Le parcours au plus près

Entre Concarneau et Dieppe, un menu météo complexe attend les 43 solitaires sur un parcours long de 505 milles qui ne sera pas de tout repos. Les routages les plus optimistes annoncent une arrivée au milieu de la nuit de jeudi à vendredi. C’est majoritairement au près dans une brise d’Est établie que se déroulera l’étape du dénouement, sauf demain soir où les effets de brise le long de la Cornouaille et en mer d’Iroise pourraient créer les premiers écarts…

Décalé à 14 h 00 pour essayer de bénéficier d’un vent établi, le départ demain devrait se dérouler dans des conditions de vent relativement faibles, « pas plus de 7-8 noeuds » prévient Pascal Scaviner de Météo Consult. Pas de parcours côtier : juste une bouée de dégagement dans la baie, puis la cardinale Linuen à laisser à bâbord avant de faire route sous spi vers la Basse jaune (Glénans), bouée Radio France de cette étape. De l’archipel que la flotte contourne par le Sud, jusqu’à Penmarc’h, les concurrents évolueront dans une période de transition, avec potentiellement des molles à négocier avant que le vent s’établisse plus clairement à l’Ouest-Nord Ouest dans la soirée.

Dure soirée

Progression lente, louvoyage et petits jeux de placements, tout est propice dans cette entame de course à créer de premiers écarts. La route conduisant à l’Occidentale de Sein est assez ouverte et peut laisser du jeu en latéral. Le premier verdict se jouera là, de nuit dans cette zone où le courant est toujours soutenu, même en période de mortes eaux (coefficient 50).
Les skippers mettront ensuite de l’Est dans leur route pour rejoindre le chenal du Four, où le vent se renforcera au petit matin mais dont le tapis roulant et ses renverses peuvent accentuer les écarts pour ceux qui auront créé les premiers décalages.

Lendemains houleux

Du phare du Four à celui de Wolf Rock, la Manche est large – 87 milles – et un résidu de houle d’Ouest pourrait se combiner avec la mer du vent pour créer des conditions assez désagréables. Pas de gros coups tactiques à jouer sur cette traversée où les concurrents évoluent travers au courant mais du pilotage assez technique au reaching avec un vent soutenu à 15- 20 noeuds. Les premiers pourraient apercevoir les côtes anglaises en fin d’après-midi mardi. Se prépareront-ils à une longue procession au louvoyage vers la marque Sud Owers, à l’Est de l’île de Wight, ou bien le front annoncé par certains modèles apportera-t-il du portant libératoire dès le cap Lizard ? Il faudra beaucoup de clairvoyance et de l’inspiration pour se positionner au mieux et rester en phase avec cet éventuel phénomène et la transition qui l’accompagnera.

Ne pas se laisser Albâtre

Quelque soit le schéma, la traversée entre Owers et Antifer, dernière grande marque avant la remontée de la côte d’Albâtre vers Dieppe devrait s’avérer rapide et sous spi. Avec déjà trois jours de course dans les bottes, les concurrents devront encore puiser dans leurs ressources sur les derniers milles et rester concentrés si le régime de vent mollit en fin de course et oblige à naviguer tout près des falaises, l’arrivée sur Dieppe ayant souvent écrit des pages épiques de la Solitaire.

Avec ce menu météo varié, complexe et indécis, celui qui entrera en vainqueur à Dieppe pourra savourer une grande victoire sur un format d’étape conforme à la légende de la Solitaire.

Ils ont dit :

Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), 3ème au général, à 1h 01 du leader

« Je suis confiant. J’ai une situation plus facile que les deux leaders qui ont tout à perdre. On part sur une étape longue qui va être complexe, ouverte, tous les ingrédients qui me plaisent. Les 48 premières heures notamment vont être compliquées avec un cocktail détonnant de vent faible et de courant fort. En étant percutant sur le début de course, il y aura moyen de faire de l’écart. Ensuite, comme on fait de l’Est dans la Manche, le courant s’inverse d’abord sur l’arrière de la flotte et les écarts ont toujours tendance à augmenter. C’est clair que cette étape est un gros morceau, peut-être le plus gros morceau de cette Solitaire ».

Xavier Macaire (Groupe Snef), 9ème au général, à 2 h 24 du leader

« J’aborde l’étape sans regarder le classement. Je vais essayer de faire une belle navigation, être rapide, établir une bonne stratégie, si je fais tout ça comme il faut, je grappillerai sans doute une ou deux places, peut-être trois et si j’échoue, je perdrai clairement au général ! Il y a toujours une possibilité qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire, mais je n’y pense pas trop. Le quatuor devant est très solide. Nico l’a prouvé, c’est l’homme de la situation, Adrien est rapide et tenace, il sait oser et souvent intelligemment. Quant à Charlie et Sébastien, ils vont aussi très vite, notamment au près, ce qui n’est pas toujours mon cas. J’ai des très bons pics de vitesse au portant, mais au près c’est un peu plus aléatoire. Ce qui m’a bluffé quand j’étais au contact avec Adrien et Nico, c’est leur régularité. Ils n’ont pas de manque. »

Damien Cloarec, SafeRail, 7ème au général, à 2h18 du leader

« Ca va être long. Je vois une arrivée vendredi, cela fera quatre jours de mer. Il n’y aura pas de beaucoup de vent et beaucoup de près. La sortie de la baie de La Forêt se fera avec un thermique, puis on aura du Nord-Est la nuit le long de la pointe bretonne. Ce sera du reaching pour rejoindre Wolf Rock, et ensuite du près le long des côtes anglaises avec 20 nœuds. Ca mollira en approche de l’île de Wight sous spi, et puis ce sera du près jusqu’à A8. La fin à Dieppe n’est pas encore très claire. Je suis content de repartir en mer sur cette course de dingue. Je croque chaque instant depuis le début de La Solitaire. Je me dis à chaque fois que j’ai une chance énorme d’être là ! »

Benjamin Dutreux, Sateco, 11ème au général, à 2h25 du leader

« Ca ne s’annonce pas simple et les routages annoncent une longue étape. Mentalement, il va falloir rester calme et ne pas s’énerver. Il y aura des passages clés, notamment avant la chaussée de Sein, car il y une zone sans vent avec du courant, et le vent tournera à l’Est. Il ne faudra pas passer le Four en retard. Et puis, toutes les pointes anglaises sont source de gros écarts de temps. Il faudra être dans le bon timing, ça va être tactique et intéressant. Il y aura beaucoup de près je pense ! Il faudra bien se concentrer sur la météo. J’aime de plus en plus les longues courses, j’aime être au large, donc cette étape me convient bien… Je joue entre la 7e et l4e place, mais je ne me focaliserai pas sur mes adversaires. »

Tanguy Le Turquais, Nibelis, 15e au général à 2h40 du leader

« J’ai fait un peu de météo ce matin, cette étape s’annonce super bien ! Ce sera un peu compliqué de quitter la pointe bretonne, ensuite la première traversée de la Manche sera simple avec du vent d’Est au reaching. Pour le reste, c’est encore indécis. On a du beau temps et le parcours est magnifique. J’ai l’impression d’aller participer à une finale d’un tournoi du grand chelem. Je suis bien dans ma tête, la troisième étape m’a remis en confiance. Je reviens dans le match avec Julien (Pulvé) et Pierre (Le Boucher) qui n’est pas loin, Milan (Kolacek) non plus. Sur ce genre d’étape, on peut s’attendre à tout. Avec la fatigue accumulée, les deux traversées de Manche, la pétole et le courant, il peut y avoir de sacrés écarts. Il faut que je gagne l’étape en Bizuth, c’est le plus important.»

Anthony Marchand (Ovimpex- Secours Populaire) 34ème au général, à 8h39 du leader.

« Faire un coup ? C’est dangereux en Figaro ! Je navigue plutôt centré sur le plan d’eau, je vais faire cmmd je sais faire, petit coup par petit coup pour faire une belle place. Y a as de miracle, juste une micro-bataille avec Erwan (Tabarly) et l’envie de se faire plaisir de montrer à la fin que sans mon souci de grand voile sur la première étape, je jouais dans les 5 ou les 10. J’attends ce soir pour regarder la météo car j’étais en mode récup’. Avec mon souci de grand voile, je suis arrivé à Gijon la veille du départ, ensuite, on n’a eu qu’une journée ici. Ce que je sais, c’est que l’arrivée à Dieppe sera compliquée, et je plains ceux qui jouent pour le général. On a le souvenir où le classement s’est complètement décidé ici. Ca bougera dans les 10, c’est certain. Quant à Nicolas, je pense qu’il sera vraiment très dur à battre parce qu’il est rapide tout le temps. Il a aucun trou et mérite cette Solitaire ».

Source

Rivacom

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