Plein les bottes
Décidément, cette étape retour n’aura rien d’une partie de plaisir. Malmenés par une mer de plus en plus formée, trempés, baignant dans une humidité moite même à l’intérieur de leur cabine, les concurrents de la Douarnenez Horta Solo font le dos rond. Et se disent qu’à défaut de jours meilleurs, la purge ne devrait durer encore qu’une quarantaine d’heures.
Rien de bien nouveau sur le golfe de Gascogne. En tête Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) continue son insolente domination poursuivi par son compère Yoann Richomme (Skipper Macif 2014). Ces deux-là ont trusté tous les podiums depuis le début de la saison de course et se verraient bien faire une nouvelle fois la passe de deux sur la Douarnenez Horta Solo. Mais auparavant, il aura fallu se débarrasser de la dernière difficulté majeure sur la route du retour, avec le creusement d’une dépression orageuse particulièrement virulente sur le golfe de Gascogne.
Les leaders, plein front
La nuit qui vient promet donc d’être particulièrement musclée, particulièrement pour les hommes de tête. Charlie Dalin, joint par téléphone dans l’après-midi, parlait déjà de vent établi à près de 35 nœuds et s’apprêtait à vivre des heures difficiles en début de nuit. Par chance, le centre dépressionnaire semble s’éloigner rapidement vers le fond du golfe de Gascogne et la période de vents les plus forts pourrait être de courte durée. C’est tout au moins ce qu’espèrent les solitaires qui ferment la marche : les cinquante milles qui les séparent de la tête de course pourraient leur épargner une grosse part de ce que risquent de subir les leaders. C’est du moins ce qu’espéraient secrètement Sophie Faguet (Région Normandie) et Damien Cloarec (Saferail) bord à bord, sans trop d’illusions non plus. Cinquante milles à l’échelle d’une dépression de cette nature ne pèsent pas grand chose. Mais tout ce qui peut être grappillé sera bon à prendre.
Comme des dahus
Car les solitaires commencent à trouver le temps long. Même les durs au mal comme Xavier Macaire (Chemins d’Océans) ou Martin Le Pape (Bellocq Paysages) commencent à trouver le temps long… Et il faut toute la capacité d’émerveillement d’un Théo Moussion (#theoenfigaro), dont c’est le baptême du feu dans le mauvais temps au large, pour ne pas avouer que ce dont on rêve par dessus tout, c’est d’un bon steak – frites, d’un espace stable et sec… bref, de poser sac à terre à l’issue d’une saison bien remplie. Entre les indispensables changements de voile sur la plage avant, les efforts permanents qu’il faut faire pour vivre dans un univers où l’horizon a basculé de 30°, les prouesses qu’il faut réaliser pour se concocter une soupe ou un semblant de repas chaud, le temps paraît forcément plus long. La finale du Championnat de France se mérite.
Classement à 17h :
- Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) à 377 milles de l’arrivée
- Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) à 10 milles
- Xavier Macaire (Chemins d’Océans) à 12 milles
- Nicolas Lunven (Generali) à 8 milles à 16 milles
- Anthony Marchand (Ovimpex – Secours Populaire) à 17 milles
Ils ont dit :
Xavier Macaire (Chemins d’Océans) :
« Tout va bien à bord, mais je dois avouer qu’on a hâte d’arriver. D’habitude en Figaro, on se dit avant l’étape qu’elle va être dure et finalement ça se passe bien. Là, c’est plutôt l’inverse. Ce qui est particulièrement difficile, c’est que le vent est très changeant autant en force qu’en direction. Du coup, il faut être très vigilant. Sinon, je suis plutôt content de ma position : jusqu’ici, tout au long de la saison, j’avais le sentiment d’être un peu lent. Là, je m’aperçois que je tiens des gars comme Nico Lunven, Anthony Marchand, je ne vais pas me plaindre. Charlie est hors normes question vitesse et Yoann va actuellement un peu plus vite que moi, mais si je peux faire un podium sur l’étape, je serai déjà content. »
Martin Le Pape (Bellocq Paysages) :
« Briefing du matin : « Bon les gars, l’histoire elle est simple, vous partez des Açores et vous allez à Douarnenez. Vous ne vous posez pas de questions surtout pas, vous me faites un tout droit. Cette fois, il n’y a pas d’options : il faut bouriner à la gite et plus vous êtes… plus ça avance. Mais je vous fais confiance sur ce point. » Ben, nous on fait ce qu’il a dit le chef. Mais ce n’est pas très drôle quand même. Après une nuit au portant plus que rock n’roll nous voilà au travers à faire des changements de voiles dans 35nds. La belle vie quoi. L’avantage de ce beau tout droit, c’est qu’on sera vite à la maison. »