À la recherche du temps perdu

ETAPE 2, NF HABITAT, SIMON TROEL, SOLITAIRE URGO LE FIGARO 2017

© Alexis Courcoux

Alors que les leaders toujours emmenés par Sébastien Simon naviguent au large de Penmarc’h, certains solitaires qui avaient scoré lors de la première étape de La Solitaire URGO Le Figaro sont en ballottage très défavorable ! Leur objectif est clairement de limiter les dégâts à l’arrivée à Concarneau après un passage de la Chaussée de Sein en soirée, puis un parcours raccourci par un tour de Belle-Île au lieu d’aller jusqu’à Yeu.

Les dés ne sont pas encore jetés mais les cartes ne sont pas en faveur de certaines têtes de série qui avaient réussi à sauver les meubles lors de la première étape entre Bordeaux et Gijón. À l’image d’Alexis Loison (Custo Pol) qui, en choisissant de se décaler le plus à l’Ouest dès la première nuit venue, a pris une « claque » terrible au point d’être en queue de peloton avec une dorsale anticyclonique qui le rattrape ! Pas de chance pour le skipper qui a vu le vent revenir par le centre de la flotte et qui l’a laissé pantois, collé double face sans rien pouvoir faire à moins de cent milles de Gijón… Le Cherbourgeois est sans conteste le plus sanctionné, lui qui avait fini la première manche à la sixième place avec 48’26 de retard sur le vainqueur d’alors, Nicolas Lunven (Generali).

À quel Sein se vouer ?

Celui-ci n’est pas à la fête non plus même si son positionnement à la dixième place en cette fin d’après-midi est nettement moins catastrophique, mais il concède à Sébastien Simon (Bretagne CMB Performance) qu’il devançait à Gijón de 27’46, plus de sept milles ce qui correspond actuellement, à plus d’une heure de débours… Seul Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) est à même de limiter les dégâts avec un peu plus de trois milles de retard alors qu’il n’avait que 1’07 de delta sur Sébastien Simon.

Car derrière, les « vieux briscards » de La Solitaire sont en grosse difficulté : Adrien Hardy (Agir Recouvrement) est à plus de dix milles du leader de cette deuxième étape et sa position sous le vent de la flotte ne lui est pas très favorable pour revenir aux avant-postes avant Sein. Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), cinquième à Gijón avec 11’38 d’écart sur Simon, est noyé dans le ventre mou du peloton à la 29ème place à plus de vingt milles de la tête de flotte ! Tout comme Xavier Macaire (Groupe SNEF) qui navigue à ses côtés…

Et un tour de Belle-Île !

Ainsi parmi les dix premiers en Espagne, ce sont finalement trois jeunes skippers qui tirent leur épingle du jeu : Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM-CS) et Julien Pulvé (Team Vendée Formation) sont au coude à coude sur les traces du leader avec seulement deux milles de débours quand la Suissesse Justine Mettraux (TeamWork) est toujours dans le « Top Ten » aux côtés de Nicolas Lunven qui ferme la marche du groupe de tête. Car non seulement le premier a du gras sur ses poursuivants directs, mais en sus, les dix premiers ont fait le break sur un deuxième groupe sept milles sous le vent et emmené par le bizuth tchèque Milan Kolacek (Czeching The Edge) et Adrien Hardy ! Or ce deuxième sous-ensemble a largement distancé une troisième « bande » qui peine encore à longer la zone de tir interdite à la navigation… et qui progresse à plus de quinze milles du leader.

Or avec une brise qui prend de la droite en approchant des côtes bretonnes, les leaders creusent encore plus un delta qui va devenir très conséquent vis à vis du peloton. Ainsi Sébastien Simon a pu passer à la bordée les dangers de Penmarc’h tout comme ses poursuivants directs, ce qui ne devrait pas être le cas pour le deuxième groupe et encore moins pour la troisième bande ! À une trentaine de milles de l’Occidentale de Sein en fin d’après-midi, la tête de course est attendue à cette première marque de parcours au coucher du soleil lorsque la brise thermique va laisser place à un flux de Nord-Est lié au passage de la dorsale açorienne. C’est donc un double et long bord de vent de travers qui attend les solitaires après la Chaussée de Sein en direction de Belle-Île, puis de Concarneau, la Direction de Course ayant décidé de réduire le parcours initial prévu jusqu’à l’île d’Yeu, soit une réduction d’environ 100 milles. Le vainqueur est donc attendu devant la Ville Close demain mardi entre 20h00 et 23h00…

Ils ont dit

Sébastien Simon (Bretagne Crédit Mutuel Performance) 1er au classement de 12h

« Je suis à 45 milles de la Chaussée de Sein. On pensait aller jusqu’à Sein tranquille mais actuellement il y a plus de mer que de vent. C’est difficile de faire avancer le bateau et ça commence à devenir monotone. Depuis le départ ça n’avance pas beaucoup, on est sur le bord bâbord depuis un moment maintenant, et il ne faut pas se déconcentrer. On se rapproche de la côte. À vrai dire je n’ai pas trop le choix, c’est un peu le vent qui m’emmène à Penmarch. Après il va falloir que je gère au niveau timing mon virement, pour à la fois me protéger du courant dans la baie d’Audierne et me faire amener par le courant à la chaussée de Sein. Je surveille de près ce qui se passe derrière, car je me fais attaquer en permanence parce qu’à chaque fois la flotte s’étale. Elle s’était bien réalignée parce qu’il y avait les zones interdites, mais maintenant ça se ré-étale. Il y en a au vent, sous le vent, derrière… »

Erwan Tabarly (Armor Lux) 5ème au classement de 12h

« C’est compliqué parce qu’on a surtout du petit temps avec du vent variable. La première journée a été compliquée, avec des bords à tirer et un vent très instable. Résultat : ça a fait beaucoup d’écarts entre les concurrents. Je me retrouve plutôt bien placé pour l’instant et j’essaie de rester à proximité des leaders. J’étais plutôt parti à droite et j’ai réussi avec les variations de vent à me recentrer un petit peu. La gestion de la journée d’hier était plus simple, on était au près sur une trajectoire « tout droit », il y avait peu d’options qui s’offraient à nous. Aujourd’hui, on va devoir virer pour aller à l’Occidentale de Sein donc il y aura du positionnement à faire. Après il va falloir retourner en mode côtier avec le courant et les brises thermiques… »

Adrien Hardy (AGIR Recouvrement) 11ème au classement de 12h

« C’était vrai que c’était la nuit du danger. C’était dur d’avoir une stratégie claire : on va dire que j’ai limité un petit peu la casse, je ne fais pas partie des perdants qui étaient dans l’Ouest. Evidemment, j’aurais pu faire partie des gagnants du milieu, mais il m’a manqué un tout petit peu pour accrocher une risée vers 3h la nuit dernière. Je reste malgré tout à portée des premiers, donc je garde espoir. On sait tous que le vent va tourner au Nord-Est ce lundi soir en approchant de la côte, mais bon tout ça c’est une histoire de timing ! Ensuite il faudra être dans le bon tempo pour le courant au Raz de Sein. Le bon scénario n’est pas évident à écrire. Il commence à y avoir un peu de pêcheurs, on est sur la barre en permanence, donc on les voit venir. Autant j’ai beaucoup dormi cette nuit, autant là il faut vraiment que je m’applique à faire marcher le bateau. »

Milan Kolacek (Czeching The Edge) 12ème au classement de 12h

« J’ai beaucoup travaillé pour rentrer dans la première moitié de la flotte, donc je suis plutôt pas mal. J’ai également eu un peu de chance parce que le vent bougeait beaucoup la première nuit et ça m’a été favorable. Je pense qu’après la Chaussée de Sein, ce sera une route directe avec le vent de travers : il n’y aura pas beaucoup d’opportunités de jouer tactique. Il faut miser maintenant sur le passage du Raz de Sein et sur le virement jusqu’à Penmarch et après ça va être une course de vitesse. »

Tanguy Le Turquais (Nibelis) 14ème au classement de 12h

« C’est mollasson et c’est compliqué d’établir une stratégie claire et précise parce qu’il y a des zones sans vent et des zones avec. Tu as des concurrents qui sont à 0,5 mille de toi et qui se retrouve à 2 milles en l’espace de 10 minutes car ils ont réussi à attraper un peu de vent. Personnellement, je n’ai pas été bon à ce jeu-là jusqu’à présent. On suit le baromètre, là il monte… Je suis à 1023, une fois à 1024-1025 : c’est que la bascule devrait approcher et puis il y a la mer qui se calme un petit peu, des nuages qui se font de plus en plus rares. On arrive dans le bout de la dorsale : en théorie, une fois qu’on aura passé son axe, le vent va tourner et on pourra virer. Ça va d’abord passer par le Nord et ça devrait finir au Nord-Est. »

Yves Ravot (Hors La Rue) 19ème au classement de 12h

« C’est un rythme très lent, on a eu du mal à quitter l’Espagne pour commencer avec une molle devant Gijón. Puis Il a fallu choisir entre la droite et la gauche. J’ai été du bon côté. J’ai hésité d’ailleurs, mais bien m’en a pris. Finalement, je tiens à peu près ma position depuis la bouée Radio France. J’essaie de m’accrocher à mes voisins, de voir comment ils naviguent et de garder ce rythme. Ça se présente bien, moi je suis en forme, le bateau est en bon état. La situation est claire. Maintenant, il va falloir se bagarrer. Ça va être intense, intéressant et difficile, mais ça ne change pas. En tout cas, je suis très heureux d’être là ! »

Source

Rivacom

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