.fr)

« C’était ma première expérience à la barre. Nous formons un second barreur en prévision du Tour de France à la Voile et c’est super intéressant. Ça permet de comprendre les contraintes du barreur. Nous avons tenu le coup la première partie du parcours et ensuite ça a été plus compliqué. On s’est laissé emporter à faire de la vitesse mais malgré ça, on fait de belles choses. On a l’impression d’assister au début de quelque chose. On est super content d’avoir fait l’effort de venir ici. On enchaîne des heures de navigation et ce sont des heures qui comptent énormément. »

Interview de Valentin Bellet (Beijaflore)

« A bord aujourd’hui, ils ont fait de belles choses. Ils réussissent un bon lancement et ensuite, ça leur ouvre des portes sur la première remontée. Ça n’est pas seulement une question de vitesse, il y a plein d’autres choses. On s’est fait une petite frayeur au passage de l’île. C’est le seul moment du raid où tu ne sais pas ce qui va se passer. Personne ne pouvait savoir et il fallait s’adapter très vite (…). Personne ne s’attendait à un endroit comme ça mais ça s’est bien passé. C’est dépaysant et ça permet de prendre conscience de ce que c’est qu’un pays en développement. »

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